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Chapter 24 - Arc 2 - Épisode 4 : Un Entraînement Singulier.

Cinq jours après leur rencontre avec le cordial et étrange Kenshi, Rai et ses amis continuent à effectuer plusieurs tâches imposées par leur nouveau maître, reposant principalement en la répétition insatiable de mouvements, d'activations d'auras ou de manifestations des éléments pour les deux seuls aptes à les utiliser au sein du trio. Le fameux et charismatique Kenshi porte toujours sa cargaison étrange dans le dos. Ses disciples ne ressentent aucun changement en eux malgré leurs efforts. Cela affecte surtout Rajik. Lassé, après un simple échange de regards entre lui et son maître, il mobilise toute son énergie. Ses deux amis se demandent ce qu'il compte réaliser.

« Charge Bestiale ! »

Telle une bête fonçant à vive allure, il se jette sur lui. Sa cible s'écarte au dernier moment, point du tout impressionné ou bousculé. Son élève tente à nouveau sa chance à plusieurs reprises, sans parvenir à l'atteindre ou le frôler. Et pourtant, malgré les échecs, Rai et Yoru dénotent toutefois une progression dans sa vivacité.

« Moi vouloir comprendre comment vous faire ça ! Vous montrer moi ! Tout de suite ! » supplie-t-il avec vigueur avant de préparer un poing.

C'est à ce moment-là que le sabreur perçoit un vent soufflant de manière irrégulière provenant de l'adepte au corps-à-corps. Pour Kenshi, symptôme évident d'un manque cruel de contrôle sur la quantité d'énergie impliquée.

« Vous être prêt ? »

Soudain, à la surprise de tous, le maître place sa main gauche derrière son dos. Un visage calme, impassible, préparé à tout. Ce comportement, à l'opposé de tout ce qu'il a connu jusqu'à présent, désarçonne l'amateur de bagarres.

« Déjà fatigué ? » nargue le mentor.

« Vous faire ça pour intimider moi ! Mais ça pas prendre avec moi ! »

« Prouve-le. »

« Vous l'avoir voulu ! »

Une nouvelle fois, il réitère toutes les actions précédentes. Le son perçu par le manieur de foudre perd encore plus en irrégularité. Un diagnostic simple s'impose aux yeux de sa cible. Rajik agit beaucoup trop avec son instinct, comme un véritable animal. Aucune éducation. Aucun cadre. Aucun modèle pour lui montrer comment se servir de son don.

« Poing Bestial ! »

Un autre coup de poing est décoché. Le maître recule légèrement son pied gauche. Ce mouvement, pourtant simple, n'échappe pas aux yeux de Rai. Sa posture, son alignement vis-à-vis de celui qui l'attaque, tout ceci indique, depuis le début, qu'il lit à travers lui.

Une fois l'esquive effectuée, Kenshi passe à l'attaque. Yoru reconnaît instantanément le flux circulant en lui : c'est le même que celui de Rajik ! Le pauvre assaillant, devenu désormais l'assailli, peine à bloquer ou éviter tout coup porté. Tout à coup, les oreilles du Shirenai vrillent à l'écoute d'un son si strident qu'il le force à se les boucher partiellement.

« Kamer Ki ! »

Rajik se mange un violent direct du droit avant de subir un coup, dit « de sabre », dans le dos qui le met à terre. Les techniques employées rappellent quelque chose aux spectateurs.

« Comment... Vous faire ça ?! Vous dire ! Moi rien apprendre ! Et pas que moi ! » s'emballe la victime après avoir réussi à se remettre debout malgré la douleur.

« C'est vrai ! On apprend rien ! »

« Ça fait déjà des jours qu'on se borgne à faire tout ce que vous nous demandez. Quand pourrons-nous enfin avoir du résultat ? Vous vous souvenez au moins de ce que vous nous avez promis l'autre jour ? » lui rappelle Yoru.

« Quoi donc ? »

« Non... Ne me dîtes pas que vous avez oublié tout de même ! »

« Ne t'énerve pas. Je n'ai rien oublié du tout. »

« J'en ai bien l'impression oui ! » s'indigne Yoru avec ironie.

L'urgence bien palpable chez eux, l'enseignant les regarde un à un, en marquant à chaque fois un temps de réflexion. Ensuite, il leur tourne le dos et place sa main droite sur son menton. Les élèves, l'excitation ou l'impatience aux bords des lèvres, sont focalisés sur lui. Quelques secondes s'écoulent ainsi, sans un mot, sans un bruit. Le Zigrik commence à penser qu'il se joue d'eux, à deux doigts de vouloir quitter les lieux. Puis, Kenshi se retourne.

« Pas la peine de vous mettre dans tous vos états. Vous voulez du concret tout de suite ? Je vais m'occuper de vous un par un. Tout d'abord, toi. Viens là. » déclare-t-il en désignant Yoru en premier.

D'abord réticent à cause des suspicions qu'ils projettent sur cet étrange individu, il finit par s'approcher de lui.

« Si j'ai bien compris, tu manipules ton élément sous une forme bien particulière. »

« Tout juste. »

« Ouvre ton livre. »

Sans capter où il veut en venir, il obéit directement..

« Peux-tu camoufler nos énergies ? »

« Euh... »

Il feuillette un petit peu. Au bout de quelques secondes, il s'arrête sur une double-page illustrant un sceau répondant à la requête de Kenshi.

« Je peux. »

« Fais-le. »

Le Zigrik réplique le dessin au sol et y appose une partie de sa propre aura.

« Itiwer Zifitan. »

Une lueur vient englober le maître et ses élèves.

« Maintenant, appelle ton élément et attaque-moi. »

Ignorant toujours où il veut en venir, Yoru invoque son aura de couleur ciel et se concentre. De la glace se forme au-dessus de sa main droite tout en s'étirant.

« Sibar Ilwaï ! »

Une lance est jetée à vive allure vers Kenshi. Alors qu'elle est à deux doigts de le toucher, elle est brisée en deux, à la surprise de tous les apprentis.

« Il n'a pas cherché à parer. » affirme Rai, ébahi par sa prouesse.

« Tu veux savoir pourquoi ton attaque a été détruite si tôt ? Lorsque tu lances ton sort, ton aura est instable. Ça rend la solidité de la glace que tu projettes assez faible. Tu peux corriger ça. Essaye de relancer plusieurs fois ton sort, tout en gardant une stabilité dans l'énergie que tu insuffles. Ta glace gagnera en solidité et en puissance. »

« Mais ça va m'épuiser ! »

« Sans effort et sans sueur, on ne progresse pas ! »

Yoru, assommé par la précision du diagnostic, s'isole un peu afin de mettre en application ce que Kenshi vient de lui confirmer.

« Toi venir ici ! Puisque c'est la manière dont tu parles. » lance-t-il en s'adressant à Rajik.

« Vous pouvoir parler comme vous vouloir. Pas besoin de faire ça avec moi. »

« Retente ta chance. Sors-moi ta technique préférée. »

Sans perdre un instant de plus, Rajik concentre son ki et fonce sur lui.

« Poing Bestial ! »

Kenshiro bloque son poing uniquement avec la paume de la main. Une onde est produite en arrière-plan, affectant toute végétation sur son passage, sans la détruire. L'assaillant reste estomaqué par cette démonstration de résistance. Comment lui arriver à faire ça ?

« Ton problème, c'est que tu as de la force mais elle est mal utilisée. J'ai pu dénoté chez toi, à plusieurs reprises, un signal irrégulier qui témoigne de ça. »

« Moi pas comprendre. »

« Bon, je vais être clair. Toi donner tout dans Poing Bestial mais toi pas savoir concentrer force uniformément pour que frappe bestiale être plus forte. Si toi vouloir vraiment être plus efficace, moi conseiller toi d'essayer de concentrer ton ki en un seul point lorsque toi attaquer. »

« Mon quoi ? »

« Tes amis ne t'ont rien dit dessus ? »

« Non. Moi avoir remarqué quand dire mots, moi taper plus fort. »

« Toi voir énergie que toi utiliser dans attaques à toi ? Ça être ki ! Ça être énergie partout dans Faironne et dans tout être vivant. Maintenant, toi devoir rassembler ki en toi et ki de dehors pour améliorer techniques à toi. Et toi devoir apprendre à bien faire circuler tout ce ki dans corps à toi. Toi avoir compris ? »

« Pas vraiment mais moi essayer. »

Rajik, tout comme Yoru, s'isole à son tour afin de mettre en pratique les recommandations de son mentor. Le Shirenai aimerait tant savoir qui est cet homme qui semble savoir énormément de choses. Un alliés comme lui aurait été décisif dans la bataille contre le Kirioku.

« A ton tour maintenant. Avant toute chose, j'ai cru comprendre que ton élément est la foudre. »

« Tout à fait. »

« Il y a quelque chose qui me chiffonne dans toute cette histoire. Comment un Shirenai comme toi s'est-il retrouvé comme ça ? Sans patrouille ? Accompagné d'un Enijiakku et d'un manieur de ki ? De plus, tu ne portes pas n'importe quelle arme. Un katana. J'ai déjà vu des Shirenais utiliser des armes plus classiques alors qu'ils avaient la foudre en eux. De mémoire, je crois bien même que c'est le second que j'ai vu depuis. »

« Comment savez-vous tout ça ? »

« Ne parlons pas de moi, ce n'est pas le sujet. Revenons à l'essentiel. Dégaine-le. J'aimerais que tu te battes contre moi. Ça me rappellera de bons souvenirs. »

Ces derniers mots, loin d'être anodins, interpellent le Shirenai.

« Donne tout ce que tu as. »

« Comme vous voulez. Je n'ai pas envie non plus de […] »

Kenshi surgit subitement devant lui, à peine à quelques centimètres de son visage.

« Règle numéro un de l'art du combat. Toujours être sur ses gardes ! »

Le sabreur a tout juste le temps de reculer assez loin pour éviter le coup de l'enseignant. Malheureusement, il perd la trace de son adversaire. Par réflexe, il se concentre sur son ouïe. Encore une fois, il apparaît derrière lui.

« Règle numéro 2. Toujours surveiller ses arrières. »

« Majaraï ! »

En un instant, le sabreur électrise sa lame. Il l'attaque en se retournant. Kenshi réussit à son tour à avoir assez de recul pour esquiver.

« Tes réflexes sont très bons, je l'avoue. Si ça continue, tu vas finir par trancher ma crinière ou un endroit sensible. Je dois adopter une autre approche. »

C'est alors qu'il détache sa fameuse cargaison et enlève les bandeaux qui la contenait. C'est avec stupeur que Rai découvre que Kenshi cachait lui aussi un katana avec une garde noire. Un Shirenai ?!

« Voyons comment tu te débrouilles face à une autre lame. » déclare-t-il avant de se mettre en garde.

Que fait-il ici ? Pourquoi n'a-t-il pas une patrouille à ses ordres ? Lui aussi est un égaré ? Après cette tempête de questions, l'amnésique finit par se calmer. Seul un semblable pouvait fournir tous ces détails précieux sur la maîtrise des énergies à ses amis. Un petit moment d'observation entre les deux avant que Rai ne lance la charge. Son mentor pare aisément chaque estocade. Ses coups, par contre, sont difficiles à bloquer. La manière dont il attaque ou se défend, ses postures, sa souplesse et sa précision prouvent qu'il était loin d'être un beau parleur. Cependant, un détail chiffonne le manieur de foudre : comment réussit-il à contrer son élément sans utiliser le sien ? Est-ce un affilié à la terre ?

« Le Shirenai est plus qu'un simple guerrier avec une arme à la main. C'est un être intelligent. Sa lame est une prolongation de son corps, de son élément. Elle doit agir comme n'importe quel membre du corps le ferait. L'élément, la lame et son âme forment un tout. Si un des trois est en inégalité avec les deux autres, il en résulte ceci. » lui délivre Kenshi tout en continuant les assauts avant de trouver l'ouverture pour faire lâcher le katana à Rai et placer la pointe de sa lame sous sa gorge.

C'est alors que Rajik et Yoru arrêtent leurs exercices, voyant la scène qui se déroule.

« Lui avoir katana aussi ? »

Yoru laisse exprimer un regard rempli de méfiance.

« Les Shirenais, comme tu le sais, ne maîtrisent qu'un élément. Il est décidé à la naissance. Ce qui forge un vrai guerrier, c'est la parfaite communion entre sa lame, son âme et son élément. Si un des trois est désaxé par rapport aux deux autres, le guerrier devient impuissant. Laisse-moi t'en faire la démonstration. »

Kenshi pose une main sur le haut du torse du pauvre Rai. Aussitôt, il est violemment pris d'énormes crampes. Le Zigrik et la victime ne comprennent rien de ce qu'il se passe.

« Je viens de t'écarter de la maîtrise de ton élément. Tu n'as pas accès à ta lame. Il ne reste que toi. Un Shirenai se bat avec une volonté, une ambition, un but. En voyant ta manière de te battre, je suis désolé de te le dire, mais tu ne te bats pas comme tel. »

Désorienté par la vérité balancée par son adversaire, les précédents combats menés par l'amnésique lui reviennent subitement en tête, notamment les moments critiques. Rai admet que son adversaire a raison. Lorsque ses amis se trouvaient en danger, les sauver était une question de vie ou de mort. Une volonté, une ambition, un but.

« Ce combat est fini. Le résultat est évident. Tu ne fais pas le poids contre moi et tu ne le feras pas non plus devant tes prochains adversaires, quels qu'ils soient. Je vais devoir en passer par là. »

Il plante son arme dans le sol et montre un poing qui se charge en fameux ki auparavant expliqué à Rajik. Soudain, une forte bourrasque se lève.

« Kamer... » entame Kenshi.

« Rai ! Toi devoir réagir ! »

« Ki ! »

Le maître Shirenai décoche un direct du droit. Alors qu'il allait se le prendre de plein fouet, Rai l'attrape au tout dernier moment. Son aura surgit. Vu le sourire bien en évidence sur le visage de l'attaquant, il s'en réjouit. Pendant un instant, craignant une nouvelle perte de contrôle de la part de son ami, Yoru prépare un de ses sorts. L'aura du manieur de foudre s'intensifie. Le ciel s'assombrit. Rai lâche le poing. Kenshi recule. Une détermination sans faille se retranscrit dans les yeux du Shirenai, prêt à se battre sérieusement. Son adversaire

se met en position, rassemblant le ki des environs vers lui, détruisant végétation et cailloux sur un périmètre d'une dizaine de mètres de diamètre. Pour le Zigrik, il est inconcevable qu'un Shirenai ait recours à cette énergie.

« C'est quand tu veux ! » annonce la maître envers son élève.

Le poing de Rai s'imbibe d'électricité, dévoilant de légères lignes jaunes transparentes. Celles-ci n'échappent pas à l'œil aiguisé du maître, se permettant de lâcher un sourire ambigu. Une fois la quantité désirée rassemblée, il fonce sur lui. Kenshi prend une posture rappelant étrangement celle qu'employait Fraya en phase défensive. Un douloureux souvenir pour Rajik et loin d'une simple coïncidence pour Yoru.

« Kameraï ! »

« Péopar Ki ! »

Le poing de Rai et la paume de Kenshiro s'entrechoquent. Une explosion d'énergie s'en suit, manquant de souffler les deux observateurs. Une fois la poussière produite totalement dissipée, c'est avec stupeur que Yoru et Rajik découvrent leur ami, écroulé au sol, aura désactivée, et Kenshi toujours debout. Paniqués, ils le rejoignent en courant.

« J'y suis peut-être allé un peu fort. Attendez. Je sais quoi faire. » avoue le vainqueur.

Il pose une main sur le haut de son torse. Au bout de trois secondes, Rai se réveille.

« Une baisse de tension ? Shirenai de foudre ? » ironise le maître du ki.

Rajik éclate de rire.

« Tu as compris cette blague piteuse ? » s'étonne le Zigrik.

« Lui au moins avoir de l'humour ! Rai, toi aller ? »

« Oui, je vais bien... Maître ? Ai-je réussi ? »

« Je crois que je n'ai plus rien à t'enseigner pour aujourd'hui. Tu t'es beaucoup donné et c'est ce que je voulais. Et vous deux ? Où en êtes-vous ? »

« Je suis épuisé... » avoue l'Enijiakku.

« Pareil pour moi. »

« Je vois. Tant d'efforts méritent en effet du repos. »

Kenshi reprend son katana et l'entoure des bandeaux qui le couvraient auparavant.

« Rajik, ce type est de plus en plus louche. » lui suggère Yoru à l'oreille de son compagnon de longue date..

« Moi pas croire ça. Lui être fort. Donc lui savoir beaucoup. En plus, lui être Shirenai de côté à nous. Lui pas être bizarre comme cette Fraya. »

« Je suis l'exception de ce que tu viens de dire, malheureusement. Rajik, ce n'est pas de la folie de ma part. Je peux comprendre que tu sois si admiratif de lui mais, je t'en prie, garde en tête que quelque chose ne va pas. Comment un Shirenai maîtrise à ce point l'énergie que tu pratiques ? »

Il est vrai qu'il y a de quoi se poser des questions sur cet étrange individu. Mais, contrairement à tout ce qu'ils ont pu connaître, Rai sent qu'il est différent. Les leçons transmises aujourd'hui seront peut-être la clef pour vaincre le Kirioku la prochaine fois qu'ils le croiseront. Désormais conscient qu'il porte sur lui l'artefact sensé le contrer, il s'accapare toute cette responsabilité. Peu importe par quoi il devra passer pour réussir.

« La séance d'aujourd'hui est close. C'est moi qui offre ! » annonce leur mentor après avoir attaché sa douteuse cargaison au dos.

« Normal que ça soit vous qui payez puisque c'est ça qui a été convenu. Et vous êtes le seul à avoir de l'argent ! » relève Yoru.

« Partons. La nourriture n'attend pas, n'est-ce pas ? »

« Kenshi avoir bien parlé ! »

Le maître et Rajik, l'estomac rugissant, partent en avant, suivis des deux autres.

« Maître Kenshi, j'aimerais savoir quelque chose. Comment avez-vous eu tant de maîtrise concernant le ki ? On enseigne ça à Kigen ? » interroge Rai.

Son interlocuteur arrête de marcher. Les autres font de même une seconde plus tard. Yoru se réjouit que son ami ose poser les bonnes questions.

« Je vais vous dire tout ce que je sais. Le ki compose tout être ou tout composant de Faironne. Sans lui, les énergies élémentaires n'auraient aucun support pour vivre. Les Shirenais l'ignorent. Je l'ai appris tout seul. Ça m'a pris beaucoup de temps avant d'y parvenir. »

« Arrêtez moi si je me trompe. Quelque chose ne va pas dans ce que vous nous dîtes. Avec mes observations durant votre combat, vous semblez connaître des techniques avancées en la matière. Et vous affirmez l'avoir appris tout seul ? Ce n'est pas cohérent un seul instant. La seule évidence à tout ça c'est qu'on vous l'a enseigné. Pas Kigen, c'est sur. Qui vous l'a transmis ? » exige Yoru.

« Rajik, comment as-tu appris à utiliser le ki ? » demande-t-il après quelques secondes sans répondre.

« Ne détournez pas ma question ! »

« Moi avoir combattre nature rude toute vie à moi. Quand moi avoir vu que moi pouvoir faire ça, moi continuer à le faire. Et avec Yoru, moi avoir appris à nommer attaques comme moi vous l'avoir dit. »

« Tu vois ? Si lui a réussi, tu peux en déduire que pour moi ce fut la même chose, non ? »

Ce détour rhétorique fonctionne si bien que Yoru ne sait pas quoi répondre. En effet, rien ne peut le contredire là-dessus. Après tout, Rajik incarne une énigme à lui tout seul. Peut-être qu'il représenterait également la clef pour tout comprendre ce qui concerne l'énergie neutre. L'ancien disciple de Kigzir, frustré que son accusation se brise si tôt, ne veut pas lâcher le morceau.

« Et puis cette posture que vous avez faite juste avant de bloquer l'assaut de Rai. Elle m'est très familière. Vous ignorez sans doute que nous avons combattu quelqu'un usant des mêmes manières que vous. Je dirais même presque avoir reconnu une technique similaire. Étrange, non ? L'auriez-vous enseigné à d'autres personnes ? »

Cette question vient accrocher l'attention de leur guide. Lui et Yoru se regardent intensément. L'étrange manieur de ki met un moment avant de répondre.

« Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Sans moi, vous n'auriez jamais su sur ce qui vous posez problème. Si tu n'as aucune confiance en moi, tu sais quoi faire, n'est-ce pas ? »

« Qu'est-ce que tu as Yoru ? »

« Kenshi être un gars bien ! »

« Encore une fois, vous détournez ma question. Je parierai mon grimoire que vous dissimulez un énorme secret. Alors, ne comptez pas sur moi pour abandonner. Je garde mon argumentaire en tête. »

« Vous devez faire encore des progrès avant de vous frotter à encore plus fort. Vous avez intérêt à faire ce que je vous ai dit si vous voulez m'affronter de nouveau d'égal à égal. Du moins, si vous en avez les tripes. »

Cette cinglante provocation de sa part embrouillent ses élèves. Rajik comprend qu'il n'était pas sérieux dans ses échanges avec lui ou avec ses amis. Un mélange d'effroi et d'excitation bouillonne en lui. Pour l'aquamancien, une fois qu'il sera assez habile dans sa maîtrise, il compte bien l'obliger à cracher la vérité. Sa persévérance n'a pas échappé à Rai. Généralement, lorsque ce cas se produit, il se trouve qu'il a raison. Peut-être que certains de ses arguments ne tiennent pas. Mais, si c'est la contrainte à subir pour devenir suffisamment puissant face au Kirioku, qu'importe. Il acceptera tout.

« Toujours tentés de me suivre ? » leur demande-t-il.

Les trois amis croisent leurs regards et se font un signe de la tête. Ils se mettent en ligne devant Kenshi. Leurs postures et leurs visages confirment leur détermination à poursuivre leurs efforts. Il n'en faut pas plus pour le Shirenai adepte du ki. Malgré tout ce qui a été mentionné, continuer relève de l'admiration ou de la folie, selon le point de vue.