La troupe d'Alnor serpente un sentier. Fraya est quelques mètres à peine derrière Alnor. Quand à Arito et Endalia, ils sont plus loin derrière la porteuse de la bague. L'ouvreur de failles, de son côté, tout heureux, savoure son bonheur, son acquisition derrière lui. Cela fait déjà un bon moment qu'ils progressent ainsi. Repensant à la promesse délivrée par l'auteur du contrat qui le lie à lui, le tireur de cartes songe qu'il serait préférable de mieux connaître avec qui il doit collaborer.
« Au fait, nous ne nous sommes pas présentés. Moi je m'appelle Arito. Et vous ? Ancien disciple unique du regretté Kigzir. Je me suis notamment distingué par ma grande maîtrise en énergie. Évidemment, réprimé par ces Shirenais de malheur, comme nous tous. » engage-t-il.
Peu intéressée par celui qui amorce la parole, elle ne lui délivre que l'ignorance. Pour qui il se prend à se la péter comme ça ? Cette attitude, lui rappelant fortement ce que fut son Yukito dans le passé, l'irrite au plus haut point.
« Si ces Shirenais n'étaient pas là, on pourrait exercer librement. Grâce à ma superbe invention, j'aurais été reconnu comme un génie ! »
« Ah oui ? Vraiment ? Alors pourquoi tu lui fous pas une raclée à l'autre là ? » lui demande-t-elle en désignant Fraya pour cible.
« Je n'attaque pas les demoiselles. »
« Quelle excuse pitoyable... Et lui alors ? Pourquoi tu ne le fais pas ? Puisque que tu es si fort ! »
« Bon ça va ! J'avoue ! On m'a volé mon vrai Obujepawa ! »
« Attends, ça, c'est le tien ? C'est ridicule ! » s'exclame-t-elle en ayant posé les yeux sur le paquet de cartes avant d'éclater de rire.
« Enfin, moi je serai moins ravi si je savais que mes compétences me rendent encore plus ridicule que celles d'un Enijiakku classique. Je ne vise personne. »
« Qu'as-tu dit là ?! »
« Hé vous deux là ! Fermez-la un peu ! Ou je vous consume sur place ! » menace la nouvelle Fraya.
Effrayés par ses propos, ils se taisent sur le champ. En effet, leur dispute infantile et peu productive l'a énervé. Les Zigriks d'aujourd'hui ne valent rien ! Gavée de se taper une telle compagnie, elle se rapproche d'Alnor.
« Je sais bien que le rapport de forces ne me permet pas une telle chose, très cher chef. Cependant, j'aimerai savoir quelque chose. Où allons-nous ? »
« Pourquoi veux-tu le savoir ? Tu as juste à me suivre, compris ? Sinon tu sais ce qu'il se passera si tu oses venir à l'encontre de ton maître. »
« Oui je sais. Point besoin d'être aussi menaçant. Je suis parfaitement conscient des conséquences. »
« Alors marche et tais-toi. »
Tous continuent leur route, avec une attitude paisible en surface. Alnor se triture la tête à savoir si, oui ou non, celle qu'il a utilisé comme cobaye et proie au Kirioku, est encore présente. D'ailleurs, si, effectivement, elle a disparu, depuis tout ce temps, cet artefact enfermait quelqu'un ? Qui donc ? C'est étrange tout de même. Y aurait-il quelque chose qu'il ne savait pas à son sujet ? Impossible ! L'ouvreur de failles a consulté tous les documents à sa portée. De plus, son père aurait pu l'évoquer. Pendant qu'il persiste dans sa quête à percer ce mystère, la nouvelle Fraya se met en retrait, rejoignant les deux autres suiveurs.
« Décidément, on peut rien lui demander. » leur avoue-t-elle.
« Pareil pour moi. » affirme Arito.
« Ne cherche pas à comprendre. Moi, tant que j'y trouve un intérêt. Le reste, je m'en fous. Je trouverai bien une occasion de lui renvoyer la pareille. » ajoute Endalia.
Tout à coup, Alnor ordonne d'un simple geste à sa troupe de s'arrêter.
« Un peu de repos vous fera le plus grand bien. Il faut que vous soyez en forme pour m'obéir à nouveau alors je juge cela comme nécessaire. J'ai besoin de tâter un peu le terrain, voir si personne ne nous traque. Je ne serai pas loin pour vous surveiller. Pas de mutinerie dans les rangs ! » déclare-t-il.
Sa déclaration, imbibée d'orgueil, irrite encore plus ses asservis. Pour Endalia, se sentir rabaissée au point d'être traitée comme une enfant, l'agace. Arito s'en fiche royalement de ça. Au bout d'un petit moment, ils trouvent un coin pour s'asseoir.
« Je vous jure que lorsque, l'occasion se présentera, je me ferai plaisir avec sa carcasse avant d'en faire ma marionnette ! »
« Même si c'est dégradant, je te l'accorde, c'est dans le contrat. L'attente sera longue. En espérant atteindre le résultat attendu. Je suppose que c'est pareil pour vous. »
« Maudite signature... »
L'entité du Kirioku, d'un calme olympien malgré les jérémiades, a les yeux fermés. Dans le mystérieux endroit noir, la vraie Fraya est toujours entravée par des liens. Ignorant toujours où elle se trouve, l'unique chose dont elle est certaine c'est qu'elle doit absolument s'en échapper. Malgré ses efforts, aucun résultat probant. Une réplique de son propre visage, vaporeuse et colorée de violet foncé, se forme devant elle.
« Bonjour toi. » salue l'entité du Kirioku.
« Qui êtes-vous ? »
« Qui suis-je ? Peu importe. Je serai toi, je me laisserai faire. Car, plus tu engageras d'énergie à voir te libérer d'une manière aussi pitoyable que ta pauvre existence, et plus je te dévorerai. »
« Vous n'avez pas le droit de me prendre la vie ! »
« Ah oui ? Pourtant, tu m'as libéré. Comme si la providence était venue jusqu'à moi. Maintenant, tu vas être gentille. Repas délicat. Et que je ne t'y reprenne pas d'aussi tôt ! Quel bonheur que de respirer à nouveau ! Je dois tout de même te remercier de t'être livrée à moi.»
Alors qu'elle allait déverser toute sa rage contre son geôlier, le Kirioku lui coupe l'herbe sous le pied en mettant fin brutalement à leur conversation en ouvrant les yeux.
« Je n'en reviens toujours pas que c'est cette inconnue qui a eu l'honneur de porter le Kirioku. » chuchote Arito à son homologue.
« Cette inconnue, comme tu dis, je la connais bien. Et surtout ses poings. »
Cette réponse étonne le tireur cartes. La dernière phrase arriverait presque à lui décocher à un rire nerveux. Prêt à exploser, il couvre sa bouche avec ses mains.
« Merci le soutien. » poursuit-elle, vexée.
« Si c'était moi, le porteur de ce monstre de puissance, ce minable de Yoru ne serait plus de ce monde ! »
« Pareil, j'aurais pu mettre une raclée à mon Yukito très facilement ! »
« Je vois que nos ambitions sont identiques. »
« Oui c'est vrai... Que faisons-nous alors ? »
« Je l'ignore. Nous n'avons aucun moyen de nous sortir de cette situation pour le moment. Restons calme et attendons le bon moment. Jouons le jeu jusqu'au bout. Il doit bien exister d'une façon ou d'une autre de briser ce qu'il a lié avec nous. »
« Je vous entends, vous savez. » affirme Fraya.
Arito sursaute. Depuis l'étrange dimension où apparemment le Kirioku peut converser avec sa prisonnière, la vraie Fraya perçoit tout à travers les deux cercles présents devant elle.
« Moi aussi j'entends tout ! » hurle-t-elle.
« J'ai cru comprendre que tu en voulais à celle qui était présente dans ce corps. Je me trompe ? » demande la mystérieuse entité à Endalia.
« Comment tu sais ça ? »
« Disons que j'ai mes propres secrets. »
« Tu n'es pas elle, n'est-ce pas ? » ose l'invocatrice.
« Tu as parfaitement raison. Du coup, concernant ce que je viens de dire ? »
« Pas exactement. A vrai dire, c'était une proie que je pourchassais avant que tout ça n'arrive. Elle avait osé m'empêcher de régler mes comptes avec ce Shirenai de foudre de malheur. »
Cet aveu étonne la pauvre victime de l'énergie noire.
« Bien. Dis-moi, tu sais son nom ? »
« Pas du tout. » lui avoue Endalia.
« Fraya ! Je m'appelle Fraya ! Vous m'entendez ? »
« Je ne voudrais pas paraître indiscret mais pourquoi cette question ? » interroge Arito.
« Simple curiosité. »
« Mais pourquoi je n'arrive pas à me faire entendre ? C'est quoi tout ça à la fin ? » s'insurge la vraie.
Du côté d'Alnor, il replonge dans une analyse plus détaillée du cas de l'artefact. Selon lui, l'énergie noire a bien pris possession de son corps. Peu importe son comportement, il se convint de ne pas s'en inquiéter plus que ça. S'il veut assouvir son autorité dans Faironne, son prochain objectif est de supprimer le troisième artefact. Une fois celui-ci annihilé, il aura le contrôle total. Seule aiguille gênante dans sa stratégie : le moment où Rai fit usage de l'énergie contenue dans l'Hoshaku. Ignorant depuis toujours qu'il le portait, pourquoi est-il capable de l'utiliser ? La frustration découlant de cette question force son aura à émerger légèrement au niveau de ses mains.
« Ça n'a aucun sens ! » crie-t-il.
Encore plus torturé par cette interrogation absurbe, il tourne en rond. Comment a-t-il fait ? Il était sans cesse avec lui ! Seule explication valable : il a dû tomber dessus sans qu'il ne le sache. Voilà une nouvelle preuve qu'il s'était associé avec lui pour mieux le faire chuter ! Ce n'était pas une légende. L'autre priorité qu'il ajoute à sa liste est d'absolument éloigner sa chère acquisition de lui coûte que coûte. Si ce Shirenai de malheur parvient à la développer suffisamment, il réduira son projet en miettes. Hors de question qu'il lui barre la route une nouvelle fois. Pendant ce temps, du côté des asservis ;
« Dis-moi, que savez-vous de la situation générale de Faironne ? » demande le Kirioku à ses camarades de voyage.
« Euh... A part la suprématie honteuse des Shirenais, rien de particulier. »
« En quoi vous sont-ils supérieurs exactement ? »
« Ils nous ont interdit toute pratique énergétique. Pareil pour les sceaux, tous interdits sans exception. Ils traquent toute personne n'étant pas inscrite en tant que Shirenai. Quoi d'autre à ajouter ?... Je ne vois rien d'autre. »
Ces détails une fois fournis, leur gravité touche un peu Fraya, comme si elle lui rappelait quelque chose. Bizarrement, la tristesse qui en émane résonne dans l'entité encore sans nom.
« Le système a bien changé... A mon grand regret. » confie-t-elle.
« Que voulez-vous dire ? » demande Arito.
« Vous ne devrez pas à avoir honte de ça ! Vous explorez, vous innovez. Aucun mal à ça ! Regardez les armes de ces saletés de Shirenais ! De simples lames banales ! Alors que vous, regardez les vôtres. Leurs formes et leurs pouvoirs varient selon leur confection ou les buts voulus par leurs créateurs. »
Devant cette débauche pourvue d'arguments solides, les deux Zigriks prêtent plus d'attention sur leurs Obujepawas.
« C'est vrai... Qui êtes-vous exactement ? Parce que je crois comprendre que vous avez été enfermé dans cette bague. » avance Arito.
« A quoi ça t'avancerait de le savoir ? Je suis là pour consumer. »
« Que voulez-vous dire ? »
« Je peux affaiblir toute énergie qui est en contact avec moi. Si elle est trop insignifiante face à moi, je l'affaiblis au point de la consumer. »
« Terrifiant... » affirme Endalia, ressentant exactement ce qu'elle vient de dire.
« Terriblement efficace je dirais. » souligne son collègue, pris à la fois de crainte et d'admiration.
Consciente maintenant ce que représente exactement cette bague, la vraie Fraya engage plus de forces pour se libérer. Sa geôlière, constatant l'incroyable robustesse de sa proie, comprend qu'elle n'a pas encore réussi à consumer l'énergie qu'elle a développée. A ce rythme, sa possession flanchera. L'entité sera forcée de quitter ce corps. Seule elle sait pourquoi elle doit exister.
« Si seulement je pouvais [...] »
« Être plus puissante ? » répond la nouvelle Fraya en interrompant Endalia.
« Mais c'est ce que j'allais dire ! »
« Vous ne pouvez rien me cacher. Vos énergies sont peu développées. Elles sont... Peu alléchantes... D'ailleurs en parlant d'énergie, il faut absolument que je me recharge. Ma possession est encore instable. Si j'en obtiens, cela me permettra de remédier à ce problème. »
« Ah oui ? Tu vas dégager, saloperie ! » hurle la vraie Fraya.
Forte de cette information, elle se débat comme un diable. Les liens qui la retenaient commencent à lâcher. L'entité sent qu'elle faiblit.
« Comment peux-t-on en avoir ? » lui demande-t-elle, paniquée.
« Vous aider revient à l'aider lui. Et comme un contrat nous relie... Je suis à vous ! » se propose Arito.
« Quoi ? »
« Si elle prend nos énergies, aussi peu développées soient-elles pour elle, ça la sauvera pendant un petit moment. L'autre ne nous embêtera moins. Nous avons tout à y gagner. Sauf si tu souhaites que ces arriérés de Shirenais continuent à te chasser encore et encore ? » déclare le rival de Yoru en transperçant le regard de l'invocatrice avec sa détermination.
« Non... Alors... Prends la mienne aussi ! »
« Non ! Partez ! Ne l'aidez pas ! » supplie la vraie Fraya.
« Je n'en consumerai qu'un peu, n'ayez crainte. »
« Comment procède-t-on ? » lui demande-t-il.
« Laissez-vous faire. »
« Je suis prête ! » affirme Endalia.
L'entité du Kirioku pose une main sur leurs fronts. Les auras vertes des deux Zigriks surgissent d'elles-mêmes. Alnor, ayant perçu la défaillance de son acquisition revient à toute allure vers le trio.
« Hé ! Qu'est-ce que vous foutez ?! » s'insurge-t-il.
« On la sauve ! » lui répond vivement l'invocatrice.
« Qu'est-ce que tu racontes toi ? Vous allez me l'affaiblir ! Retirez-vous tout de suite ! »
En effet, à cause de l'action engagée par l'énergie noire, les auras des volontaires faiblissent.
« Elle commençait à lâcher prise... Alors... Nous intervenons. » maintient Arito.
Dans la dimension de l'artefact, les liens qui retenaient la vraie Fraya prisonnière sont reconstitués et l'agrippent aussitôt.
« Non ! Lâchez-moi ! » supplie-t-elle.
Ils l'emportent encore plus loin des cercles. Les émanations des éléments des deux compères sont presque devenues transparentes. Une fois celles-ci totalement évaporées, le Kirioku retire ses mains de leurs fronts. Plus aucun affaiblissement chez lui. Arito et Endalia sont essoufflés, posant genoux à terre.
« Très bien mais, dans ce cas, la prochaine fois que ça arrive, je m'en charge personnellement. Compris ? Vous n'avez pas à mettre vos pifs là-dedans. C'est mon acquisition, pas la vôtre ! Tout ce spectacle étant fini, repartons ! Relevez vous ! »
Malgré la fatigue due à l'absorption, les deux Zigriks obéissent, ressentant des difficultés à tenir sur pieds.
« Kirioku ? » appelle-t-il.
Aucune réaction. Énervé, il réactive le sceau en elle, lui occasionnant l'entrave habituelle.
« Que dois-tu me dire ? »
Toujours pas. La voir souffrir ainsi, malgré les efforts fournis pour la sauver, amène le dégoût et l'horreur dans les bouches de ses compagnons de voyage, leur forçant à croire qu'ils pourraient subir le même sort.
« Obéis-moi ! »
« Oui.... Maître... »
Il désactive le sceau.
« Ne perdons pas plus de temps. »
Ils reprennent leur marche, toujours dans le même ordre énoncé avant leur arrêt improvisé. Les deux Zigriks, dans un élan de solidarité, posent un bras sur le dos de l'autre pour aider son homologue à marcher.
« Cette énergie est... Terrifiante... Si elle continue ainsi, elle deviendra si forte qu'elle pourrait consumer tout Kigen à elle seule. » relève Arito.
« T'as raison... Heureusement que je tire ma force d'ailleurs, sinon elle m'aurait tué. »
« Toi aussi, tu as exploité la même chose à laquelle je pense ? Intéressant... Nous pourrions expérimenter ensemble. »
« Non merci. J'ai toujours été seule. De force ou non. Alors, je m'y suis habituée. » avoue-t-elle, l'air triste au coin de l'œil.
« Dommage... »
Soudain, l'entité encore sans identité se rapproche doucement d'eux. Sur le moment, ils pensent qu'elle va encore réclamer de l'énergie.
« Il me faut un nom de code. »
Cette drôle de demande les surprend au plus haut point mais, au moins, ils échappent au pire. Le rival de Yoru cherche à comprendre le motif caché cette requête car, après tout, si c'est bien une autre personne devant eux, elle n'a jamais déclaré qui elle est.
« Désolée, je suis nulle pour ça. Je passe mon tour. J'ai déjà cherché après des noms pour mes petits chouchous mais, à force, ça m'a gonflé. Et pourquoi en demander un ? Vous avez un nom après tout ? »
Aucune réponse. Cette attitude attise la curiosité de l'ancien disciple de Kigzir. Pourquoi reste-t-elle muette là dessus ? Deux hypothèses se posent alors : soit il s'agit en réalité de la vraie personne qui est en train de jouer la comédie jusqu'au moment opportun, soit sa véritable identité est telle qu'elle pourrait tout chambouler.
« Vous ne voulez pas nous le dire, c'est ça ? On vient de vous sauver la vie ! Vous nous devez bien ça ! » insiste Endalia.
Toujours rien.
« J'en reviens pas... Entre se faire rembarrer alors qu'on vient de rendre un service, et être l'esclave de l'autre allumé là-bas, je ne sais plus qui choisir ! » se plaint-elle.
« Tu peux arrêter de geindre ? » lui demande Arito.
« Me geindre ? J'ai de bonnes raisons de le faire ! »
« Je veux juste ne pas énerver notre geôlier encore plus. Et quand j'y pense, on ne sait rien de lui non plus. Juste qu'il veut être celui qui domine tout. Franchement, après mûre réflexion, il n'incarne rien. C'est son Obujepawa qui fait tout. »
« Tu comptes lui faire un sale coup aussi ? » lui demande-t-elle.
« Je verrai bien le moment venu. »
« Mon nom est Densetsu. » déclare avec sobriété l'énergie noire.
Ce nom, ils le connaissent bien. Quand elle était encore qu'une jeune fille vivant dans le Continent du Nord, la légende du célèbre Shirenai qui participa au conflit produit il y a longtemps parvint aux oreilles de la géomancienne. Devant cette annonce fracassante, elle s'incline, croyant alors que, si c'est bien lui, alors il se trouve qu'il éprouve de la pitié vis-à- vis de la situation de son peuple actuellement. Pour Arito, c'est inconcevable. Il y a forcément une erreur. Il ne peut digérer ça.
« Concernant vos énergies, calmez-vous. Respirez-bien. Elles vont revenir au niveau auquel vous les avez développés. » leur assure-t-il avant de reprendre la distance qu'il avait avec Alnor.
« Arito ? »
« Oui ? »
« Faudra qu'on reste en contact. »
« Comme vous voulez. »
« Tu peux arrêter de me vouvoyer ? Je sais que je suis une femme mais pas la peine de me vieillir encore plus. »
« D'accord. »
Du côté de l'ouvreur de failles, il intègre l'information concernant un approvisionnement en énergie pour sa chère acquisition. Ainsi, il suppose que le Conseil voulait garder quelques secrets afin que personne ne s'intéresse de trop près au Kirioku. Cette tactique, restant au stade d'hypothèse faute de preuves supplémentaires, lui décoche un sourire. Qu'ils sont bêtes ! Il s'imagine Kigen, à feu et à sang, la statue aperçue par Rai et Rajik détruite, puis lui à l'entrée avec Fraya, enchaînée à ses pieds. N'importe quel subterfuge s'avère utile lorsqu'on veut régner. Avec l'énergie noire à ses genoux, il se convint de ne pas s'inquiéter plus que ça. Il s'imagine également une foule agenouillée devant lui. Rien ne pourra compromettre la renaissance des Zigriks ! Lorsqu'il aura conquis le bastion Shirenai, tout en contemplant son bracelet, il se donnera pour but d'explorer la dimension qu'il emprunte afin d'en tirer savoir et puissance. Le prétendu Densetsu remarque l'allégresse qui émane de son maître. Un véritable gamin suppliant de vivre son rêve. Lui ? Chef suprême des Zigriks ?