Dans un endroit, très sombre, avec des dénotations de violet foncé, se trouve la vraie Fraya, allongée, à priori inconsciente, flottant. Elle ouvre doucement les yeux. Deux cercles blancs se dévoilent légèrement. Elle peut y voir, à travers elles, l'équipe de l'ouvreur de failles. Elle reconnaît instantanément Endalia mais pas Arito. Une fois Alnor identifié, en ignorant totalement les propriétés spéciales du lieu où elle se trouve, par simple instinct, elle tente de s'échapper en se dirigeant vers l'un des deux cercles. Alors qu'elle s'approchait, plusieurs liens noirs viennent l'attraper et la ramènent à son point de départ, tout en lui obstruant la bouche. Pendant ce temps, dans la salle du Conseil, le mercenaire Tencubo entre et vient se prosterner devant ses supérieurs.
« Membres du Conseil, conseillers Aritsune et Daigaku, je viens faire mon rapport. »
« Nous savons pourquoi tu es là, mercenaire Tencubo. La situation est grave. Nous avons ressenti la libération du Kirioku. Mais également, ta présence pourtant interdite sur les lieux, dans le contexte où vous étiez affecté ailleurs.. » lui répond Aritsune.
« Comme nous pouvons le constater, tu as désobéi. » ajoute Daigaku.
« Nous allons décider de la sentence qui te sera appliquée. »
« Mais, bien entendu, nous sommes magnanimes. Tu as le droit de te défendre. La parole est tienne. »
« Très chers membres du Conseil, il se trouve que l'homme que vous recherchiez, Alnor, ancienne recrue de Kigen, a utilisé un Obujepawa interdit au cours de la bataille. Le bracelet d'Orzlon. Concernant ma présence sur les lieux, je ne suis pas dans l'illégalité. Veuillez croire qu'un contact de ma cible était également présent. Cependant, vue la tournure des évènements, la priorité était d'empêcher la libération du Kirioku. Je respectais simplement mon devoir de Shirenai, chose qu'on nous enseigne depuis l'enfance. Mais si vous considérez que j'ai fauté, j'accepterais ma sentence. »
« As-tu des témoins pour confirmer ta déclaration ? » lui demande Aritsune.
« Tout à fait. Un Enijiakku affilié à l'élément de l'eau, prénommé Yoru, était présent sur les lieux. Il m'a aidé tant bien que mal à empêcher le réveil de l'énergie noire. Il était accompagné d'une autre personne que je suppose être son apprenti, prénommé Rajik. D'après mes constatations, il utilise l'énergie neutre. »
Cette information étonne Aritsune.
« Ce qu'il évoque est juste, en effet. Une émanation provenant d'un aquamancien a bien été détectée ainsi qu'un fort dégagement de l'énergie utilisée par ce Rajik. Cependant, notre très cher soldat ne dit pas tout. En effet, d'après nos relevés sensoriels, d'autres personnes étaient présentes. » souligne Daigaku.
Bien conscient que Rai est inclus dans le lot, ainsi que du mystère qui l'entoure, dans la confidence, le mercenaire essaye de toutes ses forces de masquer l'angoisse qui monte en lui.
« Voici quelqu'un qui peut confirmer le contraire. » déclare Daigaku.
« Merde... Qui aurait pu les percevoir ? » se demande Tencubo.
Quoi ? Quelqu'un les observait dans l'ombre à Safaiatera ? Mais qui ? Shipé ? C'est alors que le Shirenai masqué qui avait combattu Fraya auparavant, rejoint les conseillers, les ayant salué juste avant. Une telle venue surprend Tencubo qui s'imagine alors le pire.
« Le mercenaire Tetsuo, pendant sa séance d'entraînement, a, selon lui, perçu d'autres ondes émises par des personnes que n'énonce pas ce très cher Tencubo. »
« Parlez donc. » invite Aritsune.
« Merci, membres du Conseil. En effet, j'étais en plein entraînement lorsque j'ai ressenti des vibrations. Étant affilié à la l'élément de la terre, il fut facile pour moi de déduire que cela provenait des ruines de Safaiatera, lieu où s'est rendu mon aimable camarade. J'ai effectivement détecté la présence de l'Enijiakku d'eau, de l'être qui l'accompagnait et de notre homme. Mais pas seulement.J'ai également ressenti la présence de deux Enijiakkus, l'un d'eux était affilié à la terre. Quand au second, je n'ai pas réussi à identifier avec certitude l'énergie qui provenait de lui. Une quatrième personne était présente mais rien ne provenait d'elle. » déclare le concerné.
« Très bien, je note. » souligne Daigaku.
« Alors qu'avez-vous à nous dire ? » interpelle Aritsune en s'adressant au convoqué.
« Il a tout à fait raison. Tout ce qu'il a dit est juste. » confirme-t-il, d'un ton un peu sec.
« Quelque chose à rajouter ? »
D'un mouvement de tête, il indique clairement à ses supérieurs que non. Pendant quelques secondes d'un silence angoissant, personne n'ose relever quoique ce soit. Le pyromancien est soulagé que son frère d'armes n'a pas mis le doigt sur la présence de l'amnésique.
« Passons. Suite à la libération du Kirioku, un combat s'en ait suivi, n'est-ce pas ? » poursuit Aritsune.
« Effectivement. » confirme Tencubo.
« La personne qui s'est emparé de la bague enfermant l'énergie noire s'est battue. Contre quelqu'un dont nous n'arrivons pas à identifier l'énergie. Avez-vous une explication à nous fournir ? »
« Aucune. » répond-t-il instantanément.
L'épéiste masqué, d'un simple geste, réclame la parole, suggérant alors qu'il a d'autres informations à fournir devant sa hiérarchie.
« Oh, je crois que le mercenaire Tencubo a autre à rajouter. Nous vous écoutons. » lui concède le premier conseiller.
« Tout à fait. Ce qui est le plus étrange dans cette affaire, c'est qu'effectivement le libérateur du Kirioku s'est bien battu. Sauf que, au cours du rude combat, j'ai tout à coup ressenti une puissante vibration provenir de nulle part et qui s'opposait à lui avec férocité. D'une puissance phénoménale, et... D'après ce que j'ai lu dans les archives, je ne vois qu'une seule énergie capable de rivaliser avec elle. »
Le stress envahit Tencubo, au point où la sueur présente sur son front se met à s'évaporer.
« L'Hoshaku. »
Cette fracassante déclaration semble ne pas bousculer la mentalité de la hiérarchie plus que ça. Par contre, le pauvre pyromancien ne se sent pas bien intérieurement.
« Vous êtes sûr que ça provenait d'une personne ressentie sur les lieux ? » demande le conseiller Aritsune au géomancien.
« Absolument. »
« Mercenaire Tencubo, avez-vous une explication à donner ? »
« Aucune. Très chers membres du Conseil. J'atteste sur l'honneur que j'ai vu une énergie blanche provenir de nulle part et prendre part au combat. »
Son collègue, sachant qu'il ment, se retient de rire.
« Faute de preuves pratiques, nous allons mettre ses propos en suspension. » propose Daigaku.
« Vous pouvez partir. » ajoute Aritsune.
« Je vous remercie. » leur répond Tencubo après les avoir une nouvelle fois salué.
Ainsi, il quitte la salle, suivi par son camarade. Tout en l'observant s'en aller, les visages des conseillers témoignent d'un soupçon sans équivoque. Pour le pyromancien, Rai a eu très chaud cette fois. Mais, maintenant que leurs signatures énergétiques ont été répertoriées, il sait, qu'à la moindre occasion, ils n'hésiteront pas à mettre la main sur lui et ses amis. La seule implication de l'amnésique face au Kirioku suffit à le convaincre d'être de son côté. Désormais, l'objectif premier du gradé un peu rébellion sur les bords sera de les couvrir le plus possible. Quelque chose ne tourne pas dans toute cette affaire. Plus vite il saura mettre le doigt dessus, plus vite il pourra agir. Depuis tout ce temps de réflexion, il n'a point remarquer que Tetsuo le suivait.
« Ce n'est pas à la hauteur du Code de mentir, jeune collègue. » déclare ce dernier.
« De quoi parlez-vous ? » répond l'allié du groupe de Rai, tout en gardant un calme de façade.
« Vous savez très bien. Ne commencez pas ce genre de manipulations sordides et faciles, vous êtes encore nouveau. Le Conseil n'est pas si facile à duper. Quelque chose n'est pas claire dans cette histoire. Je ne sais pas qui vous couvrez mais sache que je finirai par le savoir. »
« Je ne protège personne. Le plus urgent maintenant est de repérer Alnor et le porteur du Kirioku. Faironne court un réel danger. On ne sait pas ce qu'il peut tramer au moment où nous parlons et, intelligent comme il est, il a certainement masqué sa présence. »
Quelques secondes de pur silence se passent, chacun décryptant soit l'attitude soit les propos de l'autre. Ainsi, ils restent comme figés sur place. Tencubo essaye de toutes ses forces de ne pas confirmer les soupçons de son frère d'armes, à l'affut du moindre geste qui pourrait le trahir. Vu qu'aucun signe suspect ne vient, Tetsuo lui tourne le dos.
« Je suis intimement convaincu qu'il y a autre chose. Tôt ou tard, la vérité éclatera. Si vous tenez à votre grade, jeune mercenaire, je vous conseille vivement de vous confesser. » déclare-t-il avant de partir avec une cadence posée.
Une fois absolument certain qu'il n'est plus dans les environs, à l'analyser de part en part, le pyromancien reprend sa marche. Se rajoute à sa liste des priorités d'éloigner le gradé expérimenté le plus possible de Rai. Comment a-t-il deviné ? C'est alors que lui revient en mémoire l'attaque combinée qu'il a effectué avec lui. Voilà pourquoi ! Il n'y a qu'une seule et unique explication possible : le prétendu amnésique est de foudre, donc, s'il n'a pas pu déterminer avec exactitude son énergie, c'est qu'il est affilié à la terre. L'opposition élémentaire qui existe entre ces deux éléments est seule responsable. Ainsi, il repart en direction des archives, en espérant trouver plus amples informations sur le camarade non attaché au quartier général. Pendant ce temps, les trois aventuriers, comme à leur habitude de vie de nomades, sortent d'une auberge.
« Moi avoir bien mangé ! Moi rassasié ! » s'extasie fièrement Rajik.
« Oui. Après avoir vidé l'intégralité du contenu de ma bourse. Mais bon, pour le coup, c'est totalement justifié. »
Rai a la tête ailleurs. En bougeant, il révèle son fourreau planqué sous sa cape.
« Oh Rai ! Cache ça ! »
« Oh pardon ! »
Un homme inconnu, portant une drôle de cargaison longue dans le dos et entourée de bandeaux, non loin d'eux, a le regard fixé sur le trio. Tout de suite, il sait qu'ils se sont battus il y a peu. Il aperçoit le grimoire de Yoru. Lorsqu'il se concentre plus intensément sur l'aquamancien, il entend comme un bruit de rivière. Selon cet homme, l'énergie du Zigrik est bien réveillée mais pas assez exploitée. Quelques irrégularités sont perceptibles. Une fois fixé sur Rai, il entend un bruit ni trop aigu, ni trop grave, mais discontinu et accompagné d'un son parasite. Intrigué par ça, cet intrus s'intensifie au fur et à mesure que sa concentration se précise. Qu'est-ce que c'est ? Ceci bouscule sa curiosité. Par contre, un tel bruit signifie une maîtrise bien supérieure à la moyenne. Tout de suite, il émet une hypothèse dont seul lui a le secret mais, faute de preuves tangibles, il la garde de côté, pensant qu'il fait fausse route. Après tout, personne d'autre n'est au courant de ça. Enfin, il termine son analyse en se portant sur Rajik. Un vent léger caresse ses oreilles. Cette découverte bien familière lui extirpe un sourire. Le diagnostic final posé, il se met à les prendre en filature.
« Nous devons absolument les retrouver. » affirme Rai en désignant Alnor et Fraya.
« Calme-toi Rai. Sans indices sur l'emplacement de ce sceptre, nous n'arriverons jamais à remonter jusqu'à eux. »
« Mais nous n'allons quand même pas rester sans rien faire ! Cette femme a réussi à récupérer cet artefact et maintenant elle possède une puissance incommensurable qui pourrait menacer tout Faironne ! »
L'exclamation de Rai capte toute l'attention du suiveur. Un artefact ? Lequel ? Non, quand même pas celui-là ! Décidément, ceux-là possèdent de précieuses informations sur ce qu'il s'est passé. S'il vient d'évoquer une puissance immense, c'est qu'ils ont été au contact avec.
« Parle moins fort, tu risques d'attirer les foudres des autres. » conseille Yoru.
Rajik, face à l'évident jeu de mots, commence à rire de plus en plus bruyamment.
« Arrête de te marrer ! On risque de se faire passer pour des gens bizarres. Et crois-moi ce ne sera pas à notre avantage. Surtout avec tout ce qu'on a vécu précédemment. »
« Il faut qu'on fasse quelque chose quand même ! » ajoute Rai.
« Je suis d'accord avec toi mais, pour l'instant, l'affaire est en suspend tant que nous n'aurions rien de nouveau. La priorité est de nous faire de l'argent car là je ne sais pas comment on va faire pour subvenir à nos besoins. »
« Yoru oublier que nous devoir devenir plus forts pour prochaine fois que nous recroiser eux. »
Cette phrase interpelle l'inconnu.
« Sais-tu que parfois tu n'es pas bête ? »
« Toi dire vrai. »
Rajik, fier d'un tel compliment, se la pète. Yoru est désolé du spectacle.
« Classons nos priorités. Tout d'abord, l'argent. Ensuite, nos améliorations. Compris ? »
« D'accord ça me va. Rajik ? »
« Oui ? » répond le concerné une fois sorti de son stade d'euphorie exacerbée.
« Tout ce que Yoru vient de dire te convient ? »
Il sourire naïvement. L'inconnu connaît maintenant leurs besoins. Motivé, il s'approche d'eux.
« Yoru, tu penses qu'on devra faire des entraînements similaires ? »
« Pour tout t'avouer, je ne sais pas. Maintenant que nous connaissons pourquoi tu es si puissant, nous devons le prendre en compte. Il faut que je réfléchisse un entraînement répondant à ça. »
« Rai pas se retenir ! Car si lui taper fort, moi devenir plus résistant. »
« Euh, je ne sais pas si c'est vrai, Rajik. J'aurais réellement peur de te tuer. »
« Moi avoir appris. »
« Tu es vraiment sur de toi Yoru ? Parce que je ne vois vraiment pas ce qu'on peut faire. »
« Moi oui. » leur répond l'inconnu.
Tous lees trois, surpris, se retournent vers lui.
« Euh… Désolé de vous le dire comme ça mais… Ça ne va pas de faire peur aux gens comme ça ! J'ai failli mourir ! » s'insurge Yoru.
« Désolé, ça m'arrive parfois. Excusez-moi de vous déranger mais j'ai écouté votre conversation. »
« Parce qu'en plus vous écoutez les discussions des autres ! Bonjour la politesse ! »
« Ça m'arrive aussi... En tout cas, rien qu'en vous observant, je peux tout de suite deviner votre nature. »
« Vraiment ? » s'étonne le Shirenai de foudre.
« Comme ça d'un simple regard ? Excusez mon scepticisme mais peu de probabilité que j'y adhère. »
« Moi croire pareil. »
Qu'est-ce que raconte cet hurluberlu ? Yoru scanne l'accoutrement de l'abordeur de A à Z. Rien ne laisse supposer qu'il serait un Shirenai. Peut-être un autre confrère alors ? Cependant, vu ce qu'ils ont connu avec l'épisode Alnor, l'aquamancien a révisé ses jugements et n'ose plus croire en quoique ce soit de similaire.
« Toi, tu es un Shirenai de foudre, toi, un Enijiakku d'eau. » indique-t-il après avoir pointé du doigt tour à tour les concernés.
Consternés par l'effrayante justesse de ses propos, les deux affiliés aux éléments n'osent pas le contredire.
« Vous être trop fort ! »
« Comment vous pouvez savoir ça ?! Qui êtes-vous ? Où est votre Obujepawa ? Quel est votre élément de naissance ? » mitraille Yoru.
« Oh ! On se calme ! Un Obujepawa sur moi ? Pas du tout ! Vous vous méprenez. Et pour vous répondre succinctement, pour un expert comme moi, c'est d'une facilité déconcertante. Ce sont les fondamentaux pour tout être manipulant un élément. »
C'en est trop pour le cerveau de la bande, bien décidé à ne pas le croire sur parole. La seule explication c'est qu'il a certainement vu son grimoire ou le katana de Rai. Pour quiconque plongé un temps soit peu dans le système, il est naturel d'établir ce genre de conclusions. Rien d'impressionnant.
« Vous pouvez faire d'autres choses ? » questionne Rai.
« Oh ça oui. Je peux vous aider à devenir meilleurs. Le service sera gratuit. »
« Qu'avez-vous dit ? » répond Yoru, interpellé par le dernier mot de l'inconnu.
« Devenir meilleur ? Moi intéressé ! »
« Attendez ! Vous n'essayez pas de nous entourlouper par hasard ? » ajoute l'Enijiakku, après avoir repris ses esprits.
« Du tout. Je suis parfaitement honnête. »
« Qui êtes-vous ? » lui demande Rai.
« Moi ? Un simple voyageur vivant comme une puce sur l'immense dos de Faironne. »
Absolument pas du tout convaincu, Yoru se rapproche de son ami Shirenai de foudre, laissant Rajik tout seul, les yeux rivés sur ce vaniteux beaucoup trop tordu. D'un geste, Rai comprend qu'il demande de s'isoler avec lui un instant.
« Très cher Rai, dis-moi. Ce type qui se pointe de nulle part. C'est un peu trop gros à avaler. Tu ne trouves pas ? Pour moi, il y a trop de coïncidences avec la plus dramatique de nos rencontres. »
« Tu parles de celle avec cet Alnor ? Malheureusement oui, je m'en souviens que trop bien. Sauf que, contrairement aux autres, lui ne nous fuit pas. »
« S'il se dit expert en identification d'énergie, pourquoi n'est-il pas intervenu lors des événements à Safaiatera ? Il aurait été capable de percevoir le réveil du Kirioku et intervenir, non ? De plus, il aurait dû se rendre compte de ta particularité avec l'Hoshaku sur toi. »
« Tu as raison. Il aurait dû nous aider. »
« C'est un arnaqueur. Récupérons Rajik et fuyons le plus vite possible. »
Avec de tels arguments aussi solides, ils reviennent vers leur ami.
« Rajik. » appelle Rai.
« Oui ? »
Yoru pose une main sur son épaule et le tire en arrière, ce qui étonne l'homme inconnu.
« Hé ! Que toi faire ? »
« Hé ! Ne partez pas ! »
« Je vous remercie de votre élan de générosité bien alléchant mais, voyez-vous, nous ne sommes pas intéressés. Passez une excellente journée et trouvez de meilleures proies. » lui répond l'Enijiakku.
L'autoproclamé expert sourit, tout en concentrant une petite quantité d'énergie dans ses jambes. Rai entend alors un son strident mais faible.
« Zéréyon. » prononce à voix basse celui qui prétend pouvoir les aider.
Avec une vitesse quasi instantanée, il est comme téléporté devant eux. Ce mouvement quasiment imperceptible choque le trio d'amis. L'absence totale de flux perturbe fortement le Zigrik.
« Où croyez-vous aller comme ça ? » leur demande-t-il.
« Moi vouloir lui être maître à moi ! Vous être trop fort ! »
« C'est trop d'honneur. » avoue l'inconnu.
Le déplacement effectué par ce dernier parvient à semer le doute dans l'esprit du propriétaire de l'Hoshaku. Et s'il disait la vérité ? Serait-ce possible, qu'enfin, ils soient tombés sur quelqu'un de parfaitement honnête ? Avec une telle rapidité, il pourrait représenter un allié de taille face au Kirioku. Seul Yoru, toujours solidement ancré sur ses soupçons, se refuse d'admettre ça.
« Bravo, beau subterfuge de votre part. Nous avons autre chose à faire. Merci. » rétorque Yoru d'un ton sec.
« Comme vous voulez. En tout cas, votre ami ne semble pas être de votre avis. Pour être franc avec vous, si vous voulez persister dans la voie que vous êtes en train de vous tracer, jamais vous n'aurez ce que vous cherchez sans mon aide. »
« Rai, Yoru, moi vouloir apprendre de lui ! »
« En plus de parfaire de beaux stratagèmes, vous possédez des talents de beau parleur ! Que ne comprenez-vous pas dans [...] »
« C'est d'accord. »
Coupé brutalement dans son élan par l'affirmation du manieur de katana, Yoru se retourne vers lui.
« Tu es fou ! Qui nous dit qu'il vient juste de prouver à quel point il est puissant juste pour nous enrouler dans la farine ? Devrais-je une nouvelle fois te rappeler toutes les fois où nous avons été agressés ou juste dupés ? Faironne est un monde impitoyable ! »
C'est au tour du Shirenai du groupe de s'approcher de son ami.
« Écoute. Il est le seul jusqu'à présent qui nous tend une main. Quelque chose me dit qu'il est réellement ce qu'il affirme. Si t'as une meilleure idée, propose-la. » lui suggère-t-il à voix basse.
Son interlocuteur, toujours aussi craintif, ne répond pas. Mais, incapable de dégainer un contre-argument ou d'établir une meilleure stratégie, il doit s'incliner. Ainsi, ils rejoignent Rajik.
« Nous vous suivons. Quel est votre nom, étranger ? » interroge Shirenai.
« Appelez-moi Kenshi. Si j'ai bien compris, vous m'accordez votre consentement, n'est-ce pas ?... Très bien. Désormais, vous serez mes élèves. Alors, à partir d'aujourd'hui, ce sera maître Kenshi ! »
« Moi avoir compris maître Kenshi ! »
« Comme vous voulez, maître Kenshi. » acquiesce Rai.
Se sentant seul recroquevillé dans son avis, Yoru se demande ce qu'il a pu faire pour en arriver là, obligé de se plier à la majorité. Les trois aventuriers suivent alors leur nouveau compagnon d'aventure, érigé en mentor. Tous partent, le foudroyant Kenshi une dizaine de mètres en avant.
« Ce type ne me dit rien qu'y vaille. » avoue le Zigrik à voix basse.
« Yoru, calmer toi ! Lui dire pouvoir rendre nous plus fort et nous vouloir ça non ? Alors où être le problème ? Pas y en avoir ! »
« Essayons et si on voit qu'il n'y a pas d'amélioration, on s'en va, d'accord ? »
« Bon d'accord, mais je reste sur mon idée. Je sens que dans le flux de ce type, il y a quelque chose d'étrange. »
Cet inconnu au potentiel incertain repense à la conversation opérée avant son approche. Il doit en savoir beaucoup sur les conditions de la libération du Kirioku. Mis à part ceci, la configuration qu'il vient de construire avec eux lui rappelle quelque chose.Son sourire discret semble dégager une nostalgie plus que palpable.