Malgré les rudes efforts de Rai, Yoru, Rajik et Tencubo, Alnor a atteint son but : mettre la main sur le Kirioku, grâce à l'aide d'Endalia et Arito. Fraya est désormais l'hôte de la terrible énergie noire. Alors que la situation était critique pour le quatuor, Rai ,contre toute attente, parvint à l'égaler. Surpris de ce retournement de situation, Alnor décida d'embarquer Fraya avec lui le plus loin possible.Maintenant qu'elle est libérée, Kigen et Faironne toute entière sont sous la menace d'un terrible fléau. Les vaincus sont restés sur les lieux du précédent affrontement.
« Maintenant que le Kirioku est libre, le monde court un réel danger. J'espère que le Conseil l'a bien ressenti. J'aurais sans doute de nouveaux ordres d'ici peu. Ou alors, vu que je leur ai désobéi, ils me sanctionneront. » affirme le mercenaire pyromancien.
Rai reste toujours autant affecté par la défaite que lui et ses amis viennent de subir. Dans sa tête, une seule phrase tourne en boucle : « Nous avons échoué. »
« Nous ne pouvons qu'être désolés, cher ami Shirenai. Nous avons fait tout ce que nous pouvions. » ajoute Yoru.
« Je ne vous en veux pas. »
« Lorsqu'elle a pris votre assaut, j'ai identifié deux points noirs sur ses mains, interceptant chacune vos flux. En me focalisant dessus, j'ai remarqué quelque chose d'étrange. On aurait dit que vos débits étaient comme figés sur place. Comme si... Comme si... Elle dévorait vos flux. Ce n'est qu'une hypothèse, bien entendu. Il faudrait la revoir à l'œuvre pour la confirmer. »
Malgré les détails fournis par le Zigrik cela ne suffit pas à remotiver les troupes. Rajik garde un profond sentiment d'impuissance. Plus personne n'ose relever quoique ce soit d'autre.
« Hé les gars ! Faut pas désespérer à ce point ! Au contraire il faut se reprendre ! Certes, nous venons de connaître une défaite mais rien n'est perdu. » encourage Tencubo.
« Que pouvons-nous faire à présent ? » lui demande Yoru.
« Je ne sais pas, du moins pour l'instant. Je dois aller donner un rapport de la bataille au Conseil. »
Le Shirenai gradé s'approche de l'aquamancien et lui charge de remotiver les troupes à l'oreille. Une fois cette demande adressée, le gradé s'en va. Rajik tape le sol, toujours frustré par l'inefficacité dont il a fait preuve lors de l'affrontement. Son ami Yoru vient jusqu'à lui pour essayer de le calmer.
« Ce n'est pas grave, tu deviendras encore plus fort et tu seras prêt le jour où nous la recroiserons. Tout ce que nous pouvons faire pour le moment est de continuer notre route. L'aventure n'est pas finie. »
« Moi vouloir bien suivre toi. Mais moi pas être sur pour Rai. »
En effet, les craintes de Rajik se confirment. Depuis tout ce temps, Rai est rempli de remords et n'a point prêté attention à toute la conversation précédente.
« Tu vas bien ? » lui demande Yoru.
« Nous avons échoué. » répond-il de manière systématique et sans réelle émotion.
Le Zigrik laisse échapper un soupir.
« Si tu restes ici à retracer le cours de la bataille et à t'apitoyer inlassablement, tout ce que tu as fait n'aura servi à rien. Tu en as appris plus sur qui tu étais et, malgré le fait que cela n'a pas été glorieux, tu l'as surpassé. C'est juste une nouvelle épreuve à franchir. »
« Rai être fort ! Lui avoir affronté femme pas bien ! Et lui avoir égalé elle ! »
« Oui, c'est vrai. Et je ne l'explique toujours pas. Comment as-tu fait ? »
« J'ai encore entendu cette voix. »
« Encore ?! Moi pas savoir si ça être vrai, mais moi avoir vu lumière blanche émaner de Rai. »
« Maintenant que tu le dis, lorsque tu l'as combattu, pendant un bref instant, j'ai senti un flux se superposer au tien. » ajoute Yoru en se tournant vers le concerné.
Sentant une douleur au niveau du cœur, due à son profond mal-être, Rai y pose une main. C'est là qu'il met la main sur l'étrange collier responsable de cette mystérieux voix lui répétant sans cesse le même mot, à chaque fois que l'urgence se présente. S'interrogeant sur ce que c'est, il le sort. Son aspect interpelle directement le Zigrik.
« Où as-tu eu ceci ?! »
« Je ne sais pas. »
« Ah mais oui que je suis bête. Tu es supposé amnésique donc tu ne peux pas répondre clairement à ma question. Mais ce symbole me dit quelque chose... »
Il consulte son grimoire pendant quelques instants.
« Voilà la page concernant le Kirioku. Regardez le symbole juste à côté. »
Rajik et Rai posent les yeux dessus.
« Ça être sur ce truc. » confirme-t-il après l'avoir vérifié sur le pendentif.
« C'est le même oui. Où veux-tu en venir Yoru ? »
« Attends. Je dois avoir une autre page à ce sujet. »
« Comment toi pas remarquer ça avant ? »
« Je n'ai pas tout retenu de ce qui se trouve dans mon grimoire. J'aurais dû, en effet, le faire. Tu as raison. »
L'aveu de Yoru étonne énormément Rajik, peu habitué à attendre ce genre de paroles de la part de son ami de longue date. Le Zigrik tourne les pages jusqu'à arriver à la toute fin de son ouvrage. Dès qu'il découvre ce qu'il est inscrit, Yoru n'en revient pas. Comment est-ce possible ?
« L'Hoshaku ? » épelle Rai.
« Ça être quoi ? »
« L'un des trois artefacts de la légende… C'est invraisemblable ! Même mon mentor ne croyait guère à ce genre d'histoires ! Selon elle, face à l'énergie noire qui menaçait l'équilibre élémentaire, une autre émergea peu de temps : l'énergie blanche. Les éléments ne pouvaient rien faire contre elle. Seule celle-ci contrait celle qui fut enfermée dans le Kirioku. »
« Ça expliquer pourquoi Rai avoir été si fort face à elle. »
« Un peuple d'origine inconnue forgea deux réceptacles afin de les contenir. Bien que l'énergie blanche avait prouvé une efficacité sans faille, leur opposition apportait plus le chaos qu'autre chose. Sans eux, Faironne n'existerait plus. Et nous non plus par effet boule de neige. »
Cette précision refroidit le Shirenai, prenant conscience qu'il possède depuis tout ce temps une arme de destruction massive. Serait-ce à cause de ça que cette pauvre Fraya lui en voulait autant ? Serait-ce lui la cause de son amnésie ? Après toutes les informations fournies par Yoru, Rajik n'ose imaginer leur force maximale si elles sont réellement capables de tels exploits. Une dernière feuille, pliée en deux et cachetée, tombe soudainement de la double page qui leur a offert toutes ces connaissances. Intrigué, le Zigrik la ramasse et la déplie. Comme ci toutes ces révélations ne suffisaient pas à le rendre stupéfait, celle inscrite dessus finit de l'achever.
« Mes amis, venez voir ça. Il existerait un troisième artefact caché. »
« Quoi ? Comment est-ce possible ? » s'étonne Rai.
« D'après la note laissée par mon maître, il ressemblerait un sceptre dont la fonction principale consistait en un renforcement conséquente ou une annulation totale des capacités d'un objet ou d'une personne. Lors du triste événement, il servit à les neutraliser pour que le peuple inconnu puisse les enfermer dans leurs réceptacles. Intéressant tout ça. En tout cas, Rai possède, pour je ne sais quelle raison, l'énergie blanche. C'est une très bonne nouvelle. Et vu la façon dont s'est comporté cet Alnor, il ne doit pas être au courant. La seule énigme qui reste c'est comment tu as pu le porter autour du cou. »
« Ça veut dire qu'il y a encore beaucoup de choses que je ne sais pas sur mon passé. »
« Nous avons au moins l'explication sur ta puissance. »
Rai saisit l'Hoshaku, le fixe un instant, hésitant à sourire.
« Ça être bien beau mais moi vouloir manger ! »
« Oui Rajik. J'accepte ta gloutonnerie cette fois-ci. Avec ce combat, mes réserves sont épuisées et nous avons besoin de retrouver des forces. De toute façon, il faut absolument qu'on mette à nouveau la main sur eux. Ils sont maintenant devenus bien trop dangereux. »
Yoru et Rajik commencent à partir. Rai, qui est resté en arrière, repense aux paroles de Yoru. Le doute quant à la dignité de le porter l'habite. L'unique certitude au sein de cette mare d'émotions qui s'entremêlent indéfiniment est que, sans ce collier, l'issue aurait été fatale face au Kirioku. Et cette voix, à qui appartient-elle ? Peut-il pleinement lui accorder sa confiance ? A cause de ce que lui a raconté son compagnon de voyage, un poids supplémentaire s'ajoute sur ses épaules. Quoiqu'il arrive, il doit retrouver cette Fraya et la libérer.
« Rai venir ? » demande Rajik.
« Euh oui oui j'arrive ! »
« Dépêche-toi, nous avons de la marche avant d'arriver au village le plus proche. »
« Oui oui me voilà ! »
Pendant ce temps-là, du côté de la statue gelée d'Arito, Alnor accompagné par Fraya apparaît en sortant d'une faille. L'état actuel du Zigrik tireur de cartes interpelle ce dernier.
« Voyons ce que nous avons là... Quelle ironie du sort... Se faire congeler par son propre ennemi. Voilà ce que j'appelle de l'efficacité ! De sa part, j'entends. J'ignore comment il a pu faire pour se faire battre par un simple Zigrik d'eau ! Même en cassant le sceau posé sur son Obujepawa ! Quel incapable ! J'aurais dû l'enrôler lui et son clébard bizarre. Question puissance, c'est évident. »
Fraya n'a que faire des propos balancés par ce dernier, largement plus obsédée à observer son nouveau corps, le remuant dans tous les sens, comme un nouveau-né qui découvre le sien pour la première fois. L'attitude de l'entité qui est désormais aux commandes suppose même que celle-ci se surprend à diriger un corps féminin. Elle prend de grandes respirations. Alnor se rend compte de ses gestes. Qu'est-ce qu'elle fout ?
« Kirioku ! » vocifère-t-il.
Aucune réponse, ni physique, ni orale de la part de la destinataire.
« Kirioku ! »
Toujours rien, préférant perdre son regard sur les environs. Les arbres émettent, selon sa vue, des lumières rouges et bleues. Le sol émet une lueur verte uniforme. Dans l'air, quelques traces jaunes, bleues et rouges sont perceptibles. Devant autant de quantité d'énergie accessible, après un enfermement aussi long, elle se lèche les babines.
« Oh ! Je te parle ! »
Elle se tourne vers lui.
« Libère celui-là ! » ajoute Alnor en désignant la statue d'Arito avec son index droit.
Après un mouvement lent de tête, elle pose les yeux sur la pauvre victime de Yoru, sans engager quelconque action, comme si elle l'analysait. Tout de suite, elle identifie chez lui un mélange d'énergie neutre en guise de support et des quatre éléments à parts égales. Peu développé à son goût. La déception se lit sur son visage.
« Qu'est-ce que tu fais ? Obéis ! »
L'insistance que témoigne Alnor commence à irriter légèrement la nouvelle Fraya. Pour qui il se prend lui ? Si seulement il savait qui se tient en face de lui.
« Je peux t'emprisonner à nouveau dans cette piètre bague si tu continues à m'ignorer ! »
Malgré la menace pourtant bien sérieuse, elle ne le calcule pas toujours pas, préférant de s'en aller. Son insubordination excède les nerfs du Zigrik. C'est alors qu'il active le sceau qu'il avait inséré en elle juste avant de prendre la fuite face au quatuor à Safaiatera. Une entrave physique envahit soudainement sa cible. Son premier réflexe est de toute évidence d'essayer de s'en libérer. En vain.
« Je suis ton maître ! Tu me dois obéissance ! »
Ces propos, loin d'être négligeables, commencent à agacer sérieusement la pauvre victime. Elle se retourne vers son geôlier.
« A moins que tu veuilles retourner là où je pense... Tu es à moi, Kirioku ! Maintenant, comme je te l'ai dit, je t'ordonne de libérer ce vermisseau. Tout de suite ! » déclare-t-il avant de désactiver l'entrave.
A contre cœur, elle se dirige vers la statue, tâtant un peu la surface avant d'engager quoique ce soit. Ce qui l'étonne en tout premier lieu est l'aspect de l'élément de l'eau qui fut utilisé. S'en dégage un bon développement de ce dernier mais encore trop fragile pour lui résister. Malgré tout, l'entité du Kirioku déduit que la personne responsable de ce phénomène possède sans doute de bonnes connaissances. Ceci l'intéresse particulièrement. Cependant, lorsqu'elle pose les yeux sur le visage d'Arito, elle pense que ce petit mériterait plus d'attention. Il y aurait potentiellement plus de chances d'en tirer profit quelque part.
« Qu'est-ce que tu attends ?! Libère-le ! »
De très légères flammes noires surgissent de sa main droite. Elles sont envoyées vers la statue. Au bout de quelques instants, la glace subit une sublimation. La vapeur qui en résulte brille de bleu. Alnor, impressionnée par la fulgurante efficacité de son acquisition, se dit que, plus il en saura sur ses pouvoirs, plus il saura comment les utiliser intelligemment contre les Shirenais. C'est d'ailleurs étonnant pour lui que le Conseil ne s'est toujours pas montré. Fraya ingurgite la vapeur. Arito tombe, encore vivant malgré le froid extrême que son corps a subi, préservé par l'énergie neutre qu'il a éveillé.
« Où… Où suis-je ? Que s'est-il passé ? » demande-t-il après avoir repris connaissance.
Après quelques secondes plongé à mi-chemin entre une somnolence et une sensation de vertiges, il remarque la présence d'Alnor.
« Je suis pleinement désolé je me suis fait avoir par cette vermine de […] »
Ce dernier dévoile son bracelet subitement, réduisant d'un seul coup au silence son interlocuteur. Dès qu'elle l'aperçoit, la nouvelle Fraya en est intriguée, détectant la présence des quatre éléments, agencés de manière précise et réfléchie. Soudain, elle voit, en une fraction de seconde, l'œil violet. Pourtant, contrairement à Rajik, ça ne semble pas l'impressionner ou l'effrayer. Au contraire, elle ose lâcher un sourire ambigu.
« Certes tu t'es fait sacrément avoir par un ridicule affilié à l'eau mais je suis prêt à faire une croix dessus. Tu as réussi ta mission. »
« Ah oui ? Attendez, ne me dîtes que vous vous êtes occupé de lui à ma place ! Ça n'apparaît pas dans notre accord ! » répond-il.
« Non, ne t'en fais pas. L'occasion de lui botter les fesses se présentera à toi tôt ou tard. »
Ne comprenant pas du tout de quoi parle Alnor, il se relève et remarque la présence de Fraya.
« Qui est-ce ? » demande-t-il.
« Je te présente le résultat de ta bataille. »
« Elle ?... Attendez, attendez. J'ai accepté votre offre pour une simple fille comme elle ! Vous vous foutez de moi là ! »
« Ce gringalet me manque de respect. Fais lui goûter le prix de son impertinence. »
Encore à contre cœur, elle obéit en tendant une main vers le tireur de cartes, comme si elle s'apprêtait à l'attaquer. Une flamme noire surgit.
« L'énergie noire ?... Impossible ! Je croyais que ce n'était qu'une légende ! »
« Comme tu peux le constater, elle porte le Kirioku à son doigt. »
Il ne peut que confirmer la présence de la bague. La flamme s'étouffe d'un seul coup.
« Sans elle, tu serais encore prisonnier de cette glace. Tu peux me remercier. »
Pourtant sceptique sur le moment, le fait qu'il soit en vie appuie les propos précédemment soulignés. Cependant, le rival de Yoru aimerait intimement connaître comment elle a pu le sortir de l'immonde glace de cet énergumène.
« Si tu veux que le règne des Shirenais cesse, suis-moi. »
Le mot « règne » vient tiquer l'entité qui a pris possession de Fraya. Comment ça ? Les Shirenais ont asservi tout Faironne ?
« C'est tout de même surprenant que le Kirioku soit, comme ça, sous vos ordres. Qui me dit que vous ne seriez pas en train de me mentir ? J'ai même l'impression d'avoir déjà croisé cette personne. » soulève Arito.
« Tu doutes de moi ? Très bien. Voilà la preuve ultime qu'elle est mon acquisition. »
Il active le sceau. Fraya est de nouveau prise dans une intense entrave. Ceci cloue le bec de son confrère.
« Comme tu peux le constater, elle est au même niveau que toi : à mes ordres. Deux choix s'offrent à toi. Soit tu acceptes ma proposition et tu vivras, tu connaîtras la fin de Kigen et de ses infectes Shirenais, soit tu refuses et tu meurs lamentablement. Que choisis-tu ? »
« La plus évidente. La première. »
« Très bon choix. Quelqu'un d'autre va nous rejoindre. Allons-y. »
Ils partent, Arito et Fraya en arrière comme deux esclaves. Le second disciple de Kigzir comprend à présent pourquoi il lui a ordonné de rester près des ruines. Lui aussi était au courant concernant la barrière qui les protégeait. Lui-même tenta de la casser, sans succès. De plus, il faut un profil type pour porter le Kirioku. Il tourne très légèrement la tête vers sa camarade de voyage, terrifié et impressionné à la fois, sous un élan de curiosité qu'il ne peut réprimer. Décidément, son visage lui inspire quelque chose. Malheureusement, impossible pour lui de totalement définir ce que c'est. Concernant l'entité qui vit en elle, il n'a pas l'impression qu'elle lui obéisse de son plein gré. Justement, du côté de l'énergie noire, qui n'a encore prononcé aucun mot depuis qu'elle a refait surface, elle ne peut encaisser l'affirmation d'un règne Shirenai. Qu'une chose compte désormais à ses yeux, se libérer au plus vite de cette pitoyable prison et régler ça au plus vite. Plus tard, ils retrouvent le corps apparemment sans vie d'Endalia.
« Kirioku ! Réveille moi cette empotée ! »
« Impossible. » lui répond-elle du tac au tac.
Son mutisme enfin brisé étonne Alnor et Arito.
« Comment ça impossible ? Tu m'obéis ! »
« Impossible dans le sens où je suis incapable de faire ça. Je ne donne pas. Je prends. A vous de trouver un moyen de lui fournir de l'énergie. »
« Je te préviens, Kirioku, si tu commences à manigancer quoique ce soit envers moi ou si tu tentes d'aller contre mes […] »
« Attendez, je vais le faire. » interrompt Arito en prenant deux cartes.
Il place celle accentuant la gravité sur elle et pose celle du transfert contre le haut de son propre torse. Celle présente sur l'invocatrice se met à briller de vert. Celle présente sur le tireur de cartes se colore à son tour de vert. L'aura générée se dirige vers Endalia. Le transfert d'énergie dure pendant quelques secondes sans réaction jusqu'à :
« Yukito... Yukito... »
La vie de nouveau battante dans l'invocatrice, Arito met fin au processus. La géomancienne se relève légèrement et voit Fraya.
« Toi ?! »
Choquée, elle bondit et recule.
« Cette fois-ci je ne vais pas te rater sale [...] »
« Je ne ferai pas ça si j'étais toi. » lui conseille Alnor.
« Vous ? »
« Si tu tiens à ta vie, tu as intérêt à me suivre. »
« Et pourquoi donc ? J'ai un compte à régler avec elle ! Par sa faute, ce minable de Shirenai m'a […] »
« Kirioku ! »
Aussitôt, la nouvelle Fraya, comme avec Arito, tend une main vers Endalia, tout en faisant apparaître une flamme noire.
« Oh ! C'est quoi ça ?! » exige de savoir l'invocatrice.
« Voici ce pourquoi je t'ai engagé. Voici l'une des premières parties de notre contrat. Grâce à toi, nous possédons le Kirioku dans nos rangs. Grâce à ta contribution, la première étape est franchie. Nous nous rapprochons de notre but. Et tout comme ton collègue ici présent, j'honorerai les exigences que vous m'avez réclamé lors de vos signatures. »
La flamme s'évanouit.
« Et concernant son hôte, qu'apparemment tu connais si bien, elle n'est plus. Devant toi se dresse l'énergie noire enfermée dans le Kirioku. »
Après cette menace ô combien sérieuse, la géomancienne ne trouve plus rien à redire. De la sueur au front, elle n'ose pas croire que cette peste porte une telle arme. Cependant, la mine qu'elle tire la persuade qu'elle ne la reconnaît pas. Pour témoigner de la poursuite de sa fidélité envers le contrat la liant à Alnor, elle baisse la tête, dévoile son gantelet à lames et pose un genou à terre.
« Bonne réponse. Voilà qui est chose faite. Maintenant que vous êtes tous réunis, tout est en place pour rejoindre la prochaine étape de notre reconquête. »
« Et en quoi consiste-t-elle ? » lui demande Arito juste avant que sa collègue ne se remette debout.
« Si vous connaissez la part de légende que constitue le Kirioku, vous êtes censés ce qui l'accompagne. Assez discuter. Partons. Et que je ne surprenne personne vouloir s'échapper. Sinon qui vous savez s'occupera de vous. Compris ? »
Les deux Zigriks à ses services, après avoir marqué un silence bien prononcé, baissent la tête et se taisent. Tous se mettent en marche. Arito et Endalia derrière Fraya, elle-même derrière Alnor, tous comme de véritables esclaves. L'invocatrice, blessée dans son honneur, qualifie cette situation de honteuse. Elle, la terreur du Nord, redescendue au stade de serviteur. Quelle ironie ! Quelle insulte ! Et, comble du malheur, obligée d'accompagner la vermine que ce Shirenai a voulu lui voler. Elle se jure au plus profond de son âme de retrouver son Yukito et de le faire souffrir. Son regard et celui de Fraya se croisent. Aussitôt, une peur sans nom pétrifie la pauvre amie d'enfance de Rai. Cela la convint temporairement de croire qu'un jour elle s'occupe de sa cible principale. Pour l'entité du Kirioku aussi la situation est peu plaisante. Encore un autre Zigrik qui mêle son élément à de l'énergie neutre. Est-ce devenu tendance de nos jours ? Elle espère que les autres ont inventé d'autres choses parce que, vu comment ça se profile, la force Zigrik n'a pas de quoi être fière d'elle. Quand à Arito, il repense à une mystérieuse phrase qu'elle a prononcé. « Je ne donne pas. Je prends ». C'est vraiment curieux. Enfin, pour Alnor, la passivité équivoque de Kigen suite au réveil de la bague interdite commence à le turlupiner. Un autre échange de regards entre lui et son acquisition amène cette dernière à confirmer son affiliation au feu. Un homologue du présent possédant une clef sur lui.