Chereads / La douleur des souvenirs - Tome 1 (fr) / Chapter 6 - Fragment de rêve

Chapter 6 - Fragment de rêve

Des maisons brûlent, des cris d'effroi retentissent dans le ciel voilé, et des cadavres tapissent les ruelles du village. Une fumée irrespirable enveloppe déjà toute la vallée, et je m'efforce de courir aussi vite que mes petites jambes me le permettent tout en obstruant mes voies respiratoires avec un bout de tissu arraché à un corps fumant. Ma gorge brûle, mes yeux piquent, mes jambes flageolent, et à chaque regard en arrière, mon cœur se pince ; comme si un fil invisible m'attachait à ce paysage embrasé, et qu'à chaque pas m'en éloignant, quelque chose s'arrachait dans mon cœur.

Un jeune adulte m'accompagne. Son visage m'est familier, et pourtant, je ne saurais dire qui il est. Son visage grave, aux traits pourtant si doux, est noirci par la suie et crispé par la frustration. Ou peut-être essaie-t-il simplement de contenir son chagrin, tel un barrage craquelant sous le poids d'un torrent d'émotions. Il a l'air d'un jeune qui a trop vieilli ; son corps, encore plein de vitalité, semble alourdi par un fardeau trop lourd et trop précoce. Sa présence me rassure. Il est la dernière ancre qui me rattache à la réalité et m'empêche de sombrer dans le chaos ambient.

Où qu'il aille, je le suivrai !

Une fois suffisamment éloignés de la chaleur du brasier ardent, et lorsque les cris ne sont plus qu'un lointain écho absorbé dans l'air stagnant, l'homme pose ses mains sur mes épaules et s'accroupit pour se mettre à ma hauteur. Il me regarde droit dans les yeux et me parle avec un air sérieux, mais je n'entends aucun son sortir de sa bouche. L'homme me serre très fort dans ses bras, et ma vision devient de plus en plus floue. Il relâche enfin son étreinte pour prononcer de derniers mots que je parviens cette fois à entendre.

– Il y a deux choses que tu ne dois surtout pas oublier, Cyan. La première est que tu dois absolument devenir plus fort, plus fort que n'importe qui d'autre, dit-il d'une voix à peine audible, comme s'il parlait de l'autre côté d'une paroi glacée.

Une larme finit par perler sur sa joue, première brèche annonciatrice d'un déferlement d'émotions.

– Et enfin…

Ses derniers mots, prononcés faiblement avec une voix brisée, sont comme aspirés dans l'air chaud, et l'homme retourne aussitôt en courant vers le village qui n'est plus qu'une ombre vacillante. La fumée enveloppe mes sens, et je me réveille.

 

Les rayons de soleil percent à travers les planches en bois de l'écurie, tels un million de flèches de lumière qui m'éblouissent. Je sens soudain une masse humide qui me pousse l'épaule à plusieurs reprises, jusqu'à ce que je tombe du monticule de paille qui me servait de lit. Suite à ce réveil brutal et irrévocable, je me relève en sursaut et attrape mon arme par réflexe. C'est alors que je découvre le coupable, en train de mâchouiller allègrement le foin réchauffé par mes soins, en poussant quelques hennissements de contentement. Il me semble que je faisais un rêve important juste avant de me réveiller, mais tout ce qu'il m'en reste maintenant, c'est un sérieux mal de tête. Le réveil peu orthodoxe s'ajoutant à ma confusion, j'ai besoin de quelques secondes pour enfin comprendre la situation dans laquelle je me trouve.

– T'es vachement en forme dès le matin toi, dis donc.

Je reconnais la voix grave du tavernier trapu qui vient de franchir la porte de l'écurie, un tas de foin dans les bras. Il regarde avec perplexité la scène burlesque qui s'offre à lui : un jeune homme à moitié endormi, de la paille plein les cheveux, prêt à en découdre avec une jument tachetée qui, snobant complètement son adversaire, se délecte de son petit-déjeuner.

– Mais contre qui est-ce que tu te bats exactement, me demande-t-il perplexe.

Je me rends compte de l'absurdité de la situation et range finalement mon arme, un peu abasourdi.

– À en voir la paille dans tes cheveux, j'en conclus que tu as bien dormi.

– Pas trop mal !

Mauvais rêve ou pas, je sais maintenant que la paille n'est pas moins confortable que la mousse des arbres.

– Bien ! Alors, quel est ton plan d'attaque maintenant ?

– Je vais continuer à chercher des informations, et si je ne trouve rien avant ce soir, je reprendrai mon voyage vers une autre ville. Je ne souhaite pas vous importuner plus longtemps.

– Et si tu essayais d'aller voir des Geikas moins influentes ? Elles seront peut-être plus enclines à t'accueillir.

– Vous avez raison, je vais essayer. Merci encore pour tout ce que vous avez fait pour moi.

– T'en fais pas pour ça. Tu sais, gamin, tant qu'on cherche, on finit toujours par trouver, me dit-il alors que je sors de l'écurie.

En marchant, je médite sur les dernières paroles du tavernier, étonnamment sage pour quelqu'un à l'allure de boxeur de grizzlion. Cela soulève néanmoins une question importante.

Ai-je vraiment le temps ?

Je ne saurais dire pourquoi, mais j'ai le sentiment que je suis pressé. Comme si une eau bouillante, emprisonnée au plus profond de mon être, s'urgeait de jaillir. Cette voix familière, seul fragment de mon passé qu'il m'a été donné de conserver, ne m'a pourtant imposé aucune contrainte temporelle, du moins pas que je m'en souvienne. Non, mon empressement vient de plus profond. Il m'habite depuis que je suis né à nouveau, il y a maintenant dix ans de cela. Tout ce qui s'est passé avant n'est qu'un brouillard difforme de couleurs et de mots, aussi dépourvu de sens que de forme.

Je suis las de ne pas savoir. J'aimerais tellement me rappeler d'un autre élément de mon passé ; quelque chose de plus utile, comme un lieu, un nom, ou ne serait-ce qu'un visage.

C'est sur ces pensées que je pénètre avec détermination dans le QG de la Geika Renkir. Le hall est en désordre, et plusieurs personnes en blouse blanche s'affairent à droite et à gauche. Ils ont tous l'air si occupés à faire quelque chose qui semble si important que je n'ose pas interpeller qui que ce soit. C'est finalement un homme d'une trentaine d'années, mal rasé et le visage plein de suie, qui vient m'adresser la parole.

– Que puis-je faire pour toi, l'ami ? Serais-tu un passionné de science, par hasard, me demande-t-il tout excité.

– Un quoi ? Non, du moins, je ne pense pas.

– Oh, ne t'en fais pas pour ça, tout le monde dit que la recherche scientifique est une activité futile qui n'a pas lieu d'exister dans le monde d'aujourd'hui, jusqu'à ce qu'ils se mettent à penser le contraire !

Je ne sais pas pourquoi je devrais m'en faire, mais impossible de ne pas aller dans son sens avec son sourire d'enfant, sa gestuelle théâtrale et son intonation chantante accompagnée d'un cheveu sur la langue. Une petite flamme danse au sommet d'une mèche de ses cheveux poivre et sel qui semblent défier la gravité, lui conférant un air d'allumette qu'on aurait oublié d'éteindre. Ses lunettes couvertes de buée ne suffisent pas à cacher les étincelles dans son regard, et sa posture fière, mains sur les hanches, trahit une grande confiance en lui.

– J'aimerais juste connaître le genre d'activités que vous faites ici.

– Eh bien, tu tombes à pic, mon garçon. Nous sommes justement en train de mener à bien des expériences d'extraction de Mystra à partir de ptirotactites bleutées, dans le but de construire un propulseur à choroxybolite.

Ce n'est pas le genre de réponse que j'attendais tant de recevoir, mais au moins il ne m'a pas envoyé balader, ce qui est déjà un énorme succès. Personne d'autre n'a l'air disponible, de toute façon.

– Et à quoi est-ce que ça sert, au juste ?

– À quoi ça sert, répète-t-il en haussant la voix, outré que je lui pose la question, tant la réponse lui paraît évidente. Cela permettrait non seulement de faire avancer des véhicules chargés sans effort, mais surtout, ce serait une avancée scientifique sans pareille. Cela fait des siècles que notre Geika s'efforce d'atteindre le mouvement perpétuel et, après de très nombreux échecs, nous sommes enfin à ses portes ! Imagine un peu les possibilités infinies que cela représente ! Des horizons jusqu'alors inexplorés seront bientôt à portée de main ! Parole de scientifique !

Je ne comprends décidément pas un traître mot de son discours endiablé, mais lui avouer serait renoncer à sa bonne humeur communicative.

– Tout ça a l'air… fabuleux !

Son sourire jusqu'aux oreilles me met du baume au cœur et me fait presque oublier la raison de ma visite. Mais l'aura de bonheur se dégageant du drôle de bonhomme au regard aussi allumé que ses cheveux se fait soudain interrompre par un bruit d'explosion qui retentit dans une salle voisine. Une jeune femme en blouse blanche débarque brusquement dans la pièce, la panique se lisant sur son visage.

– ATTENTION ! CODE ROUGE ! CODE ROUGE ! ÉVACUEZ LE BÂTIMENT IMMÉDIATEMENT !

Une fumée noire s'échappe de derrière la jeune fille, comme pour appuyer ses dires. Très rapidement, toutes les personnes présentes dans la pièce se bousculent vers la sortie, tandis que je reste face à mon étrange hôte qui ne semble pas avoir saisi l'ampleur de la situation, continuant de me dévisager avec son sourire niais et son regard pétillant.

– Euuh, cette fumée… elle est dangereuse ?

– Oh, ne t'en fais pas pour ça ! On a régulièrement des ratés, mais si la passion peut être comparée à la mule tirant la charrette de la connaissance, l'échec en est les rênes qui permettent de le guider !

Pas le moins du monde alerté par la situation, il se met même à rire, amusé par son analogie qui m'est complètement passée à travers. C'est alors qu'une deuxième explosion retentit, et qu'un autre homme en blouse blanche sort de la même pièce que sa collègue avant lui. Il titube et tousse comme s'il recrachait ses poumons, tout en plaquant un tissu sur son visage pour éviter de respirer la fumée dorénavant jaunâtre qui le poursuit. Le gaz coloré envahit la pièce à la vitesse d'une avalanche, sans pour autant s'élever à plus d'un mètre au-dessus du sol. Je pose une fois de plus la question à mon hôte, toujours aussi stoïque, pour connaître son opinion sur ce nuage à l'odeur de soufre.

– Et celle-là ?

– C'est dangereux ! Fuyez, avertit le nouvel arrivant entre deux toux, comme pour répondre à ma question.

Après ces dernières paroles héroïques, l'homme vacille et finit par s'évanouir dans l'épais manteau de fumée, comme avalé dans un brouillard épais. Gardant mon calme, je me sers de son vaillant sacrifice comme argument pour appuyer mes suspicions.

– Vous voyez ?! Votre collègue dit que c'est dangereux.

L'homme allumette, comme j'ai décidé de l'appeler, réfléchit quelques secondes à la situation avant de finalement hocher le menton.

– Hmm… en effet, il semblerait que ce soit dangereux cette fois…

Une fois tout le monde évacué dans la rue, sous les regards scandalisés des passants, la fumée âcre s'échappe du bâtiment de la Geika Renkir. En atteignant l'air libre, elle se condense en une multitude de volutes fantomatiques qui se dissipent dans la brise matinale, ne laissant derrière elles qu'un filet de liquide doré, s'écoulant lentement sur les pavés avant de disparaître dans les bouches d'égout adjacentes. Je me tourne alors vers l'un des hommes en blouse blanche, à l'apparence à peu près propre, et lui pose la question qui me brûle les lèvres.

– Par simple curiosité, que ce serait-il passé si on avait respiré cette fumée ?

– Oh, ça change d'une fois à l'autre. Un jour, quelqu'un a perdu un bras ! Mais je n'étais pas présent ce jour-là, malheureusement, dit-il sur un ton désinvolte qui me fait douter de l'existence d'un instinct de survie chez ces gens. Mais rassure-toi, petit. Depuis, on a arrêté les expériences aussi dangereuses. Enfin… je crois, son hésitation échouant malheureusement à me rassurer.

À vrai dire, j'ai du mal à imaginer les collègues de l'homme allumette faire preuve de prudence face à l'appel d'une découverte excitante.

D'ailleurs, où est-il passé, celui-là ? Il ne serait pas resté à l'intérieur tout de même ? Je l'ai perdu de vue dans ma précipitation.

J'entends soudain la voix d'un vieil homme se détacher du tumulte ambiant.

– Encore ?! Je me demande comment ils sont toujours en vie là-dedans !

Après mûre réflexion, je décide qu'il vaut mieux m'éloigner de cet endroit. Après tout, je ne peux surtout pas me permettre de mourir maintenant.

Non, je ne dois pas mourir !

Ces mots résonnent en moi avec une force inattendue, bien plus grande que ce que j'avais anticipé.

En me faufilant hors de la foule, j'aperçois finalement l'homme allumette, dont la mèche s'est finalement éteinte, laissant une petite fumée noire s'échapper et diffuser une odeur d'argile brûlée. Accroupi près d'une plaque d'égout où le liquide doré s'écoule, il observe ce dernier avec un intérêt palpable. Il trempe finalement un doigt dans le liquide, le porte à ses lèvres, puis se redresse d'un bond et repart en courant rejoindre ses collègues, l'air plus exalté que jamais.

 

Après avoir déambulé plusieurs minutes dans les dédales de la ville, je finis par m'assoir sur le rebord d'une fontaine, le temps de me remettre de mes émotions.

Ça ne se déroule vraiment pas comme je l'avais prévu…

Je laisse le désespoir infuser en moi quelques instants, puis je repense à la voix chaleureuse de l'aubergiste corpulent, au sourire nostalgique de la vieille dame aigrie, et à la jeune fille dont le regard félin et les cheveux flamboyants hantent désormais mes pensées, comme s'ils avaient définitivement élu domicile dans ma mémoire. Je me donne deux claques et me relève d'un bond.

Il reste encore de l'espoir.

Je regarde autour de moi, jaugeant la direction à prendre. C'est alors que je réalise le charme du lieu où je me trouve : une vaste place bordée de modestes maisons en pierres de différentes couleurs, dont l'architecture semble plus ancienne que celle des autres constructions du quartier. Quelques bancs en bois, dispersés à l'ombre d'arbres feuillus de diverses essences, sont harmonieusement disposés autour de la place. Des buissons soigneusement taillés en quatre sections distinctes encerclent la fontaine sur laquelle je m'étais assis. La fontaine elle-même est impressionnante, ornée d'une statue de marbre blanc représentant un loup majestueux, ses ailes déployées avec fierté au centre de la place.

Les loups ont-ils des ailes ? Pas ceux que je connais en tout cas.

En y regardant de plus près, je distingue des symboles gravés dans son immense plumage. J'ai déjà aperçu ces motifs depuis mon arrivée en ville. Ils sont présents un peu partout dans l'architecture de la capitale, mais je ne leur avais jusque-là prêté aucune attention, les prenant pour de simples décorations murales. Il me semble même les avoir aperçus avant mon arrivée à Aragane, mais impossible de me souvenir où. À en croire le surprenant plumage de l'animal de marbre, ces symboles sont au nombre de sept. Quant à ce qu'ils représentent, je n'en ai pas la moindre idée.

Mon regard se porte à présent sur le bâtiment le plus haut et le plus moderne de la place. Bien qu'il ne soit pas si élevé, il se distingue par son envergure, son architecture récente en pierres blanches lissées, et ses portes en bois grandes ouvertes, créant une ouverture béante large de plusieurs mètres. L'intérieur semble fort agité, et ma curiosité a vite fait de me guider jusqu'aux quelques marches précédant le perron.

Je traverse l'énorme cavité qui fait office de porte et me retrouve dans ce qui semble être une infirmerie. La pièce est très spacieuse, et dénuée de tout meuble ou décoration superflue. Hormis les nombreux lits où des personnes aux blessures diverses sont pris en charge, la salle est complètement vide. La seule entorse à la blancheur immaculée des murs est une inscription tracée en gros traits sur le mur du fond :

« Geika Kusur »

Des infirmiers et infirmières circulent rapidement dans la pièce, leurs voix pressantes résonnant contre les murs. Tous les lits sont occupés par des hommes et des femmes vêtus d'un même uniforme noir. Certains, à peine blessés, se font bander un bras ou une jambe, tandis que d'autres, plus gravement touchés, luttent visiblement contre la douleur, des bandages imprégnés de sang couvrant leur abdomen.

Mis à part moi et un autre jeune homme qui discute au cœur de la salle avec une infirmière d'âge mur, toutes les autres personnes présentes sont soit des soignants, soit des soignés, si bien que je commence à ressentir un malaise, manifestement pas à ma place. Alors que je contemple l'agitation mêlée de détresse qui règne dans la pièce, et qui est pourtant totalement absente en dehors de ses murs, une jeune infirmière m'interpelle, me tirant de ma torpeur.

– Puis-je vous aider en quoi que ce soit ?

Il me faut un instant pour réaliser qu'elle s'adresse à moi.

– Euh… Oui ! Vous appartenez bien à une Geika, n'est-ce pas ?

Le jeune homme qui discutait avec l'infirmière plus âgée, maintenant disparue dans la fourmilière de tabliers blanc, tend l'oreille dans notre direction, visiblement intéressé par notre discussion.

– Oui ! Vous êtes ici dans le bâtiment principal de la Geika Kusur. Êtes-vous blessé ou malade, demande-t-elle d'un ton froid et impatient, craignant que je lui fasse perdre son précieux temps.

– Non, non, je vais très bien, merci. Je cherchais juste quelques renseignements—

– Si vous n'avez pas besoin de nos services, je vous prie de bien vouloir quitter les lieux pour que nous puissions nous concentrer sur ceux qui en ont besoin, me dit-elle sèchement.

– Chloé ! J'ai besoin de ton aide pour préparer les antidouleurs !

La femme s'éclipse aussi rapidement qu'elle est apparue, rejoignant l'infirmière plus âgée qui tient maintenant dans ses mains un bouquet de fleurs aux pétales bleu nuit, tandis que le jeune homme range quelques pièces d'argent dans sa poche. Manifestement au mauvais endroit, je m'éclipse en silence, la tête basse.

Une fois dehors, l'ambiance redevient sereine et apaisante. Peu de gens traversent cette grande place, malgré son charme évident, et les seuls bruits dominants sont ceux de la fontaine et du chant des oiseaux. Comparé au chaos qui règne à l'intérieur, on dirait deux mondes différents.

– Je me demande ce qui a bien pu arriver à ces gens…

– Ce sont des gardes-frontière de l'armée d'Historia.

Mes pensées s'étant échappées à mon insu, je suis d'abord surpris qu'une voix y réponde.

– À en juger par leurs blessures, ils ont dû avoir une escarmouche avec des hommes de Techna.

Je me retourne vers mon interlocuteur qui n'est autre que le jeune homme que j'avais vu dans la pièce. À l'instant où mon regard croise le sien, il me salue d'une révérence élégante.

– Natsuki, pour te servir !