Ravina quitta la grotte à la fois satisfaite et furieuse. Comment pouvait-il parler aussi mal d'un mort avec un visage si impassible ? Elle était si proche de lui tirer dessus à mort lorsqu'il parlait de son père. Puisqu'il était le roi, c'était probablement lui qui refusait les traités de paix.
Demander la paix était stupide ? Elle ricana. Très bien alors. Il verrait si demander la guerre était plus intelligent.
Elle se faufila dans sa chambre et Ester, comme d'habitude, s'inquiétait de la voir travailler si tard. "Ma Dame, vous allez tomber malade si vous travaillez aussi longtemps." Dit-elle en venant l'aider à se changer pour sa chemise de nuit.
"Vous vous levez plus tôt que moi et vous vous couchez plus tard. Qui va tomber malade ?"
"Eh bien, je ne fais pas grand-chose pendant la journée puisque vous êtes partie. J'aide les autres, mais même là, il me reste beaucoup de temps pour me reposer."
Elle avait toujours une réponse donc Ravina restait silencieuse. Une fois qu'Ester avait terminé, "allez dormir maintenant. Je vais lire un peu avant de dormir." Ravina lui dit.
"Ne lisez pas trop longtemps, ma dame," dit Ester en lui souhaitant une bonne nuit.
Ester était sa dame de compagnie depuis aussi longtemps que Ravina s'en souvenait. Elle avait appris sa routine, ses humeurs, ses goûts et dégoûts et elle s'était habituée à elle au fil des ans et maintenant elle la grondait même. C'était drôle parce que souvent les autres serviteurs la plaignaient d'être la servante de la princesse au cœur de glace.
Ravina s'adossa contre le montant du lit et ouvrit son cahier. Elle fixa les pages sur lesquelles elle avait griffonné pour se maintenir calme et posée. Parmi les gribouillis inutiles, elle avait écrit un mot. Compagnon de race. Son nouveau sujet de recherche.
Elle ferma le cahier, impatiente que le lendemain arrive pour pouvoir commencer sa nouvelle étude. Le posant sur la table de nuit, elle glissa sous les couvertures et ferma les yeux.
Au matin, elle se réveilla avec la fraîche odeur de savon. Ester avait déjà préparé un bain pour elle et préparé des huiles et parfums supplémentaires.
"Quelle est l'occasion spéciale ?" demanda Ravina.
"Ma Dame ?" Elle la regarda, perplexe. "C'est le grand dîner ce soir et le Seigneur Steele sera là."
Ravina soupira. Elle avait presque oublié cela. Glissant hors de sa robe, elle plongea dans l'eau parfumée. Ester prit un soin tout particulier de ses cheveux et de son corps. La lavant, la huilant, et la baignant avec des parfums doux et fleuris.
"Ma Dame, s'il vous plaît, ne travaillez pas trop aujourd'hui jusqu'à la fête. Vous ne voulez pas gâcher tout cela."
"D'accord," dit Ravina.
Elle porta une robe simple pour la journée et Ester tressa ses cheveux pour qu'elle puisse les avoir ondulés plus tard dans la soirée.
"Quelle robe voulez-vous que je prépare pour vous pour la soirée ?" demanda Ester.
"Choisis juste quelque chose qui a l'air bien," dit Ravina.
Ester savait que Ravina ne s'intéressait pas à ces choses donc elle acquiesça simplement.
Ravina descendit prendre son petit-déjeuner. Tout le monde était encore levé avant elle. La reine la regardait pendant qu'elle allait s'asseoir. Ravina commença à compter mentalement jusqu'à cinq, sachant que c'était le temps qu'il faudrait à la femme pour ouvrir la bouche et dire quelque chose qui la ferait lever les yeux au ciel.
1..2…3…4…
"Ravina, ma chère." Elle parla avec cette voix agaçante. "Vous aviez l'habitude de vous lever si tôt. Êtes-vous malade ces jours-ci ?"
"Elle est devenue paresseuse," dit son fils.
Ironique de sa part d'être celui qui le dit.
"Je vais parfaitement bien, Votre Majesté," Elle répondit sans regarder dans sa direction. Elle se concentra plutôt sur le serviteur qui lui versait du thé.
"C'est bon d'entendre. Nous aurons le grand dîner de gala ce soir après tout, et vous rencontrerez le Seigneur Steele. Vous devez être présentable."
"Oui." Yvaine hocha la tête en signe d'approbation. "Portez quelque chose de joli."
"Je ne voudrais pas vous éclipser, Votre Altesse," dit Ravina.
Yvaine rit. "Briller est une chose que vous n'avez pas mais ne vous inquiétez pas. Je peux vous aider si vous en avez besoin. Il suffit de demander."
"Pouvez-vous deux arrêter !" dit Andrew, énervé. "Je veux manger en silence."
Le prince n'était clairement pas content de la venue du Seigneur Steele aujourd'hui. Ravina voulait se moquer de lui mais décida plutôt de profiter de son petit-déjeuner. Elle le regarderait s'effondrer ce soir de toute façon.
Une fois son petit-déjeuner terminé, elle se rendit au laboratoire, Bram leva les yeux du microscope à travers lequel il regardait. "Où étiez-vous hier soir ?" Demanda-t-il.
Il devait l'avoir découvert puisqu'elle avait retiré les pierres. "Je suis allée voir le prisonnier."
"Ravina..."
"Je sais." Elle l'interrompit. "C'est dangereux mais j'ai la situation sous contrôle. Je suis en train de le déchiffrer."
"Qu'est-ce que vous déchiffrez ? Et pourquoi vous êtes-vous mise en danger pour retirer les pierres ?"
"Je vous l'ai dit. Nous devons changer nos tactiques. Vous avez dit que nous devons trouver une faiblesse. Eh bien, j'en ai trouvé une."
Il plissa les yeux.
"Sa fierté," dit-elle. "Ces dragons sont fiers, particulièrement celui-là. Alors le vrai supplice est de blesser sa fierté."
Bram fronça les sourcils. "Et depuis quand êtes-vous intéressée par la torture ?"
Elle ne l'était pas. Son objectif avec lui était autre chose mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas profiter de la torture en chemin, surtout après ce qu'il avait dit de son père.
"Ravina. Je ne veux pas que vous empruntiez cette voie. Cela suffit avec votre oncle." Bram dit. "Nous sommes ici pour inventer et développer des armes pour aider à protéger notre espèce."
"Nous ne pouvons pas continuer à protéger indéfiniment. Nous devons contre-attaquer et les détruire."
"Ce n'est pas pour ça que votre père a inventé ces armes," dit Bram.
"Père est mort !" Elle éleva un peu la voix.
Son froncement de sourcils s'accentua.
"Je m'excuse." Elle soupira en regardant ses mains et en pellent la peau de ses doigts.
Bram soupira et retourna à l'étude de ce qu'il étudiait.
Ravina ouvrit son carnet et trouva le mot qu'elle voulait étudier aujourd'hui. Compagnon de race. La seconde possible faiblesse de Malachi. Elle avait certaines théories qu'elle avait besoin de tester.
"Bram?"
"Oui."
"Selon ta nouvelle définition des compagnons de race, est-ce qu'un humain peut être un compagnon de race?"
Il leva les yeux du microscope, l'air confus.
"Je veux dire, est-ce qu'un dragon peut être attiré par une certaine odeur de femme humaine?"
Il pencha la tête pensivement. "Ce n'est pas impossible." Dit-il. "Pourquoi?"
"J'ai besoin d'en savoir plus sur les compagnons de race." Dit-elle avec impatience. "Puis-je voir toutes tes recherches?"
"Je n'ai pas fait beaucoup de recherches là-dessus."
Ses épaules s'affaissèrent.
"Mais le professeur Ward a fait plus de recherches sur le sujet. Si tu veux connaître les compagnons de race, tu devrais probablement le voir."
Le professeur Ward était un chercheur médical en ville. Ravina s'organisa rapidement pour partir à sa rencontre. Elle devait confirmer sa théorie.
Son esprit était rempli de pensées durant le trajet vers la ville.
L'odeur.
Son odeur. Quand le vent soufflait, c'était là que le prisonnier prenait conscience d'elle et il y avait ensuite le comportement étrange quand elle posait des questions et la force avec laquelle il le niait. Peut-être qu'elle avait tout à fait tort, mais quelque chose lui disait qu'elle avait besoin de trouver des réponses à ses soupçons et que cela pourrait l'aider d'une certaine manière.
Le carrosse s'arrêta à leur arrivée et le valet ouvrit la porte pour elle. Elle descendit et regarda devant à la petite pharmacie. Elle s'approcha et frappa à la porte. Après un court moment, la porte s'ouvrit avec un grincement et un vieil homme maigre se tenait à l'entrée.
Il ajusta ses lunettes et la regarda. "Votre Altesse?" Il semblait un peu surpris.
"Bonjour, professeur Ward. J'espère que je ne dérange pas."
"Pas du tout. Entrez." Dit-il en se déplaçant.
Ravina entra dans sa petite pharmacie. C'était un peu sombre à l'intérieur mais très bien organisé et propre.
"Qu'est-ce qui amène Votre Altesse ici?" Demanda-t-il.
Elle se retourna."Je suis à la recherche d'informations sur les dragons. Bram m'a dit que vous aviez fait des recherches sur les compagnons de race."
"Oui, oui." Le vieux monsieur acquiesça. "Des compagnons de race. Que voulez-vous savoir sur eux?"
"Tout."
Il rit. "Suivez-moi." Dit-il.
Il prit la lampe à huile de la table et la conduisit en bas d'un long escalier en colimaçon. Elle s'inquiétait que le vieil homme puisse tomber. Même elle devait faire attention à ses pas. Une fois arrivés dans la pièce sombre, il alluma quelques lampes de plus.
La pièce était une petite bibliothèque.
"Tenez cela pour moi." Dit-il en lui tendant la lampe.
Elle prit la lampe et il se saisit d'un tabouret pour atteindre les étagères et chercher dans de vieux cahiers et documents. À chaque fois qu'il trouvait un élément qui, selon lui, contenait des informations, il le plaçait sur la table.
Ravina regardait les cahiers s'empiler. Devrait-elle lire tout cela?
Quand il eut rassemblé presque dix cahiers et documents, il arrêta sa recherche.
"C'est tout." Dit-il.
"Y a-t-il quelque chose dedans à propos des humains pouvant potentiellement être des compagnons de race?"
"Oui, oui." Il acquiesça, faisant glisser ses lunettes sur son nez. "Et non, les premiers dragons n'étaient pas des reptiles qui se reproduisaient avec des humains comme certains pourraient le croire. C'est impossible:" Il secoua la tête.
"Alors comment?" Demanda-t-elle.
Il ajusta ses lunettes et ouvrit l'un de ses cahiers. Il humecta son doigt pour tourner les pages. "Cela va à l'encontre de ce que nous étudions, mais les dragons ont commencé à se transformer à cause de la magie."
La magie?
"Les dragons sont des créatures de magie. Je sais que c'est difficile à croire, mais il n'y a rien d'autre qui puisse expliquer leur transformation. Si les dragons d'aujourd'hui étaient le produit d'humains et de dragons, leur sang serait différent, et au lieu de passer d'une forme à l'autre, ils seraient simplement un mélange des deux créatures et resteraient dans le même état physique."
Ravina acquiesça. C'était logique, mais la magie?
"Quand j'ai étudié leur sang, j'ai découvert qu'il était différent du nôtre mais toujours compatible ce qui signifie que le croisement des deux est tout à fait possible. Certains sont même plus compatibles que d'autres ce qui nous amène au choix des compagnons de race."
"Ils le perçoivent à travers l'odeur?"
"Oui, oui." Il acquiesça, ses lunettes glissant à nouveau.
Donc elle avait raison. C'était possible. Elle devait juste tester sa théorie plusieurs fois et arriver à la même conclusion à chaque fois pour être sûre qu'il était attiré par son odeur ou non.
"Puis-je prendre ces cahiers?" Demanda-t-elle.
"Oui. Laissez-moi les emballer pour vous."