1
Au moment où son esprit fusionnait avec celui de la jeune elfe, le passé du prince, à lui aussi, lui revenait en mémoire...
Zah-Hil possédait tout ce qu'un homme pouvait désirer. Fortune, femmes, gloire, pouvoir... Mais tout cela avait un prix. En effet, tout les rois de la tribu des Sark devaient, avant leur couronnement, accomplir au moins cinq hauts faits. Pour ce faire, ils devaient partir, hors de leur terre, mettre leur expérience et leurs compétences au service des autres peuples vivants sur les terres d'Alras.
Nul ne connaissait les dangers qui les attendaient, car les faits d'armes accomplis par leurs ancêtres n'étaient connus que du conseil qui régissait les aspects juridiques et religieux de leur peuple.
Zah-Hil aurait normalement eu le temps de se préparer pour ces épreuves, mais son père, qu'il n'avait que très peu connu, était mort d'une maladie cardiaque alors qu'il avait tout juste sept ans. Ce dernier n'avait de toutes façon que rarement été présent pour son éducation, c'est pourquoi son décès n'avait que très peu affecté Zah-Hil.
De toutes ces péripéties, il avait hérité du titre de prince. Bien sûr, il ne s'agissait que d'un titre, car c'était bien le conseil qui tenait en régence le royaume depuis la mort de son père.
Aujourd'hui, il avait 25 ans, et avait atteint l'âge de régner sur les terres des Sark. Zah-Hil résidait à Sark-Al, la cité princière. Et il devrait d'abord se rendre à Zaphyr-Vyst, la citée dans la forêt, où se déroulerait la cérémonie organisé pour le départ de la quête royale.
Zaphyr-Vyst, était une citée frontalière qui avait été bâtie par leurs ancêtres à l'emplacement où, selon la légende, les Sark et les Kras se seraient rencontrés pour la première fois. Zah-Hil s'y était souvent rendu pour diverses cérémonies et visites officielles.
Les Kras, alliés des Sark depuis la nuit des temps, avaient d'une certaine manière tout enseigné à leur peuple. Rien qui ne concerne l'agriculture, la construction ou le maniement des armes non, mais tout ce qui avait attrait à la magie mais aussi et surtout, à l'alchimie. Ces techniques, transmises de manière très solennelle au sein de ce peuple fier et attaché à ses traditions, faisaient la fortune et la gloire de ses habitants. Tant et si bien que nul guerre n'avait jamais éclaté, ni au sein de son royaume, ni en dehors. Et ce, bien que de nombreux peuples partagent avec eux le continent d'Alras.
Ces peuples, Zah-Hil les connaissait, et avait rencontré la plupart de leurs hauts-dignitaires au cours de sa vie. En plus des Kras qui vivaient à l'est il y'avait les Vena, ces femmes-araignées de la forêt immense, et les Gos, des géants qui vivaient très loin dans le nord. Mais aussi et surtout, il y'avait les Olst. De toutes les espèces qu'il avait rencontré, ils étaient de celles qui avaient le plus marqué Zah-Hil. Ces créatures au corps de lion, il ne les avaient vu qu'une fois, mais le souvenir que ces dernières lui avaient laisser devait resté à jamais gravé dans sa mémoire.
Cette fois-là Zah-hil avait 14 ans, et l'impératrice Olst était venue à Zaphyr-Vyst le rencontrer lui, le nouveau roi de l'empire des Sark ; et, elle n'était pas la seule venue. Montée à la tête d'une armée de plus de 100 000 soldats sur une créature que Zah-Hil ne connaissait que par le biais des légendes de son enfance : un gigantesque griffon.
Zah-Hil n'oublierait jamais cette incroyable journée, ni le regard incandescent que lui avait lancé l'impératrice. Un regard fort et dur. Il aurait pu faillir, et bien d'autres à sa place aurait fait de même, mais, aussi étrange que cela paraisse, il ne s'était pas sentit pris en défaut. Au contraire, il s'agissait pour lui d'une flamme, comme un défi qu'il se devait de relever.
On lui avait expliqué que la fierté était une des valeurs fondamentales de la culture Olst, et que ces derniers se révélaient farouches tant pour l'amitié que pour la guerre. En tant que prince, il était indispensable pour le bien de la paix que Zah-Hil se familiarise à ces valeurs.
De par son jeune âge, le jeune prince ne pouvait qu'être submergé de fascination par l'audace et le charisme de ses êtres léonins, aux mœurs aussi droits et aux pratiques aussi extravagantes.
Ainsi l'avait-on démi de ses fonctions habituelles le matin même, juste avant qu'on ne lui annonce son départ pour Zaphyr-Vyst prévu deux semaines plus tard. Et le souvenir de la visite des Olst était plus que jamais présent dans l'esprit du jeune prince.
Couvertes d'or, de jade et de rubis, la demi-douzaine de femmes qui l'entouraient étaient pourtant parées de leurs plus beaux atours pour le séduire ce soir-là. Mais cette fois là, il ne put les satisfaire.
- Vous semblez troublé votre majesté ? l'interrogea Azune, sa favorite avec laquelle il passait le plus clair de ses nuits.
- Croyez bien que j'en suis désolé, mais je ne me sens pas à mon aise ce soir...
Il congédia ses femmes, mais intima l'ordre à sa favorite de rester à ses côtés.
Zah-Hil avait toujours eu tous ce vers quoi ses aspirations se tournaient. Objet, artifice... Et même ses femmes, qui se comptaient par centaines. Mais de toutes, Azune, qu'il avait rencontré à peine âgé de neuf ans, était sa préférée. Elle était son amie mais aussi et surtout, sa plus grande confidente.
- C'est la cérémonie de demain ? Cela vous perturbe, je le sais. Mais il y a aussi autre chose n'est-ce pas ? lui souffla-t-elle délicatement à l'oreille.
- Ce sont les Olst, devoir me rendre à Zaphyr-Vyst me les rappelle...
Le prince ne se confiait jamais, car Zah-Hil connaissait la faiblesse de ses sujets à l'égards des privilèges dont il jouissait. Mais il s'était toujours confié à Azune, car il savait que son cœur était pur et que, par dessus tout, elle partageait ses aspirations, ses rêves. Il était certain que l'idée de le trahir ne lui viendrait jamais à l'esprit.
- L'impératrice vous a laissé un souvenir très vivace, lui susurra-t-elle. N'y a-t-il rien que je puisse faire pour y remédier ?
Elle rapprocha ses formes, à peine dissimulées par la légère étoffe de soie qu'elle portait.
- Malheureusement tu ne peux rien pour moi, lui répondit-il. Le souvenir des Olst est maintenant si présent... J'ai trop peur de me couvrir de honte.
- L'idée que vous puissiez la retrouver ne vous excite guère ?
- Bien sur, presque autant qu'elle m'effraie. J'ai peur que, devant toute ses immenses armées, mon courage et ma fierté ne fassent défaut...
Elle l'interrompit, plaçant délicatement ses doigts sur ses lèvres.
- Vous êtes un prince, déclara t'elle de manière impérieuse.
Elle le chevaucha, et ses paroles devinrent comme une évidence. Ses pensées incongrues disparurent au fur et à mesure que le plaisir regagnait le cerveau du jeune prince. Finalement, sous la pression de son désir ardent et des mouvements langoureux de la courtisane, la légère étoffe de soie qui enveloppait les chairs de la jeune femme céda.
Azune l'avait convaincu.
2
Zah-Hil avait donc encore quatre semaines devant lui. Quelque peu stressé, bien que la soirée de la veille lui avait redonné confiance en lui, le jeune prince passa le plus clair de son temps libre avec ses femmes du harem. Le reste du temps, il profitait d'une relative solitude dans ses bains privés afin de méditer sur les épreuves qui l'attendaient.
Il ne savait rien bien sûr, sinon des bribes de tout cela, mais on lui tout de même assurés le soutien de quatre guerriers qui l'accompagneraient dans son périple. Il savait également qu'il aurait le droit de choisir deux d'entre eux alors que les autres seraient désignés par le peuple et le conseil.
Zah-Hil connaissait déjà, où du moins présumait, de l'identité du membre choisit par le peuple. Car parmi les champions de l'armé royale, Kaël était l'un des plus fort.
Zah-Hil était rassuré de pouvoir choisir deux de ses compagnons, mais il l'��tait encore plus par l'existence de Kaël. Zah-Hil ne le connaissait que pour l'avoir décoré un nombre incalculable de fois, alors que ce dernier avait combattu les terribles tribus harpies qui s'en prenaient parfois à leurs citées, assujettissant les femmes et volant leurs enfants. Ou encore, lorsqu'il avait sauvé Nethil-Kor, l'une de leur rare citée terrestre, d'une invasion d'araignées géantes.
Mais son principal fait d'arme était d'avoir terrassé de ses mains, le gigantesque et terrible dragon qui était apparu du nord et qui, pour on ne savait qu'elle raison, avait dévasté presque toute l'étendue de leurs cultures et de leur armé avant de trouver la mort.
Plus Zah-Hil y songeait, plus il pensait l'inviter au palais afin de s'entretenir avec lui du périple à venir. Car même si le peuple lui allouait un autre champion, il avait de toute façon décidé de le choisir. De plus Zah-Hil avait bien besoin d'un ou deux conseil de la part d'un homme aussi honorable.
C'est ainsi que Kaël fut convoqué au palais royale. Afin d'éviter les fuites, on ne lui avait pas annoncé la raison de sa convocation. Kaël, qui vivait seul avec sa mère malade et très âgée, ne posa aucune question.
À son arrivé, les gardes le menèrent en direction du trône, ce qui surpris le guerrier. Kaël était habitué à se rendre devant le conseil pour les besoins de l'armé, mais jamais encore il n'avait rencontré en personne le prince héritier. Bien sûr Kaël savait, comme tout le royaume, que le prince devait partir d'ici peu pour le traditionnel schibboleth royal, et il s'attendait bien évidemment à être sollicité. Mais que le prince en personne daigne le convoquer était un honneur et une reconnaissance suprême.
Kaël était grand, et bien bâti. C'était un homme robuste, digne des grands guerriers de jadis. Il avait vécu une vie simple et solitaire, veillant sur le bien-être de sa mère. Dans sa vie, il ne s'était jamais lié avec personne, et n'avait eu que peu d'amis. Fort et brave au combat, il ne faisait pas grand cas de ses victoires, et restait modeste même dans sa richesse. Après sa victoire sur le dragon sept années auparavant, il avait finalement quitté l'armé pour s'occuper pleinement de sa mère malade.
Le prince l'accueilli chaleureusement lorsqu'il pénétra dans la salle du trône. Le prince daigna même descendre de son trône et se diriger directement vers lui pour l'étreindre et lui serrer la main.
Kaël fut d'autant plus surpris, car les membres de la famille royale revêtaient un caractère sacré aux yeux des Sark. Le simple fait que le prince héritier daigne descendre de son trône constituait déjà un honneur digne des plus grandes personnalités du pays. Mais Zah-Hil avait décidé de ne pas faire cas des traditions, car il ne voulait surtout pas que son hôte se sente troublé par l'écrasante solennité des lieux, ou du protocole emprunt de condescendance religieuse.
- Aaah, vous voilà Kaël ! Sachez tout d'abord que je suis très heureux de vous recevoir ici, j'espère que vous avez appréciez le voyage, et que vous avez pris le temps d'admirer toutes les subtilités ainsi que les particularités qui fondent la réputation de mon palais avant de me rejoindre.
- Votre palais est incroyable, prince Zah-Hil, répondit très sobrement Kaël.
- Je sais que votre mère est souffrante, continua-t-il. J'ai pleinement conscience du fardeau que cela doit être pour vous. J'ai donc ordonné aux meilleures médecins du royaume de se tenir à son chevet et de se consacrer totalement au mal qui la ronge.
- Votre magnanimité est sans pareil mon prince, remercia Kaël.
- Ce n'est rien, j'ajouterai même que cela est tout naturel après les services que vous avez rendu au royaume. Il est regrettable que l'on ait pas pris cette décision plus tôt.
- Je vous sais gré d'une telle considération sire.
- Suivez moi, maintenant que vous êtes rassuré et serein il y'a quelque chose dont je dois vous entretenir.
Kaël suivit le prince qui le conduisit en direction des appartements royaux. Il en fut d'autant plus honoré qu'il remercia le prince une fois encore.
- Voyons je ne vous pas encore parler de la raison pour laquelle je vous ais convié, lui répondit malicieusement ce dernier dans un grand éclat de rire. Ne soyez pas trop prompt à remercier le ciel pour ce qui n'est pas encore tomber !
Le prince invita son hôte à le rejoindre dans son saunât personnel où ils échangèrent moult paroles et nouvelles. Parfois en lien avec la politique et la guerre, ou bien concernant des légendes et des récits guerriers.
Tantôt drôles, tantôt rocambolesques, les récits qu'ils échangèrent les rapprochèrent. Tant et si bien que Zah-Hil finit par se convaincre qu'il avait rencontré là un ami de choix, et c'était réciproque.
- Je sais que vous avez besoin de guerriers pour votre quête, annonça Kaël maintenant qu'il savait qu'il pouvait parler librement.
- Je savais qu'un homme comme vous saurais vite de quoi il en retourne, répondit Zah-Hil. Mais je ne vous veux à mes côtés que si vous consentez à faire ce voyage avec moi.
Kaël resta pensif un moment. Il avait donné sa vie à son royaume, et avait de nombreuses fois prouvé sa valeur. Mais il n'avait jamais été déçu d'apporter son aide, et fut toujours récompensé à la hauteur de ses efforts.
- Soit, je marcherai avec vous.
- J'espère que vous consentirez à m'enseigner vos techniques de combats avant de partir à l'aventure, mon ami. Même si je m'entraîne durement, ma gloire personnel, ajouté à celle de tous mes maîtres d'armes réunis, sont bien peu de chose comparé à la votre.
3
Zah-Hil avait encore trois semaines pour se trouver un autre compagnon, mais il n'y consacrais guère d'attention car il savait que de toute façon un tournoi à son honneur serait organisé à Zaphyr-Vyst pour notamment désigner le champion du peuple. Zah-Hil pouvait toujours rabattre son dernier choix sur un autre des participants. De plus, il avait à s'entraîner avec son nouveau mentor, Kaël.
Pour son entrainement, le guerrier choisit de l'amener sur la terre où lui même avait vécu jadis. Dans la montagne, reclus dans la plus grande simplicité. Zah-Hil, qui aurait eu mille raisons de refuser, se plia pourtant à ce mode de vie rigoureux.
Ainsi, pendant une semaine, Zah-Hil et Kaël vécurent de chasse, de pêche et de cueillette. Alors que, située à quelques montagnes d'eux, le joyaux de la citée princière continuait de sertir la flore environnante, lévitant sempiternellement au dessus de la jungle impénétrable qui recouvrait les terres des Sark.
La première semaine, Kaël avait enseigné à Zah-Hil la manière de se construire un abris, mais aussi celles de chasser, cueillir, et de faire du feu sans se servir de la magie ou de l'alchimie.
- À quoi cela pourra-t-il me servir ? l'interrogea Zah-Hil.
- La magie et l'alchimie sont des techniques de l'esprit, et il est nombre de situation lors desquels l'esprit est inutile. Savoir s'en défaire est une des bases de la survie en général, lui expliqua-t-il.
L'apprentissage fut douloureux, Zah-Hil n'avait rien connu d'aussi difficile dans sa vie, mais il était rigoureux, et parvenait tout de même, en dépit des bévues et des imprévus, à suivre tant bien que mal les instructions de son compagnon. Kaël, lui, était inflexible. Son attachement à ces terres et à cette manière de vivre l'avait endurci. C'était sans difficultés qu'il retrouvait les habitudes qu'il avait jadis prises dans cette forêt humide, et il tenait à ce qu'il en soit de même pour son futur roi.
Une semaine plus tard, le prince connaissait tout -ou presque- de la forêt. Lui qui s'était attendu à apprendre des techniques de combat, physiques ou magiques, de la part de son champion, fut d'autant plus surpris par ce qu'il lui annonça ensuite :
- Je pense vous avoir transmis la plupart des choses indispensables à la survie en solitaire. Maintenant, il est temps pour vous de voir si ce que je vous ais enseigné n'a pas été vain. Vous allez donc, pour cette semaine, expérimenter seul ce que nous avons vu ensemble. Mais attention, afin d'exercer votre esprit, mais également pour reproduire les conditions de votre futur quête, un semi-voyage vous sera indispensable.
- Que voulez-vous dire ? l'interrogea le prince.
- Vous partirez d'ici, et nous nous retrouverons de l'autre côté des terres des Sark aux environs de Nethil-Kor, repris le guerrier. Je vous attendrai à l'ouest.
- Vous voulez dire que je devrai construire un abri différents chaque jours ?
- Oui, et également faire du feu et trouver de la nourriture. Vous en aurez besoin si vous tenez à arriver à Nethil-Kor avant la fin du temps qui vous est imparti.
- Est-ce bien nécessaire ? interrogea Zah-Hil qui commençait à douter du bien-fondé de son entraînement.
- Bien sûr. La magie fonctionne par l'esprit, et le combat découle de l'entretiens physique. Comme je vous l'ais déjà expliqué plus tôt, le fondement des arts du combat se situe au point équilibre parfait entre le corps et l'esprit. Et cet équilibre, ne peut être atteint qu'au travers de la vie animale la plus pur, au cœur des contrées les plus sauvage. Vous ne comprenez peut-être pas pour le moment, mais je vous assure que vous sentirez de nouvelles forces vous animer dés lors que nous en aurons commencé.
Zah-Hil était perplexe, mais il ne pouvait contredire impunément le sauveur de sa civilisation et le légendaire pourfendeur de monstres qu'était son mentor.
Son compagnon partit alors, prenant son envol, le laissant pour seul dans l'immensité de la forêt.
Le regard de Zah-Hil balaya le paysage autour de lui. Les arbres immenses, les rayons du soleil qui traversaient leur frondaison. Et il se détendit, jamais auparavant il ne les avait ressentis avec une telle intensité.
Enfin il rouvrit les yeux. Une cloche résonna de l'un des pinacles de la citée princière, l'heure de son épreuve avait sonnée.
4
Trois jours avaient passés, et Zah-Hil n'était déjà plus reconnaissable. Il avait depuis longtemps délaissés ses habits salis par la végétation, et ne portait plus sur lui que de la boue et des herbes. D'abord pour se camoufler, mais également pour se protéger des moustiques et autres nuisibles.
Le visage blême, impassible, arborant désormais une barbe, il se tenait seul, immobile, figé au milieu d'une rivière où l'eau lui arrivait à la taille. Soudain, il fondit. Sa proie était l'un des magnifique saumon qui remontait la rivière en cette époque de l'année. Il ne lui restait plus qu'à préparer un feu.
Les trois soirs précédents il avait pu sans problème, où presque, allumer un feu et se construire un abri stable au sommet des arbres. Il en fut de même ce soir-là, du moins pour le feu en tout cas. Il s'occuperait de son abri après son dîner : comme lui avait enseigné son maître, ce loisir constituerai sa fin de soirée et lui permettrait, en outre, de s'endormir en toute sérénité au sein de la cacophonie des bruissements d'animaux qui régnait dans ces forêts. Ce qui, contrairement aux idées reçues que se faisait les aristocrates de cet époque, n'était pas toujours une mince affaire ...
Mais ce soir fut différent. Il put dîner copieusement comme il l'avait prévu, mais quand vint le moment de rassembler les bûches qui serviraient de support de fixation à sa future construction, il tomba soudain nez à nez avec la plus horrible et la plus monstrueuse des créatures qu'il n'avait jamais rencontré...
Là, dans le noir, ses yeux noirs et multiples à peine visible dans la semi-pénombre entretenus par le feu de bois, une énorme araignée, de 4 mètres 50 d'envergure, lui faisait face.
Il n'eut pas le temps de hurler, de toute façon le cri s'était bloqué dans sa poitrine. Par chance, il était encore armé de la pointe aiguisée qui lui avait permis de pêcher son festin quelques heures plus tôt, et l'enfonça sans retenu dans l'un des yeux monstrueux qui luisait dans l'obscurité.
La créature émit un borborygme étrange, et s'enfuit aussi vite qu'elle était apparut, quelque part dans les bois d'où elle était apparu.
Cette rencontre avait traumatisé Zah-Hil, qui était désormais trop effrayé pour oser terminer son édifice. Ainsi il préféra escalader un arbre où il avait décider de dormir à même les branches. De préférence dans un renfoncement exigu qui devait le protéger de ce genre de monstre...
5
Cinq jour plus tard, Zah-Hil avait réussit, et était parvenu, au bord de la crise cardiaque, au bout de son épopée. Là, une centaine de mètres plus haut sur le flanc de la montagne, l'antique citée de Nethil-Kor le toisait derrière ses puissantes murailles et ses nombreux flambeaux.
C'était une ancienne citée, l'une des premières qu'avaient bâties ses lointains ancêtres à l'aube de leur civilisation. C'est pourquoi c'était l'un des rares bastions de son royaume à avoir été construit de plein pied sur la terre d'Alras, à une époque où les Sarks savaient voler, mais ne maîtrisaient pas encore l'oraison magique.
Le prince était soulagé, il avait réussit à traversé la forêt sans rencontrer d'autres de ces effroyables araignées, et il s'était même si bien nourri qu'il paraissait s'être remplumé. Ne lui restait plus qu'à trouver Kaël à l'ouest lui avait-il dit, de la citée.
Le prince s'y rendit, mais ne constatant aucune trace de son mentor, s'enfonça quelque peu dans le sous-bois de conifères qui s'étendait encore à cette hauteur. Finalement, il ne trouva de traces de lui nulle part. Réalisant tristement que son ami l'avait peut-être laissé tomber, le prince s'apprêtait à repartir chez lui. Après tout, le délai imposé avait été de sept jours, l'outrepasser d'une journée signifiait peut-être qu'il n'était pas fait pour l'aventure...
Mais soudain, une immense créature fondit l'air jusqu'à abattre tout son corps sur le jeune prince. Manquant de peu de se faire arracher la tête, le prince parvint, comme pour l'araignée de la forêt, à blesser quelques peu son adversaire grâce à la petite lance qu'il s'était fabriquée.
L'une des pattes du griffon lâcha prise, mais la bête ne recula pas. une fois encore, le prince n'eut qu'une fraction de seconde, ayant lâcher la lance, il dégaina la petite dague qui ornait sa ceinture. la petite dague fendit l'air alors que la seconde patte allait s'abattre sur lui. Cette fois, la créature recula. Dans son élan, le prince avait du lui arracher l'une de ses griffes, dans tous les cas la blessure saignait abondement.
Le prince se releva en titubant légèrement, mais à peine fut-il sur pied que la bête s'était à nouveau jeté sur lui, gueule béante, prête à dévorer sauvagement. Par chance, ou pur coïncidence, en chutant le bras armé du prince s'était retrouvé dans la gueule du monstre et, avant que celui-ci ne put déchaîner sur lui toute la puissance de ses incroyables mâchoires, garnis de crocs acérés, la petite lame s'était enfoncé dans son entier dans la boite crânienne du monstre comme s'il s'était agi d'un steak.
Zah-Hil attendait de se faire démembrait quand il réalisa son exploit, et l'inanité du monstre. Il prit garde, toutefois en retirant son bras de la bouche odorante, à ce qu'un dernier réflexe de la créature ne le lui arrache pas.
C'est alors que Kaël apparut.
- Mon roi, l'appela-t-il en s'agenouillant devant lui.