Chereads / Le cristal d'Antalya Volume 2 - Le voyage de Zah-Hil / Chapter 5 - L'arrivée à Phys - La vision du Reil-Kal

Chapter 5 - L'arrivée à Phys - La vision du Reil-Kal

1

Zah-Hil et ses compagnons étaient fascinés par la citée antique. Tous avaient hâte d'assister à la mystérieuse cérémonie à laquelle ils avaient été convié par la maîtresse des lieux en personne, la tout aussi mystique archiprêtresse de Nerub-Nott.

Ce serait également elle qui en serait l'édile. Nul, à par elle, n'en connaissait le but précis.

- Que pensez-vous que cet augure nous réserve ? demanda Kaël au futur souverain.

- Je n'en ais pas la moindre idée, répondit ce dernier. De ma vie je n'ai jamais été convié à de telles cérémonies. Les Kras ne sont pas un peuple très démonstratifs, même si les échanges commerciaux entre nos deux pays sont plus que florissant, nos échanges culturels sont pour ainsi dire inexistants.

- Mais ne sont-ce pas eu qui sont à l'origine du culte de Zin entre autres nombreuses choses qui ont marqué l'histoire et la culture de notre peuple ?

- Oui, mais tout cela s'est déroulé il y'a bien des années. Et des traditions ancestrales, seul le souvenir demeure aujourd'hui. En tout cas, rien de ce que nos rites religieux nous imposent ne laisse supposer une quelconque affiliation avec ce à quoi nous allons assister ce soir. J'ajouterais même que rien de ce que nous connaissons, même de la foi envers Zin, ne nous donne un réel aperçu de la véritable culture des Kras, ni ne nous donne d'indice sur la façon dont ceux-ci la respecte.

Allia était muré dans un silence approbateur.

- Pensez-vous qu'il pourrais s'agir de la délégation de notre première épreuve ? supposa à son tour Asturian.

- Je le pense oui. Mais je gage que la façon dont celle-ci nous sera révélée sera impressionnante.

- Vous pensez à de la magie ? lui demanda Kaël.

- Peut-être bien mes amis, peut-être bien...

Le soir venu, ils se retrouvèrent tous dans la grande salle au centre de la citée, sous la voûte de l'immense pyramide qui la surmontait. Zah-Hil, assis en tailleur au centre de la salle face à l'archiprêtresse, était nu.

La femme Kras elle aussi était assise. Elle avait exigée la nudité de ce dernier afin de permettre à la vision qu'elle allait lui transmettre d'être plus réaliste. On l'avait quelque peu avertit de ce qui allait suivre : l'archiprêtresse allait réciter quelques formules alchimique et se servir de ce que les Kras appelaient un Reil-Kal. Cela dit ni Zah-Hil ni aucuns des membres de sa garde n'avaient la moindre idée de ce que l'archiprêtresse comptait véritablement montrer au jeune prince.

La cérémonie commença donc, l'archiprêtresse récita ses formules, puis l'on amena finalement le Reil-Kal devant eux. La pierre était rouge, et vibrait d'une étrange façon.

Zah-Hil s'était attendu à ressentir quelques effets aussitôt que cette dernière serait déposée, mais ceux-cis ne se firent pas ressentir tout de suite. Cependant au bout d'à peine quelques minutes de silence contemplatif, le prince se mit à défaillir. Ses yeux voilés, son corps agité de multiples convulsions, parmi l'assistance, seul ses camarades semblaient s'inquiéter de son sort. Les Kras qui assistaient à la cérémonie, eux, ne bronchèrent pas.

Puis, les convulsions du prince s'arrêtèrent brusquement, laissant son corps inerte face à la redoutable créature reptilienne qui semblait quant à elle plongée dans une méditation des plus intenses.

Il se retrouva aspirer, son âme arraché par quelque sortilège à l'intérieur de la pierre. Il avait lutter de son mieux, mais ne parvint pas pour autant à se défaire de la force qui l'avait entraîner. Impuissant, il sentit son corps se réduire jusqu'à ne devenir plus qu'une particule infime de matière qui tourbillonnait sans cesse en direction du centre de la pierre laquelle restait étrangement toujours aussi résolument éloigné de lui qu'au moment où il l'avait aperçu pour la première fois.

Puis soudain, au moment précis où celui-ci semblait enfin s'en approcher, un éclair jaillit devant ses yeux -ou plutôt, son esprit- et il se reprit conscience au sommet de la pyramide de Nerub-Nott elle-même. Il la reconnut tout de suite, d'abord par sa localisation, la grande montagne d'Atal-Aethys situé au centre du continent se dressant devant lui et enfin la noirceur du gigantesque monolithe en dessous de lui qui ne pouvait tromper personne.

Cette vision ne dura pas, très rapidement ce dernier fut entraîner vers l'est, toujours par cette même force écrasante à laquelle il était impossible de résister. Enfin, après un périple aussi court qu'éprouvant, il se retrouva face à la plus incroyable et la plus magnifique des citée qu'il eut jamais contemplée : Phys sur la haute terre des Kras. La citée au temple imposant qui avait la réputation -et à juste titre, Zah-Hil le découvrait- d'être le berceau de vie elle-même.

Cette fois encore, la vision ne dura pas, et il fut une fois de plus entraînée, vers le nord cette fois, en direction de la forêt immense et du territoire des Vena. Comme il le supposa brièvement durant les quelques dixièmes de secondes que durèrent son transfert, celui-ci se retrouva transporté face à la citée de ces femmes araignées, dites des colonnes de lumière. Lesquelles, si hautes, parvenaient à percer la cime déjà incroyable des arbres de cette forêt magique.

Puis il fut de nouveau arrachée à sa contemplation et se retrouva cette fois survolant une grande vallée, laquelle il le supposait, constituait le territoire des Gos. Zah-Hil comprit alors ce que l'archiprêtresse cherchait à lui montrer en se servant du Reil-Kal et de l'alchimie ; elle voulait le tester en lui montrant les lieu qu'il devrait traverser pour parachever sa quête.

Mais à peine son esprit eut-il le temps d'émettre cette hypothèse qu'il se retrouva une nouvelle fois entraîné dans le tourbillon du Reil-Kal. Zah-Hil ne se rendait plus compte de la direction dans laquelle l'entraînait le dispositif, mais il reconnut le dernier lieu qu'il lui imposa. Là, en plein cœur du désert de l'est, où s'étendait la puissante citée de Shakkarand.

Tout cela eut laissé le prince de marbre, si le dispositif ne l'avait entraîné une nouvelle fois. Et cette fois-ci, il put dire avec précision l'endroit exact où ce dernier l'avait déposé. Car ce-dernier l'avait simplement transporté dans les profonds sous-bassement de la citée, au cœur de ses plus antiques et antédiluviennes profondeurs.

Là, aux tréfonds des temples Olst, il se retrouva au devant d'un des tombeau les plus ancien et les plus mystique qu'il n'eut jamais contemplé. Zah-Hil ne reconnut pas, de prime abord, l'étrange et unique symbole qui l'ornait, car il était trop oppressé par l'atmosphère glaciale qui régnait en ces lieux et par l'aura terrifiante qui semblait émaner de la sépulture elle-même.

Il fut alors soudainement ramené dans son corps, sans comprendre le pourquoi de cette dernière vision. Lorsqu'il se réveilla, ses compagnons, soulagés, l'interpellèrent :

- Sire ! Vous allez bien ?

- Que s'est-il passé ?

Mais Zah-Hil n'en avait cure, et fixait de manière interdite l'archiprêtresse qui continuait de le regarder fixement avec une profonde intensité.

- Pourquoi ? lui demanda-t-il.

- Soyez prudents, répondit-elle. Je ne peux vous en dire plus.

Puis, les amis du prince l'entourèrent pour le harceler de questions pendant que cette dernière se retirait. Aucuns des cinq compagnons ne l'aperçu de nouveau durant le court séjour qu'ils passèrent à Nerub-Nott.

2

Dans les jours qui suivirent, et alors que Zah-Hil et ses compagnons étaient en partance pour Phys, le jeune prince ne pouvait s'empêcher de songer à la vision de l'archiprêtresse. Il en avait parlé à ses compagnons qui ne semblaient pas partager ses angoisses.

- Voyons ce n'est qu'une pierre tombale, assurait Ennoch. Rien de ce qui entoure ce mystère ne saurait se révéler plus dangereux que ce qui nous attend tout au long de notre route. Pour ma part, je suis bien plus inquiet pour ce qui peux se tramer dans les tréfonds de la forêt immense que dans ces pyramides absurdes. L'archiprêtresse aura surement voulu nous mettre en garde contre la toute-puissance des Olst et sur la solennité de leurs traditions ne pensez-vous pas ?

Kaël et Asturian restaient silencieux. Mais même Ennoch qui tentaient de se montrer raisonnable ne pouvait pas totalement nier la peur qui l'avait saisit dés le moment où leur prince leur avait évoqué cet élément nouveau. C'était comme si le tombeau dont le prince avait parlé avait toujours été là, sous leurs pieds. Comme si ils avaient toujours su qu'il avait existé, comme si... Ils le connaissait. Quelle malédiction antédiluvienne allait donc les frapper à Shakkarand ?

- Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un mystère aussi terrible qu'il n'y parait, renchérit Allia qui étonna une nouvelle fois ces compagnons par sa prise de parole inhabituelle. Mon peuple a souvent eu affaire aux Olst par le passé, et rien de ce que mes semblables ont à dire sur eux n'a trait à une quelconque malédiction ni à aucun type de magie extravagant qui seraient susceptible de nous nuire, continua-t-elle comme si elle avait lu dans leurs pensées.

Zah-Hil restait circonspect. Quoiqu'on lui dise, son avenir -et dans une moindre mesure celui de son peuple- dépendait de l'interprétation qu'il ferait de la vision que lui avait transmise l'archiprêtresse. Il résolue de redoubler de prudence lors de la visite du territoire des Olst...

3

Enfin, après cinq à six jours de marche, nos compagnons arrivèrent en vue de Phys sur la haute terre des Kras, capitale de leur empire et, pouvait-on dire plus généralement, du continent d'Alras lui-même.

Tous étaient stupéfié par la majesté des lieux. On aurait dit que la citée, qu'ils savaient plusieurs fois millénaires, était de construction récente. Non content de s'intégrer parfaitement au paysage qui l'entourait, elle semblait refléter, à elle seule, la puissance de 10 empires.

Et à l'intérieur de ses murs, que de surprises qu'ils découvraient ! Des arcs boutées incroyables de courants d'eau flottants au dessus de ses rues, des bâtiments flottants, gravitant dans l'air par une magie inconnu, des fontaines de cristal bien sûr, mais aussi de rubis, de saphyr et de diamant, d'où jaillissait des fluides et des étincelles aux milles couleurs. Des centaines de tours d'ivoires, d'un blanc nacré ahurissante qui défiaient toutes les lois de la physique ne serais-ce que par la beauté hallucinantes des innombrables sculptures et enluminures qui les décoraient.

Et enfin, sur le temple gigantesque qui gravitait en son centre, quatre symboles lévitaient. Calmement, ils tournoyaient autour de la sacro-sainte pierre d'infinité primale, l'artefact légendaire que certains croyaient à l'origine de la création du monde, le mythique Reil-Kal originel dont Ennoch supposa qu'il était à l'origine de l'étrange magie qui semblait animé la citée.

Les Kras qui les accompagnaient menèrent le prince et sa suite jusqu'au centre de la citée, et ils gravirent ensemble les hautes marches du temple gigantesque. Parvenus devant la pierre, qui gravitait à peine une dizaine de mètre au dessus d'eux, ils firent face au Kras le plus imposant et le plus âgée qu'ils n'eurent jamais vue.

Lui aussi était accompagné d'une escorte, dont les membres semblaient également de carrure plus imposante que celle de leurs congénères. Il supposèrent qu'il devait s'agir des guerriers au sommet de l'élite de leur empire.

Le plus fort d'entre eux prit alors la parole dans leur esprit :

- Il semble que vous êtes ici pour tester la puissance de votre esprit à la lumière de notre source de pouvoir. Grands guerriers, je vous salue.

Il marqua ses paroles par une révérence appuyée. Zah-Hil et ses hommes étaient trop émerveillés pour lui rendre la pareil.

- Ne soyez pas trop hâtif, votre première épreuve commenceras bientôt. Mais pour l'heure, il vous faut recevoir la bénédiction de notre pierre d'énergie primal. Jeune prince si vous voulez bien...

Zah-Hil émergea soudain de ses rêveries, et s'avança, non sans appréhension compte tenue de sa première expérience avec l'archiprêtresse, devant l'être dont il comprit qu'il s'agissait de l'empereur des terres de Phys.

À son approche, Zah-Hil réalisa que c'était bien à cette pierre, comme l'avait supposer Ennoch, que la citée devait son architecture hors du commun. Car à peine s'était-il avancée qu'il ressenti lui-même l'attraction qui en émanait. Il réalisa alors qu'il la ressentait déjà depuis le moment où il avait pénétré dans la citée, mais que, trop émerveillé et subjugué par la beauté des lieux, et certainement aussi par le biais d'une magie inconnu, celui-ci ne s'en était pas aperçut.

Se retournant brièvement, il comprit que ses compagnons aussi étaient sous le coup de ce charme étrange ; leur air hagard et ébahis étaient sans équivoque.

Le mystérieux Kras appela dans une langue inconnu, et la pierre descendit jusque devant le prince. Zah-Hil fut aussitôt envahis par une sensation de plaisir et de plénitude alors que, mû par une force inconnu, il tendait le bras pour toucher la pierre. Étais-ce pour en sentir le contact sur sa peau ? Zah-Hil n'en avais aucunes idées. Toujours était-il qu'il n'avait pu faire autrement. C'était comme si ce mouvement avait déjà été écrit, que ce fait était prédestiné, que cet événement ne pouvait être contrecarrer, qu'il était impossible de le modifier. C'était immuable, inexorable.

Zah-Hil toucha la pierre. Et une nouvelle vision l'envahit.

Il vit Zin, le dieu de toute chose. Il vit comment ce dernier avait crée l'univers, et comment il avait crée la vie. . Il vit comment il avait introduit la magie dans ce monde, et comment il avait appris aux mortels à maîtriser. Il comprit les sens de la vie et de la mort ; et en contempla les affres. Il sut pourquoi il était venu au monde et entrevit la tâche qu'il aurait à accomplir.De cet événement extra-ordinaire, Zah-Hil n'en tira pas grand chose. Mais il était devenu plus sage et semblait doté d'un sens plus aigu des choses. Il était également plus apte à l'écoute et était capable d'exprimer ses idées plus facilement et de façon plus convaincante.