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Une semaine plus tard alors que nos guerriers pensaient bientôt affronter leur première tâche, on leur annonça que celle-ci ne leur serait pas confiée à Phys, tel qu'ils l'avaient d'abord imaginé, mais à Atal-Vyst, une citée frontalière avec la forêt immense.
Cette citée était située en pleins cœur du désert de roches, dites en formes de lames de rasoirs. Et elle était la trace ultime de civilisation qui se rapprochait le plus de l'immense montagne Atal-Aethys, qui se dressait en son centre.
- Enfin notre véritable voyage vas commencer ! fanfaronnait Asturian, le plus hardi de leurs compagnons.
- C'est vrai que l'on commençait presque à s'ennuyer ici, complétait Kaël.
Seul Ennoch ne se lassait pas d'étudier les secrets de la magie très avancée des Kras, et passait le plus clair de ses journées à deviser avec les étranges créatures qui peuplait la citée.
- Moi toutes ces technologies incroyables vont me manquer... leur assurait-il. J'ai appris beaucoup au cours de cette dernière semaine, mais il y'a encore tant de choses qu'il me reste à approfondir !
- Je vous comprend Ennoch, répondais Zah-Hil. Mais vous pourrez revenir ici, si vous en avez le désir, à la fin de notre quête. Et puis Kaël a raison, nous commençons tous à manquer d'exercice ici. Pour ma part je pense que nous avons suffisamment fêter notre départ à Zaphyr-Vyst, il est grand temps que notre véritable épreuve ait lieu !
Allia, quant à elle, ne disait mots mais ses hochements de têtes frénétiques étaient éloquents.
- Messieurs, les appela-t-on sans que, cette fois-ci, nos héros ne sursautent, désormais habitués aux incursions fréquentes de leurs amis muets. Il est temps pour vous de partir.
Tous savaient que leur véritable épreuve n'avait pas encore eu lieu. Bien sûr, Zah-Hil resongeait à la vision qu'il avait reçue à Nerub-Nott, mais il ne devait en aucuns cas se laisser distraire Et il en était de même pour ses compagnons, pour chacun d'eux, l'accomplissement de leur première tâche devait être leur priorité.
Nos compagnons partirent sur le tard, peu avant le coucher du soleil. Il était de tradition, pour les voyageurs qui pénétraient dans Phys la somptueuse, d'y arriver de bon matin et d'en repartir le soir. Tel le voulait la tradition, comme tel se révélait toute l'étendue de la beauté, de la majesté et des nuances poétiques que recelaient les splendeurs de la citée et de ses terres.
Ce n'est qu'une fois à bonne distance de celle-ci que, réalisant qu'ils ne reverraient peut-être jamais plus pareilles merveilles, que Zah-Hil et ses hommes se mirent à déprimer. Leur repas ce soir-là fut des plus frugal, et nos compagnons, à l'image de leur amie Allia, ne se déridèrent pas davantage. Zah-Hil songea tout de même qu'il était bon, désormais, de ne plus avoir à subir les incursions indiscrètes de leurs maîtres Kras dans leurs esprits. D'autant qu'aux moments des repas ces dernières étaient souvent désagréables et parfois des plus cocasses. Il se rappelait notamment une scène mémorable lors de laquelle Ennoch avait presque rendue la quasi-totalité de son plat alors que des servants appelaient pour le service. Il n'en dit rien cependant, l'atmosphère qui régnait ce soir-là étant ce qu'elle était.
Mais après quelques jours de marches, alors que le paysage qui les entouraient devenait toujours plus aride, ils furent rassurés de voir qu'Atal-Vyst, la citée qui se dressait à l'horizon, n'était pas dépourvue de faste ni de charmes, loin de là. Et même si ses qualités étaient loin d'égaler celles de Phys, elle n'en restait pas moins, elle aussi, un joyau à l'image des nombreuses avancées technologiques et autres merveilles qu'avaient pu créer les Kras.
Mille et une flèches la composaient. Des tours, de tailles différentes et pointues comme des rasoirs, chacune percées d'une multitudes de fenêtres et flanquées, à leurs côtés, de centaines de gargouilles à l'apparence de créatures d'outre temps.
En approchant, ils constatèrent que ces aiguilles étaient bien plus grandes et bien plus grosses qu'ils ne se les représentaient lorsqu'ils les apercevaient encore de loin. Quant à la citée dans laquelle ils avaient pénétré, celle-ci étaient sans commune mesure à l'opposé de celle qu'ils avaient quitté. Sa structure, son architecture, ainsi que la complexité de sa conception, étaient chacune d'elles plus farfelues et plus futuristes que celles de toutes les autres citées qu'ils avaient visitées réunies en ce seul endroit.
Ainsi en plus des gigantesques aiguilles, on apercevaient en sous-sols et au rez-de-chaussée des centaines d'autres bâtiments de toutes sortes et de conceptions différentes. Quant au niveau zéro de la citée, son point le plus bas, ce dernier semblait inexistant. Celui-ci étant soit si profond qu'il demeurait invisible, soit trop bien dissimulé parmi les enchevêtrements des milliers de ponts et passerelles qui reliaient entre eux les bâtiments et les larges avenues surpeuplées.
Tous étaient bien entendu désorientés par le florilège qui s'étendait autour d'eux. D'autant plus qu'aucuns Kras de Phys ne les avaient accompagné, ni ne leur avait donné aucune indication qui leur auraient permis de se repérer au milieu de cet incommensurable capharnaüm.
De même, aucuns d'eux ne savaient par où ils devaient commencer leurs recherches pour trouver quelqu'un qui, parmi cette foule de créatures pressées, serait susceptible de leur donner ne serait-ce qu'un misérable indice quant à la nature de l'épreuve qui les attendait.
Allia proposa de commencer par les profondeurs de la citée afin d'y retrouver les traces d'un quelconque refuge ou palais qui pourrait s'y trouver. Mais cette idée fut immédiatement contestée par Kaël et Asturian qui, par expérience, savaient que la plupart des dirigeants de telles citées choisissaient généralement de vivre dans les hauteurs pour se garantir une protection supplémentaire ainsi qu'un meilleure aperçu du déroulement des combats en cas de guerre ouverte.
Ils décidèrent donc d'un commun accord de commencer par ses hauteurs. La tâche fut loin d'être aisée cependant, si nombres de plates-formes existaient dans les niveaux inférieurs et que beaucoup des ponts qui les reliaient descendaient profondément sous la terre, les passerelles qui en remontaient restaient rares. d'autant plus que ces dernière ne remontaient pas aussi haut qu'ils l'auraient souhaité. N'y tenant plus, Kaël et Asturian finirent par prendre la jeune Allia sous leurs ailes afin qu'ils puissent poursuivre leurs investigations du point de vue des cieux.
Après une dizaines de minutes, ils finirent par apercevoir un Kras parmi la foule qui semblait s'être arrêté, et les regardait intensément et fixement depuis la plateforme où il se tenait.
Il n'en fallut pas plus aux cinq compères qui, dés qu'ils le purent, le rejoignirent.
Le Kras les interpella dés lors qu'ils se furent poser, et leur demanda :
- Etes vous les envoyés de la citée argentée ?
- Si vous entendez par là la citée de Phys, alors oui c'est bien nous, répondit calmement Zah-Hil, bien que quelque peu désarçonné par un tel accueil pour le future monarque, aussi modeste fut-il, qu'il était. Etes-vous celui qui doit nous conduire en direction de notre première épreuve ? continua-t-il toujours sans rien montrer de son embarras.
- Non, mais nous sommes quelques uns dans la citée à avoir été informés de votre présence. Croyez bien que nous en sommes désolé, mais nos préoccupations ne nous permettent pas de vous accorder une attention supérieur à celle que nous vous manifestons actuellement. Comme vous pouvez le constatez, tout le monde ici est très occupé...
Il leur dit cela en leur indiquant clairement les dizaines, ou peut-être même les centaines de milliers de silhouettes qui parcouraient pressement de long en large les innombrables ponts de la citée.
- Vous devez rencontrer le Maître des tâches, repris t-il.
- Le Maître des tâches ? demanda Ennoch très intrigué.
- Oui, c'est celui qui organise notre travail et nous assigne notre rôle dans la citée.
- Et comment devons-nous le trouver ? demanda Zah-Hil.
- Vous le retrouverez au niveau 455 de la tour d'Azorath. Celle-ci est situé proche du centre de la citée, vous la reconnaîtrez à sa couleur d'ambre et à son architecture très singulière.
- Singulière ? demanda Allia.
- Vous la reconnaîtrez, indiqua simplement la créature. Maintenant vous devez vous dépêcher, la recherche de cette tour fait parti intégrante de votre épreuve, vous devez avant tout comprendre que nous avons beaucoup à faire ici.
Zah-Hil et ses compagnons ne se firent donc pas prier, et repartirent en volant accomplir leur mystérieuse quête. Alors qu'ils cherchaient, le prince interrogea Ennoch, le plus au fait des mœurs de ce peuple étrange :
- Que pensez-vous que les Kras font ici qui puisse nécessité tant d'homme, et surtout tant d'investissement de leur part au point qu'ils ne puissent semblent -ils, accueillirent décemment des invités de marques ?
- Je n'en suis pas sûr, répondit-il. Mais il est de notoriété public que les Kras sont de loin les meilleures de nous tous dans tout les domaines. Magie, alchimie, sciences, mathématiques, et même astronomie...
- Sans doute poursuivent-ils leurs recherche avec tant d'assiduité qu'ils en ont perdu la raison ! s'écria Asturian qui volait en contrebas.
- Au contraire, je pense que ces êtres sont tous ce qu'il y'a de plus raisonnable... rétorqua Ennoch. Croyez moi, après toutes ces années d'études m'est avis que ce sont nous, les pauvres d'esprits dans cette affaire !
- Que voulez-vous dire exactement ? lui demanda Zah-Hil qui entrevoyait ce que leur ami voulait leur dire, et que ce dernier confirma en lui répondant :
- Que c'est peut-être bien grâce à ces recherches que nous autres pouvons utiliser la magie. Et pas seulement, si vous voyiez ce que je veux dire !
Personne n'osa parler de cet autre chose qu'avait évoqué le jeune sorcier, et ce jusqu'à ce qu'ils parviennent en vue de leur objectif ; là, entre les milliers d'aiguilles qui perçaient le ciel, une autre à nulle autre pareille. l'aiguille, faite d'or, était plus grande mais aussi, radicalement différente de celles qui les entouraient.
Ensemble, les cinq compagnons atteignirent l'un des innombrables balcons qui faisait saillie de ses murs. Face à eux, une entrée, habilement et abondement sculptée et dont le passage était bloqué par une lourde porte de pierre qu'il semblait impossible à déplacer.
La tour étaient ceinte d'une armée de créatures extraordinaires, à l'instar de ses sœurs. À la différence que celles-ci s'y trouvaient en plus grand nombre s'il était possible. Le graphisme et le design de son architecture, infiniment baroque, était d'un style très ancien qui contrastait nettement avec celui des autres aiguilles plus classiques. Elle était en outre dotée d'arches et de multiples pinacles, fondus dans l'or de la tour, qui n'étaient pas ou peu présents sur les autres tours de la citée.
Tous se demandaient comment ils pourraient retrouver l'étage que leur avait indiqué leur informateur lorsqu'ils auraient pénétré dans la tour. Mais ils avaient pour l'heure un tout autre problème plus urgent à régler. Comment allait-ils y pénétrer.
- Cela commence à devenir lassant ! s'écria Allia, qui, une fois de plus, surpris tout le monde par sa réactivité.
- Du calme, la rassura Zah-Hil. Je crois avoir déjà vue des portes comme celles-ci. Je pense qu'il est possible que les bas reliefs qui nous entourent cachent un interrupteur qui nous permette de progresser.
Et en effet, après quelques recherches et avec l'aide d'Ennoch qui pouvait interpréter certaines des inscriptions qui ornaient les murs, ils mirent en lumière une petite poignée qui, lorsqu'ils l'actionnèrent, fit pivoter la lourde porte qui leur bloquait l'accès.
À l'ouverture de la lourde porte de pierre, le spectacle qu'ils contemplèrent était sans conteste et de loin la vision la plus incroyable qu'ils eurent durant leur existence. Car tous ses murs étaient rendus, par un tour de force incroyable à l'intérieur de la tour, aussi translucides que du verre.
C'était incroyable, ils semblaient ainsi tous léviter, au dessus du vide, à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol. Les murs et les parois ornées de l'extérieur, auparavant massifs et imposants, étaient devenus à peine visibles à l'intérieur de ses murs.
- Nous devons trouver le 455ème étage leur rappela Zah-Hil qui n'avait pu, cette fois, contenir le frisson qui l'avait saisit lorsqu'ils étaient entré.
- Je crois que nous n'aurons pas à chercher longtemps, leur affirma Kaël qui regardait fixement en l'air.
Ils se demandèrent ce que regardait leur ami et, dés qu'ils eurent tourné leur regard vers les hauteurs, ils la virent tous à leur tour aussi nettement que lui.
Au dessus d'eux, à à peine quelques centaines de mètres, une lueur semblable à celle de milles soleils. Mais étrangement, celle-ci, du fait d'une étrange magie, pouvait être contemplée à l'œil nu sans qu'ils n'en furent gênés.
Détachant à grand peine leur regard de ce spectacle unique en son genre, ils résolurent de partir dans sa direction. Ils supposèrent tous, sans le prononcer à voix haute toutefois, qu'il s'agissait du fameux Maître des tâches dont le Kras leur avait parler. Et, par chance, ils eurent tôt fait de trouver un escalier qui les conduisît aux niveaux supérieurs.
Plus ils se rapprochaient de la lueur, plus les cinq guerriers étaient fasciné par sa beauté. Tant et si bien que même la hauteur qu'ils prenaient sur la civilisation environnante ne parvenait pas à détourner tout à fait leur regard. Ils croisèrent de nombreux Kras durant leur ascension, mais toujours aucuns d'eux ne semblaient leur accorder la moindre attention, et ce, en dépit du fait qu'ils semblaient toujours être les seuls étrangers de ce pays on ne peux plus en avance sur son temps.
Finalement, après un long périple et quand ils furent parvenus à la hauteur de la lueur, le prince Zah-Hil, en tête, s'apprêtait à s'adresser à elle quand soudain, il se retrouva bloquer par un obstacle inconnu. Dans leur empressement, et devant la beauté de l'apparition, ils eurent tôt fait d'oublier que les parois étaient en verre, et bien sûr, l'une d'elle les en séparait.
Zah-Hil et ses camarades étaient confus, mais la lueur semblait avoir remarqué leur présence, car elle se déplaça vers eux. Elle s'arrêta elle aussi devant la paroi de verre, mais elle, ne semblait pas en être gêné, car elle traversa purement et simplement cet obstacle comme s'il n'avait jamais existé.
C'est seulement à ce moment que Zah-Hil et ses hommes réalisèrent que la lumière qu'il contemplait depuis leur arrivé dans la tour n'était en fait rien d'autre qu'un Kras qui avait revêtit un manteau flamboyant à nul autre pareil.
Zah-Hil fut le premier à avoir le courage de lui adresser la parole :
- Êtes-vous le Maître des tâches ? demanda t'il.
- C'est moi-même, lui répondit l'apparition.
2
Les cinq compagnons étaient de nouveau en route. Leur rencontre avec le Maître des tâches avait été brève, autant qu'elle avait été forte en émotion. Le jeune Ennoch en rêverait encore surement durant les cinq années à venir.
Quant à Kaël et Asturian, ces derniers ne pensaient qu'aux moyens qu'ils auraient d'accomplir la mission que leur avait confié le Maître des tâches. C'est d'ailleurs en l'apprenant que Zah-Hil avait compris pourquoi c'était la citée de Phys et non celle d'Atal-Vyst qui lui était apparu dans la vision qu'il avait reçu de l'archiprêtresse qui les avait accueillit à Nerub-Nott. Sa véritable épreuve avait été le baptême du Reil-Kal originel et non la "basse besogne" que leur avait conféré le Maître des tâches.
En ce qui concernait cette épreuve, que Zah-Hil ne semblait pas considérer avec l'importance qu'elle méritait, Asturian, Allia et Kaël, étaient quant à eux tous les trois très concernés. Aucuns d'entre eux ne doutaient de la dangerosité des trolls qu'ils allaient devoir affronter dans les cavernes de la montagne Atal-Aethys qui se dressait non loin devant eux. Car ces derniers étaient de réputation redoutables. Dans la citée des colonnes de lumière, où vivait Allia, il arrivait que des bataillon entier de ces créatures énormes et mesquines parviennent jusqu'à leur frondaisons. Et les affrontements qui en résultaient étaient sans pitiés. Quant à Kaël, il lui était déjà arrivé de se frotter à l'une de ces créatures, et non sans mal car ces dernières maîtrisaient la magie.
Le voyage se déroula bien, même s'il fut bref, et chacun d'eux avaient hâte de commencer leur première épreuve. Tant et si bien que, le soir venu, même Allia s'était jointe aux rires et aux chants qui ponctuaient ordinairement leurs repas de festivités.
Le lendemain, tous se levèrent de très bonne heure au pied de la montagne, et étaient on ne peux plus motivé pour l'épreuve qui les attendait. Et c'est le cœur plein d'allégresse qu'ils entamèrent finalement l'ascension de la plus haute montagne du continent d'Alras.
La première partie de leur progression vers le sommet fut relativement simple, et aucun obstacle, ni aucune créature ne vint l'interrompre. Mais au cours de l'après-midi, après six heures de montée en continu et alors que nos amis n'avaient pas encore atteint la moitié de leur course, ils furent tous déconfis de ne pas avoir aperçut la moindre trace des créatures qu'ils recherchaient et encore moins des fameuses cavernes dont on leur avait pourtant affirmé l'existence.
- Quelle est cette diablerie ! s'écria Asturian. On aurait déjà du trouver ces maudites grottes à l'heure qu'il est !
- Peut-être leurs entrées sont-elles situées sur l'autre versant de la montagne, suggéra Ennoch.
- Kaël ? appela Zah-Hil.
Le guerrier demeurait silencieux. Mystérieux, il était accroupit sur le sol et examinait les rares brins d'herbes qui le jonchait.
- Désolé sire, je ne vois aucune trace d'empreinte ni aucun indice qui serait susceptible de nous mener à notre objectif, affirma t-il.
- Très bien, conclut le prince. Nous allons devoir progresser de nouveau vers le sommet. Jusqu'à ce soir où nous organiserons un tour de garde pour la nuit à venir. Puis, demain au lever du soleil, nous entameront une première rotation autour de la montagne. Ces créatures ne pourront pas se cacher éternellement ! En avant compagnons !
Ainsi fut fait, et le lendemain, nos cinq protagonistes entamèrent une première rotation autour de l'imposante cime de la montagne. Mais rien n'y faisait, les trolls, tout comme les cavernes, demeuraient introuvables.
- Ces détours vont me rendre fou ! mugissait Asturian.
- Nous devons trouver une solution, il nous faut réfléchir ! arguait Zah-Hil qui tentait de maintenir au mieux le moral de ses compagnons.
- Kaël n'avait plus dis un mot depuis leur dernier échange, mais il se montrait plus renfrogner que jamais et passait le plus clair de son temps à examiner la nature qui l'entourait ; allant jusqu'à parfois demander à ses compagnons de s'arrêter lorsqu'ils se trouvaient dans une clairière ou qu'ils faisaient face à une paroi plus abrupte que les autres.
Allia le suivait parfois, et reniflait avec ses manières animales certains des éléments qu'il venait d'examiner. Quand soudain Ennoch, qui s'était cru jusqu'ici inutile, comprit l'élément qui faisait défaut à ses camarades et qui rendait leurs recherches infructueuses : les trolls maîtrisaient également l'alchimie, et s'en servait manifestement pour masquait les ouvertures qui menaient aux grottes dans lesquelles ils vivaient.
Kaël et Allia partageait son avis. Quant à Zah-Hil et Asturian, ils se montrèrent plus sceptiques :
- As-t-on jamais vu quelque être que ce soit, fut-il Sarks ou même Kras se servir de l'alchimie pour dissimulé quelque chose ? leur demandais le mage-guerrier.
- Si peu, répondais Zah-Hil. Une telle technique existe bel et bien, mais elle est réservé à l'élite des alchimistes. Que de tels créatures puissent la maîtriser est peu probable...
- Si je peux me permettre votre majesté, si nous aurions pu trouver quoique ce soit croyez bien que nous l'aurions déjà fait, commenta Kaël.
Allia hocha la tête en signe d'assentiment.
- Soit, mais même si une telle chose est possible, comment pourrions nous y changer quoique ce soit ? Je ne crois pas qu'aucuns d'entre nous ici ne dispose des capacités nécessaires pour cela.
- Sire, il m'est peut-être possible de tenter quelque chose, avec votre assentiment, bien entendu, intervint Ennoch.
- Vraiment ? Pour votre jeune âge vous m'étonnez beaucoup jeune sorcier. Parlez librement.
- Comme vous le savez, même si mes compétences dans ce domaine restent infimes, j'ai beaucoup étudié l'alchimie de construction des Kras lorsque nous nous trouvions à Phys. Et il m'est peut-être possible d'intervenir.
- Et bien, procédez sans plus attendre ! lança vivement le prince.
- Je peux tenter un contre-sort qui annulera l'enchantement qui a pu être lancé sur l'une des ouvertures des sombres cavernes que nous recherchons. mais cela demandera beaucoup de temps, et je ne pourrai en déceler qu'une.
- Très bien, ordonna le prince. Kaël ?
Le guerrier conduisit le jeune mage et leur troupe jusqu'à la paroi la plus abrupte qu'ils aient trouvée dans les environs, et ce dernier commença le rituel.
Comme il l'avait indiqué au monarque, ce dernier fut fort long, et soumit à rude épreuve la patience de chacun. De plus, Ennoch, peu sûr de lui, et manquant de connaissances, du s' reprendre à plusieurs fois pour trouver la formule exacte qui allait permettre à son contre-sort alchimique de réussir.
Mais le prince avait confiance en ses guerriers et, après cinq tentatives infructueuses, une brève ouverture fut enfin visible sur le flanc de la montagne qu'ils observaient depuis des heures.
Malheureusement, à peine Ennoch avait-il cessé de psalmodier ses incantations que l'ouverture avait disparu.
Il demanda alors au prince exceptionnellement de bien vouloir lui prêter Aphonie afin que celle-ci donne de la puissance à son contre-sort, et cela fonctionna. L'ouverture ainsi générée ne disparut point lorsqu'ils cessa de l'invoquer.
Il rendit l'épée au roi, et ils pénétrèrent ensemble au cœur de la montagne.