1
Une fois la cérémonie achevée, ils se rendirent tous dans l'immense arène de Zaphyr-Vyst. Là, un tournoi avait été organisé pour désigner le dernier membre de la garde de Zah-Hil.
Au cour de ce tournoi, des champions, venus de toutes les citées du royaume, allaient s'affronter. Les guerriers, qui allaient combattre pour leur propre gloire autant que pour la gloire de l'empire, allaient s'affronter jusqu'à la mort. Une première épreuve les ferait combattre au cœur de l'arène, dans une bataille impitoyable au terme de laquelle seul les dix derniers survivants seraient épargné, et auraient le droit d'accéder à la seconde épreuve. C'était une épreuve barbare, mais il s'agissait aux guerriers de prouver leur valeur en montrant leur absolue dévotion au roi.
Lors de la seconde épreuve, les guerriers survivants allaient devoir affronter une créature monstrueuse. Le ou la guerrière qui mettrait à bas la créature serait déclaré(e) vainqueur. Il -ou elle- serait sacré champion du peuple, et aurait l'immense honneur de compter parmi les membres de la garde.
Zah-Hil était circonspect, jamais il n'avait assisté de sa vie à un tel bain de sang et ne se réjouissait pas outre mesure des clameurs de la foule qui saluait l'événement. Allia était, elle, était toujours aussi inexpressive, comme l'était Kaël qui siégeait à côté du roi. Ennoch lui, avait demandé à ne pas assister à ce spectacle. Mais puisque le protocole exigeait sa présence, il avait choisit de détourner les yeux.
Les guerriers pénétrèrent donc, au cœur de l'arène. Dix-sept guerriers, forts et vaillants, tous parés aux couleurs de leurs citées. Chacun d'eux pénétrèrent dans l'arène de leur façon propre, aussi spectaculaire les unes que les autres. Chacun d'eux étaient populaire, car tous portaient les rêves de gloire de la citée d'où ils venaient. Ainsi, alors que les uns plongeaient au cœur de l'arène tout en projetant des flammes, les autres invoquaient des éclairs et des tourbillons qui les y déposaient. L'un d'entre eux arriva même monté sur un griffon !
Une fois parvenus devant le roi, tous s'inclinaient respectueusement. Puis le combat commença. Les plus forts d'entres eux ne tardèrent pas à déchiqueter leurs adversaires les plus frêles et les moins réactifs... Déjà sur les dix-sept, deux d'entre eux étaient tombés.
Puis le premier sort, un éclat de flamme qui traversa l'arène, facilement esquivé. Suivit d'une dizaine d'autres, sifflant à tort et à travers. Des éclairs se joignirent aux flammes, et déjà, trois autres guerriers tombèrent.
Puis, un déluge de feu, de flammes et d'éclair s'abattit sur le sol de l'arène. Plus rien n'était visible, ni audible. La clameur de la foule était étouffé par le fracas du brasier qui rougeoyait sur ses gradins alors qu'à leurs pieds, des prêtres-sorciers-alchimistes étaient occupé à maintenir le champ de force les en protégeait.
Le bruit des flammes, et surtout des éclairs, leur masquait l'ampleur du désastre qui s'abattait devant eux. On ne pouvait que deviner, à l'intensité et à la fréquence des explosions, lesquels des guerriers mages parvenaient le mieux à tirer leur épingle du jeu.
Le brasier dura un moment, puis, enfin, il s'arrêta. Des guerriers qui avaient pénétrés dans l'arène, il n'en avait plus que cinq.
À peine le première épreuve s'était-elle terminée que déjà des ailés avaient commencé à soulever la lourde palissade qui scellait l'aile ouest de l'arène. Cette aile, constitué des plus grands bâtiments du colisée, renfermait, on s'en doutait, la plus grande des créatures que la plupart d'entre eux n'eut jamais vue dans toute leur existence.
Et ils avaient raison, à peine le passage dégagé qu'une immense flamme avait jaillit des tréfonds du bâtiment. Puis, il apparut. Un monstre géant, lézard préhistorique d'une trentaine de mètre d'envergure, légende parmi les légendes, monstre sacré pour les uns, annonciateur des temps obscurs pour les autres ; un formidable dragon.
La bête ne mit pas longtemps à appréhender ses nouveaux adversaires. Déjà, elle fondait de toute son incommensurable masse musculaire sur le premier ailé à porté.
Le public, redoublant d'acclamations à son apparition, eut à peine le temps de déplorer la mort de la guerrière imprudente qui s'était dangereusement approcher de l'entrée de son antre à la fin de la première épreuve que, déjà, les autres concurrents harcelaient la créature de leurs sorts.
Virant, virevoltant autour du dragon, leurs acrobaties firent le bonheur de la foule ; plus galvanisée que jamais par la majesté du spectacle. Malheureusement, aucuns des sorts des participants ne semblaient avoir le moindre effet sur le monstre. Celui-ci profita de son apparente invulnérabilité pour se saisir d'un de ces importuns de ses serres acérés. D'un mouvement sec et rapide, il le dévora à pleine dents sous les acclamations du public.
Parmi les trois guerriers restants, Zah-Hil remarqua l'un d'eux qui se battait avec plus de virtuosité que les autres. Il en demanda plus à l'un de ses conseillers pour que celui-ci lui en dise plus :
- Ce guerrier se nomme Asturian votre majesté. C'est le mage le plus coté au sein des citées de l'ouest, lui dit-il. Il a déjà participé à la dernière bataille contre les harpies féroces qui nous ont attaqué du nord, et fut l'un des rares dont les sorts eurent un impact contre le dragon qui avait anéanti nos récoltes l'année dernière et que Kaël eut finalement terrassé.
- Vraiment ?
- On dit que la puissance de ses sorts n'a d'égale que son intelligence, et qu'outre sa virtuosité, il s'agit d'un stratège hors pair, ajouta-t-il.
- Impressionnant, remarqua Zah-Hil alors que des flammes incroyables émanaient de l'épée du guerrier qui tournoyait toujours, sans peur et avec une aisance incroyable, autour du monstre géant.
- En effet je le reconnais votre majesté, intervint soudain Kaël. Je me rappelle son intervention lors de ce fameux affrontement l'année dernière. Sans la puissance de son sort, jamais je n'aurai pus parvenir à trancher la tête de l'effroyable monstre auquel nous faisions face. Autant dire que cette victoire lui revient de moitié. Cependant il risqua d'y laisser la vie, car la queue du monstre, dans son dernier soupir, avait faillit le désarçonner...
- Incroyable ! commenta Zah-Hil. Gageons qu'il sera plus prudent cette fois !
Ses conseillers avaient vue juste, car les sorts du guerrier, toujours plus puissants, furent les premiers à percer le derme épais la créature. Toujours plus brûlée et blessée, la bête se convulsait, frappait, hurlait. Agitant ses membres en tout sens pour faire cesser les tourments qui l'assaillaient.
Mais plus elle se débattait, plus elle perdait en vélocité, et plus les explosions qui la frappaient redoublaient d'intensité. Tant et si bien que la puissance des flammes finirent par dépasser celles du dragon lui-même, et allèrent jusqu'à faire vaciller le sort que les prêtres-alchimistes avaient mis en place.
Une fois encore, Asturian se démarqua nettement de ses homologues en faisant tomber la foudre elle-même sur le flanc du dragon. Une fois de plus, et de manière spectaculaire, à l'endroit précis où celui-ci continuait de le frapper depuis le début du combat.
Finalement, et après un cabris de plus d'une trentaine de minutes, la bête s'écroula au milieu de l'arène dans un râle apocalyptique. Les trois guerriers qui restaient, qui avaient dut coordonner leurs attaques pour venir à bout du monstre, se posèrent avec grâce devant leur futur roi. S'inclinant alors qu'un tonnerre d'acclamations saluait leur exploit.
Mais ce n'était pas au roi de juger leur performance. Le peuple, qui scandait le nom de leurs champions, finit par s'accorder sur le vainqueur :
- Asturian ! Asturian !
2
La garde était donc au complet, et ses membres, prêts au départ pour leur prochaine et première destination : les hautes-terres des Kras.
Zah-Hil et son équipe, aurait à leur charge cinq tâches. Cinq épreuves, dont chacune d'entre elle serait choisit et attribuées par les quatre autres espèces intelligentes présentes sur le continent d'Alras : les Kras, les Vena, les Gos, et les Olst. Quand à la cinquième, son choix appartenait au prince et à son équipe.
La première épreuve donc, serait attribué par les Kras. Et pour celle-là, ils devraient se rendre à la citée-temple de Nerub-Nott, située au milieu des plaines de l'est, pour y rencontrer l'archiprêtresse Kras qui y résidait.
Alors, et seulement alors, ils se verraient confié l'attribution de cette première épreuve.
Zah-Hil était tout à sa joie de compter parmi son équipe des guerriers aussi exceptionnels. Et ne tarissait pas d'éloges au nouveau venu quant au combat qu'il venait de remporté d'une main de maître :
- Vraiment vous exagérer ! Vous êtes vraiment trop modeste ! Qu'un ailé puisse mené pareil combat, c'est absolument impensable !
Asturian, lui, restait humble.
- Je me suis simplement beaucoup entraîné, ce n'était pas si difficile. C'est regrettable qu'il y'ait eu autant de morts lors de cette épreuve... Je suis sûr que maître Kaël aurait fait de même, confiait-il.
- Quand bien même vous m'impressionnez mon ami, renchérissait Zah-Hil. C'est grande joie de vous compter parmi mes hommes, Asturian.
- J'essaierai de me montrer digne de votre confiance tout au long de notre voyage, sire.
Ennoch lui aussi avait été stupéfait par la force du nouveau héro, et, lorsqu'il eut découvert que ce dernier possédait quelques bases en matière d'alchimie médicale, fut heureux de se découvrir un compagnon avec lequel échanger des connaissances au cours de ce voyage.
Quant à Allia, elle fut la seule à se montrer distante et étrangement secrète, s'il en était, envers le nouveau champion. Son attitude ne froissa nullement le guerrier, qui connaissait les manières des Vena, mais intrigua quelque peu Kaël qui fut le seul à remarquer le subtil changement d'attitude chez la jeune femelle.
Leur départ fut rapide, l'épreuve terminée, ils restèrent encore cinq jours à Zaphyr-Vyst pour leurs derniers préparatifs pendant que le peuple festoyaient. La tradition voulait qu'au terme de ces cinq jours, le prince et sa garde quittent la citée du haut du belvédère et qu'ils rejoindre leur première destination en volant.
Et c'est ce qu'ils firent, sous les acclamations en délire des dizaines de milliers de Sark rassemblés dans la citée. Quant à Allia, la seule à ne pas disposer d'ailes, elle fut, comme lors de leur premier voyage, transportée par un sort de lévitation contrôlée à la fois par Asturian et par Kaël.
3
Leur voyage ne fut pas aussi long qu'ils l'auraient pensé, à peine plus long que celui qu'ils avaient fait pour rejoindre Zaphyr-Vyst en vérité. Puis ils arrivèrent en vue de Nerub-Nott, située au centre de la grande plaine qui s'étendait à l'est de leur forêt primale.
La citée-temple séculaire avait toujours été un lieu de rencontre privilégié pour les Kras et les Sark. Ainsi, nombre de cérémonies, religieuses ou simplement protocolaires, avaient lieux sous l'égide de son immense pyramide.
À sa vue, tous restèrent pantois. Et chacun avaient hâte de pénétrer en ces lieux sacro-saints, lesquels semblaient, à première vue, tout à fait digne de la réputation qui les entourait.
D'entre eux, seul Zah-Hil avait jadis pénétrer les impressionnantes voûtes de l'imposant édifice. Mais son jeune âge au moment des faits ne lui en laissa pas de souvenirs marquants, si ce n'était la splendide architecture des lieux, celui de la lumière du soleil à l'extérieur, et de la fraîcheur qui régnait en ses murs.
Il se rappelait également les étranges statues d'argiles, imposantes et frissonnantes de réalisme, qui en décoraient l'intérieur, mais il avait beau chercher, il ne leur rappelait pas une utilité particulière...
Lorsque la troupe pénétra sous les imposantes colonnes qui soutenaient la citée, tout fut pareil au souvenir du prince. La fraîcheur ambiante, le soleil à l'extérieur, mais aussi et surtout les statues, toujours là, et toujours aussi impressionnantes de réalisme.
À leur arrivé, des Kras les accueillirent, et parmi eux, drapée d'une étoffe de soie rare impressionnante par sa beauté comme par sa longueur, la maîtresse des lieux, l'archiprêtresse de Nerub-Nott.
- Bienvenue en ces lieux, très jeunes amis Sark et Vena !
Elle leur avait dis cela en pensé, comme c'était la manière chez les Kras qui ne disposaient pas de cordes vocales. Allia et Kaël furent les seuls à ne pas ressentir de gêne au moment où ils entendirent la voix de l'archiprêtresse résonner dans leurs têtes. Mais Ennoch et Asturian, qui n'avaient encore jamais fait l'expérience d'une communication avec les Kras, en furent totalement déconcertés. Quant à Zah-Hil, bien qu'il ait désormais l'habitude de ces incursions peu communes dans son esprit, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine gêne ; la peur que ses pensées les plus intimes soient révélées.
- Salut à vous archiprêtresse, lui répondit-il sans rien laissé paraître de ses émotions.
- Très jeune Zah-Hil, je me souviens encore de vous au moment de votre première venue, alors que vous n'étiez qu'un enfant. Vous sembliez emprunt de candeur, et votre curiosité naturelle ne nous ont pas laissée indifférente. Nous gageons que vous deviendrez un grand roi, et avons toute confiance en vos talent pour la réalisation de votre première épreuve au sein de notre royaume.
- Je vous remercie, répondit ce dernier en s'inclinant en signe de reconnaissance.