1
Zah-Hil et Kaël festoyèrent bruyamment lorsqu'ils pénétrèrent à Nethil-Kor. Kaël était un bon compagnon, et Zah-Hil le lui rendait bien. Les hauts dignitaires de la citées, qui s'attendaient à leur arrivé, s'étaient préparés en conséquence.
Les réjouissances durèrent quatre jours, et elles ne furent interrompu que par l'arrivé dans la citée d'une guerrière bien étrange. Une femme qui venait d'un pays lointain situé loin dans le nord. Cette femme, où plutôt, cette femelle car sur Alras les harpies, griffons et toutes les autres espèces qui, pour une raison ou pour une autre, ne savaient ou ne pouvaient se servir de la magie ou de l'alchimie à des fins matérielles étaient considérées comme animales, était une Vena.
Les Vena était un peuple fier, très attaché à ses coutumes et à son territoire. De cette espèce, entièrement composée de femmes et dont la reproduction était assurée par parthénogenèse, rares en étaient les membres qui daignaient s'aventurer hors de leurs frontières. Et pourtant, cette guerrière était là, et elle demandait expressément une entrevue avec le prince.
Elle s'appelait Allia.
- Je veux voir le prince ! insista-t-elle une fois de plus auprès des soldats présents dans le hall d'entrée.
- Je vous l'ait dit, le prince est en pleine célébration, il ne peut être dérangé, clama le soldat.
- Mais...
- Allons donc ! Quelle est donc l'origine de ce tapage ? demanda le prince qui passait justement par là accompagné de Kaël alors qu'ils se rendaient ensemble aux jardins du palais. Il s'arrêta soudain. Mais, vous êtes une Vena n'est-ce pas ?
- Oui, répondit la guerrière.
Ses yeux était d'un noir d'une profondeur abyssale. Elle avait un buste de femme, mais le reste de son corps était pareil à celui de l'énorme araignée que Zah-Hil avait croisé quelques jours auparavant. Pas de lèvres, ni la moindre commissure par laquelle la voie de la jeune femme aurait pu se faire entendre ; elle devait, à l'instar des puissants Kras, user de la télépathie pour communiquer.
Comme de coutume chez ceux de son espèce, elle ne portait pas de vêtement. Dotée en outre de six pattes tranchantes comme des rasoirs, elle ne portait pour seule arme qu'une faux gigantesque attachée derrière son dos.
- Je ne pensais pas avoir un jour affaire à ceux de votre espèce. Que me vaux l'honneur de votre visite ? continua-t-il.
- Je suis venue pour que vous me choisissiez pour faire partie de votre garde pour le schibboleth royal, répondit-elle d'un ton neutre.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- Pourquoi vous croirais-je ? Et quelle preuve me pouvez vous me fournir de votre courage ?
- De mon courage aucunes monseigneur, mais de ma force, vous le constaterez par vous-même. Si vous voulez bien me suivre...
Interloqués, le prince et Kaël échangèrent un regard avant de se mettre sur les talons de la femelle. Elle semblait les conduire à l'extérieure de la citée, mais sur leur chemin, tous les regards avaient le même air interrogateur. Nul ne semblaient savoir à quoi la jeune Allia avait fait allusion.
Parvenus à l'entrée de la forteresse, ils comprirent enfin. Kaël ne put réprimer un fou-rire tandis que le prince Zah-Hil, lui, restait coi. Époustouflé par le spectacle qui s'offrait à lui.
Un cadavre d'araignée de plus de 12 mètres de diamètres avaient été transporté ici. Traîné visiblement par la jeune femelle, seule. Et déposé ici, jusque devant la porte de la forteresse située à plus de 300 mètres d'altitude.
2
Zah-Hil, Kaël et Allia formaient un beau trio. Le prince, beau et blond, Kaël, fourbu et musclé et enfin cette jeune femelle aux forme généreuse et aux yeux noirs étincelants.
Lorsqu'ils parurent pour dîner, tous les fidèles étaient submergés d'admiration. Apparemment la nouvelle de l'exploit de la jeune Vena étaient déjà dans toutes les bouches, car nulles acclamations n'avaient jamais parut plus forte lorsqu'ils qui pénétrèrent à l'intérieur de l'immense salle au sol de cristal et aux innombrables parures.
Des colonnes en soutenaient les murs de verres. Et sur celles-ci, de marbre, étaient incrustés pierres et jades sur leurs écrins d'or et d'argent.
On se prit à interroger longuement le roi sur le combat qui l'avait opposé au griffon ce soir-là. Certainement pour que l'exploit princier vienne éclipser celui de la jeune étrangère.
Mais celle-ci ne s'en trouvait guère gêner. Sa froide indifférence, de prime abord effrayante et glaçante, se trouvait à la longue lassante. À tel point que cela en était parfois comique. Ainsi lorsque le bouffon de la soirée vint titiller la jeune demoiselle sur son exploit de la matinée, il ne suscita absolument aucune réaction de sa part. Pas même un haussement de sourcil.
Le bouffon s'en trouva fort indisposé, ce qui amusa beaucoup Kaël mais plongea le prince dans une profonde exaspération... La pauvre Vena elle, ne semblait pas réalisé le malaise qui semblait avoir gagné l'assemblé.
Le lendemain, le prince décréta que lui et ses nouveaux compagnons iraient rejoindre la capitale en attendant l'heure de la convocation final à Zaphyr-Vyst.
Une fois parvenus à la capitale le conseil convoqua Zah-Hil pour lui présenter le troisième compagnon qu'ils lui avaient choisit.
Jeune Sark de bonne famille, Ennoch était un habile médecin qui avait pu faire ses preuves au cours de ses longues études. Même s'il ne disposait que de peu d'expérience, ses capacités exceptionnelles le firent très vite se démarquer des autres candidats et avait grandement influencé les membres du conseil dans leur choix. En outre, c'était un compagnon loyal et droit, qui pratiquait beaucoup la religion et était réputé pour sa générosité et sa bienveillance.
Lorsqu'il rencontra Zah-Hil, Ennoch se présenta ainsi :
- Prince Zah-Hil, respect et honneur. Je suis venu à vous, humblement, sur ordre du conseil Sark afin de vous accompagner, et de vous épauler dans votre quête périlleuse. Je suis, Ennoch, humble sorcier docteur au service de votre majesté.
Le prince, bien qu'habitué aux formules de politesse et au protocole, fut touché par le langage du jeune homme.
- Noble Ennoch, votre salutation me va droit au cœur, et c'est pourquoi j'accède à votre requête. Vous semblez loyal et droit, ce qui n'est pas toujours l'apanage des fils de bonne famille. De plus, j'ai déjà ouïe dire de vos agissements désintéressés lors de la grande épidémie qui a sévit dans le nord du pays. Certains de vos confrères m'ont confié que vous y soigniez des malades à titre gratuit, est-ce vrai ?
- On ne peut plus vrai votre majesté, répondit-il. Mais il n'y a aucune gloire à en tirer, ma famille et moi-même jouissant d'un capital important. Et je ne suis pas le seul à félicité, d'autres en ont fais de même.
- Certes, mais l'on m'a également soufflé que lorsque votre supérieur hiérarchique vous a donner l'ordre de rentrer à la capitale, vous avez délibérément désobéi à ses ordres.
À ses mots, le jeune Sark rougi jusqu'aux oreilles.
- Pardonnez moi messire, mais je pensais faire mon devoir...
Le prince Zah-Hil éclata de rire.
- Vous êtes tout pardonné ! Si vous pensiez que votre présence là-bas était nécessaire, votre action est tout à votre honneur ! J'espère qu'à l'avenir vous saurez vous montrez tout aussi patriote.
- Oui messire, salua-t-il brièvement avant de prendre congé, toujours rouge de honte, car il savait que de tels actes étaient passibles de bannissement.
- Qu'en pensez-vous ? demanda plus tard Zah-Hil à Kaël et Allia qui le suivaient maintenant presque constamment. Kaël parce qu'il était devenu son ami, Allia parce qu'elle avait manifestement décidé de le suivre partout où qu'il aille depuis qu'il avait accepté de la prendre au poste de membre de sa future garde personnelle.
- Je pense qu'il s'agit d'un homme tout à fait raisonnable et digne de confiance. Quoique, un peu jeune pour partir à l'aventure, lui répondit-il sans détour.
- Vous pensez que son inexpérience pourrait poser problème ?
- C'est possible... Il est regrettable qu'il n'est pu suivre l'entraînement que vous avez vous-même subi avant son départ. De plus, il n'a aucune expérience du combat... Mais, heureusement ou malheureusement, son don de guérison nous sera fort utile. Ce sera un atout non négligeable lors de notre voyage sire.
- Et vous Allia ?
La jeune Vena lui répondit de son sempiternel air mystique et profond :
- Il nous est impossible de déterminer une telle vérité sur quelque être que ce soit en si peu de temps monseigneur...
3
- Allons donc ! Mais laissez moi tranquille !
C'était la débandade ce matin dans le palais royale. En cette fin de semaine de festoiements gargantuesques, le palais était sans dessus dessous. Et, pour ne rien arranger, quelques chose d'inhabituel venait troublé la paisible tranquillité des bâtiments de l'aile est...
- Mais puisque je vous dis de me laisser tranquille !!!
Kaël était parti chasser, et Zah-Hil pensait pouvoir bénéficier d'un dernier jour de repos bien mérité avant son départ pour la cérémonie de Zaphyr-Vyst.
Mais il n'en était rien apparemment, car les cries qui s'étaient mués en hurlements résonnaient maintenant jusqu'aux oreilles du prince que l'on faisait appeler dans tout le palais.
- MAIS PUISQUE JE VOUS DIS QUE L'ON VIENT DE LE FAIRE APPELER !!! s'égosillait un pauvre garde qui n'avait jamais rien demandé à personne.
- Que se passe-t-il encore qui vaille que l'on me convoque de cette façon ??! demanda le prince avant de reconnaître Allia. Vous ? Mais... Mais que faites vous ?
- Aaahhhh messire... Cette femme, enfin je veux dire, cette femelle...
- Vous colle au train depuis cinq heure du matin c'est cela ? compléta le prince exaspéré.
- Oui... souffla désespérément le garde.
- Monseigneur, je devais vous voir de toute urgence, affirma la guerrière.
Le prince, d'ors et déjà au fait de la nature souvent capricieuse des Vena, répondit incrédule :
- De toute urgence hein ? Et pourquoi donc je vous prie ? interrogea-t-il soupçonneux. Pourriez-vous s'il vous plait à l'avenir, avoir l'obligeance de laisser mes serviteurs tranquille ? Et par la même, formuler des demandes qu'ils puissent réaliser sans avoir à mobiliser le reste du personnel ?
- Monseigneur...
Il ne lui laissa pas le temps de répondre.
- Pourriez-vous, également, avoir la présence d'esprit de réaliser que vous êtes dans un palais royale et qu'il est neuf heures du matin ? clama-t-il.
- Monseigneur...
- Et pourriez-vous, enfin, l'interrompit-il de nouveau. Abandonner ce sempiternel ton monocorde, lugubre et cadavérique à chaque fois que vous m'adresser la parole, à moi ou à mes sujets ?
- Monseigneur...
- Vous savez, bien entendu, que si je daigne vous écoutez, c'est uniquement à cause de la force phénoménale qui fait de vous la guerrière que vous êtes, et non parce que l'idée de courir dans tout le palais pour répondre à vos questions extravagantes et dénuées de sens communs ne suscite pour moi le moindre intérêt ?
La jeune Vena marqua une courte pause.
- Monseigneur, affirma-t-elle de nouveau.
- QUOI ??!!!!
- Je suis venu vous dire que je venais de ma décider à vous accompagner dans votre quête.
Le prince avait beau s'y attendre, il était abasourdi. Le garde lui-même n'en revenait pas. Réveillé tout le palais royale, le fleuron de la terre des Sark, pour une telle banalité... C'était du jamais vu dans l'histoire du pays d'Alras.
- Mais, je ne comprend pas, fit le prince, partagé entre l'exaspération et l'incompréhension. La créature que vous aviez ramenée...
- Simple présent monseigneur. Je devais d'abord m'assurer que vous valiez la peine que je vous accompagne avant de décider.
- De décider quoi ? demanda le prince abasourdie.
- De vous accompagner, répondit placidement la jeune guerrière.
Zah-Hil était au comble de l'exaspération.
- Alors, ça y'est, vous êtes résolue ? Vous êtes sûre ?
- Oui.
- ET BIEN C'EST TRÈS BIEN !!!!!!!!! hurla finalement le prince. Hurlement qui, à ce que l'on raconta par la suite, devait résonner jusqu'aux murailles la citadelle.
Kaël ne rentra pas de la chasse cette après-midi là.
4
Le lendemain, tout le monde s'était préparé pour la procession qui allait amener le roi et les membres actuelles de sa garde jusqu'à Zaphyr-Vyst. Zaphyr-Vyst était l'une des plus ancienne citée des Sark, et avait été bâtie à l'emplacement où ces derniers rencontrèrent pour la première fois les Kras alors que ceux-ci exploraient les terres d'Alras à la recherche d'autres êtres pensants.
Les Kras leur avaient appris la magie, l'alchimie, mais également l'agriculture, les mathématiques et enfin, leur langue ainsi que certaines de leurs coutumes. La foi envers Zin en était une.
Les Sark devaient donc beaucoup aux Kras, c'est pourquoi on avait b��ti, au centre de la citée, un belvédère supporté par deux statues. Homme et femme Sark, tout deux dressés dans la direction d'où était venue leurs bienfaiteurs en signe de reconnaissance.
La procession qui devait y conduire nos protagonistes était immense, et suivie par la quasi-intégralité du peuple ailé qui les avaient rejoints dans la capitale. Ils étaient venus pour avoir l'immense honneur de faire partie de la procession mais aussi et surtout, dans l'espoir d'avoir peut-être la chance d'apercevoir leur futur souverain avant la cérémonie.
Évidemment, on organisait cette cérémonie pour la gloire du prince à l'aube de son départ. Mais peu de personnes savaient également que c'était, pour le conseil Sark, un moyen de remettre à Zah-Hil l'arme qui devait symboliser son ascension, et représenterait son accession au trône : la légendaire et toute puissante Aphonie.
Transmises depuis des siècles dans la famille royale, ses origines s'étaient perdus au fil des âges de sorte que même parmis les hauts-dignitaires Sark, rares étaient ceux qui en connaissaient la véritable légende. Quant à la populace, la plupart d'entre eux n'en avait même jamais entendu parler.
Si l'existence de l'épée était peu connue, c'est aussi parce que sa transmission se faisait sur le belvédère, à plus de deux cents mètres au dessus du sol. Et que, lors de celle-ci, seul les membres du conseil ainsi que quelques rares personnalités de la haute aristocratie, triés sur le volet, étaient autorisés.
Zah-Hil connaissait les incroyables qualités de sa future arme, il avait eu vent de la puissance phénoménale qu'elle pouvait déchaîner. Mais il ne comptait de toutes façon ne pas se reposer sur ses qualités pour sa future quête. Car, en plus de juger les avantages qu'elle prodiguait artificiels, il savait que la vanité de certains de ses prédécesseurs leur avait déjà été fatale.
Cela avait été caché à son peuple, car le conseil faisait tout son possible pour éviter que l'existence de l'épée ne s'ébruite. Ainsi, même si des rumeurs persistaient au seins de la populace, on s'était toujours arrangé pour maquiller la vérité. Officiellement, le conseil affirmait protéger le gouvernement d'une tentative de coup d'état, mais même au sein du cercle restreint des détenteurs du secret de l'épée royale, il existait des rumeurs sur des raisons officieuses. Raisons que l'on prétendaient inconnus même du prince Zah-Hil.
Pour ce que ce dernier en savait, cette épée viendrait de la race des Kras, et sa puissance n'avait d'égale que sa dangerosité. Déjà, une dizaine d'anciens prétendants au trône avait péri par la faute de cette épée. Directement ou indirectement, Aphonie était également liée à la plupart des malheurs qui s'étaient abattues sur le royaume depuis qu'il l'avait hérité.
Cela, Zah-Hil le savait également, c'est pourquoi il s'en méfiait. Il avait évoqué ces choses avec Kaël, son fidèle compagnon et mentor, lors de son entraînement. Ce dernier s'était montré tout aussi circonspect, comme ses façons le laissaient présagées :
- Trop se reposer sur ses armes est une erreur, lui avait-il dit au terme de son entraînement. Un vrai guerrier ne doit se fier qu'à la force de son instinct et à la valeur de ses convictions.
Même s'il ne niait pas la puissance d'une telle arme, et encourageait Zah-Hil à en user autant que possible lors de ses entraînements, afin de se familiariser avec ses propriétés et d'en maîtriser toute la quintessence, il prévalait la méfiance et la prudence quant son emploi lors des combats futurs.
Zah-Hil était dubitatif. Il respecterait la volonté de son maître, et userait de cette arme avec prudence. Mais il ne pouvait totalement se débarrasser du doute affreux qui l'assaillait. Cette épée, transmise par les Kras, cette race mystique aux pouvoirs obscurs, était lié à tant de méfaits dans l'histoire de son peuple... Quelles garanties avait-il qu'elle lui soit d'une quelconque utilité ? Enfin, pouvait-il véritablement se fier à la magie des Kras ?
Il abandonna-là son questionnement, puisque qu'il serait contraint de s'en servir de toutes façon. Mais il espérait obtenir des réponses aux nombreuses questions qui l'assaillaient lors de son passage sur les terres de ces êtres mystiques, première étape de sa mystérieuse quête.
Zah-Hil, Kaël et Allia étaient déjà prêt, ils furent bientôt rejoint par Ennoch qui avait pris du retard dans le rassemblement des nombreuses outils et ingrédients dont il se servait pour ses soins. Puis la procession fut prêtes, et put partir en direction de Zaphyr-Vyst.
Le nombres de pèlerins qui les accompagnaient était impressionnant. Sans compter que des retardataires arrivaient encore, affluant de toutes les directions pour les accompagner.
Ce fut le plus grand rassemblement de Sark qu'ils n'eurent jamais vu au cours de leur vie. Au bout d'un moment, toutes les gorges, vallées et chaînes de montagnes qui les entouraient étaient, du sol à leurs hauteurs, emplies de leurs semblables.
Bien évidemment, un tel nombre ne pouvait atteindre leur destination qu'en volant. Et ce fut monté sur l'un des rares griffons à avoir été dressé par l'armé royale que le prince et ses trois acolytes allaient être conduits.
Autours d'eux, les gardes du futur roi formaient un périmètre de sécurité. Il ne fallait pas que l'on puisse entraver le vol du prince, d'autant que les griffons n'étaient pas des bêtes assez domestiqués pour leur permettre de se passer de se genre de précaution... Mais surtout, il fallait que le prince soit vu.
Leur voyage fut relativement long. Tous, à l'exception d'Allia, étaient subjugués par ce qu'ils voyaient. Après tout, un tel cortège n'avait lieu qu'une fois tout les demi-millénaire.
Mais cela n'était rien en comparaison à leur arrivé à Zaphyr-Vyst. Joyau, merveille, magnificence érigée à la gloire de la civilisation des Sark, dont l'architecture si particulière, tant enviée par les autres races, faisait la gloire de leur civilisation.
En ses rues se croisaient immensité et simplicité ; des fontaines de rubis et de saphir y côtoyaient des jardins d'azur aux arches de cristal alors que des rues entièrement pavées de jade ouvraient la voie aux quartiers les plus populaire de la ville. Et que dire de ses hautes statues, homme et femme, toutes deux érigées en son centre et qui toisaient les pèlerins du haut de leur deux cents mètres d'altitude. Figé, pour l'éternité dans la pierre marbre, leurs yeux, incandescents, emplis de sérénité et de sagesse...
Le prince et sa garde sur leur monture se dirigèrent en direction du belvédère alors que l'immense cortège se posait au milieu des rues déjà si animées de la citée. L'opération dura plusieurs heures car les pèlerins étaient si nombreux cette année qu'au sein de la citée la place menaçait de manquer.
Le temps passa et, alors qu'Ennoch, plus pâle que jamais, priait silencieusement pour que l'on ne lui demande pas de s'exprimer devant une foule aussi nombreuse, même Allia, de son calme exemplaire, et sans faire cas de sa nudité, commençait à s'impatienter.
Devant eux, l'intégralité du légendaire conseil Sark que Zah-Hil seul avait déjà rencontré, leur faisait face. Un autel se tenait entre ce dernier accompagné de sa garde et ses membres. Il semblait avoir été préparé avec attention, et était, outre d'être ceint de nombreuses décorations, serties de moult joyaux et diamants.
Zah-Hil et Kaël étaient parés de leur plus belle armure, Kaël en ayant gagné de nombreuses au thermes de ses combats épiques. Ennoch, lui, revêtait l'habit traditionnel et honorifique propre à sa profession de prêtre-guérisseur. Mais les membres du conseil qui leur faisaient face, au nombre de treize, revêtaient tous une étrange armure-toge disposant d'un capuchon destiné à leur masquer le visage. Seul le Maître, porte-parole du conseil, avait le sien abaissé et parlait à visage découvert. Il serait également le seul à leur adressé la parole en cette cérémonie sacrée, dont chacun des aspects avaient été pensés et préparés des mois voir des années auparavant.
Lorsque Zah-Hil et son équipage avaient été déposés en toute sécurité sur le belvédère, le Maître des Exarques leur avait adressé la parole. Il s'exprima en ces termes :
- Soyez les bienvenu, Zah-Hil et ses acolytes ! Vous voilà donc présents, par la volonté de Zin et pour la gloire de l'empire de la race des Sark, sur le pinacle de Zaphyr-Vyst pour le grand départ pour le schibboleth royale. Par votre présence, vous confirmez la puissance et la force de notre royaume, et vous affirmez la grandeur de notre espèce parmi celles existantes sur les terres d'Alras.
Votre gloire sera la notre ! N'ayez pas honte dans la défaite ! Car à compté de ce jour vos noms seront gravées sur les murs de nos citées, loués dans nos temples, et chantés dans nos cours ! Mais prenez garde voyageurs, car maints dangers s'ouvrent maintenant devant vous.
C'est pourquoi vous sera-t-il transmis, lors de cette cérémonie, l'arme qui fut le marteau sur l'enclume de notre apogée, celle qui est, par et pour nous ; l'épée légendaire. Cela sera fait, lorsque tous nos condisciples seront prêts à assister à la passation.
ll s'était ensuite tût, les dévisageant chacun à tour de rôle pendant que le peuple Sark, dont la plus grande partie était encore en vol, prenait place dans les rues larges de la citée.
Lorsque tout le monde fut enfin installé, le Maître reprit la parole soudainement. Ce qui fit sursauter Ennoch et réveilla Allia qui s'était littéralement endormis debout, suscitant les regards consternés de ses camarades.
- Le temps est donc venus, Zah-Hil. Aujourd'hui même t'es donc transmis Aphonie. Puisse-t-elle te donner la force de triompher des épreuves, et de revenir vers nous, auréolé de gloire, et digne de recevoir la couronne des rois.
Deux membres du conseil qui se trouvaient derrière lui s'avancèrent alors. Le maître se retourna, et pris l'objet qu'ils lui tendirent.
Une épée, à la lame d'une blancheur éclatante et à la poignée incrusté de rubis fut déposé sur l'autel. En approchant, Zah-Hil remarqua l'œil qui le lorgnait depuis sa garde.
Le Maître psalmodia encore quelques paroles de circonstances et prières sacrées avant de laisser le prince se saisir de l'épée. Lui-seul remarqua, en empoignant sa lame, le subtil mais néanmoins net frémissement de l'œil dans son orbite...