Les jours passèrent, et Julian commença à montrer un talent sans égal pour son âge. Lors d'un match improvisé dans la favela, il impressionna tous les enfants autour de lui. Le ballon semblait répondre à ses gestes, comme s'il était guidé par une main invisible. Il dribblait entre les corps, se faufilait entre les obstacles, et lorsqu'il arrivait devant le but, il frappait avec une précision digne des plus grands joueurs du monde.
Les autres enfants, plus âgés et plus expérimentés, restaient bouche bée. Julian, avec son jeu fluide, était tout simplement irrésistible. Mais au fond de lui, il savait que ce n'était pas juste lui. C'était un héritage, un don qu'il avait reçu pour accomplir quelque chose de plus grand. Cependant, au-delà de la gloire, il comprenait aussi que ce talent ne faisait pas de lui un sauveur de la favela. Il ne voulait pas qu'on l'admire, il voulait seulement jouer.
Mais alors que la rumeur se propageait dans la favela, quelque chose d'inquiétant se produisit. Sa mère, Marisa, qui vivait dans un monde de désespoir, ne semblait pas se réjouir de ce miracle. Elle n'avait jamais pris soin de lui, et aujourd'hui, encore moins. Lorsqu'elle apprit que Julian avait ce talent, elle ne montra aucune émotion, aucun intérêt. Elle se contentait de l'ignorer, de le rejeter encore plus profondément dans la négligence.
"Tu crois que ce talent va te sauver ?" lui lança-t-elle un jour, d'un ton amer. "Tu n'es rien, Julian. Rien du tout."
Julian ne répondit pas. Il savait que sa mère ne comprenait rien de ce qu'il vivait. Il n'avait jamais eu de père pour le guider, et sa mère ne l'aimait pas. Mais ce qu'il n'avait pas compris à ce moment-là, c'est que la lumière qui s'était posée sur lui ne lui appartenait pas. Elle appartenait à ceux qui avaient vu en lui quelque chose d'extraordinaire.