Julian vivait dans un monde où l'espoir était une illusion, où les rêves se brisaient aussi vite que la promesse d'un jour meilleur. Sa mère, Marisa, l'avait toujours rejeté, mais depuis quelques mois, son attitude s'était intensifiée. Elle ne le supportait plus. Quand elle rentrait de ses journées de travail, elle se précipitait dans l'appartement étouffant de la favela, sans même le regarder.
Elle vivait dans une sorte de néant. L'alcool, les disputes, les mauvaises fréquentations… Tout ça la dévorait. Julian, encore si jeune, était la cible de sa colère et de son indifférence. Il savait que sa mère n'avait jamais voulu de lui. Un jour, dans un moment d'exaspération, elle le haïssait tellement qu'elle lui lança, sans détour :
"T'es qu'un fardeau, Julian. Tu crois que t'es spécial parce que tu sais taper dans un ballon ? Tu seras rien. Tu n'as jamais rien été. Il faudrait que tu meurs, pour que je sois enfin libre."
Les mots de sa mère résonnaient dans sa tête, mais ils ne l'atteignaient plus. Julian savait qu'il ne pouvait compter sur elle. Pourtant, une partie de lui espérait toujours, secrètement, qu'un jour elle l'aimerait. Mais il n'avait ni le temps, ni la volonté de l'attendre.
Dans l'école qu'il fréquentait, la situation était tout aussi sombre. Les couloirs étaient envahis par la peur. La drogue circulait à chaque recoin, les jeunes étaient armés, et les professeurs étaient trop terrifiés pour imposer la discipline. Julian allait à l'école non pas pour apprendre, mais pour survivre. Il y avait des rixes presque tous les jours, des garçons qui se battaient avec des couteaux ou des armes de fortune. Et Julian, à force de se cacher, s'était fait un nom. Ce n'était pas un garçon populaire, mais son talent au foot commençait à se faire remarquer.
Un jour, alors qu'il se rendait à l'école, un groupe de garçons plus vieux se moqua de lui en passant :
"Oh, regarde, c'est Julian, le prodige du foot. Tu crois vraiment que t'as une chance de t'en sortir d'ici ? T'es rien. T'es juste un gamin qui tape dans une balle."
Julian, avec son regard impassible, les ignora. Ce n'était pas les insultes qui le touchaient. C'était le poids de sa propre réalité. Mais en même temps, au fond de lui, il savait que son génie au football pouvait l'emmener ailleurs. Il ne laisserait pas ces garçons, ni cette vie, définir son avenir.