La lune brillait faiblement dans le ciel nocturne, son éclat voilé par des nuages sombres qui s'étiraient comme des griffes menaçantes. Le vent glacial soufflait à travers les arbres dénudés, porteur des hurlements lointains de loups. Au cœur de la province de Dole, dans un domaine austère et étouffant, un jeune homme-loup était accroupi dans une cellule froide et humide.
Kael fixait son reflet dans une flaque d'eau stagnante. L'éclat de ses yeux dorés perçait l'obscurité, mais leur lueur semblait brisée, à l'image de son esprit. Son corps frêle était marqué de cicatrices anciennes et récentes, souvenirs de la cruauté de Lloris Couvent le seigneur de Dole. À chaque battement de son cœur, la douleur remontait comme un poison, mais Kael refusait de pleurer. Il avait appris depuis longtemps que les larmes étaient inutiles dans ce monde cruel.
La nuit était étrangement silencieuse lorsque Kael posa machinalement sa main sur une large cicatrice qui traversait son torse. Une brèche dans le silence résonna soudain, un mélange d'échos lointains et de souvenirs étrangers. Une image jaillit dans son esprit : un champ de bataille jonché de corps, des loups immenses aux côtés d'humains tombés ensemble dans une lutte perdue. Et puis, cette voix… sa propre voix, mais différente, plus mature, empreinte de détermination :
« J'aurais aimé être un loup. »
Kael recula, ses griffes raclant le sol. Ce souvenir était trop clair pour être un simple rêve. Il passa sa main sur son visage, respirant difficilement. Il était sûr d'une chose : quelque chose s'éveillait en lui. Il n'était pas seulement un enfant homme-loup brisé par la vie. Il était bien plus.
Une douleur sourde envahit son esprit alors qu'il tentait de saisir les fragments de ses souvenirs. Un nom émergea parmi le chaos : Adrian Mas. Historien, passionné par les conflits, par les loups… et mort trahi. Une vague d'émotions contradictoires le submergea – peur, colère, mais aussi espoir. Il se leva lentement, son regard fixant la lueur vacillante de la lune à travers une ouverture de la cellule.
« Si je suis vraiment Adrian… alors peut-être que cette fois, je peux changer quelque chose. »
Un grondement monta dans sa gorge, un son primal, mélange de rage et de défi. Le souvenir de sa mère, Maria, et de son sacrifice traversa son esprit. Elle lui avait toujours dit qu'il était l'espoir de ce monde. Peut-être que ce n'était pas qu'une simple parole. Peut-être qu'il était destiné à quelque chose de plus grand.
Des pas lourds résonnèrent dans le couloir. La porte de la cellule grinça avant de s'ouvrir brusquement, révélant un garde humain au visage méprisable.
« Debout, bête ! Le seigneur Lloris veut un divertissement ce soir. »
Kael releva la tête, un éclair de défi passant dans ses yeux. Pour la première fois, il ne se contenta pas d'obéir immédiatement. Une étincelle s'était allumée dans son âme, une promesse silencieuse de ne plus jamais se soumettre sans se battre. Le garde fronça les sourcils, mais Kael esquissa un faible sourire.
Cette nuit marquait le début d'une nouvelle ère, non seulement pour Kael, mais pour tout Lycaon.