Un écho de voix résonnait dans les couloirs de marbre du Grand Palais de Silverhold. Des lanternes et des braseros illuminaient chaque alcôve, projetant une chaude clarté sur les sols lustrés et les colonnes dorées. Ce soir, le roi donnait un somptueux banquet — célébration de victoires récentes, de nouvelles alliances et, sans le dire officiellement, occasion de mettre en avant Damon Blackthorn et ses compagnons comme champions en devenir du royaume.
Damon tira sur le col un peu trop serré de son pourpoint brodé. Il avait bien plus l'habitude du cuir usé et des tuniques trempées de sueur que de l'élégance imposée par un festin royal. Le vêtement, d'un bleu profond rehaussé d'argent aux couleurs d'Elandris, avait été cousu spécialement pour lui à la demande du roi Alastair. Les broderies d'aigles stylisés et d'arabesques complexes, bien que superbes, ne cessaient de lui rappeler le fossé qui le séparait de sa vie simple à Fallbrook.
À ses côtés, Seraphina arborait une robe ajustée gris sombre, soulignant son auburn, et portait à l'épaule une petite broche en forme de dague — seul indice de sa nature guerrière. Derrière eux, Rivan et Marisol suivaient, tous deux en tenue de cérémonie, paraissant mal à l'aise. Les épées et lances habituelles étaient interdites dans la salle du banquet, pour des raisons de sécurité ; seuls des poignards ou lames courtes dissimulées étaient tolérés.
— Détends-toi, glissa Seraphina en lui jetant un regard en biais. Tu as l'air de marcher à l'échafaud plutôt qu'à une fête.
Damon sourit malgré lui, crispé :
— J'affronterais volontiers une créature draconique plutôt que de faire bonne figure devant des nobles méfiants.
Marisol réprima un petit rire :
— Au moins, c'est plus léger qu'une armure complète. Mon bras n'est pas encore au top — je remercie les dieux de ne pas devoir porter tout mon attirail.
Ils atteignirent une double porte imposante, finement sculptée dans l'acajou. Deux gardes royaux, en faction, se tenaient de part et d'autre, leurs lances en main. L'un annonça :
— Damon Blackthorn et ses compagnons, envoyés de Sa Majesté, défenseurs du Bois de Sombrebranche.
Un bref silence s'installa dans la salle de réception, suivi d'un murmure traversant les convives. Damon distingua un tourbillon de robes de soie, de colliers étincelants et de pourpoints brodés. La salle elle-même était un bijou architectural : plafond voûté, lustres de cristal irisés, tapisseries représentant des chevaliers héroïques aux prises avec des monstres.
Au fond, le roi Alastair siégeait sur un dais surélevé. Il se tenait près d'une longue table somptueuse, entouré de nobles haut placés — parmi lesquels le duc Lennox, ainsi que Lord Cyril, le conseiller-mage. Alastair inclina la tête en voyant entrer le groupe, puis reprit sa conversation avec les lords et ladies proches de lui.
1. Un début festif
Une musique légère, jouée par un petit ensemble de violons, emplissait l'air. Des domestiques circulaient entre les convives, proposant vin épicé, viande rôtie et tartes de fruits exotiques. Damon et ses amis évoluèrent au milieu de la foule, échangeant des saluts polis. Bien des visages les reconnaissaient : les héros ayant mis un terme à la corruption dans le Bois de Sombrebranche.
Rivan attrapa au passage une coupe de vin :
— Je ne suis pas très porté sur la politique, mais la nourriture m'a l'air excellente.
Marisol esquissa un sourire :
— Vaudra mieux y aller doucement, ces banquets peuvent durer toute la nuit.
Seraphina, en sirotant à petites gorgées, observait la salle :
— Des nobles de tous les coins d'Elandris… Je vois même des bannières de la côte sud-ouest. Le roi cherche sans doute à rallier plus de soutiens.
Damon suivit son regard. En effet, de multiples oriflammes pendaient des balcons, arborant des blasons divers : une tête de lion pour un duché du sud-ouest, un faucon pour le domaine du duc Lennox, une aigle pour le trône royal. Alastair intensifiait sa campagne d'union face aux menaces.
Repérant un instant de répit près du dais, Damon entraîna ses amis en direction du roi. Celui-ci, ayant terminé un aparté, leur tendit la main :
— Damon, Seraphina, Rivan, Marisol — mes hôtes d'honneur. Approchez.
Ils s'inclinèrent respectueusement. Le regard du roi Alastair glissa sur eux, empreint d'une satisfaction non dissimulée :
— Votre présence symbolise l'alliance naissante entre l'ancienne garde et de nouveaux héros, proclama-t-il d'une voix audible aux alentours. Ce royaume perdure grâce à la bravoure qui éclot partout, depuis les grands chevaliers jusqu'aux orphelins devenus bretteurs.
Non loin, le duc Lennox conservait un visage impassible, même si Damon sentit pointer un brin de dédain dans ses yeux. Leur rivalité s'était un peu apaisée après les exploits de Sombrebranche, mais la réserve subsistait. Lennox leva son verre de cristal, dans un geste de reconnaissance un peu contraint, à l'intention de Damon.
2. Des courants sous-jacents
La soirée avançait, rythmée par les tintements de coupes et les conversations animées. Des serveurs passaient avec des plateaux de caille épicée, de pâtisseries au miel et de sauces riches. Les musiciens, désormais plus dynamiques, entraînaient sur la piste de danse plusieurs convives souriants. Pourtant, Damon ressentait un discret malaise. Il surprenait certains nobles dissimulant mal leurs apartés, d'autres l'observant du coin de l'œil. Ils m'évaluent, comprit-il. Cherchent à savoir si je mérite vraiment la faveur du roi ou si je ne suis qu'un pion commode.
Seraphina, à ses côtés, effleura son bras :
— Reste vigilant. On est au cœur de la vie de cour. Une maladresse peut être aussi létale qu'une lame.
— Tu parles d'expérience ? glissa-t-il à voix basse.
Un léger sourire plissa ses lèvres :
— Certaines choses valent mieux rester sous silence.
Ils croisèrent un trio de jeunes nobles animés, dont l'un s'écria :
— Messire Damon, est-ce vrai que vous avez terrassé seul un Gardien monstrueux ?
Damon tenta de corriger l'exagération, mais l'autre l'écoutait à peine, le regard brillant d'admiration. Les récits grossissent toujours, pensa Damon avec lassitude.
3. Un avertissement subtil
À mi-parcours de la soirée, Damon, un peu étourdi par les contacts incessants, se réfugia dans un coin plus calme de la salle. Près d'un pilier orné, il observait les danseurs tournoyer. C'est alors qu'une silhouette drapée de velours s'approcha.
C'était Lord Cyril, le conseiller-mage du roi, l'air grave :
— Jolie fête, n'est-ce pas ? commença-t-il d'une voix posée.
Damon inclina la tête :
— Splendide, oui. Même si je suis plus à mon aise sur un champ d'entraînement qu'au milieu des dentelles et des bijoux.
Le sourire de Cyril demeura froid :
— Votre franchise est appréciable. Mais prenez garde : certains n'aiment pas tant de simplicité. Nombreux sont ceux qui trouvent votre ascension… trop rapide.
Damon fronça les sourcils :
— Vous sous-entendez qu'ils m'en veulent ?
— Certains, oui. Ils s'interrogent sur vos origines, vos intentions, et sur l'attention particulière que vous accorde le roi. Ce soir, l'objectif est de sceller des alliances. Pourtant, d'anciennes haines et de nouvelles convoitises couvent sous le vernis de la fête.
Un léger frisson parcourut Damon. Pourquoi m'avertir ?
— Merci, se contenta-t-il de répondre à mi-voix. Je tâcherai d'être prudent.
Cyril acquiesça, le regard dérivant sur la foule :
— Faites-le. Tous les dangers ne sont pas le fait de monstres. Souvent, une dague dans l'ombre renverse plus de royaumes que toute une armée.
Sur ces mots, un groupe de courtisans requit l'avis de Cyril sur des protections magiques, et il s'éloigna, laissant Damon plongé dans des pensées troublées.
4. Tentative d'assassinat
La musique reprit de plus belle. Damon rejoignit la piste, aperçut Rivan en pleine discussion avec des chevaliers itinérants, tandis que Marisol écoutait un vieux baron commenter son rôle dans la défense du Bois. Seraphina, quant à elle, se tenait près du dais, échangeant des banalités avec une dame en robe scintillante.
Le roi Alastair se redressa pour porter un toast. Sa voix claire domina le brouhaha :
— Seigneurs et dames, braves chevaliers et invités distingués, je trinque à l'unité ! Que nos alliances se renforcent pour résister aux ombres au-delà de nos frontières !
Damon s'apprêtait à lever sa coupe, quand un éclat métallique attira son attention en périphérie de son champ de vision. Un instinct l'alerta. Se retournant vivement, il distingua une silhouette masquée se faufilant parmi les convives, vêtue d'étoffes sombres se confondant avec les bougies tremblotantes. Le bras tendu de l'inconnu visait la ceinture de Damon, là où il ne portait pas, ce soir, son épée habituelle — juste une courte lame d'apparat.
Mais l'assaillant semblait viser autre chose. Il croyait sans doute que je portais la Couronne ou une relique sur moi ? Voire la petite bourse en cuir attachée à sa ceinture, laquelle contenait un souvenir runique du Bois de Sombrebranche.
Damon réagit par pur réflexe : il saisit fermement le poignet de l'intrus. Un sifflement de surprise fusa sous le masque. L'homme se libéra avec une force inattendue, provoquant des exclamations autour d'eux. Une dame poussa un cri strident, laissant sa coupe s'écraser au sol dans un fracas mouillé.
L'agresseur recula, un poignard surgissant de sa manche. Damon leva le bras pour dévier le coup, recevant au passage une entaille brûlante sur l'avant-bras. La douleur lui arracha un grognement, mais il tint bon. Je dois le maîtriser avant qu'il ne se fonde dans la foule.
D'un mouvement sec, Damon crocheta la jambe de l'assaillant, l'envoyant heurter une table dans un tintamarre d'assiettes et de verres. L'assemblée retint son souffle ; la musique cessa net. Des gardes royaux accoururent, armes dégainées.
5. Le chaos s'invite
Seraphina se précipita depuis le dais, sa dague scintillant dans la pénombre. L'assaillant roula de côté pour échapper à la prise de Damon, souple et endurant. Il brandit son arme, le regard braqué sur Damon, empli de colère et de désespoir. Un tourbillon de tissu noir, et il se redressa, tentant encore de frapper à la gorge de Damon.
Celui-ci para d'un geste vif, le métal crissant. Le mystérieux ennemi déploya une série d'estocades rapides, que Damon contra difficilement. Il est entraîné, sans doute issu de la garde privée d'un noble ou d'une guilde d'assassins.
Profitant d'une ouverture, Seraphina s'accroupit et percuta l'agresseur à la taille, le déstabilisant. Damon en profita pour lui arracher le poignard des mains et le projeter au sol. Les gardes se ruèrent alors, immobilisant l'homme contre le marbre.
Haletant, Damon se redressa, le sang coulant de sa plaie. Soulagement. Qui est ce type ? Le roi, entouré de ses conseillers, regardait la scène depuis le dais, visiblement ébranlé.
— Retirez son masque ! ordonna un garde.
Seraphina s'exécuta, arrachant le tissu qui recouvrait son visage. Apparu alors un homme jeune, le regard affolé, inconnu de Damon. Pas de cicatrice particulière, pas d'emblème familial. Juste un mercenaire, peut-être.
— Qui t'envoie ? lança Sir Rodrik, arrivé entre-temps.
Le prisonnier resta muet, serrant la mâchoire. Finalement, il cracha au sol, le visage tordu de colère. Un des gardes resserra son étreinte. Le roi, le visage sombre, fit un signe de la main :
— Emmenez-le aux cachots. Nous l'interrogerons.
Les gardes emportèrent le captif, lequel décocha à Damon un ultime regard haineux. Et déjà, le banquet reprenait forme autour d'eux, comme en état de choc.
6. Les questions qui demeurent
À la demande d'Alastair, les musiciens tentèrent de reprendre, mais la fête avait perdu son faste. Les serviteurs nettoyaient les flaques de vin et les débris de vaisselle. Les nobles, nerveux, chuchotaient sur l'éventualité d'une faille de sécurité ou d'un complot. Certains vinrent remercier Damon ou exprimer une compassion feinte, tandis que d'autres le dévisageaient comme un fauteur de trouble.
Seraphina, restée aux aguets, fixait la salle :
— Ce n'était pas un amateur. Il se déplaçait avec aisance.
Damon serra les dents, serrant un mouchoir contre sa blessure :
— On saura la vérité quand on l'aura interrogé.
Marisol, ayant écarté quelques curieux, les rejoignit :
— J'ai vu toute la scène : il visait bel et bien quelque chose à ta ceinture. Peut-être pensait-il que tu portais une relique ? Qui lui a insinué cette idée ?
Rivan hocha la tête :
— Ou alors ce n'est pas un mensonge. Il croyait peut-être que tu gardais un artefact draconique après l'affaire du sorcier. Les ragots courent vite.
Un silence lourd tomba. Quelqu'un cherchait le pouvoir de la Couronne ou voulait réduire Damon au silence. Le royaume croulait sous les conspirations, qu'il s'agisse de Morath, de sectes rescapées ou de nobles avides. Rien n'est sûr, même à un banquet royal.
7. La demande privée du roi
Alors que chacun s'efforçait de ramener l'ordre, un intendant s'approcha de Damon, s'inclinant bas :
— Sa Majesté souhaite vous parler en privé. Si vous voulez bien me suivre.
Échangeant des regards prudents avec ses compagnons, Damon suivit l'intendant dans un corridor attenant. Ils pénétrèrent dans une petite antichambre ornée de tapisseries de chasse, où le roi attendait, l'air soucieux.
— Damon, commença Alastair à voix basse, je regrette que ton nom soit encore associé à la violence. On dirait que tu attires à la fois la gloire et la haine.
Damon baissa la tête :
— Désolé d'avoir troublé votre banquet, Sire, mais cet assassin…
Le roi leva la main :
— Tu as empêché un drame. Mais cela confirme mes craintes : les secrets du royaume suscitent bien des convoitises — bandits, seigneurs rivaux, mages corrompus. Si cet homme croyait que tu détenais la Couronne ou un artefact, nous devons être plus vigilants. Ta réputation se propage vite. Pas tous ne te voient en héros, certains te considèrent comme la clé vers un pouvoir inimaginable.
Damon hocha la tête :
— Je ne vois pas comment l'en empêcher, si ce n'est en niant posséder la Couronne. Vous la gardez enfermée, pas vrai ?
Un éclair de tension traversa le regard d'Alastair :
— Oui, scellée et hors de portée. Mais les rumeurs sont aussi dangereuses que les faits. Quelques-uns imaginent pouvoir la voler ou la réactiver. Sois sur tes gardes. J'ai déjà demandé à Lord Cyril de faire parler l'assaillant. Nous saurons qui l'a envoyé.
Damon s'inclina :
— Merci, Majesté. Je veillerai.
Posant la main sur l'épaule de Damon, Alastair insista :
— Et poursuis ton entraînement. Ta prochaine mission, qu'il s'agisse de Morath ou d'autre chose, arrivera peut-être plus vite que prévu.
8. Des doutes persistants
Le roi repartit, rejoignant la salle pour apaiser les nobles perturbés. Damon resta un instant seul, sentant le poids de l'avertissement. Des ennemis peuvent frapper à tout instant, persuadés que je détiens la Couronne ou un autre artefact. Il se remémora la flamme draconique qu'il sentait en lui depuis les ruines ; s'ils découvraient son lien secret…
Des pas légers résonnèrent, et Seraphina apparut, le visage préoccupé.
— Ça va ?
Il acquiesça lentement :
— Le roi m'a redit de rester vigilant. Il compte sur l'interrogatoire de l'assassin, mais on sait que la cour dissimule mille intrigues. La fête s'achèvera sous la méfiance.
Elle posa doucement la main sur son bras bandé :
— Oui. Et si le commanditaire est un seigneur ou un rival étranger, tout sera fait pour brouiller les pistes. Mieux vaut rester sur nos gardes. De toute façon, le banquet touche à sa fin. Après ça, plus personne n'a vraiment le cœur à festoyer.
Damon sourit, amer :
— On va quand même revenir, histoire de montrer qu'on ne se laisse pas intimider.
9. Une sortie discrète
Ils rejoignirent Rivan et Marisol près du dais. Ceux-ci tentaient de rassurer une baronne encore sous le choc. Les convives, ébranlés, conversaient à mi-voix ; l'ambiance ne retrouvait pas l'éclat initial. Quelques-uns offraient à Damon des marques de sympathie, tandis que d'autres le regardaient d'un air circonspect, comme s'il attirait le danger par sa seule présence.
Seraphina scruta la foule :
— On ferait mieux de quitter la salle. Plus rien ne nous y retient.
— Oui, opina Damon en ajustant l'étoffe sur son bras entaillé. Quittons ce banquet avant que d'autres poignards ne se dévoilent.
Rivan acquiesça :
— On va voir dehors si l'air frais apaise la tension.
Marisol, serrant discrètement son côté douloureux, approuva. Ensemble, ils gagnèrent la sortie, traversant un couloir tamisé de lanternes. Damon, la gorge encore serrée, émergea enfin dans la cour intérieure, baignée de clair-obscur. Il grimaça sous la douleur de la coupure, légère mais cuisante, et repensa à cet assassin anonyme. Combien d'autres rôdent, convaincus que je détiens la Couronne ?
Se tournant vers le ciel étoilé, il expira longuement. Une autre tempête s'annonçait : complots de palais, ennemis invisibles, menaces à la frontière. Pourtant, il percevait la présence solide de ses compagnons comme un phare dans la nuit. Seraphina, Rivan, Marisol — tous avaient déjà affronté les pires abominations à ses côtés. Ils le soutiendraient face aux assassins et aux grands du royaume, tant que l'honneur serait sauf.
— Qu'ils viennent, murmura Damon, la voix déterminée. On affrontera ces ombres de front.
Le sourire discret de Seraphina répondit à sa fougue :
— On n'a jamais fui jusqu'à présent. On ne va pas commencer maintenant.
Dans ce pacte silencieux, ils franchirent la cour, laissant derrière eux les dernières notes du banquet. Et si Damon gardait mille questions en tête — un assassin démasqué, mais tant d'autres dans l'ombre — il serra les poings, bien décidé à ce que ni la lame d'un inconnu ni l'attrait de la Couronne ne dictent la destinée du royaume. Tant qu'il respirait, et que la flamme ancienne vibrait en lui, il défendrait Elandris contre les ténèbres qui l'assaillaient.