La nuit avait enveloppé Etamenki dans un silence, brisé seulement par les gémissements lointains. Quatro, allongé sur son lit de paille, s'était endormi d'un sommeil agité comme il le fessait depuis maintenant plusieurs jours, son corps épuisé par les épreuves des laboratoires.
C'est alors que le monde autour de lui sembla se dissoudre. Les murs du dortoir se dérobèrent comme des brumes chassées par le vent, et il se retrouva debout dans une clairière baignée d'une lumière irréelle. Les herbes ondulaient sous une brise douce, et des fleurs d'un éclat impossible parsemaient le sol.
Au centre de cet endroit onirique, une femme l'attendait. Elle était nue, mais son corps n'inspirait ni luxure ni honte; elle était une vision d'harmonie et de perfection. Ses hanches gracieuses, ses seins pleins suintaient de lait et ses courbes sensuelles semblaient sculpter l'idéal même de la féminité. Ses cheveux, couleur d'or liquide, coulaient jusqu'à ses cuisses, reflétant une lumière douce et apaisante. Mais ce furent ses yeux qui capturèrent Quatro, d'un bleu si clair qu'ils évoquaient la lumière de la lune reflétée sur des eaux calmes.
"Qui es-tu ?" cria le prince, sa voix lourde d'étonnement.
Elle ne répondit pas immédiatement, avançant doucement vers lui. Chaque pas qu'elle faisait semblait faire vibrer l'air autour d'elle, comme si elle commandait le monde dans lequel ils se trouvaient.
"Je suis une messagère... répondit-elle finalement, sa voix douce et mélodieuse, semblant s'écouler comme une rivière paisible. 'Je suis ici pour te guider, Quatro."
Il fronça les sourcils, son instinct méfiant s'éveillant malgré la sérénité de la scène.
"Me guider vers quoi ?"
Elle s'arrêta à quelques pas de lui, inclinant légèrement la tête.
"Vers ta sœur. Celle que tu cherches avec tant d'acharnement."
Le cœur de Quatro se serra.
"Où est-elle ? Que dois-je faire ?"
Elle tendit la main, ses doigts fins effleurant son visage. Son toucher était étrangement réconfortant, comme une promesse de vérité.
"Les parfumeurs..." dit-elle doucement.
"Pour retrouver ta sœur, tu dois te rendre indispensable à leurs yeux. Deviens un testeur de leurs créations. Demande-leur. Insiste. Ils accepteront, car ils croient que le sang des Premiers Hommes résiste à tout poison, à toute souffrance."
Quatro recula légèrement, ses yeux scrutant le visage serein de la femme.
"Si c'était un mensonge ?"
Un sourire énigmatique joua sur ses lèvres.
"Ce n'est pas un mensonge. Mais ce n'est pas non plus la vérité."
Il sentit la confusion s'immiscer dans son esprit, mais avant qu'il ne puisse poser d'autres questions, elle posa une main sur son torse.
"Tu n'as pas le choix..." susurra-t-elle.
Son image commença à se dissiper, comme si elle était emportée par une brise invisible.
"Attends !" cria Quatro. "Qui es-tu ? Pourquoi fais-tu cela ?"
Sa voix résonna une dernière fois, douce mais ferme. "Souviens-toi de mes paroles, prince. La souffrance est ton chemin, mais elle te guidera à travers l'obscurité."
Elle disparut, et Quatro se réveilla en sursaut, le corps en sueur, son cœur battant à tout rompre. Le dortoir était silencieux, éclairé par une faible lueur provenant d'une torche à l'extérieur. Il se redressa, passant une main sur son visage. Le rêve était encore vif dans son esprit, chaque détail gravé comme s'il avait été réel. Ses paroles tournaient en boucle dans sa tête : Deviens testeur. Fais-toi indispensable.
Il se leva lentement, regardant autour de lui les esclaves endormis. Sa résolution était prise.
Demain, il parlerait au Parfumeur en Chef. Et s'il devait risquer sa vie pour retrouver sa sœur, alors il l'accepterait sans hésitation.