Il y a des fois où on a l'impression de ne pas faire la différence, de ne pas avoir la moindre importance. Peut-être nos efforts sont-ils insuffisants, ou ce sont les autres qui n'en produisent pas assez, qui manquent d'attention. On a l'impression d'être un grain de sable remué par les vagues d'un immense océan. Peu importe ce que l'on fait, peu importe à quel point on lutte pour sortir la tête de l'eau, seul le courant finit par décider de là où l'on atterrit.
Je lance cette bouteille à la mer, peut-être que quelqu'un saura en comprendre le contenu, ou alors on me considérera comme une lâche.
Je fuis cette société, ou plutôt, je me noie. Je me noie entre le flot de personnes, il faut avoir beaucoup de volonté pour émerger parmi ces milliards de têtes qui encombrent la surface.
Sous mes pieds il y a le vide, un pas de plus et je tombe.
Adieu.
J'avance, il est temps.
Je ressens la gravité plus que jamais, je ressens l'air qui agite mes cheveux et qui effleure ma peau alors que le temps se disloque.
Mes pensées fusent, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Toutes les sensations, toutes les émotions, je les ressens enfin. Cet instant agréable, ce sentiment de libération. Plus rien ne compte, j'ai jeté tous mes fardeaux par-dessus bord. C'est grandiose. Tout ça ne dura qu'un instant, si bref. Les rideaux rouges tombent alors sur la scène, les comédiens peuvent se reposer.
"Allez tous vous faire foutre, c'est la fin !"