Une conséquente partie des ods ainsi que de l'armée royale était agglutinez dans la Grande Cour, comprenant avec elle Achille, Ajax, mais également Adonis tandis que le jeune prince, lui, se tenait quelques peu à l'écart, secondé de Morgan et Florian. En balayant d'un volatile regard l'immense foule, ce dernier senti, à travers les expressions des combattants, une lueur d'espoir et de détermination face à l'imposante stature qu'affichait Julkov, posté en amont, les contemplant d'une mine sérieuse malgré le chaos actuel de la ville.
"Chers Compagnons, annonça-il d'une éloquente voix, vous avez, durant ces dernières années, servi avec loyauté le royaume de Vissaris et contribué ainsi à la paix et la prospérité de celui-ci. Cependant, ce sont aujourd'hui des heures sombres qu'il connaît et notre devoir et de le protéger, lui et ses habitants, au péril de notre vie. Cette bataille ne sera que la première parmi tant d'autres. Certains mourront, d'autres survivront. Il y aura des victoires et des défaites, mais je suis convaincu que chaque souffle de vie, chaque espoir, nous permettra de vaincre le Fléau qui nous guette."
Adonis, comme pour venir compléter l'allocution du Roi, vint, après cela, se positionner à sa hauteur, incarnant, à ce moment précis, le charisme dans toute sa splendeur de par sa droiture, d'une part, mais également de par son armure bleu azur d'une teinte étincelante.
"Pour repousser la menace qui envahit la cité, s'exclama-t-il, il s'agira de mettre en place une disposition simple afin de l'éliminer rapidement et de mettre en sécurité les habitants. Pour cela, voici comment nous allons procéder : Ajax et Florian, vous serez chargé de la partie nord de la cité et vous emmènerez avec vous quelques soldats royaux. Achille et Alessio, je vous laisse la partie sud. Les ods vous serviront pour cette offensive, mais vous resterez néanmoins l'atout majeur de cette riposte. Morgan, connaissant tes capacités, tu seras chargé seul du secteur est, compléta-t-il sous la modeste approbation de ce dernier. Pour finir, le Roi et moi-même, allons-nous occuper du secteur ouest. En ce qui concerne les détails des stratégies, chaque division improvisera la sienne sur place, faute de temps, et tachez de ne jamais oublier que l'avenir du royaume repose entre nos précieuses mains."
A l'issu de ces dernières et vives paroles, Ajax et Florian se rendirent à l'avant de la herse, déjà entrouverte, prenant au passage, le soin de s'équiper rigoureusement aux vues de la situation. Cela comprenait, de ce fait, une lourde cotte de maille pour le jeune épéiste, mais également une hache habillement affutée ainsi qu'un robuste bouclier en ce qui concernait l'équipement du barbu colosse.
Au dehors du château, un titanesque, mais fin dragon de coloris noir et blanc les attendait, visiblement avec impatience, prêt à partir au moindre signal de ces derniers. Il devait sans nul doute s'agir là de Vilgard, un spécimen rarissime comme on en croisait une fois tous les cent ans, mais également et surtout le meilleur ami d'Ajax, et ce, depuis sa plus tendre enfance. Connu de beaucoup comme étant une créature étonnamment rapide pour son incroyable carrure, celui-ci s'était également approprié, par le passé, la réputation d'un monstre sanguinaire, réduisant, disait-on, à l'état de cendres quiconque osait s'en prendre à ce qu'il considérait comme précieux.
Ils s'empressèrent, après une définitive vérification de leurs effectifs, de se hisser sur le revers de la noble et sombre créature, s'envolant de même d'une rapidité démonstrative. Par ailleurs, les deux guerriers remarquèrent également, à une vingtaine de mètres en contrebas, le départ aussi précipité que mouvementé de l'infanterie royale.
Comme on pouvait aisément si attendre, à peine furent ils éloignés du château, que les deux combattants constatèrent, à travers leurs regards hébétés, l'horreur ainsi que le massacre qui se dessinaient peu à peu devant eux à mesure de leur rapide avancée.
"C'est pas vrai..." Marmonna Florian stupéfait.
Devant eux, les multiples habitations, cédant pour la plupart aux titanesques flammes infernales, s'abattaient à n'en plus finir tels des dominos alignés les uns à la suite des autres, tandis que les quelques insignifiantes et maigres demeures restantes étaient purement et simplement détruites. Plus loin encore, des dizaines de fossés se dressaient çà et là de même que les habitants tentaient tant bien que mal d'échapper à tout cela. Les moins chanceux d'entre eux gisaient dans une mare faite de leur propre sang, à contrario des survivants, qui eux, se bousculaient sans relâche à la recherche d'un abri où se dérober.
C'est dans cette même perspective que, une centaine de mètres plus loin, Ajax remarqua, d'un regard avisé, une créature d'apparence humaine d'environ six mètres de haut, ne possédant néanmoins sur son visage qu'un œil central d'allure démesurée, compensant ainsi le second manquant de sa terrifiante figure. Ce dernier n'était, à première vue, doué qu'à tout détruire sur son passage ce qui, en toute logique, ne faisait que renforcer cette peur noire prononcée de la part du peuple.
"Tiens, en voilà un, déclara Ajax avec un sourire déterminé. On va lui faire regretter d'être venu au monde."
Mais au même moment, alors que Florian approuvait de manière ferme le précédent propos de son coéquipier, celui-ci eut un ressenti pour le moins étrange.
"Ajax, dit-il en saisissant le poignard accroché à sa ceinture. Reste à cette hauteur. J'aimerais vérifier une chose.
A la suite de cela, le jeune guerrier utilisa ce dernier afin d'ouvrir sa peau, laissant de ce fait le liquide écarlate couler le long de son avant-bras droit. En parallèle à cela, la trajectoire jusque-là cohérente du sang, se mit soudain à fluctuer, comme si celui-ci agissait de son propre chef, concevant, une fois dans le creux de sa main, une forme semblable à celle d'un arc accompagné de sa flèche que Florian se hâta de saisir.
Vilgard décrivit alors de larges cercles au-dessus du cyclope, le surplombant de la sorte d'une hauteur suffisante afin que ce dernier ne se rende compte de rien. Simultanément, Florian, dans une concentration maximum, s'évertua tant bien que mal à viser sa nuque malgré ces imprévisibles déplacements. Ça y est, la cible était verrouillée. Il banda son arc, retint son souffle...
"Si mon hypothèse est bonne..."
Puis, il décocha sa flèche. Celle-ci plongea sur l'objectif, tel un oiseau de proie. Cela dit, tout cela n'était point fini. En effet, l'aiguille l'eut à peine atteint que, Florian, l'espace d'une fraction de seconde, disparu du dragon se retrouvant, tout aussi promptement, agrippé à cette dernière, la conservant dans sa main gauche d'une poigne de fer. En somme, ce qui auparavant fut un arc, se transforma, presque instantanément en une superbe épée tranchante, décapitant, d'une précision sans précédent, le monstre situé en face de lui.
La tête de la créature virevolta alors dans les airs, tandis que celle de Florian se rapprochait dangereusement du sol. C'est ainsi que, à une hauteur d'environ deux mètres, ce dernier, d'un impressionnant élan, pivota sur lui-même, jambes en avant, se réceptionnant sans mal devant la carcasse du monstre précédemment achevé, réduite, depuis lors, à l'état de cadavre sanglant.
De son côté, Ajax qui, vraisemblablement, demeurait ébahi par tout ceci, se précipita à son tour, sans la moindre retenue, au-devant du champ de bataille, formant ainsi, avec le jeune guerrier, un impénétrable tandem. Seulement, subséquemment, alors que Vilgard s'évertuait tant bien que mal de mettre un maximum de personnes en sureté, de nouveaux bestiaux firent, sans délai, leur apparition, encerclant, en un temps record les trois compagnons.
"A ce que je vois, tu as remarqué, n'est-ce pas ? Questionna Ajax.
— Oui. Ils ont beaux êtres nombreux, voire gigantesques pour certains, leur corps n'en reste pas moins très faiblement chargé en énergie mystique pour ce qu'ils sont. Je dirai qu'on a à faire à des "classes D" tout au plus.
— Tout à fait. Ce qui nous laisse sur deux possibilités par rapport aux intentions de notre adversaire : soit son but est de nous épuiser physiquement, soit de se servir d'eux comme diversion. Dans les deux cas, tâchons de nous méfier."
Sans perdre plus de temps, chacun prit un petit groupe d'ennemis et l'affrontement fut lancé. Vilgard trancha ses opposants à l'aide de sa puissante mâchoire, ou, à défaut d'une suffisante proximité, les heurta violement à l'aide de ses redoutables ailes. Florian, de son côté, enchaîna victimes sur victimes au moyen de son seul fer, les exterminant en les transperçant de part et d'autre d'une allure dépassant l'entendement. Ajax, qui, par opposition au style précis et rapide de son allié, éliminait ces derniers par dizaines, appuyant sa stratégie d'attaque sur la rigidité, mais également le tranchant de sa fidèle hache. Le heurt dura ainsi pendant plusieurs longues minutes, mélangeant, par voie de conséquence, rapidité, force mais également magie dans les deux camps.
Parallèlement à cela, un nuage grisâtre tapissa progressivement le firmament tandis que Vilgard poussait un cri des plus perçant. L'instant suivant, sous les mines étonnées de plusieurs créatures, des éclairs d'une importante luminescence s'abattirent avec agressivité à n'en plus finir sur les moindres recoins de la surface. Mais alors que celles-ci agissaient avec efficacité, réduisant à l'état de rien, ou presque, les multiples démons, le dragon, par manque d'attention, se laissa mordre sans ménagement les pattes arrière par des cerbères, permettant de la sorte au reste du groupe de reprendre l'avantage sur ladite créature.
"Vilgard, NOOOOOON", cria Florian à pleins poumons pendant que l'animal noir et blanc poussait d'insoutenables cris de douleur.
Mais pendant qu'il évaluait la situation aux alentours, il remarqua, un peu plus loin, une jeune adolescente, occupée à batailler pour sa propre survie à l'aide d'une fourche, contre un inlassable loup-garou. À côté d'elle, deux petits-enfants, un garçon et une fille, terrifiés, en pleurs face à ce spectacle aussi horrible qu'irregardable. Il n'avait pas beaucoup de temps. La situation était critique. Il fallait agir, mais que faire ? D'un côté, Vilgard, blessé, se prenant coup sur coup, dans l'incapacité complète de riposter. Et de l'autre, une jeune fille, luttant pour sa sécurité et celle de ces enfants du mieux qu'elle pouvait. Il n'avait plus le temps de réfléchir. Il grinça des dents et se résolut à faire un choix...
Florian fonça à perdre haleine, liquidant tous ses ennemis avec une rage intense. Chaque seconde comptait. Il sentit l'adrénaline monter à chacun de ses pas. Il ne contrôlait plus ses mouvements, tout se faisait machinalement, par instinct. Il n'avait plus de doutes, plus de peurs. Tout allait se jouer maintenant...
Alors qu'il s'apprêtait à l'achever, Florian, sans la moindre hésitation, se jeta au-devant de la monstruosité, s'interposant ainsi entre les deux êtres. La gueule de l'animal vint, pour cette raison, s'implanter dans son épaule gauche, perforant par la même occasion son inébranlable cuirasse. La bête se mit alors à tournoyer sur elle-même de manière vive et déchainée avant de saisir sa proie afin de la secouer énergiquement. Au bout de quelques secondes, l'émanation parvint en outre à se dégager de l'emprise du guerrier, contraignant dès lors celui-ci à un vol plané s'achevant avec force quelques mètres plus loin.
Sans plus de délais, ce dernier se releva, son estoc toujours en main. À côté de lui, une longue chaîne était déposée au sol. En regardant une dernière fois autour de lui, Florian eut subitement une idée. Il s'empressa alors, au vu de l'état de son membre endommagé, de concevoir une dague dans le creux de sa main gauche, tandis qu'il s'évertua à remanier le sabre sis dans sa main droite en un effilé poignard. Après un retentissant mugissement, l'épéiste se jeta sur la créature dardar. Une fois arrivé face à elle, celui-ci se propulsa à sa rencontre d'une intense impulsion dans l'optique de lui implanter ses deux armes dans le blanc des yeux. Pendant que le bestial s'agitait dans tous les sens, poussant des cris tant aigus que stridents, Florian se saisit de la chaîne, l'enroula de manière brutale autour du cou du l'effrayante bête, puis la jeta vélocement et sans retenue dans un haut brasier se trouvant non loin.
Ce n'est, cependant, qu'une fois assuré du trépas de l'abomination, que le robuste châtain se dirigea avec hâte en direction de la jeune fille, la trouvant finalement évanouie, couverte de blessures. À ses côtés, les enfants, toujours apeurés par ce qui venait de se produire, paraissaient néanmoins légèrement plus rassurés à la vue de ce mystérieux homme dont la venue semblait inespérable.
"Maintenant, il s'agit de mettre ces trois-là en sécurité.", se dit-il.
Mais alors qu'il s'apprêtait à la porter et, de, par la même occasion, conduire les petits en lieu sûr, ce dernier fit brusquement volte-face constatant, la mine emplie de dégout et de pitié, le piteux état dans lequel subsistait Vilgard, constamment en proie de ces vils et lâches créatures istareks. Cependant, il fallait croire que la balance pencha en sa faveur. Environ trois secondes plus tard, alors que l'épéiste se questionnait sur la manière dont il allait lui venir en aide, une lance fusa l'air, perfora une créature se situant sur le dos du dragon d'une violence inexprimable, aussitôt suivi d'une multitude de flèches dont l'impact fut tout aussi puissant.
"Parfait ! ", pensa-t-il en esquissant un sourire de fierté à la vue de l'entrée des soldats royaux.
Il saisit alors la jeune fille inconsciente, la déposa sur son dos, intima les enfants à le suivre d'un rapide geste de main, puis s'engagea finalement dans une course contre la montre, à la recherche d'un espace reculé où le danger ne demeurait point.
Il finit par trouver une maison, de prime abord endommagé, mais cependant assez grande et robuste, permettant ainsi d'accueillir le groupe lésé le temps d'une brève halte. A l'intérieur, de multiples tissus étaient éparpillés çà et là, munis de quelques draps ainsi que d'une petite table déposée au centre de tout ce capharnaüm. Le jeune épéiste installa donc naturellement la demoiselle sur un de ces linges saisi au préalable, tout en laissant, durant ce court laps de temps, les enfants examiner les lieux afin que ces derniers y prennent rapidement leurs repères. En s'adonnant postérieurement à sa tâche, celui-ci prit, dans un premier temps, le soin de constater les dissemblables blessures de plus près. Ces dernières étaient nombreuses certes, profondes pour quelques-unes, mais cela dit bien loin d'être graves, par chance. Il se défit secondement de sa cotte de mailles puis, dans le même instant, alla chercher quelques tissus qui lui servirent à les penser, pour, au final, rester à ses côtés dans la perspective d'observer ses éventuelles réactions.
Au bout de quelques minutes de silence complet, la petite fille s'approcha de Florian, qui depuis lors, s'était accordé le temps de stopper sa propre hémorragie.
"Dites monsieur, est ce que ma sœur va mourir ?", demanda-t-elle.
Même si elle et l'autre garçon avaient, depuis peu, cessé tout geignements, Florian distingua néanmoins dans sa voix une forte inquiétude mélangée d'une touche de stress. Il se retourna et la regarda. En soi, la grande sœur ne possédait point de traits particuliers et ne se distinguait physiquement en rien d'une jeune fille de sa tranche d'âge. Enfin si, il y avait bien une chose qui la démarquait du reste : ses cheveux. Ceux-ci, longs et lisses, étaient si argentés qu'ils étaient presque une source de lumière face à la pénombre de cette vaste pièce. Il dirigea de nouveau son regard sur la petite fille et lui dit, en lui caressant doucement la tête :
"Non, ne te fais pas de soucis. Elle s'est battue avec courage et tu peux en être très fière. Mais ta sœur a reçu énormément de blessures, rien de grave, je te rassure. Il lui faut simplement du repos."
Suite à ces paroles, la petite se sentit soudain plus rassurée et fit même un câlin à Florian avant d'aller rejoindre l'autre garçon afin de lui annoncer la bonne nouvelle.
Au même moment, du côté est de la capitale, Morgan, d'une allure confiante, quoique tranquille face à une telle situation, survolait cette dernière, entouré de cet apocalyptique firmament le surplombant, dans l'intention évidente de mettre un terme à tout ceci. Cependant, à peine eut-il pénétrer ledit secteur que le mage distingua, au milieu de l'amoncellement des maintes énergies mystiques décelables, une force singulièrement intrigante de par son imposante hostilité. Après un rapide balayage sensorielle de l'emplacement, il se trouvait que l'énergie recherchée émanait d'une gigantesque place. Néanmoins, si l'élimination de cette dernière paraissait, au premier coup d'œil, d'une simplicité enfantine, il était tout de même important, voire vital, de noter la présence d'une centaine d'istareks à l'avant du site, ceux-ci la squattant dans un interminable brouhaha. En admettant de même les colossaux et indénombrables dégâts causés à la suite de l'assaut, mais également l'absence de toutes énergies humaines, cela donnait à la mission, une ampleur bien plus grave que ce que celle-ci ne le laissait paraître.
"Alors c'est ici. Bon, on va tacher d'en finir fissa...", pensa-il d'un ton quelque peu hautain.
Il descendit ensuite au bout de la ruelle la plus proche. À l'arrivée, deux hideuses et gigantesques créatures, montant vraisemblablement la garde, accoururent, enragés et sans crainte dans sa direction. C'est alors que Morgan, dans un calme audacieux face à la frappante adversité, les trancha tous les deux à la verticale au prix d'un unique et précis coup d'épée, la rengainant par la suite en une fraction de seconde, la mine continuellement placide.
Lorsqu'il aboutit enfin sur l'extraordinaire espace, l'intégralité des istareks présent sur place se retournèrent à l'unisson, le regard avide, comme si le mage ne fut plus, à ce moment précis, qu'un vulgaire morceau de chair vivante qu'ils devaient s'approprier à tout prix. Après deux secondes de silence, ces derniers le prirent en chasse. A ce moment-là, face à l'imposante menace que représentait ces derniers, tout être mentalement constitué sentirait, dans l'immédiat, le besoin pressant d'esquiver tout ce beau monde, se retirant, de ce fait, d'un grandiose danger de mort. Cependant, il fallait se rendre à l'évidence : ce cher Vorgulis dérogeait manifestement à cette unique et simple règle de bon sens. Au lieu de cela, celui-ci décida, en prime de son geste téméraire, de se concentrer un maximum en son for intérieur. Alors que ses adversaires se rapprochaient dangereusement et massivement de sa position, un gigantesque pentagramme blanchâtre se dessina alors sur le sol les encerclant en intégralité, avec, en son centre, l'imposant enchanteur.
"Assaut de fureur Divine." Furent ses seules paroles.
Dans la seconde qui suivit, une puissante onde de choc s'étalant sur un périmètre d'une centaine de mètres environ se déclencha, réduisant sans délai la plénitude des assaillants sur les lieux à l'état de simples carcasses putrides et inanimées.
En revanche, malgré cela, l'intrigante énergie précédemment ressentie ne s'estompât point, de même qu'un vif fracas se fit entendre dans la ruelle postérieure dans l'instant qui suivit, retenant ainsi l'attention du juvénile mage. Devant lui, une brume épaisse, dans un premier temps, se forma, empêchant alors toute opportunité de distinction physique qu'en à l'être se trouvant au derrière. Néanmoins, même si Morgan ne put, dans l'instant présent, apporter une description précise de l'individu, celui-ci put en effet confirmer une chose au fur et à mesure de sa progression : cette mystérieuse et puissante énergie ne lui était pas complètement inconnue, au contraire. Elle lui était même, pour ainsi dire, familière, presque évidente...
La chose, ou plus précisément l'être situé devant lui, apparaissait, pour commencer, vêtue d'une ample et harmonieuse tunique d'un gris sombre et métallique, accompagnée bien évidemment de nombreuses esquisses abstraites d'un épais coloris magenta. Par ailleurs, comme pour venir compléter tout ce schéma logique précédemment établi, ce dernier était de même équipé d'une grande capuche ne laissant entrevoir que son visage, lui-même voilé d'une sombre et mystérieuse matière d'une obscure apparence.
"Toi, répondit Morgan avec haine. Après tout ce temps passer à combattre sous la même bannière, comment as-tu pu passer dans le camp ennemi ?"
Nonobstant, avant même que le mage n'obtienne ne serait-ce qu'une seule parole de cet incongru individu, celui-ci, d'une allure pour ainsi dire confiante, ne daigna bouger que sa main droite en guise de réplique, faisant apparaître dans le même instant une infime sphère d'un rouge néanmoins éclatant.
"Je te le demande, Morgan Vorgulis, dit l'homme couvert d'un timbre médium quoique légèrement grave, quelle sensation cela fait de se retrouver au-dessous d'une gigantesque épée de Damoclès ?"
Tristement, ce dernier ne lui laissa à peine le temps de formuler un propos qu'il s'empressa de lui projeter cette éclatante sphère, celle-ci atteignant, à l'œil nu, une vitesse inestimable. C'était en revanche, sans compter sur l'inébranlable ténacité de Morgan qui, sans une once d'hésitation, trancha de façon nette et spécifique l'infinitésimale mais prépondérante offensive, impactant, dans un temps similaire, l'entièreté des bâtisses situées parallèlement à la place. Celles-ci, désormais réduites à l'état de simples briques cubiques indépendantes lévitèrent néanmoins dans le vide espace, maintenu de toute évidence à la seule force du mage vissarien, sous le regard impassible de ce dernier.
"Ta puissance reste, en effet, inchangée, qui plus est améliorée, mais saches que celle-ci ne te sera d'aucune utilité lorsque l'épée de la mort s'ablatera sur ton âme, tel une épine perforant le thorax de sa victime", acheva-t-il avant de s'éclipser au moyen d'un sombre voile énergétique sous les yeux du mage, tel un mirage dans ce chaotique désert...