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Chapter 8 - 8- L'héritage d'un dieu éteint

Alessio, une fois l'astre solaire arrivé à hauteur bonne, fut réveillé par un brouhaha se faisant entendre depuis l'extérieur ainsi que par les rayons de soleil pénétrant sa sombre et modeste chambre. Une fois complètement levé, le jeune prince se dépêcha à se préparer, constatant qu'il était vraisemblablement en retard pour le petit déjeuner. Tout cela était sans nul doute dû à la fatigue de la veille. Long et quelque peu difficile, le trajet l'avait en effet complètement épuisé, à tel point que la nuit seule n'eut suffi à lui redonner pleinement ses forces. De plus, il était essentiel de noter que le juvénile vissarien avait passé le plus clair de cette dernière à repenser aux douteuses paroles de Vanira, au sujet de son frère Adonis. A dire vrai, celui-ci ne savait exactement comment il faisait pour tenir encore debout. Il suppose que le stress ainsi que son tempérament devait y être pour quelque chose, mais n'accorda néanmoins pas plus de temps que cela sur ladite question avant de détourner ses pensées sur l'instant présent.

Alessio descendit ensuite les marches menant au rez-de chaussé à vive allure, s'excusant, une fois en bas, de son retard, tandis que tous prenaient leur petit déjeuner de manière insouciante. Pour ce qui était de sa part, une bouillie d'avoine ainsi qu'une miche de pain avaient été mis de côté pour lui. Lorsque celui-ci fut installé avec les autres, entamant par la même occasion son repas, la mère de Vanira s'approche alors du groupe tout en articulant les mots suivants :

« Excusez-nous si nous ne pouvons vous offrir plus que cela.

— Ne vous en faites pas, lui répondit Morgan d'un air jovial, cela nous convient parfaitement.

Alessio, en complément des propositions de son maître, en profita également pour la remerciement de son hospitalité, bien que ses paroles seemblèrent, pour le coup, bien creuses.

« En réalité, reprit-elle, cela n'a pas toujours été le cas. Mais depuis que l'Incident est survenu, la faune et la flore de la forêt se détériorent. Les ressources manquent et ce que vous voyez là et le peu qu'ils nous restent, malheureusement...

— Mais le pire dans tout cela, c'est que le Roi a refusé son appui pour notre peuple. Les prochains mois risquent d'être très longs… » Poursuivit sa fille d'un ton désolé.

C'en était trop pour Alessio. Il ne pouvait plus se retenir. Tant d'interrogatoires dormaient en lui. Il avait besoin de réponses, et vite ! Il arrivait à peine à se concentrer tant ces dernières fusaient dans sa tête. Ainsi, celui-ci se leva brusquement, puis, sans même finir sa part, se dirigea vers la sortie, le visage froid, sans prononcer le moindre mot.

Au dehors, les villageois allaient et ensuite dans toutes les directions, et ce, dans un rythme étonnamment dynamique. Ici, la vie active allait bon train, ce qui, en bonne logique, ne semblait point une mauvaise nouvelle au vu de la regrettable situation actuelle de la région. En balayant brièvement les lieux du regard, ces yeux s'arrêtent instinctivement sur une jeune femme. Celle-ci, d'allure physique assez simple, tenait en ses bras un jeune nourrisson. Cependant, alors que le regard du jeune prince croisa le sien, celui-ci fut soudain pris d'un étrange sentiment de familiarité.

En effet, lorsque ce dernier toisa l'innocente demoiselle, celui-ci entrevit -l'espace de quelques secondes- dans son esprit ce qui semblait être une dame de noble naissance. De somptueux attrait, allongée, les mains jointes au niveau de sa poitrine, celle-ci apparaissait de même au jeune garçon, aussi ravissante que sereine, de par ses yeux parfaitement fermés, de toute évidence plongés dans un lourd sommeil. Et puis, soudain, plus rien. Le retour à la réalité se fait par la suite sentir, de façon certes brusque, quoique ce dernier ne fut point aussi brutal qu'il n'y laissa paraître. La jeune femme, de son côté, se tourne finalement dans sa direction afin de le saluer de manière tout aussi chaleureuse que courtoise. Le jeune prince acheva quant à lui de lui rendre son geste, sentant au même instant une infime larme s'échapper de son œil droit.

« Pourquoi ce souvenir me revient-il maintenant ? » Se demanda-t-il tout en essuyant la goutte d'eau d'un revers de main.

Alessio prend la tête, abandonnant ainsi cette pensée dans un coin de son cerveau, afin de poursuivre sa route. Ce qui lui manquait à présent, n'était autre que de l'air frais en vue, bien évidemment, de se changer les idées. Celui-ci, afin de satisfaire au mieux son besoin, décide donc qu'une bonne ronde autour du périmètre du village serait la meilleure de ses options. Du fait que ce dernier demeurait petit, il n'y avait donc là aucune raison de s'y perdre. Au bout de plusieurs minutes à sillonner à travers diverses allées, ce dernière trouvaille finalement un recoin calme où se poser pour réfléchir. Il s'agissait tout simplement là d'un carré d'herbes, vide, où seul un arbre, qui plus est de forme simple, y trônait en son centre.

Après s'y être temporairement adossé, Alessio plongea son regard dans le ciel, contemplant le bleu infini de cette vaste toile naturelle. C'était ainsi. Le jeune prince avait souvent comme réflexe de se réfugier dans un endroit paisible, seul, afin de ne faire qu'un avec lui-même lorsqu'il se sentait dépassé par les événements. Dans le cas présent, ce dernier pourrait contempler ce firmament des heures durant, allant même jusqu'à faire fi de ce qui l'entourait. Ainsi, comme de raison, Alessio se concentre doucement, tentant dans un second temps de remettre progressivement de l'ordre dans ses idées plus que confond.

Il se souvint, à cet instant, d'Adonis, le genoux ployé au sol, pleurant la mort de son défunt paternel. Il se souvint également du jour des funérailles, dont son discours, plus que percutant, avait sonné aux oreilles des convives comme un fier et puissant roi s'adressant à son peuple. Il se souvint, pour finir, du jour de sa nomination, où son aîné lui avait promis de ne jamais le trahir. Comment pourrait-on s'imaginer un tel homme faillir de la sorte, alors que "devoir" est son essence mère ?

Tandis que le jeune prince demeurait toujours plongé dans ses esprits, celui-ci aperçut soudain dans le ciel, un corbeau. L'oiseau, de son côté, décrivait d'étranges mouvements circulaires au-dessus d'Alessio, tantôt larges, puis tantôt courts, tel un cycle régulier et infini. Cela dura ainsi plusieurs secondes, qui finirent elles-mêmes par devenir de longues minutes, durant lesquelles le jeune prince n'avait de cesser de l'observer, comme si, par un quelconque enchantement dont il n'avait jusque-là connaissance, le volatile l'hypnotisait.

Soudain, alors que le garçon ne semblait toujours pas décroché ses yeux du sombre animal, une plume s'échappa alors de celui-ci, tandis qu'Alessio la suivait désormais du regard, observant son parcours depuis les airs jusqu'au sol verdoyant. A cet instant précis, sans crier gare, une idée lui parvint alors en mémoire. Sans perdre plus de temps, ce dernier se retourne, face à l'arbre d'aspect rudimentaire. Il en arracha pour commencer, à l'aide de ses deux mains, un morceau de maigre d'écorce qu'il dépose ensuite dans sa main droite. Sur celle de gauche, celui-ci y façonna, tout aussi librement, une sphère d'eau de diamètre suffisamment donc afin que celle-ci tienne dans le creux de sa paume. Une fois les deux éléments réunis, ce dernier les tendit devant lui, l'un en face de l'autre. Pour finir, le jeune prince se concentre fortement et visualise un objet dans sa tête, tandis qu'au même moment, il ressent, au niveau de son bassin, un léger chatouillement. Au même moment, alors que ses mains étaient étincelées d'une vive lumière, le morceau d'écorce ainsi que la boule d'eau apparaissait dès lors comme peu distinguables à l'œil nu. Celles-ci laissèrent par la suite entrevoir, une fois la puissante lueur estompée, un parchemin vide, dénué de toute trace d'usure quelconque.

Le jeune prince se saisit alors de la plume tombée quelques secondes plus tôt près de lui. Il s'avéra par ailleurs que l'embout de celle-ci était particulièrement pointu, ce qui ne manqua évidemment pas de satisfaire l'œil avisé d'Alessio. Il se sert par conséquence de cette dernière afin de s'entailler légèrement le bras, de sorte à lui procurer par la suite, une faible source d'encre, entamant tout aussi rapidement l'écriture de son message.

Dans sa missive à l'intention de la Couronne, celui-ci mentionna, dans un premier temps, le fait que leur groupe avait pris du retard sur le trajet ainsi que leur rencontre avec le peuple des salgors. Il divulgua également la méfiance ainsi que la déception que ces dernières éprouvent envers la Capitale et conclut cette dernière en faisant partie de ses propres doutes quant à la loyauté de son Roi.

Une fois le manuscrit achevé, Alessio enroula ce dernier tout en scrutant de nouveau le ciel à la recherche dudit corbeau. Il ne tarda guère à le trouver, puis siffla celui-ci comme pour lui faire signe d'approcher. L'oiseau prêta ensuite attention sur l'individu en contrebas puis vint, après quelques secondes, se poser sur le bras gauche du garçon.

Le jeune prince lui inséra alors la lettre dans le bec, lui intimant ensuite de s'envoler après lui avoir doucement murmuré la destination envisagée. Le volatile, après cela, s'exécutea, ne devenant bientôt plus aux yeux d'Alessio, qu'un insignifiant point éloigné, dont la progression n'avait de cesser de se poursuivre.

Alessio attendit ainsi là plusieurs minutes, faisant de même pression sur son bras blessé, dans l'espoir que son sang achève son processus d'écoulement. Lorsque ce dernier arriva à terme, seule une légère cicatrice pu désormais se voir, quoique celle-ci lui picotait encore légèrement. Il se leva ensuite calmement, puis reprend aussitôt sa route en direction de l'auberge. Tandis qu'il avançait sur les routes du hameau, Alessio n'avait de cesser de regarder autour de lui les habitants aller et venir de son regard le plus neutre, loin de tout jugement personnel.

Finalement, après quelques minutes à déambuler telle une âme errante, Alessio finit par distinguer au loin, à environ six ou sept mètres, non loin de l'aberge, trois silhouettes d'aspect familier. Et pour cause : il s'agissait là en effet de Vanira, de même que Florian ainsi que Morgan. Celui-ci, sans perdre plus de temps, se dirigea vers ces derniers avant de présenter ses sincères excuses auprès de Vanira pour son comportement soudain plus que déplacé. Le problème fut alors rapidement mis de côté tandis que Morgan pris tout aussi rapidement la parole afin d'exposer le plan à suivre pour la suite :

"Pour commencer, il faut savoir que nous n'avons pas beaucoup d'options à notre actif. On tâchera de faire ça dans la plus grande discrétion. Je ne souhaite en aucun cas que la capitale soit informée de ce problème, cela ne fera que les alarmer davantage."

Alessio a eu, à ce moment-là, un léger coup de sueur qu'il dissimula néanmoins habilement à l'aide d'une franche et ferme approbation.

"D'après les informations de Nirlan, il existerait un sanctuaire situé à quelques heures d'ici. Sur place, on y trouvera des vestiges datant de l'ère des Unifiés. Avec un peu de chance, on pourra tomber sur des éléments pertinents , pouvant aider à la restauration de la faune forestière.

— De l'ère des Unifiés…, s'étonna Alessio.

— Oui, tu as tout compris, lui répondit Florian. Il est donc indispensable que Vanira nous accompagne. Si jamais elle parvient à déchiffrer la langue employée des anciens dieux, on aura probablement une chance de trouver une solution. "

Alessio, bien que perplexe à l'égard de ce plan pour le moins simpliste hocha néanmoins la tête en signe d'accord.

Au même moment, alors que le mage vissarien scrutait d'un œil distrait le jeune prince, celui-ci s'aperçut alors que ce dernier semblait dépourvu d'estoc, se rappelant également qu'il lui en devait un depuis déjà un petit moment . Celui-ci se débarrassa de ce fait d'une de ses deux lames, la confiant ainsi à Alessio. Le petit groupe se dirigea par la suite vers le jardin, le traversant également sous les ordres de Vanira. Celui-ci était assez grand et regorgeait de plantes toutes plus exotiques les unes que les autres, étant de même équipé d'un haut grillage en bois, proche de l'enclos à cheval, où demeurait quatre destriers.

Tandis que le groupe s'approchait de ces derniers, les étalons poussèrent de leur côté quelques hennissements, immédiatement suivis de mouvements d'agitation. Lorsque Vanira, en tête de cortège, entre, un « STOP » court, néanmoins d'une extraordinaire portée ainsi que d'une tonalité quelque peu rock, se fit soudain entendre sur tout l'espace. A la suite de cet ordre, les destriers cessèrent, par conséquent, leur chahut, redonnant ainsi au silence sa place prédominante.

Sous les yeux stupéfaits du groupe, Vanira invite ensuite ses compagnons à entrer. Ni une, ni deux, Alessio et sa suite se précipitèrent dans le clos, sans émettre une quelconque parole. Une fois les montures parées du nécessaire, les quatre vissariens s'engagèrent sans délai au dos de celles-ci, se dirigeant progressivement, une fois choisie faite, vers la sortie du village.

Une fois dépassée de plusieurs mètres la frontière dissimulée, les compagnons remarquèrent, il est vrai, que le soleil demeurait certes à bonne hauteur, bien que ce dernier semblait à présent plus proche de son zénith qu'il n'y paraissait une heure auparavant. C'était une nouvelle journée ensoleillée qui s'annonçait aujourd'hui. Il fallait également dire que pour une mission d'une telle envergure, une météo généreuse restait de loin un facteur clé à la réussite de cette dernière.

Par ailleurs, Alessio, profitant de leur faible avancé, saisit sur le coup l'occasion, et ordonna, par voie de conséquence, l'ordre de s'arrêter. Tous obéirent et respectèrent le jeune prince, tout en prêtant une oreille attentive à ce qui allait suivre :

"Je souhaiterais, avant tout, revenir sur un petit point avant que nous nous aventurions plus loin. Nous avons, en effet, une idée de notre objectif, mais il nous faut encore mettre en place un plan, ou plutôt une sorte de formation de groupe afin de le mener à bien et d'anticiper au maximum tout danger éventuel qu'il nous serait donné de rencontrer en chemin.

— Et j'imagine que t'as une suggestion à nous proposer, dit Florian.

— Tu comprends vite, dit donc, ironisa Alessio. En effet, si on observe le terrain, on peut remarquer que les itinéraires sont particulièrement étroits, ce qui exclut une éventuelle "formation murale". De ce fait, nous nous placerons donc les uns derrière les autres. Pour commencer, j'ouvrirai moi-même le rang. Puisque je possède une bonne maîtrise de ma magie, je suis alors le mieux désigné pour assurer les attaques frontales. Pour continuer, en deuxième position, nous aurons Vanira. C'est elle qui se chargera de nous guider, en transmettant les indications, de sorte à ce que les personnes de derrière et de devant soient informées de la direction à suivre. En troisième position, se tiendra Morgan. Du fait de sa puissance magique, il sera en charge des menaces venant des deux côtés. Et pour finir, Florian fermera le rang en veillant sur nos arrières. "

Une fois achevée la tirade du jeune prince, tous acquiescèrent telle une seule et même personne, se manifestant par la suite en fonction de ladite formation avant de reprendre la route au quart de tour. Ces derniers ne croisèrent, à première vue sur leur cheminement rien de bien particulier, si ce n'était les diverses sortes d'arbres ainsi que quelques lapins çà et là, tenant de ce fait le rôle de compagnie animale. De plus, afin en l'occurrence, de s'occuper davantage, tous communiquèrent individuellement de sympathiques anecdotes de nature variées, allant même jusqu'à provoquer de nombreux rires généraliser à la suite de ces dernières.

"Dis-moi, Vanira, dit soudainement Alessio, puisque les ressources en viande sont inexploitables, comment faites-vous pour vous adapter ?

— On se nourrit essentiellement de fruits ainsi que de légumes poussant dans les environs. De plus, de ce que je sais, d'autres villages Salgors riches en céréales nous fournissent en blé. Seulement, certains habitants du village, habitués à la viande animale, soutiennent mal cette perspective allant même jusqu'à soupçonner notre chef de consommer à lui seul, le peu de réserves qu'il nous reste.

— Je vois…Le pire dans tout cela, c'est que nous ne sommes même pas sûr de trouver d'éléments pertinents qui pourraient nous aider à vaincre ce fléau.

— Vois le bon côté des choses, lui a répondu Vanira, au moins on découvrira un des nombreux vestiges de l'époque des anciens die…

"ENNEMI A TROIS HEURES !!!"

La voix de Morgan résonna alors dans la forêt, tel un cœur grave sur le champ de bataille, alertant, par voie de conséquence, le reste du groupe. Il s'agissait là, en effet, d'une créature de sombre coloris, fine, qui plus est bipède d'environ un mètre soixante-dix. Cependant, le groupe n'eut à peine le temps d'observer davantage la créature, et pour cause : seules quelques secondes suffirent au mage pour l'éliminer, entachant par la même occasion la végétation verdoyante de par le sang putride de ce qui fut , il y a peu, la tête du vil animal.

Cela dit, alors que ces derniers reprenaient progressivement leur parcours, deux autres mystérieuses et puissantes énergies ne tardèrent point à se manifester non loin, déclenchant de nouveau chez eux cette peur grandiose, les poussant ainsi à accélérer la cadence.

« Je ne pensais pas que l'on tomberai sur des créatures aussi puissantes. Mais qu'est-ce que …"

Alessio se retourne, observant sa suite d'un œil inquiet, avant de déclarer :

"Ils sont là !!"