Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 29 - Chapitre 29 : Fin Mars 1567

Chapter 29 - Chapitre 29 : Fin Mars 1567

Pour créer des registres familiaux, il fallait inventer des adresses, mais Shizuko n'avait pas besoin de détails particuliers, alors elle avait gardé les choses simples.

Tout d'abord, elle avait divisé les villages en quatre [zones]. Et ces zones étaient elles-mêmes divisées en quatre [quartiers]. Le 1er quartier de la 1ère zone serait le quartier le plus au nord-est du village. Le 2ème et 3ème quartier seraient respectivement au sud et à l'ouest du 1er quartier. Ce schéma de dénomination était appliqué jusqu'au 4ème quartier de la 4ème zone au sud-ouest.

De cette façon, chaque village serait divisé en quatre zones et seize quartiers uniformes. Avoir une structure uniforme rendrait le management beaucoup plus facile.

De plus, chaque village avait ses propres spécialités à produire afin d'avoir ses propres caractéristiques.

Le village producteur de [chanvre] était baptisé [Asamachi (ville du chanvre)].

Le village producteur de [miso] était appelé [Misomachi (ville du miso)], le village producteur de [miel] était appelé [Mitsumachi (ville du miel)], et le village près des montagnes avait été nommé [Takemachi (ville des champignons)].

Le village de Shizuko était baptisé [Motomachi] parce qu'il était [la ville des origines] des techniques agricoles qui avaient été transmises dans les autres villages.

Shizuko les avait appelés des [villes (machi)] plutôt que des [villages (mura)] uniquement parce que cela sonnait bien.

L'appellation n'était pas importante pour Shizuko, tout ce qui comptait, c'était que les codes d'identification étaient établis selon un ensemble de règles cohérentes.

Pour finir, elle avait fait installer des panneaux d'informations pour que les messagers et autres puissent s'orienter.

Grâce à cela, les messagers avaient commis moins d'erreurs et se perdaient moins souvent. De même, les gens se perdaient moins souvent dans les autres villages, accomplissant plus ou moins l'objectif d'établir une perception commune de l'espace et du temps, quelque chose de vital pour l'échange d'informations.

Mais cela n'était pas suffisant, alors il avait fallu faire de nombreux efforts pour que les gens aient une perception réellement commune du temps.

Après tout, les heures, dates et jours de la semaine avaient été adoptées seulement à partir de l'ère Meiji. Avant cela, le calendrier dépendait de l'époque.

Par exemple, le calendrier principal de l'époque Sengoku était le Senmei-reki.

Cependant, en raison de la disparition de la famille Kageyukōji (clan Kamo) qui était en charge du calendrier, la confusion avait régné à Kyōtō et les gens s'étaient mis à utiliser des calendriers personnels.

Durant l'époque d'Edo, le Tenmongata (un bureau chargé d'effectuer des observations astronomiques) avait créé des calendriers basés sur leurs observations des astres.

Dans le cas actuel, avoir un calendrier commun entre le clan Oda et les villages de Shizuko suffisait largement, alors elle avait décidé que le point de départ serait le Nouvel An.

Bien qu'elle savait que cela ne serait pas immédiatement compris, Shizuko avait inventé un calendrier commun pour synchroniser les villages.

De plus, elle avait également introduit le système des semaines afin de rendre le calendrier des villages proche du calendrier grégorien du monde moderne.

Des cadrans solaires avaient été fabriqués pour faire office d'horloges. Les gens de cette époque n'avaient qu'une idée approximative du temps : le matin lorsque le soleil se levait, midi lorsqu'il était à son zénith et la nuit après qu'il se soit couché. Mais cela n'était pas pratique pour l'organisation des réunions. Par exemple, si on leur disait de se rassembler chez le chef du village le soir après le travail, s'ils ne peuvent pas voir le coucher du soleil, le début de la nuit dépendrait de la perception de chacun. De ce fait, il fallait attendre que tout le monde soit là et cela n'était pas efficace. À cet égard, un cadran solaire permettrait à tous d'avoir une mesure commune du temps.

Il avait l'inconvénient de ne pas être utilisable une fois le soleil couché ou lorsque le temps était mauvais, mais les gens avaient simplement besoin de [s'y habituer]. Avant d'organiser les réunions du soir, il fallait aider les gens à avoir une idée commune du passage du temps.

Par conséquent, Shizuko avait décidé d'ignorer les défauts des cadrans solaires.

À l'origine, elle voulait se servir d'une cloche qui sonnerait à des intervalles fixes, mais Nobunaga avait refusé.

La raison de son refus avait été [Un temple est nécessaire pour sonner une cloche. Par conséquent, je ne te le permets pas].

Cette réponse fit rappeler à Shizuko que Nobunaga était un athée jusqu'au bout des ongles.

Il n'était pas difficile d'imaginer qu'il serait enragé si elle lui disait qu'elle avait l'intention de construire un temple.

Shizuko avait fait un rapport détaillé à Nobunaga malgré la crainte qu'il ne se passe quelque chose. En conséquence, elle avait fait une découverte étonnante.

En réalité, Nobunaga ne détestait pas les religions telles que le bouddhisme en soi.

Ce qu'il détestait férocement, c'étaient les moines dépravés qui traduisaient des bêtises insignifiantes en japonais et se comportaient comme s'ils avaient rendu un grand service à l'humanité et qui nourrissaient les paysans de leurs idéologies superficielles alors qu'eux-mêmes se jetaient sur la viande, les femmes et les richesses qui étaient censées leur être interdites.

Par conséquent, il pensait que si Shizuko construisait un temple près de son village, ils afflueraient comme des rats affamés.

Maintenant qu'elle avait compris cela, elle avait facilement trouvé une contre-mesure.

Shizuko ne voulait pas construire un temple, mais un bâtiment qui servirait à faire sonner une cloche.

C'est pourquoi, au lieu d'un temple, elle avait proposé à Nobunaga de construire un sanctuaire. Bien sûr, il n'y aurait pas juste un sanctuaire mais aussi une installation pour la cloche, un lieu d'études tel qu'un terakoya, un lieu d'hébergement, un crématorium et un petit champ pour faire pousser du riz non gluant.

La réponse de Nobunaga avait été [J'ai encore des doutes mais je n'ai pas d'objections avec le contenu. J'autorise la construction]. Shizuko avait été soulagée d'avoir reçu l'autorisation.

Cependant, les derniers mots de la lettre avaient de nouveau raidi son visage.

[J'ai d'autres questions. Je créerai une occasion pour que tu y répondes alors tâche d'avoir du temps.]

Shizuko, impuissante, avait soupiré et décidé de mettre cela de côté.

Les calendriers avaient été mis sur les panneaux d'affichage de chaque village et les cadrans solaires avaient été installés juste à côté des panneaux.

Les panneaux d'affichage avaient été installés dans des zones où les gens avaient tendance à se rassembler.

Après tout cela, elle avait enfin pu utiliser les panneaux d'affichage pour son réseau de communication.

Shizuko était devenue plus que consciente de la quantité d'essais et d'erreurs que les gens avaient dû faire pour créer les systèmes des années, des jours de la semaine, des heures, des adresses, des numéros de téléphone et des e-mails du monde moderne.

Durant la première semaine, les villageois avaient été confus par le nouveau système mais ils avaient vite réalisé qu'il était très utile pour coordonner leur emploi du temps. Après cela, la transition avait été rapide. Les paysans avaient accepté les idées nouvelles les unes après les autres.

Certes, il leur arrivait encore de se tromper d'une ou deux heures, mais les erreurs de dates étaient devenues largement plus rares.

Le meilleur résultat, cependant, était qu'il était devenu possible de transmettre des informations à un grand nombre de gens via des circulaires ou le panneau d'affichage.

En passant du [bouche à bouche] à [regarder le panneau d'affichage], les informations étaient obtenues directement sans avoir besoin d'être transformées par le jeu des interprétations.

Malgré cela, Shizuko restait anxieuse, alors elle avait visité les villages plusieurs fois.

Elle n'arrêtait pas de se demander si le réseau de communication était utilisé correctement et si les messages ne faisaient pas les objets de mésinterprétations.

Mais après avoir vu que chaque village fonctionnait comme elle l'avait imaginé, Shizuko avait soupiré comme si un poids avait été retiré de ses épaules.

***

Shizuko confia les koseki originaux à Nobunaga et garda les copies.

Cela donnait l'avantage de facilement découvrir les falsifications en comparant la copie et l'original, les défauts étant de devoir consommer deux fois plus de papier et d'utiliser deux fois plus de main-d'œuvre pour synchroniser les deux versions. Concernant l'administration, tous les changements qui ont eu lieu durant l'année seraient écrits sur des tablettes en bois puis transférés sur papier une fois par an, puis les copies seraient comparées aux originaux entre les mains de Nobunaga pour vérifier s'il y a des changements autres que les nouvelles entrées.

Comme cela lui permettrait d'appréhender la croissance du village et d'éviter les infiltrations, Nobunaga aimait beaucoup cette idée et lui avait donné la permission d'utiliser une grande quantité de papier.

Bien entendu, il avait également donné l'ordre strict d'éviter le gaspillage.

"Hum, c'est donc ça, un koseki. C'est vrai que ça permet de savoir qui vit où en un clin d'œil."

Kimyōmaru lisait casuellement la copie d'un registre familial qui avait été créé après de nombreuses difficultés.

Shizuko fut légèrement déprimée de voir son dur labeur être traité de manière aussi négligente.

Mais comme les koseki et les adresses n'existaient pas durant l'époque Sengoku, elle dut s'y résigner.

"Ouais. Au départ, c'était un document dans lequel le village était comme un arbre, le chef était la racine, chaque branche était une famille et chaque feuille était une personne. Bref, fais attention avec ça. Si tu l'abîmes, le seigneur sera furieux."

"Ouh, j'ai peur. Ah, avant que j'oublie. Est-ce que tu peux me vendre du charbon ?"

"Du charbon? D'accord, mais pour quoi faire ?"

Shizuko pencha sa tête, perplexe face à la demande de Kimyōmaru.

Shizuko avait temporairement stocké le bois des arbres du village de Nisaku et, après les avoir séchés, en avait fait du charbon.

Elle avait fait construire un entrepôt pour le bois dans un coin du village non seulement pour faire du charbon de bois, mais aussi pour fabriquer du vinaigre de bois.

Le vinaigre de bois pouvait être utilisé comme substitut aux pesticides et aux engrais chimiques et pouvait même purifier l'eau.

Cependant, ces effets n'avaient été découverts qu'après des analyses scientifiques. Autrefois, le vinaigre de bois, un déchet créé durant la fabrication de charbon de bois, était simplement déversé dans les forêts.

Ironiquement, les déversements de ce déchet accéléraient la croissance des arbres et purifiaient l'eau des rivières.

Il pouvait être utilisé en agrochimie comme pesticide, accélérateur de fermentation du compost et déodorant pour le traitement des déchets. Il pouvait également être utilisé comme additif de bain pour désodoriser, stériliser et désinfecter pour améliorer la qualité de vie.

Cependant, les composants du vinaigre de bois étaient variés, et certains d'entre eux pouvaient être mutagènes, endommageant les gênes des micro-organismes.

Comme il fallait le manier avec une grande précaution, il valait mieux ne pas avoir trop d'attentes. Il était préférable de simplement se dire qu'il était pratique d'en avoir s'il fonctionnait.

"Ton charbon ne produit presque pas de fumée. Les morceaux ont également la même forme, donc il est parfait. Le mien émet de la fumée et ses morceaux ont plein de formes différentes."

C'est juste la combustion incomplète…

La fabrication du charbon ne se résumait pas à simplement jeter du bois sec dans un feu.

Le charbon obtenu pouvait sembler noir, mais cela était dû à l'oxydation plutôt que la carbonisation.

Les deux donnaient une apparence similaire, mais l'intérieur était différent.

Le charbon utilisé par Kimyōmaru était probablement du bois brûlé qui était réutilisé ou un produit inférieur qui avait sauté quelques étapes durant la fabrication.

"Ouais, pas de problème."

Comme Shizuko avait un léger surplus de charbon, elle n'avait aucun problème à en vendre à Kimyōmaru.

***

Un peu plus tard, en avril, Shizuko gravit la montagne pour récolter quelque chose.

"Allez, aujourd'hui, c'est le jour de la récolte de shiitakés du printemps… mais il n'y a personne à part moi."

C'étaient les shiitakés du printemps. Ils pouvaient être récoltés au printemps et en automne et étaient respectivement surnommés les Haruko et les Akiko.

Comme il y avait très peu de champignons qui apparaissaient au début du printemps, le goût des Haruko était très apprécié.

"Hum, ça pousse bien. Enfin, j'ai dû agrandir le champ à la hâte après qu'Aya-chan m'ait grondée… mais c'est plutôt correct."

Au départ, Shizuko en avait cultivé pour sa consommation personnelle, alors le champ n'était pas très bien fait.

L'exposition au soleil n'était pas optimale et il n'y avait pas de clôture, faisant que les sangliers sauvages venaient parfois manger les champignons. Par conséquent, malgré le grand nombre de rondins utilisés pour faire pousser les champignons, elle ne pouvait en récolter que plus d'une centaine.

Ce n'était qu'après de nombreuses explications d'Aya et de l'ordre « d'augmenter la production de shiitakés » de Nobunaga, que Shizuko avait enfin compris que les shiitakés étaient un produit de luxe.

Suite à cela, les choses étaient devenues mouvementées. Elle avait reçu une grande quantité de rondins, construit un environnement pour les installer, coupé les arbres autour pour ajuster l'exposition au soleil et installé des clôtures pour bloquer les sangliers sauvages.

Elle avait divisé le champ en plusieurs blocs, pensant qu'un arrangement trop dense n'était pas une bonne idée.

Si l'on exclut les habitants de Takemachi, Shizuko avait trois champs de shiitakés.

L'un des blocs était légèrement plus loin, mais ils restaient assez proches pour que les sangliers viennent souvent essayer de manger les champignons.

Ils étaient généralement dissuadés par les clôtures mais Shizuko craignait qu'ils ne les détruisent et forcent leur passage, alors elle avait installé quelques rondins à l'extérieur pour eux.

"Mauvais… trop petit… bon…"

Les résultats étaient variés. Certains champignons avaient pourri et d'autres étaient trop petits pour être cueillis.

Elle retira tous les mauvais champignons et les enterra. Quant aux bons champignons, elle les rangea dans sa bandoulière en peau de cerf.

À force de chasser des cerfs, leurs peaux s'étaient accumulées et elles ne servaient à rien si elle n'étaient pas tannées.

Il existe différents types de tannage mais les deux méthodes les plus populaires dans le monde moderne sont le tannage au chrome et le tannage végétal. Cependant, le tannage au chrome nécessitait une grande variété de produits chimiques, faisant que les seuls méthodes disponibles étaient le tannage blanc à l'huile de colza et le tannage végétal via des tanins issus de plantes. Comme l'huile de colza avait d'autres utilités, Shizuko avait utilisé le tannage végétal.

Pour que les peaux se transformaient en cuir, il fallait les mettre dans une cuve contenant une solution de tannage végétal pendant plus de six mois.

Durant cette période, il fallait progressivement augmenter la concentration de tanins.

Le tannage végétal demandait plus d'efforts que le tannage au chrome et le cuir qu'il produisait avait moins d'allongement et d'élasticité, mais il était plus robuste et plastique (facilement déformable), le rendant adapté au moulage.

En tant que tel, il convenait à la fabrication d'objets tels que les sacs, et c'était ce que Shizuko en avait fait.

Le plus grand avantage des sacs était qu'ils permettaient d'avoir les mains libres.

Les objets de forme irrégulière pouvaient être emballés avec la technique du furoshiki, mais il fallait quand même se servir d'une main pour les tenir.

Par conséquent, un sac à dos était préférable au furoshiki lorsque l'on grimpait une montagne car les deux mains étaient libres.

Alors qu'elle récoltait les champignons, Shizuko entendit le bruissement des feuilles derrière elle.

Elle se retourna et vit Kaiser, Wittmann et König.

Les trois s'approchèrent d'elle et frottèrent leurs corps contre le sien en poussant des grognements mignons.

Mais en même temps, ils examinaient leurs alentours avec une extrême vigilance.

… ? Ah, il y aurait un intrus… ?

Dès qu'elle eut cette réalisation, Shizuko regarda autour d'elle. Mais naturellement, elle ne vit personne.

Mais au vu de l'expression des loups, il était évident que quelqu'un était dans la montagne.

Ils étaient probablement venus chasser l'intrus et étaient tombés sur Shizuko.

Shizuko sortit une tablette en bois de sa bandoulière et écrivit un message pour Aya au fusain.

Son contenu était [Signes d'intrus sur la montagne. Envoyer des soldats au cas où.] Elle l'attacha à König et lui donna un ordre via le langage des signes.

L'ordre semblait avoir été compris car König avait hoché la tête et était reparti d'où il venait.

Shizuko, accompagné de Kaiser et de Wittmann, se rendit à un autre champ de shiitakés.

Les légumes sauvages du printemps pouvaient être trouvés sur d'autres montagnes, alors il n'y avait pas besoin de s'enfoncer aussi profondément dans la montagne pour en chercher. Par conséquent, Shizuko estima que l'intrus était là pour les champs de shiitakés qui n'existaient que sur cette montagne.

Les shiitakés séchés étaient un produit d'exportation majeur de la dynastie Ming. Un panier entier valait une forte somme d'argent.

Une fois arrivée au deuxième champ, Shizuko commença par examiner les environs.

Mais elle ne trouva aucun signe de dégât particulier, il n'y avait que des myriades de champignons qui avaient bien poussé ou qui étaient encore en croissance.

Le 2ème champ va bien. Donc ça doit être le 3ème champ qui est un peu plus loin…

Shizuko se rendit au dernier champ de shiitakés dont le terrain était le plus adapté mais aussi le plus éloigné du village.

Kaiser et Wittmann l'accompagnèrent discrètement.

Lorsqu'ils furent sur le point d'être au troisième champ, Kaiser poussa un léger grognement.

Comprenant qu'il y avait vraiment quelqu'un ici, Shizuko devint plus discrète.

Puis ils arrivèrent à la porte de la clôture anti-sanglier.

La porte était censée être fermée de manière rudimentaire avec du lierre, mais celui-ci avait été coupé par une lame affûtée.

Shizuko ramassa des plantes à proximité, referma la porte avec et la verrouilla avec un bâton.

Après avoir fermé la seule issue, Shizuko, espérant avoir gagné du temps, longea la clôture et observa la situation de l'extérieur.

Tu joues avec le feu et tu vas te brûler. Je vais observer de loin.

Shizuko, dans des pas discrets, observa l'intérieur du champ de shiitakés. Puis elle remarqua une ombre bouger au fond du champ.

L'individu parlait tout seul, sa garde baissée parce qu'il pensait être seul.

"… Quel endroit étrange. Pourquoi est-ce que ces arbres coupés ont été alignés ? Et ces choses…"

Perdu dans ses pensées, le propriétaire de la voix n'avait pas remarqué les grognements de Wittmann et Kaiser.

Shizuko leur fit signe de se taire et se remit à observer les alentours.

Elle remarqua quelque chose posée contre la clôture. C'était un sasaho yari, une grande lance avec une longue lame en forme de feuille de bambou au bout.

Cette personne devait avoir confiance en ses capacités ou être complètement stupide pour avoir lâché son arme.

Sous cette pensée, Shizuko continua d'observer les environs. Par chance, il semblait n'y avoir personne à part l'intrus.

Étant donné que Kaiser et Wittmann n'avaient pas réagi, elle était sûre qu'il n'y avait qu'un seul intrus.

Elle doit faire environ 5-6 mètres de long… hein ?

Lorsqu'elle regarda la lance de plus près, elle remarqua que quelque chose était gravé sur la gouttière (la rainure au centre de la lame).

Et au moment où elle pensait avoir déjà vu ce pattern, une voix forte survint de derrière.

"SHIZUKO-DONO !!! EST-CE QUE VOUS ALLEZ BIEN ?!"

C'était la voix de Niwa. Au même moment, des bruits de dizaines de pas ainsi que des cliquetis d'armure se firent entendre.

Il avait probablement amené plusieurs soldats avec lui à la mention d'un intrus.

Et naturellement, si Shizuko avait pu l'entendre, l'intrus aussi.

"Qu- ?!"

L'intrus accroupi réagit à la voix et se releva.

Il se retourna rapidement pour récupérer sa lance, ses gestes ne montrant aucune agitation.

À ce moment-là, Wittmann poussa un grand hurlement.

"AOUUUH !"

Plutôt que d'aboyer comme un chien, son rugissement déterminé ressemblait à un ultimatum.

Contrairement aux chiens, les loups hurlaient rarement.

Cela était dû au fait qu'ils savaient instinctivement que les actions qui attiraient l'attention, comme les hurlements, les mettaient en danger.

Si ce n'était pas pour avertir leur meute d'un danger, ou par habitude dans le cas des loups japonais, les loups restaient silencieux.

De ce fait, la raison pour laquelle Wittmann, un loup gris, avait hurlé était de proclamer à l'intrus « Je suis ton adversaire, je vais te chasser » ainsi que d'annoncer le début du combat à sa meute.

Shizuko, en voyant cela, se mit devant Wittmann.

Elle avait beau être la cheffe de la meute, elle voulait ardemment protéger Wittmann et Kaiser qu'elle voyait comme sa famille.

Par conséquent, même si elle savait que c'était dangereux, elle s'était avancée.

Pendant ce temps, l'intrus, n'ayant pas anticipé le rugissement d'un loup, se figea.

Il tourna la tête et vit Shizuko, qui tremblait avec ses bras écartés, et deux loups géants qui montraient leurs crocs.

Ne s'étant pas attendu du tout à cela, l'intrus paniqua.

"H-H-Hein ?! Qu'est-ce qu- ?!"

L'intrus ne savait pas quoi dire.

Plusieurs flèches atterrirent à ses pieds.

"Ne bouge plus."

Niwa et ses hommes, finalement arrivés, encerclèrent la clôture.