Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 25 - Chapitre 25 : Début Janvier 1567, Partie 2

Chapter 25 - Chapitre 25 : Début Janvier 1567, Partie 2

Près d'une centaine de personnes étaient présentes durant le banquet, mais comme c'était un banquet de la société samouraï, le début était très formel et strictement réglementé.

Au début, le zōni était servi. Mais contrairement à celui des temps modernes, le zōni qui était servi facilitait l'évacuation des sucs gastriques.

Shizuko se tenait correctement à table, mais au fond d'elle, elle était complètement surprise.

Oda Nobunaga, qui était surnommé le Roi Démon du Sixième Ciel par les Ikkō-ikki du Hongan-ji pour son comportement scandaleux, avait une étiquette étonnamment stricte.

C'était à un niveau qui ne pouvait pas être appris du jour au lendemain. Il avait dû être formé dès son enfance pour avoir une telle maîtrise.

Shizuko avait souvent entendu dire que durant l'époque d'Edo, les Tokugawa avaient intentionnellement donné une mauvaise image à Nobunaga afin de faire paraître Tokugawa Ieyasu comme un meilleur shōgun.

Et maintenant, elle savait que c'était un fait. Oda Nobunaga n'était pas un tyran qui agissait à sa guise, il avait une étiquette digne d'un dirigeant.

C'est une découverte historique… mais l'histoire est écrite par les vainqueurs, et les dirigeants diabolisent souvent leurs prédécesseurs…

Sous cette pensée distraite, Shizuko but son saké.

Comme elle était à l'époque Sengoku, cet alcool était plus du doburoku que du saké raffiné, ce qui le rendait suffisamment sucré pour que même une mineure comme Shizuko puisse facilement le boire.

Normalement, il devrait avoir la même teneur en alcool que le saké, mais ils l'avaient probablement dilué avec de l'eau afin d'augmenter la quantité disponible.

Shizuko n'appréciait pas vraiment le saké et avait une faible tolérance à l'alcool, alors elle était reconnaissante qu'il soit dilué.

Alors qu'elle consommait petit à petit son alcool et son repas, Shizuko s'estimait chanceuse que personne autour d'elle n'essayait de lui parler.

Mais ce n'était pas seulement parce qu'elle était une étrangère que personne n'osait lui parler.

De leur point de vue, les manières de Shizuko, bien que légèrement étranges, semblaient suivre une certaine étiquette, la rendant difficile à approcher.

Shizuko, en revanche, pensait simplement à [se tenir correctement à table, sinon elle se ferait gronder].

"C'est une façon de boire plutôt solitaire que tu as là, Shizuko."

Alors que Shizuko terminait sa troisième tasse, une personne s'assit devant elle et lui parla.

Elle baissa sa tasse et hoqueta légèrement lorsqu'elle vit la personne devant elle.

C'était le garçon qu'elle avait rencontré il y a peu de temps, il tenait ce qui semblait être un tokkuri dans sa main.

"(Euh, est-ce que ça ira… ?) Je ne tiens pas bien l'alcool, alors…"

Shizuko s'inquiétait que le garçon avait violé le protocole avec ses manières laxistes, mais comme les gens autour d'eux n'y prêtaient pas attention, cela semblait ne pas être un problème.

De ce fait, elle ne se dérangea pas à le lui faire remarquer.

"C'est une fête spéciale, tu ne devrais pas avoir le visage aussi sombre."

"Oui…"

"Quel manque d'enthousiasme. Je sais ! Si on se rencontre à nouveau, c'est qu'il doit y avoir une raison. Et si tu m'en disais plus sur Sun Tzu ? J'apprécierai si tu pouvais également me l'écrire."

Shizuko, l'esprit embrouillé par l'alcool, accepta sans trop y réfléchir.

Le garçon, comme s'il avait prévu cela depuis le début, fit un clin d'œil à un page qui apporta une feuille et de l'encre.

Shizuko reçut le pinceau fin et écrivit sans réfléchir.

"Que votre armée soit rapide comme le vent, majestueuse comme la forêt, dévorante comme le feu, inébranlable comme la montagne, insaisissable comme une ombre et soudaine comme la foudre. Lors des pillages, séparez vos forces pour être vu partout. Lors des conquêtes, répartissez les profits. Pesez la situation puis agissez."

C'était un passage célèbre du chapitre sept de l'Art de la Guerre de Sun Tzu.

Et durant l'époque Sengoku, ce passage avait été écrit sur l'étendard de Takeda Shingen, le seigneur de la province de Kai.

Shizuko avait choisi ces vers simplement parce que c'était un passage célèbre (à ses yeux) et qu'ils étaient cools à lire en kanji.

"Tiens."

"Attends. Ne me les donne pas juste comme ça, explique-moi leur sens."

"Bon, d'accord. Alors―"

Au moment où Shizuko allait commencer son explication, une voix l'appela.

Elle se tourna vers la voix et vit que Nobunaga la regardait avec un sourire amusé.

Elle avait un vague pressentiment à ce sujet, mais elle ne pouvait pas ignorer son appel.

Shizuko fit une petite révérence au garçon pour s'excuser et se dirigea vers Nobunaga.

"Est-ce que le banquet te plaît ?"

Nobunaga posa cette question à Shizuko alors qu'elle s'asseyait.

Intérieurement, elle voulait rentrer chez elle immédiatement, mais elle baissa la tête afin de ne pas faire transparaître cette pensée.

"Oui, les mots me manquent pour vous dire à quel point je vous remercie de m'avoir invitée."

"Hmph, je te prends au mot. Tout d'abord, bois."

Pour être honnête, Shizuko voulait s'arrêter de boire, mais elle était incapable de refuser cette fois-ci, alors elle accepta docilement la tasse.

Et elle but le saké cul sec sans perdre de temps. Comme elle était mineure, Shizuko ignorait si c'était la bonne façon de boire ou non, mais cette méthode lui permettait de ne pas s'inquiéter du goût et de l'odeur.

Et le manque de raffinement faisait que ce saké était plutôt du doburoku, et la méthode de fabrication devait être mauvaise car il avait une légère odeur de son de riz.

"(Urgh… je pige vraiment pas le goût de l'alcool) C'était vraiment délicieux."

"Tu bois bien. Maintenant, passons à la raison pour laquelle je t'ai appelée. Est-ce que tu as apporté l'ar-barrette avec toi ?"

"Ah oui. Je l'ai prise avec moi, conformément à vos ordres."

Nobunaga esquissa un sourire nihiliste, puis il dit en se tapotant le genou.

"Bien, faisons une compétition d'archerie."

***

C'était une tournure tumultueuse des événements.

Nobunaga donna rapidement ses ordres à un page à côté de lui sans se soucier de l'opinion de Shizuko.

Shizuko ne parvint pas à suivre le rythme. Elle arriva au stand de tir avant qu'elle ne s'en rende compte.

"Que le meilleur gagne."

"O-Oui…"

Shizuko, l'arbalète à l'épaule, laissa échapper un cri de surprise.

Ce n'était qu'à ce moment-là qu'elle réalisa sa situation. Et elle ne pouvait pas y échapper.

Les autres guerriers étaient assis autour d'elle et de Nobunaga et les regardaient.

"Shizuko-sama, voici des flèches pour vous."

"Ah, elles ne fonctionneront pas. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai pris mes propres flèches."

Shizuko refusa les flèches de yumi car elles étaient trop longues.

Malgré son apparence, l'arbalète était très exigeante concernant la longueur et le poids de ses carreaux. L'utilisation de flèches inadéquates pouvait potentiellement endommager l'arbalète.

Tirer des flèches autres que celles qui étaient spécialement conçues pour l'arbalète pouvait immédiatement rendre l'arme dysfonctionnelle.

Et comme la réparation d'une arbalète demandait beaucoup de temps, Shizuko n'avait aucune envie de l'abîmer durant une fête.

"Les règles sont simples. Nous tirerons chacun 10 flèches et celui qui aura réussi le plus de coups sera le vainqueur."

Nobunaga dit cela en tenant un yumi. Shizuko, en revanche, avait toujours son arbalète à l'épaule.

Voyant que l'arme de Shizuko ne ressemblait pas à un arc, la plupart des guerriers se posèrent des questions en grimaçant.

"(Haaa… j'ai l'impression de faire un cirque) Compris."

Shizuko ne voulait pas se démarquer et n'avait aucune motivation, alors elle donna une réponse platonique.

La seule chose qui lui passait par la tête était le souhait que ce banquet se termine le plus vite possible. Elle pensait ne pas avoir sa place dans ce genre d'événement.

"Je commence."

Sur ces mots, Nobunaga banda son arc avec un flux de mouvements dont il était familier. Il toucha facilement la cible, ce qui était normal pour quelqu'un qui s'entraînait tous les jours.

Nobunaga se tourna vers Shizuko et lui sourit comme pour dire que c'était à son tour.

Mais plutôt que d'allumer la flamme de la compétition en elle, cela avait davantage déprimé Shizuko.

Ça a beau être un ordre, j'ai vraiment horreur d'attirer l'attention.

Shizuko abaissa son arbalète, tira la corde et inséra un carreau. Puis elle tint son arme avec ses deux mains et visa lentement.

Nobunaga et ses subordonnés affichèrent un air surpris en voyant cela. Shizuko les ignora et appuya sur la gâchette.

Un bruit différent de celui d'un arc japonais se fit entendre et le carreau partit. Il transperça la cible et sortit de l'autre côté, emporté par son élan.

Comme le matériau utilisé pour confectionner la cible avait été pensé pour les flèches de yumi, elle n'avait pas résisté à la puissance de pénétration du carreau de l'arbalète.

Ah zut, je l'ai transpercée…

Shizuko tira la corde de l'arbalète sous cette pensée. Nobunaga la regardait avec un air sérieux.

… Quel arc étrange. Il arrive à avoir cette puissance alors que Shizuko l'avait bandé avec ses bras chétifs. Non, on devrait plutôt dire que sa capacité de pénétration est élevée. La posture de tir est similaire à celle de l'arquebuse. Mais la chose la plus étonnante est que la corde peut rester bandée. Je pensais qu'il était inutilisable, mais si nous parvenons à simplifier sa structure, il pourrait être utile pour les sièges.

"Apportez une armure d'ashigaru (fantassin) !"

"Hein… ?"

"Tout de suite !"

"O-Oui !"

Les serviteurs furent pris de court par son ordre soudain, mais Nobunaga ignora leur surprise et réitéra son ordre.

Ils étaient toujours confus, mais la voix colérique de Nobunaga les fit trembler et ils s'empressèrent d'apporter une armure de fantassin.

Shizuko et les guerriers étaient tout aussi confus.

Ils n'avaient aucune idée de l'objectif ou des intentions derrière les ordres de Nobunaga.

Peu de temps après, deux armures avaient été amenées. Elles furent placées légèrement devant la première cible.

Lorsque les armures furent disposées comme si elles avaient été mises sur des mannequins, tout le monde comprit qu'elles étaient les nouvelles cibles.

Oh bon sang, les armures d'ashigaru sont généralement faites en tissu ou en bambou…

Shizuko régla son arbalète tout en ayant cette pensée.

Cependant, c'était un scénario dont elle ne connaissait pas le dénouement. À l'origine, son arbalète avait été fabriquée pour la chasse, alors elle ignorait si elle était efficace contre une armure.

La seule chose rassurante était que l'arbalète ne serait pas abîmée, seuls les carreaux seraient endommagés.

Nobunaga tira une nouvelle flèche sans dire un mot.

Sa pression silencieuse donna d'horribles maux d'estomac à Shizuko, mais elle tira avec son arbalète en silence.

Cela continua jusqu'à ce que la dernière des dix flèches ait été tirée. Ayant remarqué le comportement étrange de Nobunaga, les vassaux furent nerveux.

"… Shizuko, essaie de bander cet arc."

À la fin de la compétition d'archerie, Nobunaga tendit son yumi à Shizuko.

Ne comprenant pas ses intentions, Shizuko obéit et tira sur la corde.

"Hnn, nghhhhh… !"

La corde de l'arc était extrêmement rigide, Shizuko était incapable de la tirer.

Mais ce résultat était évident. Les arcs japonais se bandaient en utilisant les muscles et les os de tout le corps, ce qui signifiait qu'il fallait suivre toute une procédure.

De plus, comme les yumis de l'époque Sengoku étaient des outils de guerre, leurs cordes étaient beaucoup plus dures à tirer que celles des arcs japonais modernes.

"Kuh… haaa, haaa, haaa…"

Même en utilisant toute sa force, Shizuko arrivait à peine à tirer la corde.

Mais le regard de Nobunaga n'était pas celui du mépris ou de la moquerie, il regardait Shizuko avec des yeux légèrement plissés.

Elle ne sait pas du tout utiliser un arc.

Shizuko avait beau essayer de bander le yumi, elle ne faisait qu'appliquer la force brute et ne suivait aucune technique.

Shizuko, en revanche, avait interprété l'ordre de [bander cet arc] comme [tirer la corde].

Je vois. Malgré toutes ses connaissances, elle ne se sert que du savoir nécessaire à la situation dans laquelle elle se trouve. Ce qui signifie que si je veux lui soutirer des connaissances, je dois la mettre dans des situations qui l'obligeront à s'en servir.

Nobunaga estima que les connaissances de Shizuko valaient largement plus qu'un pays.

En plus de cela, elle n'aimait pas se démarquer, ce qui signifiait qu'elle ne se laisserait pas dominer par son ego et dire des mots en trop.

Elle était le pion le plus utile et facile à utiliser que Nobunaga ait jamais vu.

"Nous avons tous les deux réussi nos 10 coups. Ton ar-barrette m'intéresse. Je te l'emprunte pendant quelques jours."

"Hein ? Ah, oui…"

Sous une voix surprise, Shizuko remit son arbalète à Nobunaga.

Nobunaga la reçut avec un air grave.

***

Après la compétition, il n'y eut pas d'autre divertissement et le banquet se termina sans problèmes.

Shizuko rejoignit Aya, qui avait attendu quelque part, et elles rentrèrent avant le coucher du soleil.

Mais certaines personnes n'étaient pas encore parties.

Ils étaient les subordonnés directs de Nobunaga : Takigawa Kazumasu, Mori Yoshinari, Niwa Nagahide ; et son héritier Kimyōmaru.

"Les inventions de cette fille sont vraiment étranges."

Takigawa marmonna ces mots en tripotant l'arbalète.

Malgré son commentaire, il était fortement intéressé par les outils de Shizuko.

"N'importe qui peut créer quelque chose de nouveau, mais lorsque les résultats sont au rendez-vous… cela devient terrifiant."

"Cependant, bien que cet arc du Nanban semble facile à utiliser, sa structure est trop étrange et complexe. Il a l'avantage d'être facile à maîtriser, mais il sera difficile d'en fabriquer en grand nombre."

Alors que ses vassaux débattaient du pour et du contre, Nobunaga tendit la main et les fit taire.

"Nous en utiliserons 30 lors du prochain siège."

C'était le décret de Nobunaga.

La raison pour laquelle il les avait convoqués n'était pas de discuter de l'arbalète, mais de leur attribuer leurs rôles.

"Yoshinari, utilise Aya pour ordonner à Shizuko de fabriquer les ar-barrettes."

"Compris."

"Takigawa, rassemble 30 soldats qui n'ont pas d'expérience avec le yumi."

"… Entendu."

"Niwa. Kimyōmaru. Questionnez Shizuko sur l'Art de la Guerre du Ming et faites écrire tout ce qu'elle dira."

"À vos ordres."

"Oui, père."

Nobunaga sourit face à leurs réponses. Il hocha la tête, les regarda et dit :

"Je mettrais la main sur ses connaissances militaires."