Les trois jours qui ont suivi le Nouvel An s'écoulèrent sans qu'il n'y ait eu d'événements particuliers, alors le village se remit à la culture de légumes d'hiver et à la fabrication d'huile de colza.
La culture d'oignons avait enfin commencé à porter ses fruits et ils avaient pu récolter une petite quantité pour se nourrir.
Mais comme ils avaient toujours un manque de semis et de terres arables, ils ne pouvaient pas faire une production en masse.
Shizuko fit une liste de tout ce qu'ils cultivaient.
Dans la catégorie des légumes, il y avait le maïs, la ciboule de Chine, les citrouilles, les aubergines, les tomates, les radis, les oignons verts, la laitue, le taro, le komatsuna, les carottes dorées japonaises et les navets.
Le riz, le soja, les shiitake, le miel et les cannes à sucre étaient à usage militaire. Les patates douces servaient de rations d'urgence. En plus de cela, il y avait la viande et les œufs de sa ferme avicole. Et pour finir, il y avait le colza pour faire de l'huile et les oignons pour soulager la fatigue.
Et bien que l'échelle était encore petite, elle produisait de la soie via la sériciculture, récoltait des fruits de mûrier et se servait de leurs feuilles pour faire du thé.
Pour un village d'à peine cent habitants, cette diversité de produits était complètement hors de la norme pour cette époque.
"Eh ben, quand on regarde de plus près, on cultive déjà pas mal de choses."
Après avoir fait la liste de tout ce qui était produit dans le village, Shizuko hocha la tête avec émotion.
Si on comparait ce village à une ferme communale, il était rare d'en trouver une qui produise autant d'articles au même endroit, et ce, même dans le monde moderne. Mais Shizuko était simplement heureuse de voir que ses efforts avaient payé.
"Pas mal, ça ? … C'est complètement anormal, à mes yeux."
Un garçon marmonna ces mots en mâchant une patate douce rôtie sous les cendres de l'irori.
"Tu trouves, Chamaru-kun ? Personnellement, j'aimerais augmenter un peu plus la production. Surtout du côté des fils de soie."
Elle avait appelé le garçon Chamaru, mais cela était un alias, son véritable nom était Kimyōmaru.
Sur ordre de son père Nobunaga, il avait caché son statut et approché Shizuko, ils avaient maintenant une relation où il pouvait plaisanter avec elle.
Aya avait également joué un rôle là-dedans, mais elle ignorait que le garçon était Kimyōmaru, le fils de Nobunaga.
Shizuko, de son côté, l'avait entendu dire qu'il était le fils d'un frère de Nobunaga, le rendant lié par le sang.
Comme il était un membre direct de la famille de Nobunaga, elle ne pouvait pas être impolie avec lui, alors Shizuko avait eu du mal à interagir avec lui au début.
Mais après quelques jours, elle avait accepté Kimyōmaru au point où elle l'invitait chez elle sans la moindre précaution.
"Cette quantité est déjà quelque chose. Même ça… ça devrait plaire au seigneur. Mais mettons ça de côté."
Coupant ce fil de la conversation, il se mit à prendre un air sérieux.
"Alors, hypothétiquement… si tu voulais conquérir tout le pays, comment est-ce que tu t'y prendrais ?"
"Ça sort d'où, ça ? Ce genre de choses, c'est bien trop tôt pour un enfant."
"Il n'y a aucun grand homme qui ne rêve pas d'une domination totale. Je ne suis peut-être pas encore un adulte, mais quand je serais sur le champ de bataille, je vaincrais tous mes ennemis et me battrais jusqu'à ce que le monde soit entre mes mains. C'était ce que je pensais jusqu'à récemment."
Kimyōmaru s'arrêta un moment, corrigea sa posture et regarda directement dans les yeux de Shizuko.
"Mais à chaque fois que tu me parles de l'Art de la Guerre de Sun Tzu, je me pose des questions. « Est-ce que je peux vraiment conquérir le monde rien qu'en me battant constamment ? » J'ai besoin d'entendre comment tu t'y prendrais pour résoudre ce problème."
"Hum… (je me demande si ça irait si je lui donnais un walkthrough d'un jeu de guerre basé sur l'époque Sengoku…)"
Shizuko réfléchit les bras croisés.
Comme elle n'était pas familière avec les lois de la guerre et les stratégies écrites dans les livres d'histoire et n'avait jamais pensé à conquérir le monde, elle n'avait pas répondu immédiatement.
Mais face au regard passionné de Kimyōmaru, elle se demanda s'il y avait un conseil qu'elle pouvait lui donner.
Alors qu'elle s'inquiétait légèrement, elle se rappela soudainement d'un jeu de simulation historique qu'elle avait joué dans le passé.
"… Grossièrement, et si on ignore les pertes et les divers problèmes, je commencerai par la capture de Kinai… basiquement, la zone autour de la capitale. Et dans le même temps, j'irai gâter les villages fermiers des alentours. Ou quelque chose dans le genre ?"
"Pourquoi tu dis ça comme si c'était une question ? Enfin bref, capturer Kyōto, hein. Intéressant… Et pourquoi ?"
"D'abord, je commencerais par restaurer l'autorité de l'empereur à Kyōto. Si je me souviens bien, il y a plusieurs décennies, le 103ème empereur, Go-Tsuchimikado, avait désespéré face à l'impuissance de sa position et aurait même dit qu'il [voulait abdiquer] ; et même aujourd'hui, l'autorité de l'empereur ne vaut rien. Alors je commencerais par raviver cette autorité et faire savoir à tout le monde dans le pays que [l'autorité de l'empereur n'est pas encore morte]."
Contrairement à l'époque moderne, les samouraïs de l'époque Sengoku accordaient une grande importance à la lignée au point de la déifier.
Un pedigree légitiment suffisait à un seigneur pour rassembler de puissants guerriers.
C'était pour cette raison que les Tokugawa, un clan des profondeurs des montagnes de Mikawa, avaient proclamé que leurs ancêtres étaient issus de l'empereur Seiwa, qui descendait de la lignée des Genji, car seuls les membres de la lignée des Genji pouvaient devenir Shōgun.
Même Toyotomi Hideyoshi, qui avait unifié le Japon, avait été présenté comme un descendant des Heike. En raison de ce genre de proclamations, les arbres généalogiques des seigneurs de guerre les plus célèbres étaient généralement un grand n'importe quoi.
Mais en fin de compte, l'empereur était toujours au centre des lignées légitimes.
"Une fois que l'autorité de l'empereur sera restaurée, je lui demanderais de me nommer Shōgun, et à ce moment-là, la plupart des autres seigneurs n'oseront plus chercher un conflit avec moi. Si mon autorité et mon statut sont conférés par l'empereur, je pourrais justifier ma domination. S'opposer à moi serait comme lever leurs armes contre l'empereur, ils seront alors entourés d'ennemis. Dans le pire des cas, même leurs confidents les plus proches pourraient les trahir."
"Mais est-ce que l'empereur a vraiment autant de valeur ? Désolé de dire ça, mais… il ne vaut pas mieux que le shogunat de Muromachi."
"Le shogunat de Muromachi a seulement 200 ans. La famille impériale, en revanche, existe depuis plus de 1 000 ans. Et ce n'est pas juste le Hinomoto. Même pour les pays du Nanban, une lignée royale dotée d'une longue histoire est nécessaire, Chamaru-kun."
Au départ surpris par ses mots, Kimyōmaru se gratta la tête avec un air embarrassé.
"… Depuis quand est-ce que tu l'as remarqué ?"
"Quelque part au milieu, j'imagine. Nos discussions ne sont pas aussi sérieuses, d'habitude."
"Tch, on dirait que je me suis un peu trop excité. Je comptais faire croire à mon père que c'était mon idée, mais tant pis. Ha ha ha ha."
Shizuko avait percé à jour ses manigances, mais Kimyōmaru rit joyeusement, ne semblant pas en être dérangé.
"Mais c'est intéressant, ce que tu as dit. Ce n'est pas un mal de réfléchir à des choses comme un plan pour conquérir le pays. Les Sept traités de la guerre sont bien, mais c'est agréable de parler de rêves une fois de temps en temps."
"(Je suis pas vraiment intéressée… mais je vais faire comme si c'était un jeu et m'en servir pour changer de rythme) Aya-chan, apporte-moi la [carte]."
Quelques temps plus tard, Aya apporta la [carte].
Bien qu'elle appelait cela une [carte], elle n'avait qu'une forme approximative du Japon et n'affichait pas précisément l'emplacement des montagnes et des rivières.
Mais elle restait bien plus précise que les précieuses cartes des autres régions.
"Je t'ai déjà montré la forme du Hinomoto, pas vrai ? Alors nous sommes ici, Kyōto est là… et ici, c'est le Mino, que notre seigneur est en train d'assiéger."
N'ayant pas de marqueurs, Shizuko posa des morceaux de bois coupés de façon appropriée sur la carte.
Elle aurait aimé avoir une feuille plus grande mais elle pensait que celle-ci était toujours mieux que ne rien avoir.
"Tu avais dit que ton plan serait de vite conquérir le Kinai puis de gâter les villages environnants. Conquérir la zone autour de la capitale, je peux comprendre. Obtenir Kyōto et Sakai suffit à donner l'impression que le pays tout entier est presque entre nos mains. Mais je ne comprends pas ce que tu veux dire par gâter les villages."
"… Qu'est-ce que tu sais sur les batailles et la guerre en général, Chamaru-kun ?"
Bien qu'elle lui ait demandé cela, Shizuko elle-même ne savait pas grand-chose sur les combats de l'époque Sengoku.
Cependant, même si elle n'avait aucune expérience du champ de bataille, Shizuko avait lu des livres à ce sujet.
"La guerre sert à avoir des exploits militaires, non ? Même moi, je sais cela."
"Ah ok. Je vois que tu ne sais rien."
Les armées déployées durant cette période ne contenaient qu'environ 10-20 % de guerriers tandis que le reste était composé d'ashigaru (infanterie légère) et de zōhyō (soldats ordinaires).
De plus, toute l'armée n'était pas envoyée au combat, elle avait également des non-combattants tels que les transporteurs, les ingénieurs civils, les pages et autres ouvriers spécialisés.
Et pour couronner le tout, même des marchands les suivaient afin de faire affaire avec les soldats.
En d'autres termes, lorsque les livres d'histoire citaient des armées de 50 000 hommes, seulement la moitié d'entre eux étaient des combattants.
En tant que tel, avoir 1 000 morts ou blessés était une lourde perte pour une armée.
"Il n'y a que les guerriers qui visent la gloire. Les ashigaru et les zōhyō ont généralement un objectif différent."
"… Lequel ?"
"Gagner assez d'argent pour rester en vie, rien que ça."
Seuls les guerriers cherchaient à couper la tête d'un général ennemi ou à prendre un château pour obtenir des exploits militaires.
Les soldats ordinaires, en revanche, se contentaient de sécuriser leur gagne-pain.
En conséquence, les zōhyō brûlaient, pillaient, saccageaient et plus encore pour obtenir du butin.
Il y avait des marchands qui en avaient fait leur commerce principal et ouvraient des marchés pour obtenir ces butins de bataille, certains allaient jusqu'à faire du trafic d'êtres humains.
Sur le champ de bataille, il y avait des voyous pauvres, des voleurs et des bandits qui pillaient dès qu'ils le pouvaient.
Ce comportement était toléré par les daimyos de l'époque Sengoku et les laissaient même piller un château capturé en guise de récompense.
Certains daimyos allaient même jusqu'à recommander le pillage car cela enrichissait leur propre territoire.
Une telle violence était considérée comme la norme durant cette époque, personne ne voyait cela comme un acte maléfique.
"…"
Kimyōmaru, qui avait une vision idéalisée de la guerre, fut choqué.
Voyant cela, Shizuko reprit immédiatement son explication.
"M-Mais c'est rare que ça atteigne ce niveau. Enfin bref, mon plan de gâter les villages consiste à inverser et tirer avantage de ces besoins."
"Inverser… ?"
"Oui. Les soldats ordinaires risquent leurs vies sur le champ de bataille parce qu'ils pensent qu'ils ont besoin de faire ça pour survivre. Mais qu'est-ce qui se passerait si tu leur enlevais ce besoin… ?"
Après avoir réfléchi pendant un moment, Kimyōmaru ouvrit grand les yeux et dit :
"Ils n'auront aucune raison d'aller faire la guerre ?"
"Exactement. En fonction de la taille du village, les zōhyō peuvent être conscrits, mais une famille qui n'a pas à s'inquiéter de savoir s'ils auront quelque chose à manger demain serait réticente à envoyer leur main-d'œuvre sur un champ de bataille où ils pourraient mourir, pas vrai ?"
"Je vois. C'est vrai que ce serait logique pour un soldat ordinaire… hmm ? C'est ça, la [victoire sans combat] de l'Art de la Guerre de Sun Tzu ?!"
Kimyōmaru frappa ses mains comme s'il avait enfin compris quelque chose.
"Donne aux paysans de quoi manger et fais-leur détester l'idée d'être enrôlé dans l'armée. Comme ça, leur seigneur aura du mal à les faire prendre les armes. Et selon toi, une armée est surtout composée de soldats de réserve. Et peu importe la puissance d'un guerrier, se battre à 1 contre 10 000 est complètement imprudent."
"Et en plus, si tu coupes l'approvisionnement des villages fermiers, ils seront grandement troublés. Et s'ils découvrent que c'est à cause du seigneur de la région, contre qui est-ce qu'ils vont tourner leur colère ?"
"Ils vont alors cesser de fonctionner en tant que pays. Et si nous négocions leur reddition, nous aurons capturé ce pays sans avoir perdu un seul soldat."
"(Dommage que c'est pas aussi simple dans la réalité) Regarde maintenant les régions éloignées de la capitale… plus on est loin du Kinai, plus le niveau de la technologie agricole baisse au point où ils ont constamment faim. Alors tout le monde fait la guerre pour essayer de sécuriser de la nourriture ou de réduire le nombre de bouches à nourrir."
Shizuko posa des morceaux de bois sur les régions de Shikoku, Kyūshū et Tōhoku.
"De plus, vu que c'est loin, ça prend du temps d'aller là-bas. Ça veut dire qu'il faut faire un énorme investissement avant même que la guerre ait commencé. C'est beaucoup moins cher de créer des marchés là-bas et de leur priver d'une raison de se battre. Et même après avoir capturé ces régions, tu peux utiliser ces marchés pour contrôler leur économie."
"Waouh, pas mal, Shizuko. Ton point de vue est complètement différent du mien ou de celui de mon père. Mais c'est fâcheusement persuasif. Bon, le seul problème qu'il reste, c'est le tempérament de mon père, je doute qu'il comprenne ce genre de projet qui dure vraiment longtemps…"
Shizuko regarda Kimyōmaru avec suspicion lorsqu'elle entendit cela. Mais elle se rappela qu'il était de la famille de Nobunaga.
Il avait probablement l'intention de présenter fièrement cette stratégie à son père/gardien en prétendant y avoir pensé lui-même.
Bah, ce n'est qu'un enfant, je suis sûre que personne n'y prêtera vraiment attention.
Shizuko pensait que son entourage verrait cela comme le charabia d'un enfant auquel il ne fallait pas prêter d'attention.
De ce fait, elle continua de discuter avec Chamaru de choses auxquelles elle avait l'habitude de penser telles que les [Qu'est-ce que moi, j'aurais fait à ce moment-là] et les [Scénarios hypothétiques].
Et les discussions sur les Sept traités de la guerre n'étaient pas de sa propre interprétation, mais des simplifications d'un livre facile à comprendre qu'elle avait lu il y a longtemps.
Shizuko ne se retint pas durant ses discussions avec Chamaru, pensant que cela resterait entre eux.
Elle ignorait que cette présomption était immensément erronée.
***
Nobunaga lisait les citations de [L'Art de la Guerre de Sun Tzu] que Kimyōmaru avait obtenues de Shizuko.
[L'Art de la Guerre] original faisait près de cent chapitres et était difficile à comprendre; l'empereur Wu du royaume de Wei, Cao Cao, l'avait réorganisé et édité en un ouvrage de treize chapitres qu'il avait appelé le [Nouveau livre de Vertu Profonde] en y incluant des annotations et des interprétations, cet ouvrage est aujourd'hui connu sous le nom de [L'Art de la Guerre de Sun Tzu].
Et Shizuko y avait ajouté plus d'exemples dans sa tête.
Époustouflant. J'ignorais qu'un si bon livre sur les tactiques militaires existait au Ming…
La vraie nature du combat telle que décrite dans [L'Art de la Guerre de Sun Tzu] choqua Nobunaga au point de changer sa façon de penser de la guerre.
Shizuko avait prévenu Kimyōmaru qu'il ne fallait pas prendre un [livre de stratégie] pour argent comptant. Si quelqu'un ne sait pas appliquer le contenu, ce serait comme jeter des perles aux pourceaux.
Même [L'Art de la Guerre de Sun Tzu] ne servait à rien si quelqu'un ne faisait que le lire.
C'était l'avertissement que Kimyōmaru lui avait rapporté. Je vois, pensa Nobunaga alors qu'il les citations du livre de stratégie.
Nobunaga parcourut les rapports. Sur l'un d'eux, il était écrit :
[La guerre est une affaire d'une importance vitale pour l'État. Évitez les batailles impossibles à gagner et gérez la situation avec soin. Et dans la guerre, visez à gagner sans combattre car faire d'un ennemi un allié est la meilleure décision.]
En d'autres termes : [La guerre concerne la vie et la mort du peuple et doit donc être traitée comme une affaire d'une importance vitale pour la nation. Évitez de livrer des batailles que vous vous savez incapable de gagner. Si vous partez en guerre, souvenez-vous que la meilleure option est de triompher sans se battre et de faire de vos ennemis vos alliés].
Il y avait également d'autres citations telles que [Les logistiques décident de l'ordre ou du chaos dans une armée], [Les agents secrets sont les troupes les plus importantes dans une guerre] ou [Gardez à l'esprit que l'information est l'atout le plus précieux dans une guerre].
Chacune d'entre elles est incroyable. Mais ce rapport sur les agents secrets est vraiment effrayant.
Chacune de ces citations était capable de devenir un précieux héritage du clan Oda, mais le rapport sur les espions était particulièrement effrayant.
Takeda Shingen avait été utilisé comme exemple. Selon le rapport, Shingen accordait une grande importance à la collecte d'informations et se servait d'une organisation secrète appelée « Mitsumono » ou « Suha ».
Les membres de cette organisation se déguisaient en toutes sortes de gens, tels que les moines et les marchands, et récoltaient des informations dans les autres régions.
De plus, Shingen recueillait des orphelines et achetait des filles aux trafiquants d'êtres humains, les entraînait à manipuler les hommes et les envoyait partout dans le pays en tant « qu'Aruki Miko » pour mener des opérations de renseignements.
Les informations récoltaient traitaient sur de nombreux sujets tels que la situation générale du pays, les activités des vassaux, la puissance militaire, les capacités, préférences et hobbys des seigneurs de châteaux et l'infrastructure des châteaux.
Shingen analysait ces informations, les incorporait dans ses plans et menait des guerres avantageuses pour son pays, donnant à son armée la réputation d'être invaincue.
Lorsque Nobunaga avait réalisé que c'était le procédé qui avait valu à Takeda Shingen le surnom de « Sokuchō bōzu (Moine aux longues jambes) », il avait été immensément choqué.
Mais les informations sur Takeda ne s'étaient pas arrêtées là.
Une autre pile de feuilles récitait le contenu du [Kōyō gunkan], un livre de stratégie qui décrivait les stratégies et les tactiques du clan Takeda.
Ce rapport avait été compilé durant la fois où Kimyōmaru avait invité Shizuko dans son manoir.
Durant un repas, elle avait bu autant de saké que Kimyōmaru lui en avait versé.
Très vite, l'alcool était entré dans son système et, dans sa joie, elle s'était soudainement mise à parler des Takeda.
Son exposé était sur la méthode de récolte d'informations des Takeda et le [Kōyō gunkan].
Il allait sans dire que plus tard, Nobunaga avait décrété une [Interdiction de boire] à Shizuko.
Nobunaga compara les informations que Shizuko avait révélées dans son ivresse avec les renseignements qu'il avait lui-même recueillis.
Il y avait quelques incertitudes, mais Nobunaga était certain que son rapport était basé sur des faits réels.
… Comment cette fille est-elle au courant de choses que même les serviteurs les plus proches de Takeda ne savent pas ? Mais si ces informations sont vraies… non, mieux vaut ne pas s'y attarder tout de suite.
Même avec ces nouvelles informations, Nobunaga choisit de ne pas confronter Takeda.
Il jugea qu'il valait mieux continuer d'être prudent et d'envoyer des cadeaux aux Takeda et aux Uesugi pour maintenir une relation étroite avec eux.
Que ce rapport soit vrai ou non, je devrais garder mon attention sur les choses que je peux faire maintenant. Confirmer l'authenticité de ce rapport et m'en servir peut être fait plus tard.
Lorsque Nobunaga regarda la dernière feuille, il sourit légèrement.
Elle contenait le rapport suivant :
[Takeda Tokueiken Shingen est atteint d'une maladie incurable, il n'a plus qu'environ 6-7 ans à vivre.]