Chapitre 2 : L'orage et le sauvetage
La voiture d'Alexandre filait silencieusement dans les rues illuminées de Paris. Chloé, assise sur le siège passager, observait discrètement son compagnon de route. L'habitacle était plongé dans une ambiance feutrée, propice aux confidences, mais le silence entre eux restait pesant.
Alexandre gardait les yeux fixés sur la route, les mains fermement accrochées au volant. À la lumière des réverbères, son profil se dessinait avec une netteté troublante, révélant les traits sculptés de son visage. Chloé n'osait pas briser ce moment, mais une partie d'elle était curieuse d'en savoir plus sur cet homme qui l'intriguait de plus en plus.
« Merci pour la voiture », finit-elle par dire pour rompre le silence, sa voix se perdant presque dans le bruit de la pluie qui tambourinait contre les vitres.
« C'est normal », répondit-il simplement, sans la regarder. « Vous auriez été trempée en attendant un taxi sous cette pluie. »
Chloé hocha la tête, un peu décontenancée par sa froideur. Elle regarda à travers la vitre, les gouttes de pluie ruisselant sur la surface lisse, créant un flou hypnotisant. La ville défilait sous ses yeux, et pour une fois, elle se sentait comme une spectatrice dans sa propre vie, emportée par les décisions imprévisibles de cette soirée.
« Pourquoi m'avoir aidée, alors ? » demanda-t-elle, une pointe de défi dans la voix.
Alexandre tourna enfin la tête vers elle, un sourire énigmatique étirant ses lèvres. « Peut-être que j'aime jouer au bon samaritain de temps en temps. »
Elle roula des yeux, incapable de discerner s'il plaisantait ou non. Il y avait quelque chose de profondément déconcertant chez lui, comme s'il portait un masque, un mur qu'il érigeait entre lui et le monde. Mais au-delà de cette façade froide et distante, Chloé percevait une solitude, une mélancolie qui résonnait en elle de manière inexplicable.
La voiture s'arrêta enfin devant l'immeuble modeste où elle vivait. Alexandre coupa le moteur et se tourna vers elle, son expression impassible, mais son regard plus intense que jamais.
« Merci encore pour la... » commença-t-elle avant d'être interrompue.
« Vous n'avez pas à me remercier. Je vous ai vu seule et j'ai pensé que... » Il s'interrompit lui-même, comme s'il réfléchissait à la manière de formuler sa pensée. « Vous ne devriez pas être ici, Chloé. »
Elle fronça les sourcils, déstabilisée par cette remarque inattendue. « Que voulez-vous dire ? »
Il la dévisagea quelques secondes, comme s'il hésitait à en dire plus. Puis, il sembla se raviser, secouant légèrement la tête, comme pour chasser une pensée indésirable. « Rien, oubliez. Bonne soirée. »
Chloé resta un instant immobile, son regard plongé dans celui d'Alexandre, cherchant à comprendre ce qu'il venait de dire. Mais il se détourna, refermant la conversation aussi brusquement qu'il l'avait ouverte. Résignée, elle prit son sac et sortit de la voiture, la pluie battante la saisissant immédiatement.
Alors qu'elle franchissait la porte de son immeuble, elle jeta un dernier regard en arrière, espérant peut-être un signe de sa part. Mais la voiture d'Alexandre démarra et disparut dans la nuit, ne laissant derrière elle que le souvenir de ce regard énigmatique.
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Le lendemain...
Chloé se réveilla avec l'impression que la soirée de la veille n'était qu'un rêve étrange. Mais lorsqu'elle repensa à la voiture noire, à la pluie battante et à ce regard perçant, elle comprit que tout était bien réel. Elle se préparait pour sa journée de travail, tentant de chasser Alexandre de ses pensées. Mais son esprit revenait toujours vers cet homme mystérieux, et cette phrase étrange qu'il lui avait laissée : « Vous ne devriez pas être ici. »
Au café où elle travaillait, l'ambiance habituelle avait quelque chose de rassurant. Les clients réguliers venaient pour leur café matinal, les conversations légères flottaient dans l'air, et le bruit familier de la machine à expresso lui permettait de se concentrer sur des tâches simples.
Mais en fin de matinée, alors qu'elle servait un cappuccino à une cliente, elle remarqua un détail troublant. Un bouquet de roses blanches avait été déposé sur le comptoir, accompagné d'une petite carte.
« À Chloé, pour lui rappeler que parfois, les bonnes actions ne sont jamais désintéressées. — A. »
Elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Alexandre avait-il envoyé ce bouquet ? Et si oui, qu'entendait-il par ces mots ? Elle chercha désespérément dans la rue une trace de lui, mais il n'y avait personne. Juste les passants, absorbés par leur quotidien.
Lisa, sa meilleure amie et collègue, s'approcha et la taquina. « Wow, Chloé, c'est qui ton mystérieux admirateur ? Tu ne m'aurais pas parlé d'un milliardaire à la soirée d'hier soir par hasard ? »
Chloé rougit légèrement, essayant de cacher son trouble. Elle haussa les épaules pour faire bonne figure. « Je ne sais pas de quoi tu parles. »
Mais à l'intérieur, son esprit était en ébullition. Ce cadeau discret ne faisait que renforcer l'aura de mystère qui entourait Alexandre. Pourquoi semblait-il s'intéresser à elle, une simple serveuse ? Et qu'attendait-il exactement d'elle ?
Alors que la journée s'écoulait, Chloé ne pouvait s'empêcher de relire encore et encore les quelques mots sur la carte. Elle savait que sa vie avait pris un tournant la veille, même si elle n'en comprenait pas encore la portée. Et au fond d'elle-même, une étrange impatience naissait, celle de découvrir ce qui se cachait vraiment derrière le masque de cet homme si énigmatique