Après le vif affrontement dont le trio mena face à la surhumaine Fraya, pour reprendre des forces plus que nécessaires, Rai et Rajik se sont assoupis. Yoru, lui, est en comme dans une sorte de méditation. Son grimoire flotte au-dessus de lui. Le Shirenai semble être tourmenté, bougeant un peu frénétiquement. Soudain, son collier s'active. L'onde qu'il émet atteint l'arrière de son cou, à l'endroit précis où Fraya le plongea dans une profonde amnésie. Il apparaît complètement, ailleurs, conscient et sous une forme fantomatique. Ne comprenant pas où il se trouve, il voit Alnor. Croyant être encore dans la réalité, il pose une main sur son fourreau, prêt à l'attaquer sur le champ. Soudain, un éclair, tiré d'ailleurs, frôle le Zigrik. Le Shirenai, surpris de ça, tourne la tête et voit un autre lui. Cette découverte le déboussole totalement.
« Hé ! Toi là ! Lâche tout de suite ce que tu as sur toi ! » somme son double.
« C'est... C'est vraiment moi ? »
« Je ne te connais pas toi. T'es nouveau. » répond Alnor.
« Je suis arrivé par recommandation dans les rangs du Continent Central. Ma mission pour devenir mercenaire est, certes, toute autre. Mais, ton signal est identique à celui d'un Enijiakku. Je dois t'arrêter. »
« Bien, bien. Il y a des choses que tu dois savoir. Tout d'abord, tu es en train de postuler pour un peuple qui a massacré, réprimé et asservi un autre par jalousie et par orgueil. Quand au bijou que je porte, il n'a jamais appartenu aux Shirenais ! C'est une invention Zigrik ! »
« Tu bluffes ! »
Afin de se dédouaner de tout mensonge, le nouveau propriétaire du bracelet sort un document cacheté.
« Je cite ! Après ce triste massacre, une évidence me vient. Nous devons éliminer les individus extrêmes, restreindre les modérés et assouvir les novices. Sans quoi, les valeurs que nous défendons seront réduites à néant. »
« Est-ce... Vraiment la vérité ? » lui demande le double de Rai.
« Signé par un certain Densetsu. »
Après avoir compris qu'il est en train de revivre un souvenir oublié, le vrai Rai fait le rapprochement avec la statue aperçue dans le quartier général de son peuple. Soudain, une patrouille arrive sur les lieux. Reconnaissant le déserteur, ces derniers activent leurs auras sans sommation. Malgré le fait qu'il possède un Obujepawa aux propriétés interdites, Alnor, face à ce déferlement grandissant d'ennemis dans le secteur, commence à paniquer. L'autre Rai passé dégaine son katana.
« Recrue Alnor, nous vous déclarons coupables de [...] »
Le patrouilleur qui prononce ceci n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'il se trouve embroché au niveau du cœur par le Shirenai de foudre. Les deux autres guerriers réalisent à peine ce qu'il vient de se passer qu'ils se font tous abattre en une seconde de la même manière.
« J'ai réellement fait ça ?! » s'estomaque le spectateur.
L'émotion est si forte qu'il le ramène au présent. Il se découvre, katana à la main, prêt à tuer Rajik, immobile. Ses yeux sont blancs l'espace d'un instant. La moitié de son corps, des pieds au ventre, est gelé.
« Merci Yoru. Toi avoir agi pile au bon moment. »
« Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demande le manieur de foudre, totalement désorienté.
« Toi avoir fait beaucoup bruit. Nous t'avoir vu bouger partout et toi vouloir tuer moi ! »
Au pied de la culpabilité, il retire son arme.
« Je me suis vu tuer d'autres Shirenais. » leur annonce-t-il la voix tremblante.
Après les déclarations d'Alnor, maintenant cette tentative de meurtre et cette déclaration ô combien effrayante, les suspicions de Yoru grandissent. Sa posture le trahit.
« C'était si réel… »
« Puis-je avoir plus de détails sur ce que tu as vu ? »
L'avance de son ami l'interpelle, l'étrange distance qu'il avait pris à l'appui.
« Pourquoi devrais-je te parler de mes soucis alors que je sais très bien que tu nous en feras jamais part des tiens ? »
Cette question gène fortement le Zigrik.
« Rajik, jamais il ne t'a dévoilé quoique ce soit sur lui ? »
Le combattant au ki ne sait pas quoi répondre.
« Bizarre non ? »
« Moi jamais demander non plus. »
« Dis-nous, qu'est-il arrivé à celui qui t'as tout appris ? Il s'est fait réprimandé ? A-t-il subi des sanctions de la part des miens ? Est-ce qu'il se serait fait tuer juste parce qu'il osait user de son énergie ? »
« Pourquoi tu insistes comme ça envers moi ? Qu'est-ce que tu insinues là ? Dois-je rappeler à monsieur le mystère qui l'entoure ?! »
« Pas besoin ! Je le sais déjà assez comme ça ! »
Peu intéressé par la querelle naissante entre ses deux amis, Rajik cherche après les provisions dans la sacoche de Yoru.
« Surtout qu'on ne sait toujours pas pourquoi tu étais seul avec un trauma ! Et maintenant, tu nous racontes que tu t'es vu tuer certains de tes frères d'armes. C'est de plus en plus louche ! »
C'est au tour de Rai d'être gêné par la remarque de son ami. L'adepte du corps-à-corps leur tend le contenant vidé de toute nourriture.
« Quoi ?! Tu as tout manger Rajik ! Mais il y en avait pour plusieurs jours ! »
« Moi promettre que moi pas y toucher aux provisions ! Raï avoir du tout mangé oui ! »
« Pas du tout ! Ça ne peut être que Yoru, il a la sacoche toujours sur lui ! »
« Pardon ?! Tu me crois capable de ça ? Qu'est-ce que j'ai fait pour devoir vous supporter ! »
« Moi pouvoir pas faire baston si pas manger ! »
« Goinfre comme tu es ça doit être toi. »
« En tout cas ce n'est pas moi. » insiste Rai.
« Maintenant qu'on sait que tu es somnambule, tu as sans doute taper dans notre réserve de nourriture ! »
« Mais puisque je vous dis que je n'ai rien à voir là-dedans ! »
« Nourriture pas disparaître comme ça. Si ni moi, ni Yoru, forcément toi Rai. »
« Mais puisque [...] »
« Ça suffit ! Je vais me rafraîchir de vos délires ailleurs ! »
Lassé de tout ça, Yoru s'en va dans la seconde. Son partenaire de longue date tente de le rattraper. Une onde de froid le convint de ne pas poursuivre, à contre cœur.
« Tu vois ce que tu viens de faire ? » lui demande le Shirenai.
« Toi penser moi être coupable ? Puisque ça être comme ça, moi me défouler ailleurs ! »
C'est à son tour de s'en aller. Ne sachant pas trop quoi faire, Rai s'éloigne tout en repensant à toute la conversation. Au bout de plusieurs minutes, seul, au milieu de nulle part, il se sent de plus en plus mal à l'aise. En ce qui concerne Rajik, il en a assez d'être toujours accusé, uniquement parce qu'il ne parle pas bien ou qu'il veut que la castagne ou encore qu'il mange trop. Au lieu d'avouer ses tords, il préfère admettre qu'il aime ça et qu'il n'y a aucun mal dedans ! Quand à Yoru, il se demande sincèrement pourquoi il s'est empêtré dans cette galère et commence à croire qu'il a l'art de s'attirer des ennuis. Pendant ce temps, Fraya poursuit sa quête.
« Péopar Ki ! »
Dans le seul et unique but de se décharger de toute frustration trop grande, elle frappe un arbre. Une onde de choc est créée, le déchirant en multiples morceaux. Comprenant que la situation s'enlise depuis trop longtemps, Alnor se décide à agir. Tout à coup, il apparaît derrière elle avec son procédé habituel. Sentant sa présence, elle se retourne. Surprise, elle recule.
« Qui êtes-vous ? »
« Celui qui t'aidera dans ta quête. »
Ne croyant rien du tout de ce que cet ahuri lui prononce, elle poursuit sa marche.
« Tu es aussi à la recherche du Kirioku. »
Dès qu'elle entend ce mot, elle se fige sur place. Jamais quelqu'un ne l'a prononcé depuis qu'elle a débarqué ici. Qui est-il ? Un semblable ? Non. Impossible. Quoique, avec le cas Rajik, il y aurait de quoi avoir des doutes.
« Sans moi, tu ne le trouveras certainement pas. »
« Ah oui ? Alors... Pourquoi vous n'allez pas le chercher vous même tout de suite au lieu de poireauter avec moi ? »
« Quelle importance ! Tout ce que je peux te dire, c'est que jamais tu ne le trouveras sans l'aide de quelqu'un comme moi ! »
Tout ceci n'est qu'une comédie. Un être aussi arrogant ne mérite pas d'être écouté. Ainsi, elle poursuit son chemin sans prêter plus d'attention que ça. Assez irrité face à autant de résistance, il réapparaît devant elle via une autre faille.
« Tu viens vraiment à retourner là-bas ? »
A cause de cette question lourde de sens, elle croit qu'il est juste un allié des Shirenais. Fraya fonce sur lui sans utiliser de techniques. Il l'esquive avec une facilité déconcertante grâce à une ouverture invoquée sous lui. Pendant plusieurs longues secondes, elle le cherche. Ce n'est qu'après ces dernières, qu'il revient derrière elle. Nouvelle tentative. Nouvel échec. L'adepte de l'énergie neutre ne comprend pas par quel miracle il réussit ça.
« Que sais-tu de moi ?! »
« Tu souhaites te venger, n'est-ce pas ? » improvise-t-il sans réellement connaître les motivations de sa proie.
Un silence s'en suit. Il a visé juste du premier coup. Maintenant, il ne faut pas la lâcher. A la moindre dérape, plus jamais elle n'engagera quelconque dialogue avec lui. Elle est beaucoup trop précieuse pour la suite des événements.
« Je t'ai observée lors de ton dernier affrontement. Tu es douée, très douée. Mais tu ne seras pas en mesure de vaincre un mercenaire expérimenté. Je vais être franc avec toi. Tu veux savoir pourquoi je ne le prends pas pour moi ? J'en suis tout simplement incapable. J'aimerais juste vérifier si la légende est vraie. J'étudie le monde qui nous entoure. Je veux le comprendre. Si tu l'endosses, je n'irai jamais contre toi. Je ne te force en rien. Croiser quelqu'un qui s'y intéresse est si rare ! »
Cette tirade la surprend. Pendant un instant, elle cherche à vérifier s'il est sincère, retraçant même leur bref affrontement. Jamais il n'a cherché à l'attaquer. Juste cette preuve suffit à la convaincre dans un premier temps.
« Que voulez-vous en échange ? »
« Avant toute chose, il y a des choses que tu dois savoir pour mettre la main dessus. Selon la légende, seules les personnes qui ont souffert d'une injustice peuvent l'utiliser. C'est l'unique condition. Le massacre perpétré il y a deux cents ans est une triste conséquence d'une injustice perpétrée par les Shirenais face à mes ancêtres. Une personne comme toi par exemple. Le souci que je rencontre c'est qu'une barrière protège le Kirioku. Protection que je suis incapable de briser. Pour ce que je veux en échange, c'est que tu me suives et que tu fasses tout ce que je te dis pendant une année complète. Je ne te force en rien. Après, il n'y a rien qui m'empêche d'aider une autre personne souffrant aussi d'une injustice. »
Son argumentaire, plutôt cohérent, la touche. S'il l'aide à l'obtenir, rien ne l'empêchera par la suite de lui rendre la pareille. Après tout, tous les deux partagent une sensibilité commune. Et puis, un an, c'est quoi comparé à ce qu'elle a vécu ? Rien.
« C'est d'accord ! » répond-elle avec aplomb.
Tout de suite, comme lorsqu'il a abordé Arito, il sort un parchemin, vierge sur le dessus mais un sceau sur le verso.
« Très bien alors signe ce contrat qui t'obligera à faire ce que tu viens de dire. Ainsi, j'aurai une garantie plus grande que ta seule parole. Incruste ton énergie dessus. »
Ce qu'elle fait sans hésiter. Au toucher, elle transfère une petite partie de son ki sur le parchemin. Une très légère flamme violette s'incruste dans la peau de Fraya sans qu'elle ne s'en rende compte.
« Pour la suite, il faut que tu te rendes à Safaiatera. Le Kirioku y est enfermé. »
Elle déplie la carte en espérant y repérer quelconque indication ressemblant à ce qu'il vient d'énoncer. Et, en effet, en forçant un peu sur le décryptage, elle parvient à lire à moitié le nom de l'endroit. Grâce à ça, elle se trace un chemin.
« Vous êtes sûr de votre coup ? »
« Si tu me rends ce service, non seulement tu accompliras ton objectif grâce à moi, mais, en plus, aucun Shirenai ne posera la main sur toi. »
Sans exiger plus amples explications, motivée par l'occasion qui s'offre, elle s'en va. Lorsqu'elle n'est plus dans son champ de vision, il laisse enfin son enthousiasme s'exprimer dans un rire ambigu. Tout se déroule à merveille ! Bien qu'à un moment donné, il a peur qu'elle lui tourne le dos définitivement. Alors qu'il se sentait apaisé, une onde de chaleur l'atteint. Elle appartient à un géomancien. Est-ce un Shirenai ? Si c'est le cas, encore une gêne pour son précieux pion. Chose qu'il ne peut se permettre à présent. Avant d'aller à sa rencontre, il se repose un peu. Entre temps, Rajik, les poings serrés, effectue quelques mouvements.
« Un jour, moi prouver à tout le monde que moi être fort ! Plus fort qu'un Shirenai ou un Enijiakku ! »
Soudain, il aperçoit Fraya s'en aller en courant. Il la reconnaît. Mais, au lieu d'alerter ses amis comme d'habitude, il s'en abstient, les jugeant même être trop idiots. La présence d'une sorte de trace énergétique de couleur violet dans la traînée que Fraya laisse sur son passage lui donne des frissons dans le dos. Il voit une nouvelle fois un symbole en forme d'œil unique inversé.
« Danger arriver ! »
Il court en direction de Rai, qu'il repère grâce à son flair. Justement, ce dernier est resté dans ses méandres émotionnels, jusqu'à même penser que se disputer pour une chose aussi stupide, c'est inutile. C'est à ce moment-là que Rajik le rejoint.
« Moi avoir senti danger ! Moi avoir vu femme qui nous a tabassé avec du violet autour d'elle ! »
« Qu'est-ce que tu racontes encore ? Du violet ? Elle s'est maquillée ? »
« Non ! Comme de la poussière violette ! Moi pas pouvoir expliquer pourquoi mais moi sentir danger ! Devoir aller voir Yoru tout de suite ! »
« Mais il […] »
Afin d'éviter une discussion inutile, dans un élan d'adrénaline, il prend instinctivement Rai par le poignet, repère l'odeur de son ami Zigrik et l'emmène avec lui. Peu importe s'il n'est pas content, l'urgence est ailleurs. Enfin, du côté de l'ancien disciple de Kigzir, il regarde le ciel, perdu dans ses pensées, à demander intérieurement à son défunt de mentor ce qu'il aurait pensé de lui en ce moment, malgré son caractère très cartésien. Qu'aurait-il fait à sa place ? Pour une fois, il ne tient pas son tendre grimoire entre les bras, laissé à même le sol.
La pensée d'admettre qu'Arito ferait un meilleur héritier lui frôle la réflexion. Alors qu'il était sur le point de l'abandonner, au tout dernier moment, ses amis le rejoignent.
« Que faites-vous là ? » s'étonne-t-il en s'empressant de reprendre à la hâte son ouvrage.
« Rajik dit qu'il a senti du danger. Il a aperçu la femme qu'on a essayé de sauver avec une poussière violette derrière elle. »
« Oui et alors ? Elle nous a repoussé. Je m'en fiche complètement de ce qui peut lui arriver. »
Rajik est frustré de ne pas pouvoir convaincre le glacial Zigrik par les mots. Le premier réflexe qui lui vient est de s'avancer vers lui en serrant un poing. Rai l'arrête à temps et pose un genou à terre.
« Je suis désolé de ce que j'ai dit. J'ai manqué de tact. Je comprends que tu aies des doutes vis-à-vis de tout ce que j'ai pu raconter. Ça me terrifie au plus haut point. Plus qu'avant, je ne sais pas où me placer en tant que Shirenai. Sans doute que la frustration que je ressens par rapport à tout ça commence à trop se manifester. Yoru, je tiens à m'excuser. Pardon. C'est juste que... Quand Rajik ressent quelque chose, il ne s'est jamais trompé. Je veux lui faire confiance et aller aider cette femme, même si elle en veut contre moi. »
L'amplitude émotionnelle délivrée par sa tirade atteint même celui qui l'a amené là. Peu désireux de dévoiler au grand jour quelconque faiblesse, selon lui, ce dernier détourne un peu la tête.
« J'accepte tes excuses Rai. » déclare avec sobriété l'aquamancien.
Le Shirenai se relève, soulagé d'un poids. Alors que ses deux compagnons de voyage pensaient qu'il ne prêtait guère attention depuis, Yoru essaye de percer le mystère de la poussière violette.
« Moi avoir vu autre chose... Moi pas savoir comment dire... Moi avoir vu truc comme ça là sur vous ! » indique-t-il en pointant du doigt un œil sur chacun d'eux.
« Ça ? » demande Rai en comprenant ce qu'il désigne.
« Oui ! Violet lui aussi ! »
Une description aussi simple que curieuse intrigue le Zigrik. Tout de suite, il consulte son grimoire. Après une recherche minutieuse, son propriétaire ne trouve rien de concordant avec cette indication un peu sommaire.
« Où l'as-tu vu pour la dernière fois ? » demande-t-il.
« Elle partir par là ! Moi pouvoir retrouver elle ! »
« Parfait. Partons vite à sa poursuite. Enfin, si tu es d'accord, Yoru. »
« Tant que nous gardons une certaine prudence, oui. »
Après que Rajik leur tendit le poing en signe de ralliement et qu'ils aient accepté de joindre les leurs, ils se mettent en route en courant. Pendant ce temps-là, non loin de là, Endalia, pour évacuer sa profonde frustration, détruit à mains nues une de ses créations.
« Il m'a encore volé une proie ! » vocifère-t-elle.
Aussitôt, elle remplace celle qu'elle a détruit pour la réduire en poussière l'instant d'après. Cette action est répétée trois fois.
« J'en ai marre qu'on me ridiculise de la sorte ! D'abord, comment une simple peste comme elle a pu m'humilier de la sorte ! Ça n'a aucun putain de sens ! Et, ensuite, c'est quoi cette histoire merdique d'amnésie que m'invente Yukito ? Il est réellement sérieux ou fait semblant de ne plus me calculer ?! Je suis quoi pour lui ?! Vous me saoulez ! Tous ! »
Alnor, attiré par les invocations à répétition, émanant une chaleur assez particulière tout de même, sort alors d'une faille et aperçoit la responsable. Tout de suite, il identifie sa nature Zigrik.
« Shirenais de merde ! Meurtriers ! Menteurs ! Manipulateurs ! Je vous hais tant ! Surtout toi, Yukito ! »
Enthousiasmé par ce qu'il vient d'entendre, il s'approche d'elle.
« Peu importe le temps que ça me prendra, mais je vous transformerai en pantins l'un après l'autre ! »
« Voilà qui nous fait un point commun. » lui répond-il.
Elle se retourne, surprise de ne pas avoir senti sa présence.
« Qui êtes-vous ? »
« Quelqu'un qui peut t'aider. »
« Ah oui vraiment ? » répond-elle ironiquement.
« Tout comme toi, je hais ces Shirenais de malheur qui pourrissent nos vies. Ces ordures qui nous rabaissent sans cesse, qui se croient au centre du monde. Il faut que ça cesse. Je peux te fournir ce que tu veux en échange de... Disons... Ta fidélité. »
Ce mot en particulier la fait éclater de rire. Devant cette attitude plus qu'effrayante que surprenante, le Zigrik au bracelet reste impassible.
« T'es vraiment un marrant toi. »
Elle sort son gant muni de lames en acier.
« Feras-tu le mariole face à ça ?! »
« Bel Obujepawa, je le concède. »
C'est alors qu'il dévoile le sien.
« Non... Ce n'est pas possible. » s'émerveille l'invocatrice, totalement subjuguée.
« J'en déduis que tu sais ce que c'est. »
« Comment l'as-tu eu ? »
« Héritage du grand Kigzir ! »
Estomaquée de voir le légendaire bracelet d'Orzlon se présenter à elle, l'ambition de tuer son possesseur pour s'en emparer caresse son esprit. Avec un tel bijou entre ses mains, plus rien ni personne ne pourra l'humilier. Ni cette peste, ni même Yukito.
« Les Shirenais ne doivent plus exister. Ce sont des nuisibles à l'évolution. Il est temps de changer tout ça. Veux-tu me suivre ? »
« C'est beau à entendre. Trop beau même. Ce n'est pas gratuit, n'est-ce pas ? »
« Belle perspicacité. Ce que je demande en échange, c'est d'être à mes ordres pendant un an complet. Tu n'auras juste qu'à signer ceci. Si, bien sur, tu les hais tout autant les Shirenais que moi. Peut-être même qu'il y en a plus particulièrement que tu méprises plus que les autres. » lui affirme-t-il en lui tendant le même type de parchemin présenté face à Arito et Fraya.
La pertinence de ses propos suffit à la convaincre, sans écarter le stratagème qu'elle s'est crée. Elle prend le morceau de papier. Une légère aura verte émane de sa main et s'incruste dessus en guise de signature. Le même processus instauré avec les deux premiers pions se répète. Alnor reprend le parchemin.
« Va au Nord de ta position. Dès que tu tomberas sur des ruines, ce sera là. Pense à te planquer, juste au cas où des Shirenais viendraient gêner les opérations. »
« Attention, si vous m'avez dupée, je me ferai un plaisir de m'occuper de [...] »
Il l'interrompt brutalement an activant son aura, devenue plus violacée qu'avant. C'est la première fois qu'elle voit cette couleur se manifester. Serait-ce un nouvel élément conféré par le légendaire bracelet ? Ceci aiguise son appétit de s'en emparer dès que l'occasion se présentera.
« Je prends la responsabilité d'être le garant de la suprématie Zigrik. Si les opérations réussissent grâce à toi, non seulement tu auras une place de choix, mais tu seras libre d'exercer tes pouvoirs. Fais-moi confiance. »
Comme aucune ouverture ne se présente et qu'elle ne sait pas quoi répondre, elle préfère partir sagement. Ses invocations la suivent au pas. Alnor est plutôt satisfait de s'être créée une garde rapprochée, sachant pertinemment qu'il en aura besoin si le Conseil se décide à pointer le bout de son nez. Ce ne sera qu'une diversion le temps que Fraya puisse enfiler le fameux Kirioku. Une fois ceci fait, il pourra dire adieu à Kigen. La victoire approche.