Avec tous les élèves, nous nous dirigeons vers le murs et nous mettons en rang comme la veille. Un des professeur, Arthur, nous demande de le suivre, au dernier étage.
Nous commençons les cours de technique avec Arthur. C'est la première fois que nous entrons dans les bureaux. Je trouve cette pièce... Bizarre, enfin je n'y suis pas très à l'aise. Aucune possibilité de connaître l'heure avec pour seule lumière des néons froids.
Il n'y a aucune fenêtre pour ne pas qu'il y ai de reflet sur les écrans. Je trouve cette salle oppressante bien qu'immense. La pièce est remplie de bureau blanc avec des dizaines d'ordinateurs et de chaises alignés comme a l'école sauf qu'au lieu d'être les unes derrières les autres, les rangées sont toutes organisées de sorte de regarder vers le centre de la pièce. Tout à l'air récent, dernier cri. Au centre de la pièce, un immense carré blanc, servant de bureau central avec quelques papiers et dossiers dessus. Sur tous les plafonds se trouvent des ventilateurs pour qu'il ne fasse pas trop chaud dans la pièce.
Comme les braves – diplômés – travaillent également sur ces mêmes bureaux, nous n'avons que trente chaises réservés. Pour ma part, je prend place le plus près possible et dos à la porte, donc, le plus loin possible du carré, des braves, de nos enseignants bref... De tout le monde. A ma gauche, se tenait une élève dont je ne connais pas le nom, je crois que c'est Laura, mais ça m'importe peu d'ailleurs, cette fille est rousse, les yeux bleus avec des tâches de rousseur. Sur ma droite, il y a une seconde fille, ma taille, blonde.
- Bonjour, aujourd'hui je vais vous enseigner les cours de technique et pour savoir à peut prêt où vous en êtes niveau stratège, vous allez vous mettre par deux et je vais vous donner un problème, à vous de trouver la solution.
- En quoi ça consiste ? Demande Savannah, une élève.
- C'est simple, par deux, pour voir si vous savez résoudre un problème. Pour savoir si vous êtes logique ou pas. Si vous n'êtes pas d'accord une fois qu'une stratégie a été énoncée, libre à vous de l'exprimer. Je n'interviendrai pas, je suis un soldat des bureaux pas de terrain.
- Mais moi si, intervient James.
J'ai fait un bond sur mon siège, je me retourne et aperçois James, appuyer contre l'encadrement de la porte, les bras croisés, un regard froid mais super beau.
Mais qu'est-ce que je raconte ? Je le trouve pas si beau que ça... Enfin si...
James s'avance et nous fixe tous, un à un, es bras croisés dans le dos, faisant ressortir ses biceps. Je trouve James de plus en plus impressionnant et intéressant, je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas seulement physiquement, enfin, c'est plus son charisme, sa prestance et son allure que je trouve... Saisissant.
- Mettez-vous deux par deux, ordonne Arthur.
Oups ! Je sens que celui qui va devoir se mettre avec moi ne va pas être heureux de devoir le faire...
La fille de ma droite, s'approche de moi, avec beaucoup d'assurance. Contrairement à ce que je pensais elle vient directement me proposer de me mettre avec elle. Elle est aussi petite que moi, beaucoup plus jolie, elle est blonde et les yeux bleus, bien proportionnée.
- Salut me dit-elle.
- Bonjour.
- Je m'appelle Aurore et toi Kristen. J'espère que tu es douée parce que quand il s'agit d'être logique, je suis très nulle... Et encore, le mot est faible s'esclaffe-elle.
- On verra bien. Mais quelque chose me dit qu'il n'est pas là pour nous enseigner les maths.
- Je ne pense pas non plus.
Elle rigole, encore. Son rire est musical et enjoué. La mélodie du bonheur. Aurore approche son siège près du mien. Nous regardons attentivement ce qu'Arthur marque sur le carré. Une fois qu'il eu fini d'écrire, il manipule quelque chose sur le carré et nous fait apparaître sa question, comme si le carré était un rétroprojecteur.
« Quelle stratégie avoir en cas d'émeute ? »
C'est quoi cette question ?
Aurore et moi, nous avons fixés un moment cette question, je suis sûr que nous avons tous fait de même. Les braves, eux, trouvaient ça, si facile qu'on les entendait rire devant notre incompétence. Je silence du côté des élève était très révélateur de notre ignorance.
- Je n'en sais rien moi. Tous les frapper un bon coup pour leur remettre les idées en place. Me dit joyeusement Aurore.
Je pouffe discrètement. Lorsque je lève la tête, mon regard croise celui de James. Je cesse de rire. Je ne suis toujours pas arrivés à mettre un mot sur la beauté de ses yeux, ni sur cette électricité qui me transperçait quand je le regardais.
Je dois rester concentrée et pas être distraite par... Lui, ses yeux, se sourire qu'il avait à la cafétéria.
Je baisse la tête et réfléchis.
J'ai une idée ! Espérons qu'Aurore ne se moquera pas de moi et que personne ne m'entendra, histoire de ne pas me ridiculiser.
- On sort le taser ! Reprend t-elle d'une voix amusée.
- Moi, je ferais plutôt en sorte de contenir et de canaliser l'émeute grâce à des soldats avec le minimum de violence parce qu'ils ne sont que des civils égarés, tout en leur laissant une porte de sortie s'ils veulent ne plus en faire partie.
- Bravo, tu as raison. Me dit James.
Encore une fois, je fais un bond sur ma chaise, surprise par la discrétion de ses pas ou par mon manque d'attention. Je le regard, essayant de calmer les battements de mon cœur mais rien à faire. Encore une fois, une décharge électrique s'empara de moi, une électricité à réveiller un mort. Je souris respectueusement en déclarant :
- Merci, monsieur. Mais Aurore m'a beaucoup aidée.
James fronce les sourcils. Il sait que je mens, mais c'est un travail d'équipe.
- Arthur, on a la solution. Lui dit James.
- Tout le monde s'arrête. Ordonne Arthur.
Tout le monde s'exécute, en essayant de deviner qui a eu la réponse.
- Kristen, je peux savoir ta stratégie ? Reprend Arthur.
- C'est Aurore. Dis-je en la regardant.
Toi qui adore te faire remarquer... Parle !
- Euh oui... Je ferais en sorte de contenir et de canaliser l'émeute grâce à des soldats avec le minimum de violence parce qu'ils ne sont que des civiles égarés, tout en leur laissant une porte de sortie s'ils ne veulent plus en faire partie.
D'un coup, les braves présents dans les bureaux se mettent à applaudir chaleureusement Aurore. Ne se faisant pas prier, celle-ci se leva et s'inclina pour saluer son « public ».
- Félicitation, tu es un fin stratège Aurore. Déclare Arthur.
- Je n'ai pas fais ça seule. Dit-elle en me regardant, reconnaissante.
- Ça on sait, marmonne James.
Il l'a dit assez fort pour que je l'entende. À mon tour, je fronce les sourcils. Aurore a l'air mal à l'aise, c'est la première fois que je la vois rougir. En même temps, ce n'est pas comme si nous étions copine depuis longtemps.
Elle en serait... Touchante. On dirait une petite fille prise la main dans le sac.
James me regarde, furibond.
Mais qu'est-ce que ça peut lui faire ?
- Mais c'est nul, intervient Josh.
James se met devant lui, encore plus en colère, les bras croisés.
- Sa stratégie est peut être nul en effet, si on demande à des soldats comme toi d'intervenir. C'était quoi ton idée à toi ? Demande froidement James.
- Arrêter les civils qui ne coopèrent pas.
- Et que fais-tu de leur droit d'expression, si l'émeute part d'une manifestation ?
- Je n'avais pas réfléchis à ça.
- Alors réfléchis la prochaine fois avant de l'ouvrir, ça pourrait t'être utile.
Arthur n'est pas intervenu. Il nous avait dit qu'il n'interviendrait pas en cas de conflit, de ce genre.
- Allez manger... Pas toi Kristen. Ordonne James.
- James ? Questionne Arthur.
- Plus tard Arthur, répond James.
- Bien, dans ce cas... Vous avez entendu, allez manger, dit à nouveau Arthur.
- Kristen, tu restes. Ordonne une nouvelle fois James.
- Bien, monsieur.
Les élèves partent, suivis d'Arthur, sauf Aurore qui est encore là, nous sommes debout, l'une à côté de l'autre. Les braves se sont éclipsés juste un peu avant l'intervention de Josh.
- Tu manges avec moi ?
- Oui, réponds-je surprise. Je te rejoins.
Aurore disparaît. James se positionne devant moi, l'électricité n'est plus la, mais une peur horrible s'empare de moi. Je suis seule, avec une personne que je ne connais pas, un homme beaucoup plus fort que moi. James me détend cependant en gardant une certaine distance et en souriant, son visage est détendu et ses yeux émeraudes ne montrent aucune colère.
- Pourquoi tu as dis à tout le monde que c'était la stratégie d'Aurore ?
- Pour deux raisons, monsieur.
- James. Les cours sont finis, me déclare t-il gentiment.
- Je préfère m'en tenir au monsieur, comme je vous l'ai déjà dis.
- Tu es très têtue.
C'est quoi cette réflexion ?
- Mon père m'a enseigné le respect c'est tout.
- Tu penses que m'appeler par mon prénom quand je t'y autorise ferais de toi une personne irrespectueuse ? M'interroge t-il, surpris.
- Là n'est pas la question. Vous êtes mon supérieur, avec ou sans votre accord, pendant, avant ou après les cours, vous restez le même, mon supérieur et si je cesse de vous appeler monsieur, c'est l'enseignement de mon père que je remettrai en question, c'est envisageable pour moi.
Il ne répond pas, touche sa lèvre inférieur avec son index, comme si ce que je venais de lui dire avait besoin d'être réfléchit. J'attends, en essayant de ne pas m'attarder sur le doigt qu'il a porté sur sa bouche.
Il va peut être me dire d'aller manger... ? Ou pas !
James arbore un sourire magnifique, de toutes ses dents, blanches et alignées.
- Tu m'impressionnes... Alors les raisons ?
- Premièrement, nous étions en équipe, je n'ai pas à en retirer toute la gloire...
Son haussement de sourcils me montre sa stupéfaction devant ma réponse.
- Deuxièmement, je déteste me faire remarquer et Aurore a l'air d'adorer ça.
Je ricane, rougissante, je ne me suis pas trompée, Aurore adore se faire remarquer.
- Content que ça te fasses rire. Cependant... Ta première raison est valable, la seconde est... Incroyablement stupide.
Je ne glousse plus et le silence tombe, encore !
- Je peux aller manger, monsieur ?
- Oui Kristen, tu t'es très bien comportée aujourd'hui, tu es un fin stratège.
- Je tiens ça de ma mère sans doute.
Je ricane en baissant la tête, lorsque je crois l'entendre ricaner à son tour, je le regarde. Je ne me suis pas trompée, il me fait un demi-sourire. Un sourire auquel, toutes femmes digne de ce nom, succomberaient. Toute l'électricité que cet homme me procure me consume, il faut que je parte, vite.
- À tout à l'heure Kristen.
- Monsieur.
Il secoue la tête. Je sais que je suis butée mais c'est comme ça. Je descends les escaliers en gardant l'image de ce magnifique sourire auquel j'ai eu droit. Je rejoins Aurore à la cafétéria, avant tout, j'ai vérifié l'état de mes pommettes, qu'elles n'aient pas virées au rouge à cause de cet « entretien », non, elles sont normales.
Aurore est avec Savannah et Josh. Savannah est aussi grande que Josh, elle est brune, les cheveux vraiment noir avec les yeux chocolats et Josh, lui, est châtain, les yeux bleus.
Pourquoi est-ce que toutes ses filles sont jolies exceptées moi ? Je ne suis pas une fille envieuse normalement mais là...
- Enfin te voilà. Savannah et Josh n'arrête pas de s'embrasser, je me sentais seule à force de tenir la chandelle. Ils sont en couple depuis trois ou quatre mois. Je suis contente de te connaître.
- Moi aussi.
- Je suis très contente qu'on s'entende bien aussi. Merci d'avoir dit que c'était mon idée, j'adore qu'on me remarque pour mes qualités. Plaisante t-elle.
- Nous sommes une équipe. Il n'y a aucune raison qu'une seule d'entre nous soit un fin stratège.
- Merci. Heureusement, cet après-midi, nous avons le maniement des armes.
- Pourquoi heureusement ?
- Parce que je veux vraiment apprendre. Me dit-elle enthousiaste.
Elle mime le geste de tenir une arme.
- Là, je pourrais viser et tirer sur tout ce qui ne me plaît pas. Je pourrais tirer sur l'affreux tableau de mon père qui trône fièrement sur la cheminée.
- Un tableau ?
- Oui, mon père a un tableau horrible sur la cheminée, une truc abstrait... Bizarre.
- Ton père à quoi, comme don ?
- Réalisation et ce tableau, c'est son œuvre. Se moque t-elle.
- Hé sinon, les amoureux ? Ce serait sympa que vous mangiez au lieu de boire la salive l'un de l'autre. Dis-je.
Savannah et Josh se détachent et me lance, comme un seul homme, un regard noir.
- Tu as raison. Mangeons. Décrète Josh.
- Oui, bon appétit, beau goss. Déclare Savannah.
- Merci pour nous, ricane Aurore.
- Oui, bon appétit à vous aussi, nous dit Savannah sans aucun enthousiasme.
Après le repas, nous montons au second étage. Une fois rentrée, je remarque qu'à ma gauche, se trouve des armoires remplis d'armes et à ma droite il y a comme plein de mur qui forme des boxes, une cinquantaine. Nous nous plaçons devant le boxe où se trouve notre prénom comme nous l'a ordonné James.
- Vous avez tous une arme, que nous vous avons posé au hasard. Si celle que vous avez ne vous convient pas, vous pourrez en choisir une autre, jusqu'à ce que vous trouviez celle qui vous convient. Sachez que le boxe où vous serez aujourd'hui sera le même jusqu'aux examens.
Je ne met pas longtemps à trouver mon boxe, c'est le dernier, tout au fond. Dommage, moi qui adore être proche de la porte pour pouvoir m'enfuir à toute vitesse en cas d'agression.
- Je vais vous faire à tous, une démonstration, un par un. Explique James.
Lorsque je me place dans mon boxe, je vois que la cible est à 15 mètres.
Je me suis déjà entraînée avec mon frère, notre grand-père nous a appris. Nos parents n'étaient pas pour mais ils savaient que sur l'île, c'était un jeu comme un autre et que nous ne risquions rien dans les bois. Nous allions souvent dans la forêt, avec une arme pour tirer sur des canettes, j'éloigne la cible à 25 mètre.
À en juger par l'état des murs, cette pièce doit souvent être rafistolé par des tirs perdu. Il y a déjà des trous partout fait par mes « copains de classe ».
Lorsque James arrive à mon boxe, le bruit de tous les tires retentissaient déjà. Des morceaux de cible – ainsi que des morceaux de murs – volaient en éclat à travers la pièce. Un nuage de poussière c'était installé dans la salle, ce fin brouillard voilait légèrement ma cible mais rien qui ne puisse me faire changer mes plans. Je ne raterais pas ma cible éloigné de 25 mètres. Je ne suis pas vantarde, mais je sais que j'en suis capable.
James me tend la main pour que je lui donne l'arme qui m'est été donnée.
- Pour ton arme, tu enlèves la sécurité de cette...
J'enlève la sécurité. Je braque mon arme sur la cible et vise...
- Tu devrais rapprocher ta cible, tu n'y arriveras pas, entre l'éloignement et la poussière...
Sans me préoccuper de ses paroles, je tire et atteins la cible en plein milieu. Je me retourne vers James qui a l'air troublé, voire déconcerté.
- C'est... Impressionnant, dit-il avec une moue boudeuse.
Je trouve sa moue trop belle, sa lèvre inférieur en avant, renflée contrairement à sa lèvre, d'ordinaire si fine... À croquer.
Je pars trop loin. Terrain miné... MAYDAY ! N'importe quoi, je dois sortir de là. Sa lèvre...
Je tend l'arme à James, elle ne me convient pas.
- Le 357 magnum est très jolie mais je préférerai un calibre 22LR.
- Tu t'y connais en arme ? S'étonne James.
- Ce n'est pas la première fois que j'en utilise une.
Je grimace à cette confidence.
Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? « Ne dis jamais à personne que tu sais utilisé une arme ma chérie » me répétait mon grand-père.
- Je connais les armes à feu, ma mère a un bouquin dessus, il y a toutes les armes que nous possédons sur l'île pour qu'en cas de blessure, qu'elle soit à même de les soigner. Je lui ai emprunté un jour.
Quant à James... Je jugerais que sa mâchoire pouvait heurter le sol s'il ne se contrôlait pas. Il sors l'arme de son fourreau, je la saisie, vise et tire, encore en plein milieu.
- Comment ça se fait, que tu saches tirer ?
D'un coup, un énorme silence tombe, tous les élève se sont arrêtés et je ne suis pas du genre à me vanter, donc je ne dis rien. James doit le comprendre à ma façon de me recroqueviller sur moi-même parce qu'il ordonne :
- Je ne vous ai pas dit d'arrêter.
Les tirs se remettent à fuser.
- Je vous l'ai dis. Ce n'est pas la première fois. Avec mon frère nous adorions aller dans nos bois pour tirer sur des canettes.
- Intéressant.
- Personne ne voulait nous fréquenter à cause de nos « parents contre nature» alors on s'occupait de cette façon.
Pourquoi quand c'est lui, le filtre entre mon cerveau et ma bouche ne fonctionne pas ?
En plus de mettre compromise, j'ai mis mon frère dans l'histoire. James me regarde un moment, sans rien dire, il frappe dans ses mains, c'est alors que tous les tirs cessent puis déclare tout à coup à la classe entière :
- Bien, le cours est terminé. Vous pouvez rentrer chez vous. Ordonne t-il à tous les élèves.
Nous nous regardons encore, je commence à partir.
- Reste, s'il te plaît.
Il est poli dans sa façon de parler mais je vois dans ses yeux, qu'il n'est pas content, les iris émeraudes si rassurante se sont changées en noirs démoniaque. J'essayais d'avaler ma salive pour garder mon calme, mais même ce geste ne mettait plus instinctif. Encore une fois j'allais me retrouver seule, avec cet homme, plus fort que moi mais ce qui est encore plus angoissant, c'est que la porte se trouve loin de moi. Je reprend ma position de brave, je relève la tête, croise mes bras dans le dos, écarte légèrement mes pieds.
- Oui, monsieur.
Qu'est-ce qu'il me veut ? Pourquoi je trouve toujours le moyen de m'attirer ses foudres ?
Une fois que la porte se ferme, James s'approche de moi et croise les bras. Ses yeux sont durs, ses traits du visage fermés. J'ai le sang figé, mon cœur s'est arrêté et mon cerveau est en pause. Je dois sortir d'ici mais ce ne sera possible que lorsqu'il m'aura dit pourquoi je suis encore ici.
Il reste silencieux. Impatiente, je l'incite à parler.
- Quelque chose ne va pas, monsieur ? Reprends-je.
Il sursaute, comme si ma question le réanimait, lui aussi devait avoir mit son cerveau en pause.
- Bien évidemment que quelque chose ne va pas ! Te servir d'une arme, non enregistrée, avec laquelle tu aurais pu te blesser, blesser ton frère ou pire, s'énerve t-il.
Je fronce les sourcils, lui se frottait la nuque, nerveusement, détourne mon regard et commence à faire les cents pas.
- Je ne vois pas en quoi ça vous regarde ! Me défends-je.
Je regrette immédiatement mes paroles. James se fige et me lance un regard tellement noir que ça me fait peur. Je l'ai encore plus énervé que nécessaire, ce maudit filtre entre mon cerveau et ma bouche !
- Si, ça me regarde ! Une enfant ne doit pas jouer avec le feu. Surtout sans don, en te blessant, sans avoir la possibilité de guérir vite. Me gronde t-il, affolé.
- Je ne suis pas une enfant, lui fais-je remarquée, très contrariée.
- Je devrais arrêter tes parents pour port d'armes illégales, pour mise en danger d'autrui, ils risquent la prison à vie et pour avoir risqué ta vie...
Ça va trop loin !
D'un geste sec de la main, je coupe James. Surprit par mon geste, il me regarde et arrête de parler, un air de défi flotte sur son visage.
- Je vous arrête ! Mes parents m'ont très bien élevée et m'ont appris à distinguer le bien du mal, ils m'ont toujours protégés, de moi-même quand c'était nécessaire mais je n'étais pas une enfant jouant avec le feu, j'étais une fille consciente de l'arme qu'elle avait dans les mains. Arme que mon grand-père Charles Davis, m'a légué à sa mort. C'était son arme de service, voilà pourquoi j'ai lu un bouquin pour apprendre tout ce qu'il fallait apprendre sur le calibre 22LR et j'ai suivi les conseils de mon grand-père lorsqu'il m'a appris à tirer avant son décédé l'an dernier.
Son cerveau se met encore en pause, comme mais pas dans le mode, « je suis en colère » non, c'est comme si mon comportement le choquait.
- Donc personne ne sera arrêté ou je ne sais quoi d'autre. Reprends-je.
- Mais... Mais les seuls braves pouvant léguer une arme de service à un descendant sont...
- Les chefs. Mon grand-père a été l'un d'eux, avant de partir à la retraite. Si vous ne me croyez pas, demandez aux chefs actuels. Maintenant si vous voulez bien m'excusez, je rentre chez moi.
- Kristen...
- Monsieur, dis-je, d'un ton très glacial.
- Je suis désolé, tu sais, une enfant qui joue avec le feu, n'était qu'une expression.
Jouer avec le feu, je ne le fais pas... Pour ce qui est de l'enfant, j'ai quinze ans mais mon père m'a toujours dit que je faisais plus que mon âge mentalement, je trouvais ça très bien, mais aujourd'hui je vois que vous avez dix-sept ans et vous vous comportez comme si vous en aviez trente et que vous étiez mon père.
- Non, c'est...
- Rien du tout, le coupé-je, vous me hurlez dessus sans me connaître, vous me faites la leçon sans savoir et par dessus tout, vous menacez les gens que j'aime. Un professeur sévère et un professeur que l'on respecte peuvent être un seul et même professeur... Mais ce n'est pas votre cas. J'ai un bus à prendre. Au revoir, monsieur.
Je le plante là, folle de rage.
Il m'a traité d'enfant qui joue avec le feu... J'ai l'air d'une enfant qui joue avec le feu ? Et cette façon qu'il a de m'enguirlander quand ça lui chante, d'un côté, j'aime qu'il soit comme ça, j'ai l'impression de compter pour lui, bien que je sais que ce n'est pas ça. Mais de l'autre côté, c'est vraiment chiant, je déteste me faire remarquer, me faire engueuler et tout ce qui s'y rapporte.
Je repasse toute cette discutions dans ma tête. Une fois calmée, je me rends compte que j'ai été trop loin. Je décide d'attendre James en bas de l'escalier.
- Kristen ? M'appelle-il, surpris.
- Monsieur, je voulais m'excuser, je n'aurais pas dû vous parler de cette façon.
- Ne t'en fais pas, c'est déjà oublié.
- J'y tiens. Je vous ai dit qu'un professeur sévère et un que l'on respecte peut être une seule et même personne, vous en faites parti. J'ai dit le contraire, mais je ne le pensais pas, donc je vous demande de m'excuser.
- Accepter...
Il soupire et frotte sa tête avec la paume de sa main droite.
- Jamais de ma vie je n'ai dit ce que je vais te dire. Mais je suis conscient de devoir le faire alors... Je m'excuse également, Kristen.
- Merci.
- Rentres chez toi.
- Bien monsieur, à demain.
- À demain.
Nous nous regardons dans les yeux, un courant invisible passe entre nous. Je le trouve intense, il me fait vibrer de l'intérieur, comme pour me réchauffer. Encore plus fort que l'électricité qui me traverse habituellement. Je ne sais pas pourquoi, mais de savoir que j'aurais l'occasion de le revoir demain, me plaît infiniment. Je pars en direction de la sortie en prenant le soin de ne pas courir, ni de trébucher. Je croise Aurore.
- Hé, ça va ? Tu as été longue, qu'est ce qu'il te voulait ?
- Rien d'important, il m'a juste demandé comment ça se faisait que je savais tirer et je lui ai expliqué.
- C'est tout ?
- Oui, mais le temps de lui expliquer pourquoi, comment... On a discuter.
- Il te plaît, hein ?
- Non, c'est mon professeur, nous avons parlé d'arme, de mon grand-père, qui était un chef brave il n'y a pas très longtemps.
- C'est tout ? Me demande Aurore, suspicieuse.
- Arrête de me poser cette question. Oui, c'est tout. Je te le promet. Dis-moi, je change de sujet. Tu sais, la salle des souvenirs...
- Cette salle me fait flipper.
Quand le regard d'Aurore change et que sa peau pâlit, j'angoisse à mon tour.
- Pourquoi ?
- Je sais que cette salle va nous servir à affronter notre peur la plus létale contre nous. Pour ma part j'ai peur d'être seule.
- Seule ?
- J'avais huit ans à la mort de ma mère, mon père est partit de la maison pendant près de quinze jours, il rénovait le siège donc, il m'a laissé toute seule. Le silence, la solitude, l'abandon, le noir, le froid... Ce tout me fait peur.
- Je comprends.
- Tu as une peur toi... Je veux dire... Insurmontable ?
- Oui... Mais je n'en parle pas . Je ne veux pas revivre ça.
- Je n'insiste pas, je vois bien que ta peur te bouleverse avant même d'en avoir parlé. Allez on rentre.
- Tu sais, je suis heureuse que nous soyons amie toutes les deux.
- Kristen, tu es la meilleure amie que je n'ai jamais eu.
- Toi aussi, Aurore.
Nous montons dans le bus des braves qui nous conduis au siège.
- Bonsoir Mitch.
- Bonsoir Kristen, comment c'est passée ta journée ?
- Mieux que je ne l'espérais.
- Ne t'en fais pas, tout ira pour le mieux. Demain est un jour nouveau. Il ne faut pas...
- Il ne faut pas ce focaliser sur les points négatifs mais essayer de prendre du recul pour comprendre nos erreurs afin de les corriger tout en accentuant nos point positifs.
Mitch me regarde, stupéfait.
- Tu m'as coupé l'herbe sous le pied. Comment connais-tu cette citation ?
- Mon père est un sage. J'ai beaucoup appris de lui.
- Qui est ton père ?
- Joseph. Joseph Davis.
- Les contre...
Mitch gêné ne termine pas sa phrase.
- Oui, on nous appelles les contres-natures.
- Je suis désolé Kristen. Je te prie de me pardonner d'être si maladroit et blessant.
- Je ne vous en veux pas, vous savez, contre-nature, fille de sage, de connaisseuse, de culturiste... Je suis juste... Moi.
Mitch ricane.
- Tu fais vraiment honneur à ton père. Jamais je ne me suis permis de l'appeler le contre-nature, j'aurais du t'accorder le respect qui t'es du. Excuse-moi encore.
- Ça ne fait rien Mitch, je vous assure.
Encore une fois, le temps passé au côté de Mitch fut si agréable que je n'ai pas vu le trajet se dérouler. Je salue Aurore en agitant ma main une fois sortie du bus pour rejoindre mon frère qui m'attendait patiemment sur un banc avec un jeune garçon.
Au bout des quatre semaines, je ne m'en suis pas mal tirés, je suis très douées même, première en technique, je suis cinquième en maniement des armes, armes à feu et armes blanches. Je suis cinquième parce que certains se sont beaucoup améliorés mais aussi parce que James a jugé plus juste de me faire faire des exercices plus en accord avec mon niveau mais je ne lâche rien. Je compte bien reprendre ma place de numéro 1 très bientôt. Les élèves sont toujours à tirer sur leur cible immobile. Moi, je dois tirer sur des cible qui se présente, les une après les autres en évitant les pièges comme une « cible-civils » à ne surtout pas toucher.
- Tu as vraiment de la chance, me dit Aurore en me tirant de ma rêverie.
- Pourquoi ?
- T'as un don pour le maniement des armes et t'as un cerveau immense pour les stratagèmes.
- Oui, si mes résultats ne bougent pas et que je suis troisième ou mieux pour les combats, je pourrais choisir ce que je veux faire plus tard, mais vu la trouille que j'ai des contacts physique il me faudrait finir première dans les deux premières catégories et essayer de faire de mon mieux pour la dernière.
Je n'ai pas révélé ma peur à Aurore, elle l'a deviné. Je lui ai dis en avoir peur mais aussi ne pas comprendre le besoin de toucher des gens que l'on ne connaît pas toute la journée.
Il y a des choses beaucoup plus intéressante à faire, par exemple, réfléchir à comment sauver Fulgur et le reste du monde. Si les gens réfléchissaient à ça à chaque fois qu'ils veulent embrasser ou tripoter ou même frapper quelqu'un, nous aurions déjà peut être la solution que je suis désespérément seule à chercher aujourd'hui.
- Ouais, ou sinon, tu dois prier pour surmonter ta peur des contacts physiques avant les examens.
Aurore me tire de mon monologue intérieur et je me reconnecte avec le monde qui m'entoure.
- Oui, tu as raison, il me faudrait un miracle.