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Chapter 13 - des questions existentielles

Le soir, je rentre du siège à chez moi à pied, mais contrairement à d'habitude je marche la tête haute. Je repense à James, à son baiser, à la sensation de ses lèvres sur les miennes. Je rentre par le salon. Mon père, assit sur le canapé entrain de lire sa Bible pose les yeux sur moi et doit voir que je suis différente.

- Mon enfant, ça va ?

- Oui, très bien, merci.

- Viens, allons marcher et discuter.

- OK.

- Pourquoi ce regard plein d'étoile ?

- Je... euh...

- Viens, sortons !

Nous partons dans notre jardin. C'est notre petit rituel quand nous devons parler. Nous avons un potager, un jardin de rose blanche et rouge et une balançoire. Sur le chemin qui mène jusqu'à la balançoire, je n'arrêtes pas de sourire.

- Kristy ?

- Oui ?

- Mon enfant, arrête de sourire comme ça. Me dit-il gentiment.

- Je suis désolée mais je n'y arrive pas.

- Pourquoi donc ?

- Je ne peux pas m'en empêcher.

Je vois les yeux de mon père passer du noir au citrine, pour fouiller en moi.

- Papa. Ne lis pas en moi.

- Alors...Raconte moi. Me demande t-il avec un grand sourire, ses yeux à nouveau noirs.

- Papa, je suis amoureuse, j'avais peur quand il me touchait au début, rien que sa main sur mon épaule me faisait peur et aujourd'hui... Il m'a embrassé. Je me suis sentie bien dans ses bras, aucune peur, aucun cauchemar... Juste lui et moi.

Je vois l'émotion dans les yeux de mon père et son immense sourire.

- C'est bien que tu sois arrivée à passer au dessus de ce traumatisme Kristy.

- L'amour nous pousse à nous dépasser.

- C'est vrai. Alors... Ma petite fille, amoureuse ?

- Papa, sans amour, je ne l'aurais jamais autorisé à...

- Je sais ma fille.

- Tu sais ?

- Je suis heureux que l'amour te soit donné. Comment s'appelle t-il ? C'est un élève de ta classe ?

- Non papa... Il a vingt ans, c'est mon professeur, il s'appelle James.

- Ah, James.

Il sourit maintenant avec tendresse. Je regrette de ne pas arriver à lire en lui. Ça m'aiderai beaucoup actuellement.

- Tu ne me pose pas plus de question ?

- Ma fille, si tu as laissée ce garçon t'embrasser c'est que tu le pense digne de toi, ton cœur le pense également. Je sais t'avoir bien élevée. Je me fis à ton jugement.

- Je me souviens du père de maman et sa... Protection maladive envers maman. Tu es juste heureux pour moi ?

- Bien sûr Kristy, si tu es heureuse et amoureuse, je n'y vois aucun inconvénient. Dieu a créé l'amour, le père de ta mère était un connaisseur, mais son comportement était simplement dû à nos natures contraire. J'aurais été un connaisseur, rien de tout cela n'aurait eu lieu, ajoute t-il.

- Tu es juste content que je sois avec un brave ?

- Oh non, tu es amoureuse d'un cœur, pas d'un don. J'aurais été heureux dans tous les cas.

J'erre un peu dans la forêt ce soir, espérant voir Raven, j'attends presque une heure avant de le voir près de l'arbre où nous nous sommes rencontrés.

- Kristen, je savais que vous seriez là.

- Raven, je ne sais pas si vous aviez raison, si je suis l'Élue ou non, mais grâce à vous, j'ai aujourd'hui la preuve que l'amour peut m'aider à surmonter les épreuves. J'y arriverais et même si je ne suis pas l'Élue, je vous aiderais, je souhaite tellement que vous et vos semblables puissiez être aussi heureux que je le suis maintenant.

- Voilà pourquoi je sais que c'est vous Kristen. Vous êtes le cœur pur que nous cherchions. Reposez-vous, je dois rejoindre les miens, demain, je serais à la cafétéria des braves, nous ne devons pas leur faire comprendre que vous me connaissez.

- Très bien. Au revoir, Raven.

- Au revoir, Kristen.

Le lendemain, je monte dans le bus, mon sourire d'idiote aux lèvres.

- Bonjour, me salue Mitch.

- Bonjour Mitch.

- Tu m'as l'air aussi heureuse et enjouée qu'hier Kristen.

- C'est vrai, depuis hier je me sens magnifiquement bien.

Mon sourire s'étend encore plus sur mes lèvres, Mitch ne relève pas. Lorsque nous arrivons chez les braves, je me sens rougir. Comme tous les jours avec les autres élèves nous nous alignons, en position de brave. Léo, Arthur et James viennent nous saluer. Je préfère ignorer James jusqu'à ce que nous soyons dans la salle. Peut-être qu'on pourra discuter.

Je monte les escaliers, suivis par Aurore, nous franchissons la porte blanche et nous replaçons en position de brave devant l'immense banc sur la gauche. Arthur et Léo on disparut, sans doute l'un à son poste dans les bureaux et le second avec le second groupe d'élèves. James passe devant tout le monde, il inspecte leur tenue – comme Léo nous l'avait signalé il y aurait ce genre d'inspection, il note notre tenue, nous sommes des soldats et devons être irréprochable.

- Josh, je te sais particulièrement mauvais en stratégie mais je pensais que personne n'en avait besoin pour bien attaché ses boutons de veste, apparemment je me suis trompé, lui raille James.

Savannah qui trouve ça drôle, glousse comme une écolière, le regard froid et dur de James l'arrête immédiatement.

- C'est bien de rire mais il faut le faire quand c'est drôle Savannah, pas pour se moquer d'un ami.

David est félicité d'un hochement de tête par James ainsi que Fabien, Steven, Stacy, Justine, Patrick, Kelly, Achille Quentin et Aurore.

- Léna, tu devrais savoir qu'il est important d'attacher ses lacets, non ?

- Oui, monsieur mais je n'ai pas eu le temps de...

- Je m'en fou de ton excuse. Les lacets doivent être fait et doivent être fait de sorte de tenir toute la journée.

- Oui monsieur.

Léna est gênée par la remarque désobligeante de James qui se comporte comme un homme de Neandertal aujourd'hui.

- Suzanne tes cheveux. Tu as besoin que je joue à la coiffeuse ou tu sais te les attacher toute seule.

Sans répondre, Suzanne prend un élastique à cheveux et se les noues en queue de cheval. Quand James arrive à moi, je ne sais pas trop quoi faire, il me scrute de haut en bas, sans rien laisser paraître. Je sais avoir fait attention à ma tenue, ainsi qu'à mes lacets, je me suis tressées les cheveux ce matin. Le regard de James reste impassible, même lorsque le noir de mes yeux plonge dans l'émeraude des siens.

Est-ce mon professeur, James ou mon petit ami ? Où est notre alchimie ? Notre connexion invisible ? Où est l'homme dont je suis amoureuse ?

- Bonjour à tous, finit-il par lancer.

- Bonjour, monsieur, dis-je avec un grand sourire.

James fronce les sourcils et me regarde, curieusement, comme si une deuxième tête m'avait poussée dans la nuit.

Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ?

- Bonjour, me dit-il froidement.

Sur ce bref et sec salue, je regarde James s'éloigner, abasourdie.

- Arrête de sourire comme ça, tu as l'air carrément bête, me conseille Aurore.

- Merci Aurore.

C'est le professeur auquel j'ai droit aujourd'hui, j'espère ! Me serais-je trompée sur lui ? Non, impossible. On ne peut pas inventer un baiser avec autant d'intensité s'il n'est pas sincère.

C'est plus la dureté de ses paroles à lui, que les remarques de Aurore qui me font redescendre sur terre.

- Aujourd'hui, vous allez vous mettre par deux, comme vous êtes en nombre impaire, l'un de vous ne se battra pas... Kristen ? M'appelle James.

- Monsieur ?

- Aujourd'hui, tu restes assise.

Je ne sais pas si je dois le remercier ou non pour ça. Je l'aurais sans doute fait, si son ordre n'avait pas été aussi froid et formel.

- Bien monsieur.

- Installez-vous, mettez-vous deux par deux et battez-vous. Ordonne James aux autres élèves.

Je suis dans mon coin à regarder les autres travailler. James ne s'occupe pas du tout de moi. Je regarde Léna et Aurore, se battre tout en s'amusant, James, s'occupe de Josh et David, je ne sais pas trop de quoi il en retourne. Il a beau être en face de moi, je l'indiffère totalement.

Qu'est ce que je croyais ? Je suis amoureuse de lui, il n'a fait que m'embrasser deux ou trois fois, pareil il a déjà embrasser plein de filles. Quand il s'est rendu compte que j'embrassai mal et que certaines conquêtes l'embrassaient mieux, il m'a... Oubliée et jetée sans équivoque. Je pensais qu'il m'avait mise hors des combats à cause de ma peur, mais puisqu'il ne s'occupe pas de moi, c'est seulement qu'il regrette ce qui c'est passé.

Mes yeux commencent à se remplir de larmes. J'en ai assez ! Je préfère partir. J'essuie mes larmes, prend mes affaires qui se trouve être à l'opposé du banc sur lequel je suis installée depuis des heures et sors la tête haute. Je longe la pièce, en regardant James.

Après tout, je défie mon prof en faisant ça. Je m'en fiche, le prof, je le déteste. Il le sait, je le sais.

D'un coup, je vois qu'il me regarde.

- Qu'est-ce que tu fais Kristen ? Me demande férocement mon professeur.

Je ne vais pas lui répondre, après tout, ça se voit ce que je fais, non ?

Tout le monde a arrêtés les combats. J'ouvre la porte.

- Je ne pense pas vous avoir donné l'ordre d'arrêter. Alors battez-vous.

Il ne va pas me suivre. Il m'a ignoré, il n'a qu'a continuer. Je m'en fiche... Non, en fait, je suis blessée.

Je me change dans mon vestiaire et redescend dans la salle des tirs. Je prend un calibre 22LR dans l'armoire des armes et vide mon chargeur sur la cible qui se trouve dans mon enclos, le dernier de la salle, celui le plus éloignés de la porte. Je vise entre les deux yeux et le plexus solaire.

J'ai laissé un homme m'embrasser par amour mais lui l'a fait par pitié. Mais que je suis conne !

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Je décide de sortir, j'ai besoin de prendre l'air. Une fois dehors, je m'assois sur le banc, tout fraîchement installé.

- Kris ?

James.

- Et merde !

L'ignorant délibérément, je me relève et recommence à partir, je ne sais pas vraiment où je vais, il vaudrait mieux me réfugier dans les toilettes des filles, comme une lâche. Je contourne James pour rentrer dans le bâtiment.

- Kristen, je t'ai cherché partout, je commençais à m'inquiéter en ne te trouvant pas...

Je continue à marcher, comme si je ne le voyais et ne l'entendais pas, bien qu'il y ai de l'affolement dans sa voix.

- Peux tu t'arrêter ? Je voudrais qu'on parle.

Sa voix est de plus en plus remplit d'angoisse mais je m'en fiche.

- Tu m'as ignoré jusque maintenant, continue.

- Kristen Davis ! Me lance t-il de sa voix autoritaire et professionnelle.

Je me stoppe devant le portail et prend ma position de brave face à lui, sans avoir eu le temps de franchir l'entrée de l'enceinte.

- Monsieur ? Dis-je, sarcastique.

- Encore, « monsieur » ? Je préfère quand tu m'appelles James, je suis moins mal à l'aise.

Ne contenant plus ma colère, je lâche.

- Moi, c'est cette situation qui me rend mal à l'aise.

- Quoi ? Murmure t-il.

- Tu m'embrasses un jour, le lendemain tu m'ignores carrément... Je ne sais pas comment je dois me comporter avec toi...

Je trouve son silence long, alors je reprend, de plus en plus énervée.

- Tu regrettes qu'on se soit embrassé ? Tu préfères être mon prof plutôt que mon petit ami ? Qu'est-ce que tu veux ?

Il s'approche de moi, les bras tendus, je recule mais lui avance. Il essuie des larmes sur mes joues que j'ignorais avoir, puis prend ma tête entre ses mains, lorsque ses paumes entrent en contact avec mes joues, je ferme les yeux, apaisée. Il m'embrasse. Quand ce baiser se termine, je plonge dans son regard émeraude, une main toujours dans ses cheveux cuivrés et rebelle. Mon autre main caresse sa joue, son sourire éblouissant me redonne à mon tour le sourire. Les mains de James sont sur mes hanches bien que l'une d'elle caresse parfois ma tresse ou ma joue.

- Excuse-moi, bébé. Moi aussi cette situation me dépasse.

J'aime bien quand il m'appelle bébé, Kris, bébé... C'est bien le seul à m'appeler par des surnoms ridicules et me rendre à la fois belle et sexy par eux.

- Ce que nous allons faire... Reprend-il. Pendant les heures de cours, je suis juste ton professeur, tu me vouvoies etc et en dehors je suis ton petit ami.

- Mais pourquoi tu m'as choisi moi, pour ne pas me battre ? Pourquoi tu m'ignores comme ça ?

- Je t'ai désigné toi parce que tu pourras t'entraîner avec ton petit ami en dehors des cours. Tu as encore très peur des contacts physiques et je...

- Tu as fais ça pour moi ?

Cette idée m'a vaguement traversée l'esprit mais je ne sais plus pourquoi, elle me paraissait insensée.

- Bien sûr et je ferais plus si je pouvais. Et pour ce qui est de t'ignorer, c'est parce que...

James me lâche, il baisse la tête. Nerveusement, il se frotte la nuque et reprend.

- Quand tu es là... Tu me déconcentres alors j'essaie de ne pas te regarder. Et puis, après nos baisers d'hier... Dès que je te regarde, je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer, encore et encore... Mais en cours, je suis ton professeur.

Je souris, heureuse de cette réponse. Je prend les mains de James dans les miennes et entrelaces nos doigts. Ce contact peut paraître bénin mais pour moi, il veut dire énormément. À part mes parents et mon frère, il est le seul à qui j'ai confiance pour de tels contacts et c'est aussi un contact que mes parents ont lorsqu'ils veulent se dire en silence qu'ils s'aiment. Lorsqu'ils ont ce geste, on voit bien qu'ils ne font plus qu'un, on le ressent comme eux doivent le ressentir et aujourd'hui j'ai la chance de le ressentir avec cet homme merveilleux.

Je perçois tant d'amour, de tendresse, de respect et d'harmonie dans ce geste, dans nos doigts entrelacés. Cette... Évidence.

- L'explication me va. Excuse-moi, je n'aurais pas dû partir comme ça, te défier... C'était nul.

- À vrai dire, moi, j'ai trouvé ça sexy... M'avoue-il, avec son sourire en coin. Ma petite rebelle.

Je glousse. Une sonnerie retentit, c'est la fin des cours.

- Comme c'est la fin des cours, j'ai le droit à un baiser ?

- C'est un ordre ? M'interroge-il.

- Oui, ricané-je.

Il m'embrasse, mes mains sont sur son torse et les siennes sont sur ma taille.

- Tu me rejoins dans cinq minutes, dans la salle des combats.

- Oui, James.

- Rien que quand tu prononces mon prénom, tu me déconcentres.

- James... Le taquiné-je.

- Tu vas me rendre fou.

Je rigole, James effleure à nouveau ma joue du dos de sa main et part. Cinq minutes après, je le rejoins en cours. La salle est vide, il n'y a que lui et moi. Je porte un pantalon de sport et une veste mais dessous, je n'ai qu'une brassière. Je me suis changée en sortant des cours sans prendre la peine de réfléchir.

Merde, je n'avais pas pensé m'entraîner avec James. Je pensais me battre seule contre un sac après les cours...

- Tu es prête ? Me demande t-il.

- Oui.

- Sers-toi de ta rapidité et de ton agilité.

- D'accord, ça veut dire quoi ?

James me sourit tendrement.

- Le mieux, c'est que tu attaques la première et que lorsque ton adversaire s'élance pour te donner un coup, esquive le et attaque encore.

- D'accord.

Ça doit faire trois heures que je me bats contre James. Au début, dès qu'il me frappait et me touchait, il s'excusait car il croyait qu'il me faisait peur. Hors je sais aujourd'hui que ses contacts physiques ne sont pas mal intentionnés donc je n'en ai plus peurs.

J'ai chaud !

- Enlève ta veste et met toi à l'aise. Me conseille James en voyant que je n'en pouvais plus.

- Non, je...

Je baisse la tête, à nouveau timide et empourprée. Ma respiration est saccadée, je suis à bout de souffle. Épuisée.

- Quoi ? Me demande t-il.

Il ricane, je sais qu'il adore me voir rougir, j'ignore pourquoi. Peut être parce que quand je rougis, il arrive à lire un peu en moi.

- Je ne porte qu'une brassière et...

Quand j'entends le ridicule de ma phrase, je deviens muette.

- Et ?

- Je ne suis pas très...

- Tu as honte de ton corps ? Me demande t-il très surpris.

Il fronce les sourcils, comme s'il ne comprenait pas pourquoi.

Oui, surtout devant toi.

- Non, c'est juste que je suis... Pudique. Mentis-je.

- Je comprends.

Là, c'est à mon tour de ricaner, son air sérieux ne m'arrête pas.

- Ça m'étonnerai, quand on a un corps aussi beau le tien, la pudeur ne doit pas exister, me moqué-je.

- Si, je suis pudique. Insiste t-il.

- Tu parles.

- Je t'assure, je suis très pudique. Maintient-il encore.

Lorsque je regarde James, je m'aperçois qu'il parle sérieusement. Avant d'avoir pu lui dire à quel point il est magnifique à mes yeux, il enlève son tee-shirt. Toute trace d'humour cesse. J'admire ses abdos dessinés, sa fine ligne de poil sur le ventre, son petit duvet sur son torse. Je me recul pour le regarder, pour admirer ses pectoraux monter et descendre au rythme de sa respiration.

Bon sang, qu'il est beau. Si lui est pudique avec ce corps là, j'arrive à un stage où ce n'est plus de la pudeur... James possède un vrai corps d'homme, moi je possède un corps d'adolescente.

- Qu'est-ce que tu fais ? Dis-je pour ne pas m'évanouir devant sa perfection.

- Je me met torse nu.

- Je vois, mais pourquoi ?

- Parce que comme ça, devant toi, je ne suis pas à l'aise. Maintenant enlève ta veste.

- Pourquoi ? Murmuré-je.

- Je suis mal à l'aise comme ça, tu peux te mettre mal à l'aise devant moi. On sera à égalité. Je ne suis pas là pour te juger.

- Tu es mal à l'aise ? Demandé-je étonnée.

- Oui, j'ai vécu toute ma vie avec mon père. C'est une personne aimante, je n'ai manqué de rien, sauf peut-être de contact humain. Je n'ai jamais eu d'embrassade ou de réconfort. Je ne sais pas ce que c'est les « contacts physiques » et les rapports dit « normaux. ». Je ne me méfie pas des contacts autant que toi mais ils ne me viennent pas naturellement. Je ne me suis jamais autant dévêtu devant quelqu'un.

Il rougit de m'avouer ça.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande-il.

- Tu n'as pas à être mal à l'aise. Tu es tellement beau, m'extasie-je.

- Merci Kristen, soupire t-il.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je suis... soulagé de te plaire.

- Ce n'est pas qu'une question de me plaire physiquement. Tout ce que tu es me plaît.

Toi, ton sourire, tes yeux, ta façon de me protéger, ta bonté...

James se rapproche d'un pas mal-assuré.

- Je peux ? Le questionné-je en tendant ma main vers son torse pour le toucher.

- Si tu veux.

Le son de sa voix est froide et indifférente mais je vois bien qu'il se méfie de mon approche. Ne voulant pas le bousculer je lui caresse les mains et remonte sur ses bras nus, puis son visage. Du regard, je suis ma main, je ne pose mes yeux que lorsque je caresse son visage. J'embrasse tendrement James, un baiser chaste au départ mais de plus en plus intense. James doit se sentir plus à l'aise car il prend mes mains et les posent de lui-même sur son torse nu.

Bon sang qu'il est musclé !

Une fois ce baiser terminé, les mains de James sont sur les miennes, qui se trouvent être encore sur son torse nu. Nos souffles sont rauques

- J'aime tellement quand tu me touches Kris. Me déclare t-il dans un soupire, ses yeux toujours fermés.

- J'aime tellement te toucher James.

Nos fronts sont l'un contre l'autre. Mes yeux sont ouverts et admiratif de cet homme que j'aime. Lorsque James ré-ouvre ses yeux, l'émeraude de ses prunelles me fait fondre. Je dessine avec mon pouce sur sa lèvre inférieur étirée par son sourire, lui caresse mes cheveux, toujours collé l'un à l'autre. J'adore les yeux de James, sa bouche, son sourire... J'adore son physique mais surtout son psychique.

- Et moi à côté, j'ai rien... Même pas un demi physique à peu près potable. Quand il va me voir, c'est certain, il va rire... Puis me quitter pour une autre... Pour mieux...

À cette pensée, je m'écarte un peu de James et baisse la tête, incapable de le regarder dans les yeux à présent.

- Qu'est ce qu'il y a ? Me demande James

- Je ne suis pas très...

Je secoue la tête et reprends

- Tu es pudique mais je suis complexée.

James s'écarte franchement de moi et me dévisage sans retenue.

- Tu ne devrais pas. Allez, dépêche toi.

- Je n'ai que dix-sept ans et je ne suis...

- Une femme Kris. Allez, enlève ça.

Je me met en brassière devant lui, complexée, je resserre mes bras sur ma poitrine. James me force à le regarder lui, plutôt que mes pieds. Il me caresse tendrement les joues en souriant.

- Tu es magnifique.

Il m'embrasse les mains sur ma taille, mes mains à moi sont sur son torse. Il me relâche.

- Allez, on reprend.

James et moi nous entraînons encore.

- Ça va ? Pardon, je...

- Ne t'excuse pas. On reprend.

Je me remet sur mes défenses, je ne crains plus son touché, je sais qu'il ne va pas me faire de mal. James sourit de toutes ses dents.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu es fascinante...

J'ai une idée...

Je m'approche de lui, séductrice, tentatrice, je pose mes mains sur ses joues, le contact est rugueux, il ne s'est pas rasé ce matin. Ce contact m'émerveille.

- C'est vrai ?

- Tu me fascines...

- J'aime bien te faire cet effet là.

Je m'approche encore plus de lui, met mes bras autour de son cou.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je l'embrasse, ce qui le déconcentre. Il sourit en coin, ravi de cette approche.

- Je te demandais... Qu'est-ce que tu fais ? Reprend t-il d'une voix éraillée.

Je fait papillonner mes cils et lui répond d'une voix mielleuse.

- Je te bat.

Sur ce, je le met à terre.

- Tu as triché, ricane t-il étalé sur le tatami.

- Non, tu m'as dis de me battre avec mes atouts, dis-je en haussant innocemment les épaules.

- Bien. C'est vrai que tu es un bel atout.

Je lui tend la main pour l'aider à se relever. Au lieu de ça, il me tire à lui et je lui tombe dessus. Nous nous embrassons, passionnément, nos langues dansent un balai. Je me positionne sur lui à califourchon, sans cesser de l'embrasser, je sens les mains de James se balader dans mon dos, une main reste contre ma nuque, mes mains à moi sont dans ses cheveux cuivrés foncés et rebelle. Je tire dessus pour que James continue à m'embrasser. Il me soulève et m'allonge sous lui, nous nous regardons, hypnotisé par l'autre.

- Tu me rend fou, Kris.

Il se lève.

- C'est dur de rester sage...

Il tousse pour s'éclaircir la voix.

- Quand tu m'embrasses comme ça, reprend-il.

Je ressens la même chose, mais je préfère qu'on attende. Je pense que ça ne serait tardé, si en effet, on continue à s'embrasser comme ça.

Il se relève et m'aide à faire de même.

- James...

- Allez on reprend le combat. Me coupe t-il.

- À choisir, je préférerai mon petit ami plutôt que mon professeur là maintenant, tout de suite.

- Si tu es fatiguée, on peut s'arrêter.

- Oui, je préférerai. Demain, ce sont les examens et je voudrais ne pas être courbaturée.

- Tu as raison.

- J'ai toujours raison, ricané-je.

Le soir est déjà là, il me faut prendre le bus pour rentrer chez moi. Dès que les portes de celui-ci s'ouvre, je suis accueillis par l'immense sourire de Mitch.

- Kristen, ton sourire illumine ma journée.

- C'est gentil Mitch.

- Comment c'est passé ta journée ?

- Parfaitement bien.

- Au risque d'être indiscret, depuis quelques temps je te trouve... Plus heureuse. Est-ce l'amour qui te donne des ailes ?

- Je sais que tu pourrais facilement lire en moi grâce à ton don et je te remercie de ne pas le faire donc je vais te répondre... Il n'y a que ça qui donne des ailes.

- Je le savais, sourit Mitch.

Je descends du bus en souhaitant une bonne soirée à Mitch. Je n'ai pas le temps de dire bonsoir à Aurore car Cyril m'attend.

- Coucou Cyril.

- Salut petite sœur, comment s'est passée ta journée ? Tu me paraît... Différente.

- Je me sens différente.

Avec mon frère, la conversation s'arrête là car nous sommes arrivés et Cyril veut réviser.

- Bonsoir papa, salué-je mon père.

- Bonsoir mon enfant. Comment s'est passée ta journée ?

- Je me suis entraînée avec James aux combats à mains nues encore aujourd'hui. J'ai l'impression que plus nous nous entraînons, moins je redoute les contacts physiques violents si je peux dire ça comme ça.

- C'est vraiment merveilleux ma fille. Je suis heureux que tu sois arrivée à donner ta confiance à une personne extérieur à la famille.

- Je suis heureuse.

Aujourd'hui, c'est mon dernier entraînement avec James. Comme tous les jours, les élèves des deux groupes finissent plus tôt – James a eu l'accord de la direction pour s'occuper de moi et de ma peur des contacts physique – je me retrouve donc seule avec James, nous nous sommes entraînés près d'une heure.

- Tu t'es bien améliorée bébé, je suis super fière de toi. Tu es vraiment plus rapide et encore plus agile que je ne l'aurais cru.

Merci.

James m'embrasse tendrement et chastement.

- James, pourquoi tu a été professeur cette année ? Je veux dire, tu as eu ton diplôme l'an dernier, tout comme Arthur et Léo.

- Ça a toujours été la dernière génération qui enseigne la catégorie où il a terminé en premier.

- Mais si tu avais finis premier dans deux catégories ?

- J'aurai choisi celle dans laquelle je voulais enseigner et l'autre catégorie aurait été enseigné par le second.

- Pourquoi s'embêter à changer tous les ans ?

- Pour que les élèves se surpassent, ça leur donne un challenge en plus. On récompense les bons élèves et cela leur donnera une responsabilité, une chance encore, de se surpasser.

- Ouah, impressionnant.

- Non, c'est nécessaire, le fait d'être prof cette année m'a beaucoup appris. Gérer une classe sera inscrit dans mon dossier et si je veux être chef brave un jour, ils verront que je peux gérer une équipe, que je peux gérer des soldats. Ça motivera les élèves et ça doit te motiver.

- Mais vous ne les prévenez pas ?

- Si, nous allons vous le dire demain. Avant les examens.

- D'accord.

- À mon tour de t'interroger. Si tu avais le choix, dans quel section tu voudrais être transférée ?

- Tu n'as pas lu mes réponses sur le questionnaire ?

- Je n'y ai pas pensé, je me suis dis que tu m'en parlerais de toi-même.

James hausse ses épaules, pour lui, ça tombe sous le sens.

- Je veux être dans les rangs, à tes côtés. Dis-je fièrement.

- Pourquoi pas dans les bureaux ? Niveau stratégie t'es super douée.

- Oui, mais je préfère être dans les rangs. Risquer ma vie pour celle des autres c'est ce que mon cœur veut.

- Ton cœur ?

- Oui, mon père m'a toujours dit que mon cœur me guiderait dans mes choix et je l'écoute, je veux être dans les rangs.

- OK.

James est bizarre tout d'un coup. Son visage se ferme, devient impassible pour que je ne puissepas lire en lui.

- Ça va ?

- Oui.

- Qui va me remettre mon diplôme ?

- Moi, nous avons divisé la classe en trois.

- C'est parfait, je devrai te serrer la main et t'appeler « monsieur » ?

- Oui. Ricane t-il.

- Une dernière question, je peux ?

- Oui, mais que si je peux moi aussi t'en poser une dernière.

- OK, est ce que j'ai été la seule à aller dans la salle des souvenirs ?

- Non, il y en a quatre autres.

- Leur peur c'était quoi ?

- C'est une troisième question ça.

- Oui, pardon, ne répond pas. C'était très indiscret. À toi, ta question.

- Est ce qu'il ne vaudrait pas mieux que tu sois dans les bureaux ?

Mais qu'est-ce qui lui prend ?

- Non... Je veux être sur le terrain, avec toi. - Pourquoi ça te gêne ?

- Quatre question ? Allez, j'y vais, à demain.

- À demain.

Il a l'air contrarié, m'embrasse furtivement.

- Bonne chance bébé.

- James... Je...

Je n'ai pas le temps de fini ma phrase qu'il est déjà partit.

Une chance pour moi, j'allais lui dire que je l'aimais. Mais s'il ne m'avait pas répondu ? Ou pire, s'il m'avait dit que lui, il ne m'aimait pas ?