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Chapter 18 - trahison et manipulation

Nous sommes en décembre et il neige. Je ne vais pas rentrer tard de chez les braves et j'irais directement au siège.

- C'est bizarre...

- Qu'est-ce qui est bizarre ? La neige, c'est magnifique.

- Oui, mais les températures ne descendent pas au dessous de 13°C, la neige n'est pas un bon présage.

Avec ce que je vais faire aujourd'hui et l'attitude affolée d'Emma hier, je n'en doute pas.

- James ne viens pas te chercher aujourd'hui ?

Je regarde l'heure. James a plus de vingt minutes de retard, ce n'est pas normal. Je décide donc d'aller prendre le bus au siège.

- Bonjour Kristen, voilà un moment que je ne t'avais pas vu ! S'exclame Mitch, toujours souriant.

- Bonjour, mon petit ami venait me chercher tous les matins.

- Mais pas aujourd'hui...

- La neige a du le surprendre, comme tout le monde.

- À qui le dis-tu, la route est glissante mais ne t'inquiète pas.

D'après mon père, on doit s'inquiéter et maintenant. En arrivant chez les braves je cherche James directement.

- James, bonjour.

- Bonjour.

- Ça va ?

- Oui.

- Pourquoi n'es-tu pas venu me chercher ?

- Je ne sais pas conduire quand il neige.

Je revois le James méfiant et distant des débuts.

- Mettons nous au travail reprend t'il.

Sur ce, James part sans se retourner et je ne le revois plus de la journée, je n'ai pas le temps de me poser des questions, j'ai plus urgent à faire.

Lorsque j'arrive devant le siège, je me demande comment je vais faire pour rentrer sans me faire remarquer.

- Bonsoir Kristen.

Je me retourne et Stuart est là, devant moi.

- Bonsoir Stuart.

- Tu voulais quelque chose ?

- Je voulais qu'on discute toi et moi mais si tu es occupé...

- J'ai une réunion avec tous les chefs d'État, on se voit demain.

- À demain.

Dès que Stuart passe la porte, je la bloque avec un bout de mon sac afin que celle-ci ne se verrouille pas. Une chance, Stuart n'y prête pas attention, dès qu'il monte à l'étage, je rentre dans le bâtiment. J'ai vu aujourd'hui qu'il existe une trappe dans chaque bâtiment et j'ai étudié celle d'ici afin de passer par les plafonds. Je monte grâce à une corde munie d'une ventouse qui est actionnée à ma ceinture et je grimpe. Je rampe jusqu'au dessus de la salle de réunion et j'observe. Il y a Colin, le chef de Ventus, Jasmine, le chef de Aqua, Malcolm, le chef de Ignis, Ludovic le chef de Terra et Stuart, notre chef. Je tends l'oreille afin d'écouter leur conversation animées.

- Beaucoup d'entre nous se plaigne des Andaloriens, dit Colin.

- Chez nous également, apparemment, une Andalorienne aurait refusé de servir l'un de nos braves, explique Malcolm.

- À Aqua, je n'ai aucun incident à déclarer, informe Jasmine.

- Alors vous avez de la chance d'avoir réussit à les mater par chez vous. Comment avez-vous fait ?

- Ne nous les matons pas, ils sont nos égaux et vous devriez faire de même et tous vos problèmes seront résolus.

Les hommes partent dans un immense éclat de rire, moqueur et menaçant.

- Jasmine, vous avez toujours su nous faire rire, mais il est temps que cela cesse. Nous devons faire comme les gens d'en haut et obliger les Andaloriens à nous servir ou ils mourront. TOUS, menace Stuart.

- Tous les humains vous suivent dans cette démarche là, Stuart ?

- Pour la plupart oui, avoue t-il d'un haussement d'épaules.

- Et qu'arrive t-il aux autres ?

- Vous voulez vraiment le savoir ?

- Bien sûr car à Aqua, je m'y oppose formellement.

- Ils nous faudra donc trouver un autre chef d'État pour Aqua.

- Vous savez que cela est impossible, à part si je démissionne et il n'en ai pas question.

- Il n'y a pas que cette solution Jasmine. Colin, Malcolm, Ludovic et moi en avons déjà discuter et nous sommes tombés d'accord...

- Comment comptez-vous vous y prendre pour me faire démissionner ?

- Ne n'avons pas les moyens de vous faire démissionner, mais si vous mourrez, cela arrangerais nos affaire.

- Quoi ? Murmure Jasmine soudain apeurée.

Stuart ne formule pas de réponse, il sort une arme et tire sur Jasmine. J'étouffe mon cris, les deux mains sur la bouche.

- Merci Stuart, elle commençait vraiment à me taper sur les nerfs, déclare Ludovic.

- À moi aussi, convient Malcolm.

Bien, la réunion est finie. Je demanderais à un Andalorien de venir nettoyer.

Les hommes partent en laissant Jasmine se vider de son sang. Lorsque la porte se referme, je vérifie que tout le monde soit partit et me précipite vers Jasmine.

- Kristen ?

La femme, d'une quarantaine d'année, petite, costaud, métisse, les yeux noirs est allongée.

- Jasmine ? Tenez bon, je vais appelez des secours.

- Non, je vais mourir, mais vous, vous devez vivre Kristen.

Jasmine lève sa main droite sur mon visage et là je vois, ce que jamais je n'aurais du voir.

« Jasmine bébé, sa mère est une humaine, son père un Andalorien. Je vois les étapes importante de sa vie, ses dix ans avec sa famille réunit, son diplôme, son don de sagesse, sa rencontre avec son mari Oliver, son fils Jacob, son élection de chef de Aqua. »

- Qu'est-ce que ?

- Nous appelons ça, le don de prémonition. Tu verras l'avenir, le tiens et celui des autres, me dit-elle, non sans peine.

- Mais, c'est impossible.

- Le mélange Andalorien, humain est beau Kristen, la particule avec du sang Andalorien m'a donné ce don et je te le donne. Fais le bien.

Avant d'avoir pu l'aider, je vois la vie s'éteindre de ses yeux. Je n'ai pas le temps de pleurer cette vie, un bruit m'informe qu'il est temps pour moi de me retirer. Je rentre chez moi, bouleversé et pars directement me coucher.

- Kristy ?

- Je suis fatiguée, papa.

Je passe directement par la fenêtre et rentre dans la forêt puis directement dans le flamboyant. Raven est là, à m'attendre.

- Alors que s'est-il passé ?

- Colin, Ludovic, Malcolm et Stuart veulent vous réduire en esclavage, comme les gens d'en haut l'on fait. Il faut rentrer en contact avec eux les emmener à Aqua.

- À Aqua ?

- Jasmine est morte parce qu'à Aqua, Andalorien et humain sont égaux. Il vous faut tous partir pour Aqua.

- Bien, j'informe les Andaloriens. Rentre chez toi.

- Je dois voir Emma.

- Vas-y.

Une fois dans l'appartement d'Emma, je lui saute dans les bras.

« Emma petite avec sa mère, puis son frère lorsqu'ils sont adolescents, le jour où elle et James ont reçus leurs diplômes, le jour où Emma se fait tirer dessus, l'accueil des Andalorien, notre rencontre, elle et moi. »

- Tu as vu quoi ?

- Quoi ?

- Je savais que tu recevrais le don de prémonition. Depuis que tu as vu Jasmine, mon lori a disparu et j'ai à nouveau mon don de bravoure.

Emma me montre son cou, en effet, plus de lori.

- Comment suis-je censé contrôler ça ? Des qu'on me touche et je vois le passé ou l'avenir.

- Ton don est puissant parce qu'on te l'a donné, lui, pas le souffle de vie.

Raven arrive affolé dans l'appartement de Emma.

- Kristen, tu dois partir, vite.

- Qu'est ce qui se passe ?

- Les braves font une inspection à cause de la morte de Jasmine, on nous accuse.

Je rentre dans le tunnel avec Raven qui me ramène jusque dans ma forêt.

- Kristen, ça va aller ?

- Oui.

Je rentre dans ma chambre, mon père est là.

- Où étais-tu mon enfant ?

- Papa... Je ne peux pas t'en parler.

- Tu es en mission, je comprends, mais je m'inquiète pour toi. Je suis ton père, je ne peux pas m'en empêcher.

- Papa, je vais bien mais fais moi une promesse veux-tu ?

- Je t'écoute.

- Promets-moi que quoi qu'il arrive, tu me feras confiance.

- Voilà une promesse facile à tenir. J'ai et j'aurais toujours confiance en toi. Je sais qu'une chose affreuse se prépare, la neige a été un premier indice, la mort de Jasmine a fini de me faire douter alors s'il te plaît, penses à toi.

- Je pense surtout à vous, toi, maman, Cyril, James...

- Je sais mais tu ne pourras pas sauver tout le monde.

- J'essaierais de sauver le plus possible de monde, avec les braves mais je veux que toi, tu m'aides.

- Que dois-je faire ?

- Continue de faire ce que tu fais, protège maman, Cyril et toi, du mieux que tu peux. Je sais que grand père t'as appris à tirer, même si c'est contre ta nature, il te faudra peut-être le faire et Cyril aussi, c'est pourquoi je vous ai mis des armes dans ton coffre. Papa, s'il te plaît, fais-moi confiance.

- Oui, Kristy. Excuse-moi, c'est juste que je me rend compte à quel point tu es grande, brave, sage, adulte, mature... C'est toujours un choc pour un père de s'en apercevoir.

- Merci papa.

- J'espère que j'aurais assez de courage et j'espère également t'en transmettre assez.

- Le fait que tu me donne ta parole m'ôte un poids énorme des épaules papa.

- Bien. Dors maintenant. Tu risques d'en avoir besoin.

Papa me prend dans ses bras.

« Je vois maman à leur mariage, je le vois creuser, construire un sous-sol, seul, sous notre maison. Je vois la trappe d'accès sous le canapé, bien dissimulé. Je vois notre naissance à Cyril et moi, je le vois émerveillé quand je parle à nouveaux. Je le vois heureux lors de ma remise de diplôme. »

- Tu as eu comme un sursaut puis tu as arrêté de bouger quelques secondes.

- Je ne m'en suis pas rendu compte. Désolée.

- Le choc s'en doute. Je te laisse reprendre des forces. Je t'aime, Kristy.

- Je t'aime aussi papa.

Le lendemain, encore une fois, James ne vient pas me chercher chez moi, sauf qu'aujourd'hui, il n'y a plus de neige donc pas d'excuse. Je prend le bus, mais ce n'est pas Mitch.

- Bonjour.

- Bonjour, où est Mitch ?

L'homme se ferme, un regard dur soutiens mon regard.

- Je n'en sais rien. Allez vous asseoir.

- Oui bien sûr, excusez-moi monsieur.

Je trouve ce changement bizarre et j'ai un mauvais pressentiment.

Je sais que Mitch n'est pas du genre à être absent et il avait l'air en forme hier, donc il n'est pas malade. Je dois me renseigner.

Je réfléchis à la façon doit je dois me prendre pour retrouver Mitch, je ne sais même pas où il habite. Je n'ai pas le temps de mettre un plan au point que me voilà arrivé chez les braves. Aujourd'hui encore, je cherche James, je veux des explications. Je rentre dans la salle des braves et je le vois... Bref, je trouve de plus en plus bizarre son attitude à lui mais aussi celle de Gaëlle, elle est méfiante et lui est distant.

- Coucou James, dis-je.

- Salut, me répond-il froidement.

Et bien ça alors ? Je n'ai même plus le droit à mon bisous.

- Ça va ?

- Oui, soupire James, exaspéré.

Je m'approche pour l'embrasser, il me repousse.

- Je n'ai pas le temps Kristen.

Bon sang, ça fait mal !

J'ouvre la bouche pour lui parler mais Gaëlle s'approche de nous.

- Salut, me salue Gaëlle.

- Bonjour.

- On y va. Dit Gaëlle.

- James, je voudrais te parler. Lui dis-je.

- On n'a pas le temps. Me répond sèchement Gaëlle.

Sans me dire un mot, James s'en va, je vois Gaëlle poser sa main dans le dos de James.

Non, mais je rêve ! Qu'est-ce qui lui prend ? Pourquoi elle fait ça ? Et lui, pourquoi il ne dit rien ? Il n'aime pas qu'on le touche et il l'a laisse faire. Mais, bon sang mais qu'est ce qu'ils ont ? Peut importe, ce doit être le surmenage nous nous préparons à une attaque imminente.

- Vous vous êtes disputés ? Me demande Aurore.

Elle se tient maintenant juste à côté de moi.

- Non, mais j'aurais bien aimé, au moins je saurais ce qui lui prend. Ça fait un petit moment déjà qu'il est comme ça.

- Et tu ne veux pas savoir pourquoi ?

- Bien sur que si mais à chaque fois que je veux lui parler, il me dit ne pas avoir le temps.

- Argh.. Elle pue ton histoire !

- Comment ça ?

Avant qu'Aurore ne puisse me répondre, James et Gaëlle reviennent avec les plans plus détaillé de l'île. Les chefs ont fait les plans mais je sais que James va demander à Hector de m'écarter pour me protéger et je ne veux pas. Avant qu'il appelle les braves, je l'intercepte.

- Les chefs ont établis le plan d'attaque et...

James, je sais qui va avec qui, mais je t'en prie, sois objectif, je veux être sur le terrain, - OK ? Ne m'écarte pas sous prétexte de me protéger.

- Je n'avais pas l'intention de le faire.

James se permet de m'envoyer promener depuis le jour où il a neigé, comme beaucoup surpris par la neige, je n'ai pas pu me rendre au travail. Il a du se passer quelque chose et je veux savoir quoi.

- J'en ai assez... James, je veux te parler.

James regarde Gaëlle, elle hoche la tête, comme si elle lui donné la permission de me parler. James et moi partons nous éloigner du reste du groupe.

Je n'arriverais pas à mener ma mission à bien si je suis tourmentée.

- Qu'est ce qui ne va pas ? Depuis quelque temps tu es distant. Parle moi, je t'en prie.

Il reste silencieux, je m'approche de lui je veux mettre ma main sur sa joue, il recule. Son rejet instinctif me blesse.

- Je t'écoute. Reprends-je, comme si j'étais indifférente à son refus.

- Toi et moi, c'est fini.

- Quoi ? Murmuré-je au bout d'un moment de silence.

Je n'arrive pas à y croire. Comme ça, sans aucune explication ? Juste, c'est fini ! On ne parle pas d'un repas, on parle de notre histoire !

- Je voulais attendre la fin de la mission pour t'en parler, mais puisque tu y tiens voilà. C'est terminé, ajoute-il.

- Pourquoi ? Lui dis-je.

- C'est comme ça. Répond t-il indifférent, en haussant les épaules.

- Non, il y a une raison et je veux la connaître.

Il grimace et son silence en dit long.

- Gaëlle ?

- Oui. Affirme t-il sans conviction, au bout d'une éternité.

Seigneur c'est impossible, il m'a affirmé qu'il m'aimait. La terre tremble...

- Je croyais que tu m'attendrais, que tu m'aimais..

J'ai les yeux remplit de larmes quand je le regarde, il a l'air mal à l'aise.

- Gaëlle et moi ont est ensemble depuis un an.

Je ne le crois pas, je le connais, je vois le mensonge dans ses yeux. C'est impossible que je me sois trompée à ce point sur lui.

- Tu mens, je te connais.

- Gaëlle me connaît. Je la baise depuis un an.

J'ouvre la bouche, hébétée, mais rien n'en sort. Une fois le choc passé, j'arrive à rassembler mes pensées.

- Pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt ? On a officialisé notre relation.

- À ce moment là, c'était juste physique entre Gaëlle et moi, mais elle en veux plus aujourd'hui et j'ai dit oui.

- Pourquoi ?

- Parce que je l'aime, elle !

Mon monde se brise en éclat. Il n'y a plus rien...

- Alors c'est tout ? Nous deux, ça se résume à ça ?

Mes yeux sont remplis de larmes mais je ne veux pas qu'elles débordent. Lui air un air que je ne lui ai jamais vu. C'est comme s'il n'en revenait pas, il me regarde en faisait des gros yeux, puis se ressaisi.

Il n'en revient pas ? Mais de quoi ? De nous ? Que ça se termine comme ça ? Nous sommes deux alors.

Son visage fermé et ses yeux durs, puis me dit froidement :

- Tu avais raison, je n'allais pas t'attendre, franchement à vingt ans, tu me croyais vraiment « puceau à attendre l'amour ? » À t'attendre toi ?

- Je me suis trompée à ce point sur toi ?

- Apparemment... Je suis doué en manipulation.

Il me dit ça en haussant les épaules, froidement, dans l'indifférence la plus totale. Mon monde vient d'exploser.

Je n'ose pas bouger de peur que le sol ne s'effondre sous mes pieds et m'engloutisse. J'ai ma tête baissée pour ne pas qu'il me voit pleurer.

Je NE DOIS PAS pleurer !

- Tu es tellement naïve...

- Pourquoi m'avoir fais croire en nous ? Demandé-je dans un murmure.

- J'ai eu pitié de la petite qui s'est faite agressée il y a un an. Gaëlle est une femme, une vraie. Elle et moi, on s'entendent bien, dans tout les domaines...

Il insiste, comme pour me pousser à le déteste encore plus. Bien que je ne pense pas que cela soit possible.

- Sa façon de me toucher, de m'embrasser et de se laisser...

- Je refuse d'entendre ça, lui dis-je en le coupant d'un geste sec de la main.

Je pars dans ma chambre du secteur sans aucun regard pour James. Je ne le reconnaît plus, ce doit être un cauchemars, je vais me réveiller.

Bon sang mais qu'est-ce qui se passe ? Qui était cet homme auquel j'ai eu affaire ? Ce n'était pas le James dont je suis tombée amoureuse. Mais comme il me l'a dit... Il est doué en manipulation... Si ce que nous avons vécu ensemble n'était que mensonge pour lui alors que moi, j'ai toujours été sincère. Notre relation n'est rien qu'illusion, mensonge et... Non ! N'était qu'illusion et mensonge ! N'ÉTAIT ?

J'attends qu'il soit minuit pour rejoindre James dans sa chambre, avec un peu de chance, il va me dire qu'il était stressé, énervé, qu'il ne pensait pas un mot de notre dernière conversation.

J'espère pouvoir discuter avec lui, je ne veux pas le perdre, je ne peux pas. Je n'arrive pas à envisager mon avenir sans lui.

Je reçois un nouveau choc quand je le vois lui, torse nu debout avec Gaëlle assise sur son lit. J'ouvre la porte et regarde James droit dans les yeux.

Je le déteste comme je n'ai jamais détesté personne. Il est vraiment avec une autre.

- C'est bon, j'ai compris. Dis-je.

- Kris, attends. Me demande James.

Non, laisse la partir. Dit Gaëlle en se levant.

Gaëlle me sourit d'un air mauvais, contente d'elle et James me regarde, triste. Peut-être qu'il me respectait assez pour ne pas vouloir s'afficher directement avec Gaëlle... Non, je ne le pense plus capable d'avoir le moindre respect, pour personne. Gaëlle se lève et pose une main sur le torse nu de James, celui-ci l'a repousse. De douleur, je ferme les yeux, incapable de les regarder, obligée de me concentrer pour que mon cœur continue de battre, que mes poumons continuent de se remplir d'air.

- Kris... M'implore t-il.

- Tiens toi loin de moi.

Ma voix est claire, assurée. J'ai mal mais je pense vraiment ce que j'ai dit, je ne veux plus qu'il s'approche de moi. Je pars en courant, tentant de reprendre mon souffle. Je me précipite dans ma chambre chez les braves, à l'autre bout du couloir et m'enferme. Je m'effondre, je suis anéantie, dévastée...

Mon père m'avait prévenu, les seuls qui peuvent te blesser sont ceux à qui tu en donne le pouvoir alors, choisis les bien... Et bien, j'ai très très mal choisi cette personne.

Quelqu'un frappe à la porte, je ne veux pas savoir qui c'est. Je pars dans ma salle de bain. Chaque brave a un appartement, une chambre avec un lit, une armoire pour les vêtement, une pour les armes. Ensuite nous avons une salle de bain adjacente avec une douche, un évier et des toilettes. Tout est blanc dans l'appartement, la peinture, le carrelage, la faïence, le mobilier, la lingerie.

Tout est blanc mais ce soir, tout me paraît sombre. Je trouve cette pièce tellement impersonnelle... Ou je ne m'y sens pas chez moi, tout simplement.

La personne insiste et continue de frapper à la porte. Je m'enferme dans la salle de bain et fais couler la douche. Lorsque je ferme les yeux, je revois Gaëlle, la main posée sur le torse nu de James...

J'ai la sensation que le ciel me tombe sur la tête... La trahison fait mal... Mais une seule chose me tue... Je l'ai perdu !

Je m'assoie dans la douche, elle coule encore et je me met à pleurer. Je m'écroule en larmes. J'ai l'âme en lambeau. Je reste sous la douche en espérant me laver de lui, de ses caresses, de ses baisers, de ses paroles, de ses mains sur moi, de son sourire, de ses yeux verts, de mon amour pour lui.

Quelqu'un entre dans la chambre et frappe à la salle de bain. Je sors de la douche passe mon pyjama, bleu foncé. Oui parce qu'on a même des pyjamas fournis par les braves lorsque nous dormons dans l'enceinte de l'établissement.

Je vais faire comprendre à cette personne que quand on ne répond pas, c'est qu'on ne veut simplement pas recevoir quelqu'un.

- Kristy, mon enfant ?

- Papa ?

Sans réfléchir je me jette dans les bras de mon père et je m'effondre.

- Kristy calme-toi.

- Que... Qu'est-ce que... tu... tu fais là ? Bredouillé-je.

- Mon cœur s'est brisé alors je su que tu avais besoin de moi et je te retrouve comme ça. Raconte-moi, mon enfant.

Je m'assoie sur le lit avec mon père, les bras croisés pour essayé de me réchauffer alors que le froid vient de moi.

- Je t'écoute, insiste t-il.

- Il m'a quitté...

Ma voix n'est qu'un murmure à peine audible. Je continue de dire à mes poumons de se remplir et de se vider mais non, mon souffle est erratique.

Le dire à voix haute rend notre rupture plus concrète et donc, plus horrible, plus mortelle. Comme un poison que l'on ingère petit à petit en sachant très bien qu'à la fin, on va en mourir.

- James ? Mais c'est impossible ! Défend mon père. Il doit y avoir une explication.

- Il en aime une autre.

Mon père reste silencieux, sans doute essaie t-il de digérer la nouvelle.

- Je suis si désolé, mon enfant. Un jour tu rencontreras le bon et...

Je comprends ses paroles mais aujourd'hui, elles me blessent et me mettent hors de moi.

Je me lève d'un bond et tourne le dos à mon père.

- Pour moi c'était lui le bon, il n'y aura jamais personne d'autre papa !

- Kristy ! S'étonne t-il devant ma voix brusque.

Un silence lourd nous tombe dessus, je baisse ma tête, les bras toujours croisés sur moi-même.

- Je l'aimais tu sais... Avoué-je plus calmement.

- Je sais.

Je poursuis comme s'il n'avait rien dit, perdu dans mes pensées et mon amour pour James.

- J'aimais sa peau, ses caresses, ses baisers, son regard... Et tout ça je ne le verrais plus jamais...

- Kristy...

Je regarde mon père en face, pour lui montrer ma peine et ma sincérité.

- Comment je vais faire moi maintenant ? Tous les matins je me réveillais pour lui... Pour l'entendre rire...

D'un coup je tombe sur les genoux, mes jambes ne me tiennent plus, mes pleurs deviennent bruyants.

- Je vais mourir... Je vais mourir ! Hurlé-je la tête dans mes mains.

Mon père tombe à genoux à son tour, juste devant moi et m'enlace. Je pose ma tête contre son torse et pleurs.

- Non, ne dis pas des choses pareilles mon enfant. Ça va aller...

- Oh papa, j'en peux plus. J'ai si mal ! Je ne pensais pas qu'on pouvait avoir aussi mal. Qu'un être humain pouvait faire si mal à un autre.

- Je sais Kristy, je ressens ta peine, même sans utiliser mon don. Il faut que tu te concentres ma fille... Concentre-toi sur un objectif à atteindre et tu arriveras à l'oublier.

- Mais je ne peux pas l'oublier et je ne veux pas non plus. C'était mon premier amour, le genre d'amour qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans une vie et je l'ai perdu !

- Kristy, ma chérie...

Je reste un long moment dans les bras de mon père, à pleurer, à essayer de réaliser, à essayer de me ressaisir... Une fois ma crise de larme passée, mon père reprend. Une sonnerie retentit, le couvre-feu, je regarde mon père, il a les larmes aux yeux lui aussi, ce qui bizarrement m'aide à contenir les miennes.

- Pardonne-moi, mais je dois rentrer, j'ai promis à ta mère de ne pas être long.

- D'accord.

- Ça va aller ?

- Oui, ne t'en fais pas. Dis-je en me ressaisissant. Ça m'a fait du bien... D'extérioriser tout ça.

- Sache que quoi qu'il arrive ma fille... Je t'aime profondément et personne, même pas James, ne pourra t'aimer aussi fort que moi.

- Je t'aime aussi papa. Fais attention à toi, lui demandé-je instinctivement.

- Toi aussi, fais attention à toi, me répond-il.

Je regarde mon père partir. Une fois la porte fermée, je la verrouille et m'allonge.

Je dors très mal cette nuit, les images de Gaëlle et James... Entrain de s'embrasser... De se défaire leurs vêtements... Entrain de faire l'amour...

Putain, je suis tellement en colère, tellement retournée par tout ça. Ça me rend malade...

Il est 8 heures du matin quand on frappe à ma porte, je suis réveillée depuis plus de deux heures. Je retiens ma respiration et je pars ouvrir. Hector est là, je me met dans la position des braves.

- Kristen, bonjour.

- Monsieur ! Dis-je très respectueusement.

- Hector, je suis venu en tant que père, je suis là pour te parler de James...

- Non, s'il vous plaît... Je préférerai que nous restions concentrés sur la mission.

- Tu es sûre que ça ne va pas te déconcentrer ? Le fait de patrouiller avec lui ?

- Non... Merci de vous en inquiéter mais je suis quelqu'un de forte. J'ai un don pour ça, ricané-je sans conviction.

Hector me sourit et là surprise, il me frotte le bras, je le laisse faire sans broncher. Même si son geste me donne envie de m'effondrer, je me tiens, je résiste.

Ce genre de geste, je ne l'ai supporté pas avant que James... Non, je refuse de penser à lui. Si je pense à lui maintenant je vais sombrer.

- Je suis tellement désolé, Kristen. Je croyais avoir bien élevé mon fils.

- Vous l'avez bien élevé, c'est pour ça qu'il a été franc envers moi.

Je reste froide, distante et calme.

- Ta capacité à toujours le défendre est incroyable.

- Je ne défend personne, si un être humain n'en n'aime pas un autre, autant le lui dire et ça s'arrête là.

- Bon...

- Vous savez, bien que votre fils m'est blessée, déçue et tous les synonymes qui s'y rapportent... Il a été mon premier amour, même si je n'ai pas été le sien.

- Quoi ? Mais tu es son premier amour. Me déclare Hector étonné.

Je vois dans ses yeux qu'il ne ment pas, il ne savait donc simplement pour Gaëlle et son fils.

- Non, mais ça ne fait rien. James a une place de choix dans mon cœur, celle du premier amour... Je voulais qu'il soit également le seul et c'est impossible aujourd'hui. Même si je vis mal, très mal le fait que ce ne sera pas le cas, les choses sont ainsi, autant les accepter.

- Comment fais tu pour être aussi calme ?

- Je me dis seulement qu'aujourd'hui je suis triste mais qu'un jour, j'irais mieux, je serais même heureuse... J'espère.

- Je te le souhaite. Tu en es sûre que ne pas te battre pour lui est le bon choix ?

- Si finalement, il est heureux comme ça... Je veux dire... C'est tout ce que je lui souhaite... D'être heureux... Si je ne me bats pas pour le récupérer c'est parce que je sais qu'il sera plus heureux sans moi... Je n'ai rien à lui offrir après tout. Je l'ai laissée partir simplement parce que je l'aime...

- Tu l'aimes ?

- Bien sûr... C'est la seule raison qui fait que je m'oblige à vivre sans lui. Mais je le déteste aussi... Pour la même raison.

- La sagesse de ton père te vas bien, tu n'as que dix-huit t'es sure ?

- Mon père m'a souvent accusé d'être née vieille.

Hector ricane de ma remarque.

- Monsieur ?

- Oui, Kristen ?

- Je préférerai que notre conversation reste entre nous, je ne veux pas...

- Quelle conversation ? Ricane t-il.

- Merci.

- Allez, prépare-toi, nous devons être dans la salle des braves dans cinq minutes.

- Je suis prête, je vous suis.

- La tenue des braves de va très bien, me complimente Hector.

Lorsqu'il parle de cette voix douce, les yeux fermés, on dirait de James. Cet homme que j'ai perdu m'a dit ça la première fois qu'il est venu me chercher chez moi.

- Merci, dis-je timidement à Hector.

Nous arrivons devant la salle des braves, en dessous de l'internat des braves, mon calibre 22LR dans la poche. La pièce est étonnamment calme. Hector me fait signe de me taire, sourcils froncés.

- Il y a un problème, ce silence n'est pas normal… Entrons à trois.

Mon arme a la main… Je suis aussi prête que possible…