- Kristen ?
James est ici, il me cherche. Je grimpe sur les W.C pour ne pas me faire repérer par dessous la porte.
- Et merde ! Hurle-t-il en tapant contre une porte.
Le bruit de ses pas s'éloignent puis disparaissent. J'essuie mes larmes et essaie de me reprendre. Une fois que j'y parviens, je sors, en direction de la cafétéria.
« Ça n'en valait pas la peine. ». Je n'en vaux pas la peine... Bien sûr, je le savais mais l'entendre de sa bouche à lui...
Quand j'arrive dans celle-ci, je remarque James quasi immédiatement, comme irrésistiblement attirée mais je ne le regarde pas, consciente que lui, m'observe. Je rejoins Aurore, le repas se passe en silence, enfin, je ne dis rien, Josh et Savannah parle beaucoup et Aurore aussi. Pour ma part, je ne sais même pas ce que je mange, ni même ce que j'ai mis sur mon plateau. J'entends toujours James me dire que ça n'en valait pas la peine. C'est si douloureux que je ferme les yeux, pour ravaler mes larmes.
- Il y a quelqu'un avec nous ? Me demande Aurore.
Sa question me fait ouvrir les yeux, je remarque alors qu'elle passe sa main devant mon visage pour que j'arrête de rêvasser.
- Oui, réponds-je doucement.
- Ça va ? Me demande t-elle, hésitante.
Lorsqu'elle retire sa main de devant mes yeux, James est entrain de me regarder, ses bras de part et d'autre de son plateau. Il est posé sur sa chaise comme s'il était prêt à bondir, la jambe gauche en dehors du dessous de la table. Je baisse à nouveau la tête, incapable de le regarder. Arthur et Marvin discutent à côtés mais James n'a pas l'air intéressé par leur conversation.
Je déteste le professeur, mais l'homme en lui-même, me manque. Comment c'est possible ?
- Oui, dis-je sans conviction.
Pourquoi s'est-elle installée pile devant James ? Cet homme me trouble par son regard, me blesse par ses paroles et me remplit de bonheur par ses rires.
- Kristen ? Insiste Aurore.
Bien que je ne le vois plus, je sens que James m'observe. Je ne supporte plus son regard pesant sur moi. C'est trop douloureux.
Si je ne sors pas de la pièce où il se trouve, je vais vomir.
- Désolée, je ne me sens pas bien.
- Qu'est ce que tu as ?
- Rien d'important. Je vais y aller.
- Attends...
- J'ai besoin d'aller courir.
- Mais dehors, il...
- Je sais, j'ai vue.
Sans plus attendre, je me lève, je veux partir, consciente de commencer à pleurer. Il pleut dehors, mais il faut que j'aille courir.
Qu'est-ce que James fait dans ma tête ?
Je sors de l'enceinte des braves et cours, encore et encore, jusqu'à me vider la tête. En vain. J'ai couru jusqu'au bout de l'hôpital, je m'arrête debout, prêt d'un banc pour essayer de reprendre mon souffle, pour respirer un autre air que celui de James.
Bon sang ! Sors de ma tête. Toi, tes yeux verts, ta main sur mon épaule.
Une silhouette se tient devant moi.
- Raven ?
- Kristen, bonjour.
- Ne restez pas ici, c'est risqué.
- Ne craignez rien, je...
- Comment va Emma, Raven ?
- Je ne peux rien vous dire.
- Alors pourquoi êtes-vous ici ?
- Je voulais simplement savoir comment votre formation se passait.
- Elle se passe bien, pour l'instant.
- Je n'en doutais pas, mais je suis obligé de veiller sur l'Élue, c'est mon rôle, puisque je vous ai trouver.
- Raven, vous vous trompez je ne suis pas l'Élue, vous faites erreur.
- Pourquoi donc ?
- Parce que j'ai peur, Raven. J'ai peur des contacts physiques, il y a quelques temps, je me suis fais agresser... Raven, comment voulez-vous que je sauve le monde en ayant cette peur insurmontable ?
- Kristen, j'ai confiance en vous, nous allons continuer à prier Andalis, pour vous donner la force de surmonter cette terrible épreuve.
- Je ne crois pas que Andalis ou Dieu puisse m'aider à vaincre cette peur, Raven.
- L'amour peut.
- L'amour ?
- L'amour peut vaincre les plus grande angoisse et votre cœur est bien trop pur pour ne pas connaître l'amour.
Avant de pouvoir répondre, Raven s'éclipse.
C'est une manie déroutante, il sort de je ne sais où, pour me dire des choses qui n'ont aucun sens et part en courant avant que je ne puisse assimiler ses paroles.
La pluie continue de tomber, le temps est aussi morose que moi. D'un coup, les gouttes de pluies s'arrêtent pour laisser place à un peu de soleil. Soudain, je sens deux mains qui m'encerclent par derrière. Un bras au niveau de mes clavicules et l'autre sur mon ventre. Mes souvenirs refont surface. Je me débat, j'essaie de donner des coups de points, des coups de pieds, mais l'homme ne bouge pas.
J'ai oublié tout ce que j'ai appris ! Je ne sais plus me défendre, je ne sais pas repousser l'ennemi. Je ne sais plus rien. À part crier !
- Non ! Lâchez-moi ! Je hurle, paniquée.
L'homme me lâche, sans broncher. Je me précipite sans même me retourner jusque chez les braves. Il me semble que l'homme m'a demandé de l'attendre mais je n'en suis pas sûre. Une fois devant le portail des braves, l'homme devant l'hôpital m'a suivi et commence à me parler.
- Kristen, m'appelle t-il, essoufflé.
Je me retourne en larmes, les bras croisés, je me protège, me recroqueville sur moi-même.
Si le sol pouvait s'ouvrir et m'engloutir, je ne serais pas contre. Au contraire.
Lorsque enfin, je réussis à lever les yeux sur lui, je suis consternée de voir de qui il s'agit.
James ?
- Pardon, je ne voulais pas te faire peur, s'excuse t-il.
Ses paroles me réaniment, je m'avance vers cet homme, fascinant et effrayant à la fois et le gifle, violemment.
- Kristen, me dit-il.
Il touche sa joue, à l'endroit où je l'ai frappé, sidéré.
- Tu as une sacrée droite, déclare t-il dans une grimace.
- Pourquoi vous avez fait ça ?
Je suis énervée, en colère contre lui, il sait ma peur des contacts physique, non ?
- Pourquoi tu as eu cette peur panique ? Me répond-il par une autre question.
- Ça ne vous regarde pas. Foutez-moi la paix.
Je continue à hurler sur James.
En fait, peu importe si c'est le professeur ou l'homme... Je le déteste, j'ai peur de lui. J'ai peur qu'il me touche.
Je me retourne, prête à partir, mais il me retient par le bras gauche avec sa main droite.
- Attends.
- Non, je veux que vous me foutiez la paix, lâchez-moi. Continué-je.
Encore une fois, j'essaie de le frapper en plein dans le thorax. James écarquille les yeux de stupeur, comme si il ne me reconnaissait pas.
- Calme toi. M'ordonne t-il, gentiment.
Il me lâche. Après mettre écarté de James, je me positionne, les bras croisés, je baisse la tête, je pleurs silencieusement.
- Kristen, c'est moi... Je ne te ferais aucun mal.
Sa voix est implorante, douce et rassurante. Je le regarde, ses yeux sont d'un vert époustouflant. Au fond de moi, je le sais, mais je n'y arrive pas.
- Je suis désolée.
Je baisse la tête, de honte mais aussi parce que je suis incapable de le regarder, ses paroles m'ont fait trop mal.
- Bon sang tu es rapide et ta droite, y a rien à dire. Me dit-il la main toujours posée sur sa joue.
Je relève la tête, réanimée par la colère.
- Vous avez été clair avec vos « Ça n'en valait pas la peine. » Pas de quoi en rajouter, je vous assure.
Je le contourne pour passer et rentrer dans l'enceinte des braves. James mime le geste de me retenir sans me toucher. Le fait qu'il respecte ça à présent m'incite à l'écouter, toute colère disparue. Je regarde James, attendant qui parle, me noyant involontairement dans ses yeux après avoir un instant observer sa bouche. Je mordais ma lèvre pour retenir un soupir d'extase devant sa beauté.
- Quand j'ai dit ça, c'est simplement parce que je n'avais rien à te corriger. Tu te débrouilles vraiment très bien... Et je voulais voir ta réaction face à mes paroles, m'avoue t-il après quelques secondes d'hésitation.
Mais pourquoi ? Ça l'amuse de me blesser ?
Je fronce les sourcils à cet aveu.
- Oh... Donc vous avez fait exprès. Pourquoi ?
- Oui, pour voir ta réaction, je te l'ai dit. Je voulais savoir si mes paroles t'atteindraient, avoue t-il dans un haussement d'épaules.
- Bien sûr que oui et c'est encore plus blessant maintenant, de savoir que vous l'avez fait exprès.
- Pourquoi est-ce que tu te diminues sans arrêt ? Pourquoi tu ne t'es pas dit que je n'avais rien à te corriger.
Je ne préfère pas répondre. Pour dire : « Parce que je sais ce que je suis. »
- Allez. En cours. Poursuit-il.
- Bien, monsieur.
- Putain, arrêtes avec tes « monsieur », merde ! S'emporte t-il.
- Non. Dis-je entêtée.
- Bon sang, tu me rend fou.
James se gratte la nuque, nerveusement, avec un ricanement... Ensorcelant.
Ça veut dire quoi ça ?
Voilà une semaine nous nous entraînions à nous battre sur des sacs.
- Aujourd'hui vous vous battrez contre l'un des professeurs, annonce James.
J'ai la trouille et évidemment, comme je n'ai JAMAIS eu de chance je tombe sur James. Je suis la dernière à passer, il est bien échauffé après quatorze passages.
Lorsque mon nom retentit, je me lève du banc et monte sur le tatami vert bouteille, le regard de James est tellement dur et froid, noir, comme s'il allait me faire mal... Je me sens à nouveau prise au piège, face à ses deux hommes. J'en reste tétanisée. Il s'avance et au premier coup je tombe à terre, je ne peux plus, je ne veux plus bouger. Je ferme mes yeux, de toutes mes forces espérant échapper à son regard comme il l'était au mien, en vain.
- Bats toi, tu vaux mieux que ça ! Me hurle t-il.
Je pleurs tétanisée. James me relève car je suis incapable de le faire seule, j'ai peur, mais je suis également incapable de l'en empêcher. Il continue à me hurler dessus. Mes mains sur ma tête baissée, je continue à pleurer, figée.
- Allez, arrêtes de pleurer. Réveilles toi, qu'est ce que tu fous ? Tu n'es qu'une idiote, tu dois mieux gérer tes émotions Kristen.
Ses paroles me font mal, sans regarder personne, je me précipite vers la sortie en courant, je passe devant Aurore qui essaie de me retenir mais je ne m'arrête pas.
- Kristen, m'appelle Aurore.
- Kristen, reviens ici... Je t'ordonne de revenir. IMMÉDIATEMENT !
Pourquoi il m'a fait ça ? La honte, je suis une trouillarde avec le don de bravoure.
Je descends au rez de chaussée et me réfugie dans la salle des souvenirs, c'est la première porte à ma portée. Ma respiration est saccadés, mon cœur bat la chamade et mon cerveau est en mode de survie.
J'ai besoin d'être seule.
Enfin à l'intérieur, mon esprit s'apaise un peu. Je souffle, soulagée d'être ici, seule et vivante.
Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Je croyais qu'il avait compris que j'avais peur des contacts physique. Les coups, je peux comprendre, nous devions nous battre, mais pourquoi il m'a parlé comme ça ?
Cette salle est grande avec des miroirs partout. Elle est composée d'un siège avec des fils qui sont reliés à un écran qui projette le souvenir que nous désirons. La personne s'endort sur ce siège et le souvenir apparaît, dans la tête et sur les miroirs.
Je trouve l'odeur de cette pièce... Rassurante ou peut-être est-ce le fait de m'y cachée de James... Du monde.
Je ferme la porte, je ne pense pas qu'on m'est suivis jusqu'ici. Je m'assoie sur le fauteuil et me balance, recroquevillée sur moi-même, en tentant de me calmer. Je n'arrive plus à parler.
James l'homme, James le professeur ? J'ai peur de lui parce que je ne sais jamais sur lequel des deux je vais tomber, je suis perdue. J'ai le don de bravoure, risquer ma vie pour une autre ne me fais pas peur mais je n'arrive pas à être touché.
Je ne sais pas combien de temps je reste là mais je retombe sur terre quand j'entends quelqu'un entrer. Je me redresse et relâche le souffle que j'ignorais retenir lorsque je vois Aurore entrer.
- Qu'est ce qui s'est passée ?Pourquoi tu n'as pas attaquée la première ? Tu es rapide.
Je ne répond pas que par un haussement d'épaules.
- Je ne veux pas en parler.
À nouveau, la porte s'ouvre. Quand je vois James, je sais d'instinct que je vais me faire engueuler, même si il à l'air calme.
- Aurore, sort s'il te plaît. Ordonne James.
J'écarquille les yeux en direction d'Aurore et je lui prends spontanément la main, l'empêchant de partir. Aurore me regarde, stupéfaite car c'est la première fois que je la touche.
Reste !
- Je préfère rester. Dit-elle gentiment.
Oui, excellente idée, j'approuve !
- C'est un ordre, Aurore. Reprend James calmement.
- Bon, je vais vous laisser.
Je serre la main d'Aurore encore plus fort. Mon regard est vide mais implorant Aurore de rester.
- Kristen, tu me rends ma main, s'il te plaît.
Non ! Non ! Non !
Je n'arrive pas à lâcher Aurore.
- Je vais récupérer ma main maintenant, s'il te plaît Kristen, m'encourage gentiment Aurore.
Aurore dégage sa main de ma prise et s'en va.
Et merde de merde !
Il attend qu'Aurore ferme la porte. Il ne la voit pas sortir, il entend simplement la porte se fermer.
- Ça va ? Me demande t-il calmement.
Incapable de parler. J'acquiesce d'un hochement de tête.
Je ne sais toujours pas sur quel pied danser avec lui, je préfère rester distante et méfiante. Bien que je préfère le jeune homme, je choisis de le considérer comme le professeur pour ne pas être déçue.
Il s'approche et je recule, ses yeux encrés dans les miens. Ce que je ressens est tellement déstabilisant que je baisse la tête.
- Regarde moi. M'ordonne t-il.
Je m'exécute, bien que je suis consciente d'avoir les yeux remplit de larmes. D'un coup je suis surprise, il tend les mains vers mon visage, effrayée, je m'écarte encore, cette fois-ci, il continue dans son élan, il avance et me prend le visage à deux mains. Je suis incapable de bouger, je ne peux plus reculer car je suis contre un miroir, je me coupe la respiration et ferme très fort mes yeux.
Je suis terrifiée, angoissée, inquiète, qu'est ce qu'il va faire ? J'ai envie de crier mais je suis incapable de parler. Pourvu qu'il ne me frappe pas encore ! Pitié !
- Arrête de pleurer. M'implore t-il.
J'ouvre mes yeux et relâche mon souffle dans un soupire quand je me rend compte qu'il essuie simplement mes larmes. J'apprécie tellement ce contact que j'ai envie de fermer les yeux et de garder sa main contre ma joue, mais je ne le fais pas. Lorsqu'il retire ses mains, mes idées se remettent lentement en place.
Ouf !
Je m'éloigne des miroirs.
- Je n'aurai jamais dû être aussi méchant.
Ça c'est clair !
- Je voulais juste te donner un électrochoc... Je ne me suis pas rendu compte être allé trop loin. Je ne vais pas m'excuser car ma devise c'est « Si tu fais quelque chose en sachant que tu devras t'en excuser, ne t'excuse pas, il ne faut simplement pas le faire. »
Devise bête, mais logique dirait ma mère et mon père dirait qu'il faut parfois savoir se repentir.
Distraite par mes pensées, j'oublie de me méfier de James qui s'est encore approché. Lorsque je le sent trop proche de mon espace personnel, mais vraiment trop trop proche, je préfère reculer. Cela fait déjà deux fois qu'on se retrouve aussi proche aujourd'hui, sur le tatami, près des miroirs, je ne veux pas ça une troisième fois. Je suis craintive avec mon passé... Il me sens raidir.
- Ce n'est pas du cinéma... Tu as vraiment peur ? Me demande t-il, stupéfait.
Bien sûr !
Il s'écarte immédiatement en comprenant ma réponse muette.
- Pourquoi ? Reprend t'il.
Me voyant toujours silencieuse, il se dirige vers la sortie, ouvre la porte en secouant la tête.
- Rentre chez toi, la journée est finie. Repose toi ce week-end.
Je pars, la tête baissée, je l'entends seulement souffler.
- Je n'y arriverai jamais ! Marmonne t-il.
Je quitte l'enceinte des braves et monte dans le bus. À son habitude, Mitch m'accueil avec son grand sourire.
- Bonjour Kristen.
Je le salue d'un hochement de tête et m'installe en lui faisant comprendre que je ne souhaite pas parler.
- Vu ta tête je ne vais pas te demande comment ta journée s'est passée, mais sache que je suis là au besoin. Je te considère comme une amie, reprend-il.
Une fois au siège, je sors du bus. Cyril m'a demandé de rentrer seul ce soir car il devait travailler. Sur le chemin, je marche la tête baissée. Dans l'espoir de rentrer assez vite et assez discrètement pour ne pas qu'on ne remarque. Mais j'échoue, lamentablement.
- Attends-moi.
En levant la tête, je vois Aurore courir vers moi.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Je croise les bras autour de moi. Il fait plutôt beau aujourd'hui, le soleil bat son plein, l'air est même oppressant, sans une petit brise, mais je reste, bras croisé, comme si j'avais froid, comme si je me protégeais du vent. Je sais qu'il n'y en a pas, je sais que le temps ni est pour rien mais j'ai du mal à respirer, je suffoque.
Je n'arrive même plus à parler. Je déteste ça. Pourquoi faut-il que ce genre de choses n'arrivent qu'à moi bon sang ? Qu'ai-je fais au Bon Dieu ?
- Tu as perdu ta langue ? Reprend Aurore.
Elle mime le geste de poser sa main sur mon épaule, je la repousse.
- Réflexe. Désolée. Tu as du sacrément te faire enguirlander pour être devenue aphone subitement. Allez, j'habite à trois maisons mais sur la gauche. Nos chemins se séparent ici. À lundi, Kristy.
La maison d'Aurore se trouve être dans la même rue que la mienne. Mais elles sont séparés de presque dix maisons. Je hoche la tête et regarde un instant Aurore partir vers la gauche avant de partir vers la droite.
Quand je rentre chez moi, par le salon. J'y retrouve mon père. Dès que nos regards se croisent, il voit bien que quelque chose me tourmente. Il s'avance vers moi, le regard citrine pour essayé de comprendre.
Non !
- Mon enfant ?
Je secoue la tête, refusant de parler.
- Ce n'est rien, mon enfant. Repose-toi ce week-end, tout ira bien.
Ma mère, qui était dans la cuisine, arrive dans le salon, intriguée.
- Kristen, ça ne va pas ? Me demande t-elle.
Mon père touche le bras de ma mère, ses yeux sont redevenus le reflet des miens.
- Mélanie... Il a dû se passer quelque chose.
- Ça va aller Kristen.
Ils n'insistent pas. Je n'ai toujours pas retrouvé l'usage de la parole. Lundi, je retournerai en cours et j'ai peur d'affronter James, nous avons un cour de combat à mains nues.
Si je n'y allait pas ? Si je me portais pâle ? Après tout, si je ne parle pas d'ici là, je suis certaine que ma mère convaincra les professeurs de ne pas m'en tenir rigueur.
- Ne t'en fais pas, mon enfant.
Je regarde mon père. Ses yeux à nouveau citrine me montrent qu'il a lu en moi. Il lit seulement le sentiment que j'éprouve. Il ne peut lire que ça, dégoût, peur, angoisse. Mais il ne peut pas lire clairement en moi comme si il lisait dans mes pensées.
- Tu iras beaucoup mieux lundi, j'en suis certain, tu as le don de bravoure, tu peux te remettre des événements beaucoup plus facilement qu'avant. J'ai confiance en toi et je sais que tu vas y arriver. Fais-toi confiance, ai confiance en nous, en ton don, en tes professeurs. Nous sommes tous là pour te pousser vers le haut et tu surmonteras cette peur pour à nouveau parler. Le combat à mains nues a dû être éprouvant et épouvantable pour toi mais tu vas y arriver. Je t'aime Kristy.
- Ton père a raison ma chérie. Nous t'aimons et mon t'aiderons à surmonter ça.
Je suis rassurée. Leurs paroles sont la panacée à mes maux.
- Merci, murmuré-je.
Mon père s'avance, les bras tendus et je me laisse enlacer, rassurer, apaiser. Je me suis accoutumée à son odeur de forêt, je l'adore.
- Qu'est ce qui s'est passé exactement, Kristy ? Me demande mon père.
- Le combat à main nues... Quand le professeur m'a touché... Je suis tombée... J'étais tétanisée... Je me suis enfuie et cachée... Incapable de parler...
- Ce n'est rien ma chérie, mais par curiosité. Pourquoi n'as tu pas parlée à ton professeur de ton problème ? M'interroge ma mère.
Je sors de la prise de mon père en regardant ma mère comme si une deuxième tête venait d'apparaître à côté de la première.
- Mais enfin maman !
- Calme-toi Kristen, me demande ma mère.
- Maman ! Je suis incapable d'en parler, de revivre ça.
- Pour quelle raison Kristen, c'est illogique.
- Bien sûr que si maman. C'est trop douloureux et puis ce n'est pas un événement dont je peux être fière.
- Mais tu ne doit pas en avoir honte non plus, mon enfant, intervient mon père.
- Mais c'est le cas, j'en ai honte. Je suis morte de honte pour ce qui s'est passé. Comme si c'était de ma faute, comme si j'avais cherchée à m'attirer les foudres du Tout Puissant.
- Je t'interdis de dire ça Kristen Marie Davis. Me sermonne mon père.
- Je suis désolée papa que ça te contrarie mais c'est pourtant ce que je ressens.
Mon père reste sans voix devant ma réponse, en général, lorsqu'il me réprimande, je m'excuse et me tait, mais pas aujourd'hui. Mes parents me regardent, impuissant face à tant de hargne. Je pousse un long soupir.
- Je vais dans ma chambre, je suis fatiguée, reprends-je, calmement.
- Bonne nuit ma chérie, me dit ma mère.
- Bonne nuit Kristy, je t'aime, me déclare mon père en m'enlaçant.
Je me dirige dans ma salle de bain, prend une douche et pars me coucher. Mes parents n'ont pas insisté, ils savent que je ne mangerais pas ce soir. De toute façon, cette journée m'a donné envie de vomir, je veux simplement qu'elle se termine.
Le week-end est terminé, même les câlins réconfortant de mon père, les roses rouges et blanches de mon jardin, même le soleil brillant non rien changés. Je suis anxieuse ce matin, mon père s'en doute.
- Ne t'en fais pas mon enfant, tout va très bien se passer.
- Tu crois ?
- Bien sûr, il n'y a aucune raison du contraire car aujourd'hui est un jour nouveau.
- Tu as raison, mais j'ai vraiment peur. Mon comportement de vendredi fasse à mon professeur...
- Ne t'inquiètes pas, je suis certain qu'il a déjà oublié.
- Je ne pense pas, j'ai l'impression que tout ce que je lui dis et ce que je ne lui dis pas, il le garde dans un coin de sa tête pour me le ressortir au moment adéquat.
- Cet homme s'est y faire alors avec toi.
- Quoi ?
- Tu as toujours été comme ça, pour pouvoir avancer, il faut toujours te rappeler quelque chose de bien approprié au moment le plus opportun.
Je rougis car je sais qu'il a raison. J'arrive au siège pour prendre le bus. Nos places étant définitive, je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler.
- Bonjour Kristen, me salue Mitch.
- Bonjour Mitch, je suis désolée pour le retard.
- Ne t'en fais pas, je préfère t'attendre et rouler un peu plus vite que ne pas t'attendre.
- Ces très gentil mais ce n'est pas très sage comme décision, lui fais-je remarquer.
- Je suis un sage certes, mais je suis humain.
- C'est vrai, mon père aussi me dit ça.
Je descend du bus devant le portail des brave où Aurore me rejoins.
- Salut Kristen.
- Salut.
- Super, tu reparles. James ne t'a pas trop traumatisée finalement.
L'humour d'Aurore et sa voix enjouée m'ont toujours remontés le moral et m'ont font oubliés mes angoisses.
- Non, gloussé-je.
- Tu es prête ?
Toute trace d'humour disparaît en moi, je me sens à nouveau anxieuse.
- Non, mais bon... Dis-je en haussant les épaules.
Tout comme Aurore et les autres élèves, je me positionne contre le mur en attendant James et Léo.
- Bonjour à tous, nous salue Léo. Les examens de vendredi se sont mal passés pour la majorité d'entre vous. Avec James nous avons vu certaine de vos lacunes et allons essayer d'y remédier. Je vous souhaite bon courage. Le groupe un, veuillez suivre James, le second groupe, avec moi.
Je fais encore partit du premier groupe, je suis donc encore avec James. Je ne sais pas si je dois être ravi ou inquiète. Nous suivons James et arrivons en cours. Nous nous positionnons devant le banc, James passe devant nous. Je redoute la présence de James, dans la même pièce que moi, je suis même effrayé.
- Bonjour à tous. Dit James, puis d'une voix plus chaleureuse reprend en passant de moi. Bonjour Kristen.
Il a une voix magnifique lorsqu'il est juste James, la façon dont il me regard, les yeux plein de ferveur, un sourire en coin envoûtant. Pas de doute, c'est James, pas le prof qui vient de me dire bonjour.
Son regard est si insistant que je m'empourpre.
- Bonjour, monsieur. Lui dis-je craintivement.
- Content d'entendre le son de ta voix. Me dit gaiement James, son sourire s'élargit.
Ça veux dire quoi, ça ?
Je préfère faire faire comme si je n'avais rien entendu. En voyant que je ne lui répond pas, il fronce les sourcils et s'éloigne.
- Ma parole, il te drague ? Me murmure Aurore.
J'aimerais bien !
- N'importe quoi. Toi aussi tu m'as signalée que tu étais contente d'entendre ma voix et pourtant tu ne me draguais pas, si ? Dis-je dans la même tonalité.
- Non, me dit-elle en éclatant de rire.
- Placez-vous devant les sacs, vous avez tous été médiocres dans les combats vendredi. Nous allons reprendre.
- Génial ! Soupire Aurore.
- Tu as un problème avec mes ordres Aurore ? Demande James.
- Non, monsieur.
- Heureusement, parce que tu n'as pas été géniale, tu as même été une des plus nulle. Bien que pas la dernière, tu n'as aucune raison de te vanter...
Je sais que j'ai été la dernière. Je me suis pris un coup, j'ai finis à terre puis je suis partie. Après qu'on m'est relevé... Je n'ai même pas pris la peine de faire ça toute seule.
Nous nous plaçons devant nos sacs.
- Ouais, Kristen t'as été la plus nulle, mais ça tu le sais déjà. Se moque Aurore.
- Merci Aurore, je sais. Mais bon, être nulle dans un domaine sur trois c'est toujours mieux qu'être nulle partout, non ?
Elle sait de quoi je parle. Elle n'est pas fin stratège, assez manche avec une arme et pas très habile de ses mains.
- Kristen, t'es vache ! Me dit-elle.
J'entends à sa voix qu'elle ne l'a pas mal pris. J'éclate de rire. Lorsque je me retourne, je constate que James me regarde, en souriant de toutes ses dents magnifiquement blanches et alignées...
Cet homme est à se damner.
Je cesse de rire mais je continue à le regarder et je lui sourit. Il rigole encore de toutes ses dents, cette fois-ci en secouant la tête. Comme s'il ne comprenait pas pourquoi nous avons cette réaction en nous regardant. Moi non plus je ne comprends pas, cette électricité qui me traverse, cet tension presque tangible entre nous.
Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que nos regards se croisent j'ai l'impression d'être seule au monde avec lui ? Comme si enfin, j'avais une raison de me lever le matin ? Comme si enfin, je savais pour qui je devais vivre, me battre, mourir ? Bref... C'est James.
Je me détourne de son regard, de son sourire. Je devrais frapper dans le sac devant moi mais au lieu de ça, je continue à sourire. Je me sens rougir, j'ai terriblement chaud pourtant, je tremble en sentant qu'il m'observe, j'aimerais tellement ne pas avoir peur lorsqu'il me touche... Ce que je ressens pour lui est bizarre, mais ça me fait du bien.
J'aimerais tellement pouvoir le toucher, son visage, ses bras, passer ma main dans ses cheveux si rebelle... Bon sang, mais dans quelle direction partent mes pensées ?
- Hé, tu rêves Kristen ? M'interpelle Aurore.
Oui, je rêvais et tu m'as dérangé... Merci !
- Non, je suis là.
À mon tour je secoue la tête avant de m'empourprer. Je me remet à frapper sur le sac, tout en continuant à réfléchir à ce que je ressens pour l'énigmatique James. Quand je sens sa présence trop prêt de moi, je me stoppe. Il pose sa main sur la mienne. J'ai peur de lui, je suis inexplicablement épouvantée. Un instant se que je ressens pour lui est indescriptible et fascinant et l'instant d'après, horrible et pesant.
- Ne me touchez pas ! Aboyé-je sur lui en sortant ma main.
Raven m'avait dit qu'ils priaient Andalis pour me donner la force, alors soit ils ne l'ont pas fait, soit Andalis se faire désirer, soit ma peur est vraiment trop grande.