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Chapter 12 - une peur insurmontable

Que va-t-il faire ? Suis-je en danger ? Va-t-il me frapper ou pire ? Et si le cauchemars recommençait mais que cette fois...

- Kristen calme toi. Respire voyons ! Cela ne va pas ? Tu courais en sortant de la cafétéria.

J'essaie de ne rien montrer mais je suis effrayée par ce qu'il pourrait faire, par la réaction que je pourrais avoir. Ses magnifiques yeux verts me fixent, attendant une réponse que je pourrais sans doute jamais lui fournir.

- Monsieur ce sont les toilettes des filles ici – Ma voix tremble en essayant de changer de sujet.

- Kristen si c'est en rapport avec tes peurs, on n'en parlera plus, ou du moins, en n'en parlera que quand tu te sentiras prête, je ne voulais pas être si... Intrusif, mais c'est dans ma nature... Je...

Je ne peux pas le regarder. Je fixe la porte derrière lui. Je sens la proximité de son bras. James soupire profondément.

- Pour moi, pour ta formation, il me semble important de connaître cette peur. Tu es mon élève et je dois savoir si je peux t'aider.

Je ne veux pas de son aide ! Je veux simplement qu'il me laisse tranquille. Je veux qu'il parte, je veux partir.

Ma respiration est saccadée, parce que même s'il reste à une bonne distance de moi, je peux être en danger, enfin...

- Je pense qu'il serait vraiment important que tu te calmes et que tu respires. Tu frôles l'hystérie là.

Concentre-toi sur autre chose. Tout va bien. Il ne va pas te toucher c'est ton professeur. Il ne va rien te faire. Calme-toi !

- Vous vos peurs c'est quoi ? - Je lui cris dans la figure.

James semble étonné par ma question, mais je m'en fiche, se rend-il compte de se qu'il me demande ?

- J'ai peur... J'ai peur du feu... De mourir brûler vif.

- C'est tout ?

- Non, mais c'est ma plus grande peur. Maintenant c'est ton tour. – Il est calme et il me sourit plein de compassion.

- Moi j'ai peur... - Ma gorge est seiche. Je pers ma voix. Je ne veux pas lui dire. Il est trop près – Je ne pense pas être obligée de vous répondre dans les toilettes pour femmes. Sortez s'il vous plaît. - je le supplie.

Je ne vais pas lui dire, c'est au-dessus de mes forces et là il est trop près, tous m'échappe ; Je n'arrive pas à reprendre le contrôle.

- Kristen tu as l'air vraiment mal. On abordera le sujet en groupe d'ici peu de temps et vu ton comportement cela risque d'être vraiment très compliqué pour toi. Je pense que tu as besoin d'aide. Cela fait partie de ma formation. Je peux t'aider mais il faut absolument que tu te calmes. Il faut me faire confiance.

Il me pose la main sur l'épaule, gentiment, avec certainement l'intention de me calmer. Mais je bondis en arrière les points fermés, prêt à tout donner pour qu'il ne s'approche plus. Tous mes muscles sont tendus à l'extrême et une voix hurle dans ma tête « qu'il ne me touche surtout plus ! ».

Il se stoppe net. Totalement décontenancé. Il me regarde, plisse les yeux. Il a un regard très dur, noir mais il s'éloigne levant les mains comme en signe de reddition.

Heureusement pour moi, deux élèves arrivent.

- Il est tellement beau... ! - Dit une des filles.

Oui, je trouve aussi, mais...

Profitant de cette interruption je me sauve en contournant James qui a toujours les mains levés et qui me suit du regard sans bouger. Je cours quelques mètres et trouve sous un escalier un recoin tout petit et noir. Je me blottis au fond de ma cachette. Je respire enfin.

Respire Kristen, respire ! Inspire, expire, inspire, expire... Depuis combien de temps je retenais mon souffle ?! Ce qui m'interpelle le plus c'est qu'en inspirant profondément, j'ai la sensation de sentir l'odeur de James, apaisante, rassurante, sécurisante alors que c'est sa proximité et son insistance qui m'ont effrayée. Je suis peut-être malade. Oui ça doit être ça. Qu'est ce que ça pourrait être sinon.

Je prends le temps de me calmer. Lorsque je ne tremble plus et que j'ai repris le contrôle, je sors discrètement et me mêle aux autres jeunes à l'extérieur. Je pense que personne ne s'est aperçu de rien.

S'il vous plaît, faites que personne ne se soit aperçu de rien. Je pense m'être assez faite remarquée pour toute une vie, si ce n'est plus.

Mais James, lui, a bien compris que quelque chose clochait. Je ne veux pas y penser. La seule chose que je sais, c'est que cela va être difficile à présent de supporter son regard.

L'après-midi, les cours sont avec Arthur sur la technique et cela pendant deux semaines. Bien que je trouve ce cours ennuyeux, je le trouve aussi confortable, James n'est pas la, personne ne m'oblige à révéler ma plus grande peur, personne ne me regarde, personne ne me remarque et surtout, personne ne me touche.

La troisième semaine, James va nous apprendre le maniement des armes et Léo le combat à mains nues, d'après ce que j'ai compris. James et Léo nous diviserons en deux groupes et le professeur de notre groupe nous apprendra le maniement des armes et le combats à mains nues. J'ai de la chance car les combats sont en dernier. Je n'aurais pas vaincue ma peur d'ici là, je ne suis pas naïve au point de le croire mais peut-être que je pourrais me trouver une excuse et l'éviter, simuler une blessure assez grave, une maladie super contagieuse ?Ensuite il y a un examen blanc l'avant dernière semaine pour connaître nos points fort et nos points faibles. Puis la dernière semaine, les examens finaux.

La journée se termine dans le calme, mon cœur n'a pas refait un seul raté et je n'ai pas croisée James à nouveau bien que j'ai eu la sensation d'être observée de temps en temps.

Maintenant peux rentrer chez moi. Bilan, ce premier jour a été une horreur mais pas une horreur insurmontable, juste une horreur... Je marche jusque chez moi. Seuls les braves diplômés ont le droit à un véhicule. Si deux braves se marient, ils n'ont droit qu'à un seul véhicule.

Le trajet n'est pas très long, mais à mon habitude, je marche voûtée, sans regarder ce qui m'entoure, pour ne pas me faire remarquer.

Vu comme ma journée s'est passée, je m'attends à d'autres ennuis d'ici demain. J'espère que les jours suivants seront mieux, ou espérons que je me casse une jambe dès ce soir m. Non je rigole. Enfin presque. Bon sang, depuis que mes yeux ont croisés ceux de James j'ai un dédoublement de personnalité. Une qui veut l'éviter et l'autre qui ne cesse de penser à lui.

Quand j'arrive, je pars dans la chambre de mon frère, pour lui parler. Ça a toujours été mon confident, mon meilleur ami...

- Alors ta journée ? Me demande-t-il.

- Une horreur.

- Moi je me suis fait un ami, il s'appelle Lucas.

- Je suis contente pour toi. Il n'a pas eu peur de nos parents « contre-nature » ?

- Non, son père est culturiste et sa mère réalisatrice. Ses parents lui ont toujours dis que le don de chacun ne définissait pas ce qu'ils sont.

- Enfin des gens intelligents, je commençais à perdre foi aux habitants de Fulgur. Je suis tout à fait d'accord avec eux. Bravo.

- Et toi ? Ça a été une horreur en quoi ?

- Moi personne ne m'a parlée, personne n'a voulu que je partage une table avec eux. Une pariât, comme à l'école, à part James mon professeur et encore je pense qu'il s'est senti obligé de le faire car « on ne laisse pas de soldat en retrait ». Tu sais, le slogan tout près d'une publicité pour brave en formation ´, dis-je en riant.

- Tu ne l'aimes pas beaucoup on dirait ?

- Ce n'est pas ça. C'est juste que je ne lui inspire que de la pitié et je déteste ça.

- Il y a autre chose je me trompe ?

- Non, il y a aussi le fait que depuis que je l'ai rencontré mon cerveau est divisé en deux, d'un côté il me fait peur et je voudrais m'enfuir en courant dès qu'il est dans la même pièce que moi et de l'autre côté, je ne cesse de penser à lui.

- hmmm.

- Tu es sérieux ! Hmmm ! C'est tout ce que tu as à me répondre ? Je pensais que tu analyserais un peu mieux la situation pour un futur médecin.

- Je n'ai fait qu'un jour dans mon lycée, tu veux que j'analyse déjà tes bizarreries !

- Pas faux, tu as raison. Je devrais moi aussi essayer de comprendre ce qui m'arrive. Tu aurais été là, tu aurais vu par toi-même… Je crois que je suis seulement chamboulée parce que c'était ma première journée loin de toi.

- Moi aussi ça m'a fait bizarre sœurette.

- Et avec mon comportement dans les toilettes, je suis bonne pour qu'il pense que je suis folle voir incapable de devenir une brave. Dis-je en essayant de détendre l'atmosphère.

- Je comprends. Toi qui déteste te faire remarquer et d'être prise en pitié tu as eu la total.

- C'est ça - ricanais-je.

- Allez, on va manger. Maman nous a fait des macaronis au fromage - Se réjouit-il.

- Ne perdons pas de temps, dans ce cas. Chez les braves, ils disent je site « J'ai les crocs ».

Mon frère grimace en même temps que moi, puis, nous nous mettons à rire de concert car cette expression est vraiment très bizarre.

Nous rejoignons nos parents dans la salle à manger. Nous nous installons et mon père lance la conversation.

- Alors mes enfants, votre première journée ?

- C'était super, je me suis même fait un ami - déclare Cyril.

- Parfait, mon fils et toi Kristy ?

- Moi, je travaille assez bien mais pour ce qui est des amis... Ce n'est pas encore ça.

- Ce n'est rien, mon enfant...

- En fait, elle a mangé avec un garçon aujourd'hui - intervient Cyril.

Zut ! Mais qu'est ce qui lui prend de balancer ce que j'ai cru bon de ne dire qu'à lui. J'aurais voulu le dire à nos parents, je l'aurais fait moi-même.

- Cyril ! Lui dis-je en lui donnant une tape sur le bras.

- Un garçon ? Demande mon père.

- Joseph ! Laisse notre fille nous en parler quant à toi Cyril ce que tu fais n'est pas bien. Mettre ta sœur mal à l'aise.

- Excuse-moi sœurette.

Non d'une pipe, il ne manquait plus que ça, mon frère qui déforme mes propos, mon père qui me pose une question plus que bizarre...Sortir de cette conversation gênante et vite !

- Ce n'est rien papa. Je t'assure, je ne pense même pas qu'il vaille la peine d'être mentionné dans ma journée.

- Si c'est ce que tu penses, je te crois. À part ça, c'était comment ?

- Nous avons un professeur qui doit nous aider à maîtriser nos peurs. J'ai décidé de dissimuler le traumatisme qui reste de « mon accident ». Cette peur je ne veux pas la partager. C'est trop difficile. Mais je ne pense pas avoir de trop de contact physique chez les braves, aussi minime soit-il.

- Comment ça ?

- Par exemple, chez les connaisseurs, parfois vous guidez avec vos mains les mains des élèves, nous non. Les sages se touchent pour se montrer respectueux envers leurs paires, nous non. Il n'y aurait aucune raison qu'on me touche donc, je ne préfère pas aborder ce problème.

- C'est ton choix, mon enfant, mais tu devrais avertir au moins un de tes professeurs. Ne serait-ce qu'au cas où... ?

- Je t'assure papa, je ne préfère pas.

- Kristen, j'ai entendu parler du combat à main nue - intervient ma mère - Ils sont parfois très violent entre eux, l'an dernier j'ai dû recoudre un...

- Stop, maman. S'il te plaît, je voudrais que nous mangions sans se poser ce genre de questions. Je ne veux pas parler de tout ça, pas maintenant, pas aujourd'hui et surtout pas à table. Je ne suis pas prête.

- C'est ton choix, mon enfant et nous le respectons, me rassure mon père.

Son regard est aimant, comme toujours, mais aujourd'hui j'y discerne aussi de l'inquiétude avec de la fierté et également du respect pour mes choix alors que mon père est contre la violence des braves.

- Merci, papa.

- Mangeons avant que cela ne refroidisse.

Le reste du dîner se passe dans la bonne humeur.

Ma mère n'a tout de même pas tout à fait tort. Comment vais-je faire si les cours de combat à mains nues sont aussi violents qu'elle me l'a dit ? Si je vois ça, je vais m'évanouir et encore, m'évanouir serait le meilleur des cas. J'ai deux autres options devant moi : j'essaie et j'échoue de façon très lamentable ou je me comporte encore plus lamentablement en déclarant forfait avant même d'avoir commencé. Impossible ! Mon grand-père ne serait pas très fière de moi, dans aucune des options alors quel autre choix me reste-il si ce n'est... d'essayer de combattre ma peur des contacts ? Mais comment pourrais-je avoir des contacts physiques violents alors que je n'arrive pas à avoir des contacts physiques aussi simples qu'une poignée de main, une bise ou une tape sur l'épaule ? Dois-je abandonner tout de suite ? Je devrais me contenter des bureaux... Je rêve d'aller sur le terrain, mais si je dois me battre ? Des vies peuvent dépendre de mon courage. Je ne peux pas laisser la peur me dominer et mettre en danger des personnes par faiblesse ou manque de courage. Il faut que j'y arrive.

- Ma fille, ne ressasse pas tout ça. Tu t'en sortiras parfaitement bien. J'ai confiance en toi, en ce que tu es, en tes capacités. Lorsque tu décideras qu'être touchée, de n'importe qu'elle façon, tu y parviendras. Je le sais et j'ai confiance en toi. Nous avons tous confiance en toi ici.

- Sauf moi apparemment…

- Alors c'est sur ça que tu dois travailler mon enfant. Sur ta confiance en toi. Me conseille mon père.

- Je l'espère papa, je l'espère et promis je vais essayer…- lui murmurais-je.

Je me couche et m'endors la tête pleine et le cœur lourd de questions sans réponses.

Est-ce que je resterais coupé en deux par rapport à James ? Arriverai je à dépasser ma plus grande peur ou l'éviterai je simplement ? Dois-je travailler sur ma peur ou sur mon manque de confiance en moi-même ?

Dès mon réveil, je ne sais toujours pas ce que je dois faire concernant le combat à mains nues. Je le redoute, peu être plus qu'il ne le faudrait, mais je le redoute. Mais aujourd'hui, nous n'avons pas les combats, aussi je décide de repenser à toutes ces questions le moment venus. Je dois me concentrer sur ce qui me sera demandée de faire aujourd'hui.

Je pars à pied jusqu'au siège avec mon frère pour prendre le bus. Mon bus, le bleu, arrive suivis du bus noir de mon frère. Je prend mon frère dans les bras, afin de me donner du courage.

- Ne t'en fais pas. Tout va bien se passer. Essaie de me rassurer Cyril.

Mon frère a toujours su trouver les mots rassurants. Je me retire de ses bras et monte dans mon bus. Je regarde le chauffeur, l'homme avait l'air d'avoir une cinquantaine d'année, assez dodu, dégarni sur le dessus de la tête, les cheveux sur le côté et sa barbe grisonnante. Je ne voulais pas trop m'attarder sur son physique, je n'ai pas pour habitude de regarder les gens de trop près, mais ma curiosité fut piquée. Quel est son don ?

- Bonjour, je m'appelle Mitch et toi ?

Mitch était un homme souriant avec une voix agréable et musical comme mon père.

- Bonjour. Kristen enchanté monsieur, lui réponds-je, tout sourire.

- Non moi c'est Mitch, juste Mitch.

- Dans ce cas, enchanté Mitch, de vous connaître.

- Moi aussi mademoiselle Kristen.

- Kristen.

Je rougissais tendrement devant la façon qu'il avait eu de me mettre à mon aise et de ne pas m'avoir corrigé sur ma façon inquisitrice de l'observer.

- Fillette, tu es la dernière à monter dans ce bus, installe-toi donc à côté de moi, veux-tu ?

Je regarde autour de moi et compris que je devais m'installer sur le siège supplémentaire, celui près de la porte. Je n'avais pas l'habitude de faire confiance et une telle familiarité n'étais pas une chose courante dans mon quotidien. Tous me regardaient normalement comme si j'étais un cafard de la société, mes parents, le couple anormal y faisait pour beaucoup.

- Vous êtes la première personne de gentille avec moi hormis ma famille.

- Je ne te crois pas. Tu m'a l'air pourtant très sociable.

- Pas tant que ça. Je ne sais pas pourquoi, vous me paraissez.... Familier.

- Ce doit être mon don de sagesse qui doit te donner cette impression.

- Je ne vous savez pas sage. Comment se fait-il que vous êtes chauffeur de bus... Enfin, si je puis me permettre... Ni voyait aucun sous-entendu... Il n'y a rien de dégradant dans cela... Je veux dire... Oh excusez-moi. Dis-je empourprée.

D'un coup, Mitch part dans un immense éclat de rire. Un rire si jovial que mon mal-être se dissipa.

- Ne vous en faite pas. J'ai choisi mon métier parce que je l'aime... Simplement. Contrairement aux braves ou aux connaisseurs, les sages, les culturistes et les réalisateurs ont plus la liberté de choisir.

- Oh... Je l'ignorais.

- Les connaisseurs sont soit médecins, soit enseignants et les braves sont soldats.

Durant tout son discours, je ne mettais pas rendu compte du chemin parcouru. Nous somme arrivés devant le bâtiment des braves.