Narrateur externe
Très rapidement, l'information avait fait le tour de la toile. La nouvelle s'était repandue comme une traînée de poudre dans tous les médias de la ville. Tout le monde était au courant pour les fiançailles de Mathis et de sa mystérieuse petite amie. De sa famille, passant par ses collaborateurs jusqu'à arriver à ses multiples conquêtes. Tous ont vu la nouvelle aux infos. Sa mère et sa sœur l'ont appelé tant de fois. Il n'a pas daigné décrocher. Qu'aurait il bien pu leur dire ?
La question qui était à la une était : qui pouvait bien être cette fille qui a su dompté Mathis Johnson, le tombeur de ces dames ? Jamais il n'a été vu avec elle par le passé. Personne ne connaissait l'identité de la jolie demoiselle. Malheureusement, son visage n'apparaissait pas trop bien dans les vidéos postées. Sur les photos encore moins. C'était soit assez floutés, soit elle avait très souvent la tête aux creux du cou de Mathis dans les clichés. Encore heureux que les gens présents s'étaient attardés sur la partie romantique de la chose au point de rater les prises.
Mathis Johnson
Dépuis ce matin, mon téléphone n'arrêtait pas de sonner. Tout le monde voulait être le premier à confirmer l'information sur leur chaine. Ils savaient tous ce que représenterait une information d'une telle envergure pour leur carrière. C'était le saint Graal. Mais moi, je n'avais pas la tête dans tout ça. Il me fallait tout gérer avant que cela ne parte en sucette.
Sentant la pression monté, je rappelai mon assistant pour en savoir où il en est. C'est lui qui a commencé avec cette idée farfelue de demande en mariage romantique en presence de spectateurs. A croire que l'on était à Hollywood. C'est lui qui devrait régler ça. Qu'il fasse vite surtout. Je ne vais pas pouvoir gérer maman trop longtemps. Je la connais. Elle est capable de débarquer jusqu'à chez moi si mes explications tardent. Cette femme accorde une grande importance aux apparences... à l'image que renvoie cette famille qui d'après elle devraient être impeccable.
- Tu vois ce que tu as créé avec ton idée stupide Andrew ? A quoi diable est ce que tu pensais en organisant ceci ? A quoi te sert ton putain de cerveau ? Tu as tout gâché bordel de merde. Et maintenant il va me falloir tout nettoyer derrière toi.
- Je suis entrain de tout arranger monsieur. Ne vous inquiétez surtout pas. Je trouverai une solution bientôt. J'ai déjà les choses en main.
- Tu as intérêt à faire vite abruti. Sinon dit bonjour au chomage imbécile. Je réglerai ton cas. Je m'assurerai que personne ne te prend même pour nettoyer son chien puant.
Je raccrochais et balançais le téléphone avec rage. J'étais beaucoup trop hors de moi pour faire autre chose. Ce n'était pas ça le plan. Je ne voulais pas la présenter au monde comme étant ma fiancée. Mais plutôt comme ma femme. Encore moins de cette façon là. Maintenant que des vidéos de ma demande en mariage circulait partout sur la toile, je vais devoir me dépêcher de conclure avec elle. Par tout les moyens. Sauf que je n'étais pas prêt à ceder au chantage de Lucia. Jamais au grand jamais.
Duper le monde entier avec un faux mariage, c'est d'accord. Mais en faire un mariage religieux, non. Il ne faut pas pousser le vice aussi loin.
- Merde ! Fait chier, lachais je en tapant du poing sur la table. Entre Andrews le con et Lucia la chieuse... C'est bien ma veine, ça.
Connaissant déjà les rouages du système, j'avais peur qu'on aille harceler Lucia ou qu'on puisse effectuer des recherches sur elle. Et son passé ? Mon Dieu ! Combien allait il falloir de temps avant que l'on découvre son passé de délinquante ? Et ça, ce n'était pas bon pour moi. Ce n'était pas bon pour elle. Ce n'est pas bon tout court.
- Combien de fois vais je devoir nettoyer après elle si on se marie ? Pfffff !
Je récupère mon téléphone, sors de la maison en furie et va retrouver mon chauffeur.
- Lopez, tu iras chercher madame chez elle. N'accepte pas d'objection, je lui ordonne. Elle va rester ici. Alors qu'elle fasse ses bagages. Qu'elle n'emporte que le strict nécessaire. Ma maison n'est pas... Bref ! Va donc la chercher. Au retour évite les journalistes.
- Oui monsieur, acquiesça ce dernier.
Je lui refilai l'adresse et le chauffeur s'exécuta. Il alla chercher Lucia Monica chez elle.
Lucia Monica Fabien
- Bonjour mademoiselle ! Me salua le chauffeur.
- Bonjour monsieur Lopez ! Répondis je sagement.
- Vous devriez venir avec moi mademoiselle. Le patron m'a envoyé vous chercher. Il vous attend à la maison. Allez donc faire vos bagages. Il a dit que vous ne devriez emporter que le nécessaire. Vous allez habiter chez lui un temps. On prendra d'autres résolution pour le reste.
- Vous diriez à votre... pa-tron que je ne compte pas bouger d'ici. S'il me veut chez lui, il sait ce qu'il lui reste à faire. Rien ne se fera avant cela. Faites lui passer le mot s'il te plaît Lopez.
- Cette fille doit être importante pour le patron. Elle le mène à la braquette, pensa Lopez un peu plus à haute voix qu'il ne l'aurait souhaité.
J'étais décidée. Depuis mon appel avec ce dernier je l'avais déjà, ma résolution. Mathis peut envoyer l'armée que je ne bougerai pas de chez moi.
- Mais mademoiselle le patron a...
- Je me fous de ce qu'a dit le patron ou ce qu'il n'a pa dit. J'y vais pas avec vous. Un point, un trait. Qu'il vienne lui s'il se croit plus costaud.
- Venez avec moi mademoiselle. Ou j'appelerai moi même le patron.
- Appelle qui tu veux. Je dis je ne bouge pas d'ici.
Malgré toutes les tentatives du chauffeur, j'étais campée sur ma position. Je n'irai pas chez Mathis avant d'être mariée avec celui ci. Et il n'y aura pas de mariage si cela ne se passe pas à l'église. Sans plus, sans moins. Il connaît ma position. C'est lui qui a l'argent. Mais je ne vais pas me vendre à moins chère non plus. S'il insiste autant, c'est qu'il doit être désespéré. Autant en profiter.
Le chauffeur appelle Mathis au téléphone afin de lui raconter ce qui se passe actuellement chez moi. Il met le haut parleur afin que je puisse entendre.
- Monsieur, la demoiselle refuse de monter avec moi dans la voiture. Elle vous fais dire que vous connaissez déjà sa position. Autrement dit, elle ne bouge pas.
Mathis soupira d'agacement. Cette fille insipide comme il m'appelle, n'allait pas lui faciliter la tâche.
- Tu peux revenir Lopez. Je verrai ça avec elle directement... Cette fille est une vraie plaie, il murmure dans sa barbe.
Narrateur externe
Du côté d'Andrew, il n'arrivait pas à stopper le flux d'informations. Aucun démenti ne pouvait être apporté vu qu'il y apparait très clairement le visage de Mathis dans les vidéos. La situation allait de mal en pire. Mathis lui, n'arrivait pas à quitter chez lui tant les journalistes affluaient devant sa porte.
Plus tard, remarquant qu'aucun des personnes concernées n'a fait de déclaration officielle, chaque journal commençait à avancer leur propre théorie autour de la vidéo. Certains disait que ce n'était surement pas réel vu l'expression des futurs mariés. Que c'était un leurre. D'autres disait que la fille est enceinte d'où la précipitation avec laquelle cela avait été fait. Ou même que l'homme sur la photo et les vidéos pouvait n'être qu'un pâle copie de Mathis.
Jusqu'ici ce n'étais que des rumeurs. Mathis ne fit aucune déclaration. Dans la soirée, un journal a fait sortir une information envoyée par une personne anonymement. C'était en toute première page. On pouvait y lire le titre : cette femme est là pour son argent. C'est une croqueuse de diamant. C'est une petite menteuse et une manipulatrice de première qui use de tout pour retenir un gros poisson dans son filet, on pouvait lire en bas de page.
Plus tard, d'autres medias ont relayé l'information. La nouvelle est arrivée aux oreilles de Mathis. Nulle ne sait d'où est parti l'information et ce dernier ne faisait que gueuler sur Andrew. Pourtant, il savait très clairement que ce n'était pas là, la solution au problème. Ce dernier, dans une tentative désespérée essaya de contacter Lucia afin de la raisonner et qu'elle revienne sur sa décision. Elle ne decrocha pas. Il se déplaça dès lors personnellement jusqu'à chez elle.
Il a dû se camoufler pour ne pas être reconnu dans la rue. Tant il évite la catastrophe, ce n'était rien. Car, les commentaires à l'encontre de Lucia étaient peu jolie. Il lui fallait stopper l'hémorragie. Autres part, presqu'au même moment, une jeune femme recevait son dû pour avoir vendu la mèche sur les dessous de cette histoire de mariage. Au moins cette histoire aura fait un heureux.
Mathis Johnson
J'arrive tout juste chez Lucia. Là bas, je la trouvai assise calmement entrain de discuter avec son avocate. Je les saluai poliment. Et part m'asseoir.
- Tu m'accorderas une minute maître ? Je voudrais m'entretenir avec ma fausse fiancée, je dis en fixant Lucia méchamment.
- Daccord, me répondit elle en se levant pour partir. J'y vais Lulu. On se capte après. Tu m'expliqueras la suite plus tard. Prends bien soins de toi. Et surtout soit bien sage... moins têtue.
Elle est partie en nous laissant en tête à tête.
- Tu as au moins vu les infos qui circulent depuis hier soir, pas vrai ? Je la questionnai fou de rage.
- Non. Et ça dit quoi ? Je lui montrai sur sa tablette.
Elle la récupère et fit défiler les commentaires. Entre ceux qui la traitent de parvenue et de débauchée à ceux qui la qualifient de catin, de croqueuse de diamant et de prostituée de luxe, c'était plus violent à chaque nouveau commentaire. Lucia avait les yeux rouges. Elle n'en revenait pas d'être de nouveau au beau milieu d'un scandale.
- Tu me crois mauvais. Mais ce monde est cruelle Lucia. C'est la jungle. Les journalistes sortent n'importe quoi. Du moment que ça leur permette de se faire de l'argent, je lui récupère la tablette des mains. Tu devrais le savoir toi qui a été injustement accusée si l'on croit tes dires.
- Et tu gagnes quoi en venant m'en informer de la tournure des choses ? Elle s'agace.
- Je te l'ai toujours dit, je ne pourrais sauver que l'un d'entre nous si je dois rectifier le tir à la dernière minute. Alors dépêche toi. Tu viens avec moi. Je ne suis pas ton ennemi Lucia.
- Quand tu parles ainsi ? J'en doute.
- ...
- Donc ?
- On se marie à l'état civil aujourd'hui. Et après je m'occupe du reste. Fais moi confiance. Le temps que tu te rendes compte, je t'aurai déjà innocenté et tu pourras reprendre ta vie normalement.
- Je ne...
- Arrête avec tes caprices Lucia. Ce n'est pas un vrai mariage. Et tu le sais. Donc, évitons de donner à cela une importance qu'il n'a pas. Dans tous les cas, tu auras plus à perdre que moi. Je saurais m'en sortir crois moi. Je n'hesiterai sûrement pas à user de tout. Du moment que je m'en sorte. Et toi Lucia ? Saurais tu te defendre ? Tu crois que tu t'en sortiras de cela ? Combien de temps penses tu qu'ils vont mettre avant de commencer à fouiller dans ton passé ? Et c'est sur qu'ils vont tomber sur tes secrets les plus sombres. Tu crois qu'ils sont cruels maintenant ? Mais ça ce n'est rien par rapport à ce qu'ils feront. Et ton officier de probation ? Tu en fais quoi ? Comment reagira t'il quand tu seras au chœur du scandale du siècle ? Serais tu prête à retourner en prison ? Juste pour un foutu mariage religieux. Je doute fort que la réponse à cette question soit oui Lucia.
- Et là tu prend ton pied n'est ce pas ? Tu vas y trouver ton compte. Qui me dit que ce n'est pas toi cet inconnu qui leur a fait parvenir l'info, me questionna Lucia Monica.
- J'aurais quoi à y gagner ?
- Me mettre la pression par exemple.
- Pas faux, répondis je. A te forcer la main ? Peut être que oui. Peut être que non. Mais non. Je suis beaucoup plus créatif que ça ma chère. Et tu le sais. Ce n'est pas moi qui ai fait ça. J'ai aussi à perdre dans cette histoire.
- Mais tu...
- Je ne gaspille pas mon énergie quand je peux procéder simplement.
- Si tu le dis. Alors c'est peut être l'une de tes nombreuses maîtresses. Que sais je ? Tu dois en avoir plein les placards. Ce qui revient à me demander pourquoi tu veux m'épouser, moi ?
A ça, franchement, je n'y avais pas pensé. C'est vrai que de ce côté là, la liste est longue. Surtout que je connais une folle qui en est bien capable. J'espère tout simplement que cette information n'a été que pure spéculation des journalistes et non ce que pense Lucia. Sinon l'autre fera aura de mes nouvelles.
- Tu as un choix à faire maintenant. Et tu dois le faire rapidement, je la préviens en me levant de son petit canapé tout minuscule. Soit tu viens avec moi. Soit tu te demerdes toute seule. Dans les deux cas, tu sais à quoi t'en tenir.
- Bien. Je te suis alors. Ai-je seulement le choix ? Elle soupire.
- C'est ainsi que j'aime te voir. Toute obéissante.