Lucia Monica Fabien, épouse Johnson
A mon reveil ce matin, je ne ressemblais en rien à une jeune mariée. Les cheveux en pagaille, une tenue négligée, une mine affreuse, j'ai l'air au bout de ma vie. Je n'ai toujours pas digéré la crasse que m'a faite Mathis hier au cours de la journée. Tricher pour gagner ? Je ne m'attendais vraiment pas à ça de sa part. Et jusqu'à lors, il ne m'a encore pas confirmé ce qu'il voulait.
M'imaginer subir son chantage une semaine durant, me donne des migraines. Entre temps, quelqu'un est venu toquer à ma porte. Croyant que c'était la dame de menage, je suis partie ouvrir la porte telle que j'étais. Mais, ce n'était nul autre que mon pseudo mari. Mathis se retourne en même temps que je refermais la porte. Pauvre de moi avec les yeux on dirait l'ours panda. Je me suis sentie tellement gênée que Mathis me voit comme ça.
En plus de mes cheveux décoiffés et de mon regard de cadavre, je ne portais qu'un long t-shirt un peu trop grand pour moi. Qui dort en portant ces genres de choses ? Mathis, derrière la porte a tout de même choisi de m'expliquer les raisons de sa venue.
- Prépare toi. Nos avocats sont déjà arrivés. Ils sont en bas. Ne les fait pas trop attendre s'il te plaît.
- De si tôt ? J'ai encore sommeil moi.
- Il est 9 heures Lucia. A quelle heure tu allais quitter ton lit aujourd'hui ?
- Je suis en lune de miel, je replique. N'est ce pas ce que tu as dit hier ? Je l'applique mon cher mari. C'est toi qui m'as demandé de rester cloîtrée à mon lit.
- Très bien, repondis Mathis. Tu utilises ce que je dis contre moi pour te justifier. Mais c'est super. J'espère que tu as les côtes solides ma grande. En attendant, je n'ai toujours pas fait choix de mon trophée de champions.
- Grrrrrrrrr !
En effet, très tôt le lendemain, les avocats de mon mari et Lisa ont debarqué chez nous afin de discuter de mon affaire. Tout le monde était en bas, ils n'attendaient que moi. Je prend le temps de me faire belle et je descend plus d'une demie heure après que Mathis soit venu me chercher. Je pris place à côté de mon mari qui me tient la main, en attendant qu'on m'explique plus clairement ce que l'on attend de moi. Je fixe sa main et glisse mon regard à la recherche du sien. Il semble à fond dans le mood. Moi même je ne comprends pas vu que nos avocats sont au courant du contrat qui nous lie.
- Madame Johnson, je suis maître Morel Davila, se présenta l'un des avocats présents dans notre salon. Je suis accompagné de mon collègue Luciano Espinoza que vous connaissez déjà. Votre mari ici présent a fait appel à nous dans cet affaire qui vous a opposé à l'état de l'Indiana. Vous avez été accusée d'homicide volontaire sur la personne de Sébastian Parker. Votre ancienne avocate, mademoiselle Larson ici présent nous a fait parvenir le dossier. Je vois là qu'il en manque certains éléments clés de l'enquête. Maître Espinoza et moi même, voudront faire une requête. Pour cela, on aura besoin d'amener de nouveaux éléments. Comprenez vous ce que cela signifie.
- Je secoue négativement la tête.
- On va donc vous expliquer.
- Maître Larson, par respect pour votre travail accompli jusque là, je vais vous demander de ne pas prendre ce que je vais dire au premier degré.
- Allez y maître, répondit Lisa.
- Maître Davila et moi même souhaite tout revoir depuis le début. Il se pourrait que certaines choses vous ont échappé, enchaîna maitre Espinosa.
- Vous voudriez commencé par où, questionna Lisa ?
- Ici il est noté qu'on a jugé l'affaire comme étant un crime passionnel. Et si vous nous expliquez le genre de relation que vous aviez eu avec la victime madame Johnson. Tous les détails comptent. Même ceux qui d'après vous paraîssent sans aucun intérêt.
Je regarde Mathis. Ce dernier m'encourage de la tête. Je me mis à tout leur raconter. J'essayais de me souvenir d'un maximum de choses possibles. Mais en 10 ans, il y a bien évidemment des choses que le cerveau n'a pas jugé utile de retenir.
- Connaissez vous la femme avec laquelle elle vous a trompé ? Me questionne maître Espinoza. Se pourrait il que cette femme aurait commis le crime pour lequel on vous accuse ? Disons les choses comme elles sont. Si on arrive à intégrer cette troisième personne à notre théorie, on arrivera à semer le doute parmi le jury. On peut facilement lui coller un mobile. Sebastian allait vous épouser sous peu. Malgré que cette femme couchait avec la victime, celui ci n'avait pas changé ses plans pour autant. Et là, elle vient d'avoir un mobile. Il nous suffit de la placer sur la scène de crime et le tour est joué.
- J'aimerais prouver mon innocence, c'est certains. Mais, ce ne sera sûrement pas en envoyant quelqu'un d'autre en prison à ma place maître, je lui dis. Une innocente de surcroît.
- Ce n'est pas ce qu'on te demande Lucia, dit Mathis. Les avocats qui sont là sont entrain d'explorer les pistes. Il leur faut un évènement nouveau pour qu'ils puissent demander une révision de peine pour toi. Ainsi, ils auront accès de nouveau aux éléments de preuve récoltés au cours de l'enquête. Si ce n'est pas elle le coupable, rien ne lui arrivera.
- On doit revoir certains témoignages, les analyser, voir le legistes. Il est clair que quelqu'un a voulu que vous tombez pour ce crime. Cette personne s'est donné beaucoup de mal. Vous n'avez pas eu un procès équitable. Cela signifierait que même les juges sont dans le coup. C'est le moment de penser à vous d'abord, déclare maître Davilla.
- Qui donc m'aurait voulu du mal à ce point ? Je n'ai pas d'ennemis maître, je lui affirme. Sébastien me trompait. Je n'ai jamais été au courant. Ce n'est que quand j'ai été condamnée qu'elle s'est manifestée. Me tenant pour responsable de la mort de son homme. Alors qu'elle était censée être mon amie, je conclus nostalgique.
- Des ennemis, on en a tous madame Johnson. Et ceci, pour des raisons plus basique que d'autres. Les gens vont vous détester même pour vos imperfections. Amis, familles ou simple étrangers. Alors, gare à vous de croire que vous n'avez pas d'ennemis parce que tout le monde a été gentille avec vous. De plus, souvent fois, on se tue à chercher cet ennemi loin de soi, alors que c'était juste quelqu'un près de soi. Alors êtes vous sûre que vous n'en avez pas eu ?
- Je ne vois toujours pas qui aurait pu me faire ça, j'ajoute. Ashaya m'a certes mentie... Elle a profiter de ma naïveté pour sortir avec mon chéri, mais ce n'est pas une meurtrière.
- Mais ça madame, c'est à la justice d'en decider. Mais bon, ce n'est pas bien grave. On pourra trouver assez rapidement. Je vais donc faire jouer mes relations. Qui sait ? On dénichera certains preuves pour te sortir de là. Pour le moment, la seule chose que l'on pourra faire, c'est de semer le doute.
Je me mis debout. Dans le salon, je commence à faire les 100 pas nerveusement. Et pendant ce temps là, maître Davila venait de recevoir un appel. Il s'écarte pour discuter et revient nous trouver des minutes plus tard.
- Avant de venir ici, j'ai demandé à l'assistant du cabinet Davila & Espinosa de chercher des informations sur le médecin légiste qui était sur le dossier au moment où madame Johnson avait été condamnée. Ce dernier vient de m'informer que le médecin à été retrouvé mort chez lui le lendemain où la condamnation de madame avait été prononcée. Cause du décès ? Il a été électrocuté par son fer à repasser, informe maître Espinosa. Ce qui confirme ce que l'on savait déjà. Pleins de gens haut placé sont dans le coup.
- Mon Dieu ! C'est horrible. Comment ai je pu passé à côté de cela ? Se demande Lisa.
- Ce n'est pas pour vous envoyer la pierre maître. Mais, vous étiez plus focalisée à la faire sortir n'importe comment qu'à l'innocenter réellement. C'est justement pour ça que vous êtes passée à côté, lui répondit maître Davila.
- Et maintenant qu'allons nous faire ? Questionna Mathis.
- On a notre élément nouveau. Comme je dis, on va faire une demande de révision de peine. Un jury sera constitué. Par défaut de preuve concrète, on s'assurera de semer le doute dans leur tête. Par défaut de trouver un autre coupable, un jury départagé, ce sera notre meilleure option pour commencer, repondit maître Davila confiant.
Je reviens m'asseoir. Mathis me tire à lui et m'enlace la taille d'une main.
- On a confiance en vous maître. Pour ma part, vous avez carte blanche. Ce qui m'importe c'est que ma femme s'en sorte lavée de tous soupçons. Lucia n'est en rien une meurtrière. Regarde la. Pensez vous que toute cette douceur puisse être simulée.
Je me racle la gorge.
- On fera tout pour innocenter madame, affirment les avocats en chœur.
- Merci bien, je souris timidement en cherchant à me dégager de l'emprise de mon mari que je trouve beaucoup trop à fond dans son jeu d'acteur.