Des minutes plus tard
Lucia Monica Johnson Fabien
- Dépose moi là. Tout à l'heure tu as dis qu'on y était presque. Je ferai le reste du trajet à pied, je m'insurge. Tu n'auras qu'à m'expliquer par où aller.
- Tu es sûre de toi ?
- Bien évidemment que oui.
- Daccord, obtempérera Mathis. C'est l'immeuble juste en face. Tu te débrouilleras sur place alors pour trouver ton chemin.
Je descendis du véhicule. Il s'en va et je me dirigeais droit vers l'immeuble. Plus je m'approchais, plus j'étais ébahie. La beauté des lieux m'a laissée la bouche grande ouverte. Des immeubles, j'en ai déjà vu beaucoup dans ma jeunesse. Mais des comme celui là, ce n'est pas sur. Tout est grandiose par ici. C'est si merveilleux à regarder. Au moins, il a du goût.
- Waw ! Louer un espace comme celui là doit lui avoir couté la peau des fesses ! Je m'exclame sans savoir que l'immeuble entier était à mon mari.
Moi qui n'ai jamais été fan de l'extravagance, j'étais en parfaite admiration devant un tel chef d'œuvre. Pour une fois, je n'ai rien à redire. Une fois arrivée devant celui ci, je virevolte comme une âme perdue. Mon mari avait oublié de mentionner un détail très très important pour moi. Le fait qu'il y avait plusieurs entrées et de ce fait, je ne savais pas laquelle empruntée. Surtout que l'immeuble logeait un bon nombre d'entreprises. Mais, est ce vraiment de l'oubli quand on tient compte du fait que l'homme en question est lui même propriétaire des lieux ?
J'essayais tant bien que mal d'appliquer les mots de mon mari-patron pour trouver mon repère. N'est ce pas il m'avait prevenu que je devrais me débrouiller à l'entrée si je continue mon intéressante ? Sauf que, moi, je ne pensais pas que cela aurait été d'emblée ce que je devrais faire. Surtout quand je pense au fait que ce dernier m'a clairement signifié qu'il n'accepte pas les retards. Ce n'est pas pas comme s'il pouvait me virer dès le premier jour. Je suis sa femme quand bien même.
- Tu acceptes enfin être sa femme ? Me souffle ma conscience. N'est-ce pas tu disais que c'était un faux mariage. Il peut bien faire de toi ce qu'il veut. Te révoquer et t'obliger à rester bloquée à la maison, pour commencer.
Cette idée me pousse à me dépêcher. Si je devais passer mes journées à la maison, la folie aurait raison de moi. Alors je m'active. De porte en porte, je m'en vais quémander de l'aide des personnes sur place. Personne ne semble vouloir m'aider. Comme si personne n'était au courant de rien. Ou peut être que personne n'a remarqué mon désarroi. Au moment où je désespérais, je tombe sur une demoiselle qui rentrais au même moment. Je repense aux autres personnes qui m'ont déjà ignorée. La honte me gagne. Mais, je me décide tout de même à lui demander ma route.
- Bonjour ! Je la saluai en m'approchant timidement d'elle.
- Bonjour ! Elle me répondit avec un grand sourire.
- C'est par où pour aller au bureau de monsieur Mathis Johnson s'il vous plaît ? C'est mon premier jour aujourd'hui et je me suis perdue.
- Vous êtes ?
- Lucia. Lucia Monica Fabien. Je suis sa nouvelle assistante.
- Ah ! Je vois. La voiture du boss est là depuis un bon moment déjà. Cet homme est un vrai tyran. Il n'aime pas les retardataires. Il y en a une qui va se faire gronder pour ses débuts, elle me prévient.
- Ah ça ! Il était donc sérieux, je dis pour moi même. C'est mon premier jour, je doute qu'il mette ses paroles à exécution.
- C'est mal connaître le patron mademoiselle. Mais bon, j'y vais tout près. Donc on peut y aller ensemble. Je reçois la proposition de la demoiselle comme une délivrance.
- Merci ma jolie, je la poursuivis sans hésiter.
- En fait, je m'appelle Samira, se présente t'elle. Tu es Lucia suivant ce que tu as dit, n'est ce pas ? J'hochai la tête en guise d'affirmation.
Guidée par Samira, j'arrive au bureau de Mathis une quinzaine de minutes plus tard. De deux coups bien appliqués, je toquai à la porte du bureau de celui ci. J'entendis le raisonnement de la sonnette. Signe que je pouvais rentrer.
- Enfin, tu es là. C'était bien dehors ? Il se moque.
Comme il m'énervait à cet instant précis ! Si seulement je le pouvais, je lui aurais fait taire sur le champ tant sa tête de con m'énervait. En fait, depuis le mariage, tout de cet homme m'énerve. Mais, obliger, je dois le supporter. J'ai doublement signé pour ça. On n'en est pas très loin du but. Ce n'est pas pour abandonner si près du but que j'ai entamé cette démarche. Mathis quand à lui a déjà commencé à jouir des fruits de ce mariage.
Pour lui, tout commence à se faire. Même si c'est à petite échelle. On parle toujours de lui dans la presse people, mais cela se fait de manière très élogieux. Entre temps, je reçois des balles perdues de toutes ces groupies qui le convoitaient dans l'ombre. Tout ce dont j'espère, c'est que mon passé n'apparaissent pas un beau jour étalé dans ces pages à merdes. Pour une raison que j'ignore, il n'y a pas encore eu de sortie publique. Pourtant il m'a épousée pour exactement ça. Se pourrait il qu'il ne me trouve pas à la hauteur ? Qu'attende t'il d'autres si ce n'est que ça ?
En effet, la nouvelle de notre fiançailles a déjà fait le tour, quoique les gens ne savent pas encore qui est l'heureuse élue. Ceux qui avant le mariage le cataloguait de Don Juan commence à le regarder autrement. S'ils savaient au moins qu'il était marié... Voire les dessous de ce mariage, on serait reparti pour un autre feuilleton. Les questions qui perdurent concernent simplement mon identité. A croire que c'est cela la plus important. Qui est celle qui a reussi à mettre la corde au cou du très convoité Mathis Johnson ?
- Alors, tu as perdu ton ouïe ? demande Mathis faisant tourner son crayon.
- Non monsieur, répondis je avec assurance. Vous parlez, donc j'écoute pour après prendre des notes. J'aimerais bien savoir en quoi consiste mes fonctions.
- Monsieur ! S'étonna Mathis.
Les yeux grands ouverts, les sourcils froncés, ce dernier attendait visiblement une explication sur les raisons pouvant me pousser à adopter une attitude si détachée avec lui au travail. Il aurait dû le deviner pourtant.
- Oui, monsieur, je confirme. Vous êtes mon patron...
- Et aussi ton mari, me coupa Mathis.
- Correction. Mon faux mari. Ce n'est qu'un contrat entre tous les deux, il ne faut pas que l'on oublie.
- Ouais, tu as raison. Il s'en va à son bureau et s'asseoit en croisant les jambes.
- Tu auras le bureau d'en face de la mienne. Pour ce qu'il y ait de ton travail, c'est Andrew qui se chargera de t'expliquer. Sache donc que je supporte mal l'insubordination et le manque de rigueur dans le travail. Tu peux donc disposer.
- Si vous permettez, dis je en partant.
Comme convenu, je regagne le bureau tout juste en face. Ce que je ne savais pas c'est qu'avant moi, aucun assistant n'a eu le droit d'être au même étage que le patron. Ce qui commença à faire jaser l'entourage. Dans toute l'entreprise, la nouvelle à propos de la jolie petite assistante du patron qui venait d'arriver avait déjà fait le tour. Et que j'étais déjà dans leur collimateur. Déjà, tout le monde cherchait à savoir qui était cette femme pour qui le patron a céder sur l'un de ses règles d'or.
A midi, l'heure de la pause, Mathis m'a appelé histoire de savoir si je comptais déjeuner avec lui.
- Je vais le faire ici. Avec les autres. Il y a bien une cafétéria par ici, n'est ce pas ?
- Oui. Mais c'est pour les employ...
- Pour les employés, vous alliez dire ? Mais j'en suis un... monsieur. Alors mes excuses ! Je déjeune avec les employés.
- Ne commence pas Lucia.
- Je ne commence rien. Il est impératif que les employés ne m'associe pas à toi. J'aurais pensé que c'était ce que toi aussi tu voulais. N'est ce pas tu m'avais conseillé de faire profil bas ?
Sans plus attendre, je me suis rendue à la cafétéria sous le regard meurtrier de Mathis. Dieu merci Andrew m'avait fait effectuer une visite guidée ce matin à mon arrivée. Je peux assez facilement retrouver mon chemin lors de mes déplacements. A la cafétéria, beaucoup des filles de l'entreprise voulait partager ma table. Parmi elles, il y avait même Samira. Ce que je ne savais pas c'était les raisons pour lesquelles elles voulaient tant faire amie-amie avec moi. Les raisons étaient tous autant écœurant que les personnes qui proposaient leur amitié.
- Comment as tu fait pour obtenir ce travail ? Commença Mayela intéressée. N'ayant pas relevé le double sens de sa question, je lui répondis en toute innocence.
- Oui, mais... Tu connaissais déjà le patron avant ça ? renchérit elle.
- Pas du tout, répondis je toute gênée.
- Ah ! Je n'avais pas connaissance qu'il recherchait une assistante.
Mayela échangea un regard complice avec ses deux acolytes de commérages, à savoir Samira et Myerline. Dans sa tête, il était déjà clair qu'entre moi et le PDG il se passait un truc. Elle s'est donnée pour mission de trouver ce que c'est. Et même si pour cela, elle se devait de devenir mon amie alors qu'elle ne m'aimait pas du tout. Mais de cela, je n'en savais rien.
- Tu as tellement de la chance Lu... Je peux t'appeler Lu n'est ce pas ? Demande Samira excitée.
- Bien sûre, j'accepte sans me douter de rien.
- Je disais que tu étais si chanceuse. Jamais le patron n'a partagé son étage avec les employés avant toi. Tu es bien la première.
Je mime juste un sourire en me disant intérieurement qu'il faudrait que je corrige cela.
- Si je dois travailler ici, il faut que je sois traitée sur le même pied d'égalité que les autres. Dès que je serai rentrée, j'en parlerai avec Mathis. Je ne vais pas me faire détester pour rien, je pensais.
Narrateur externe
- Il s'est fiancé à elle madame Johnson.
- Cela ne veut rien dire. Mon fils a toujours eu ce genre de relation. Cela n'empêche que c'est toi la femme qu'il lui faut.
- Mais jamais il n'a été aussi loin. Il se contentait à chaque fois de ramener une autre. Mais pas de se fiancer.
- Jusqu'alors, je ne comprends toujours pas pourquoi vous faisiez tout ça. Toi et Mathis vous êtes amoureux. Ne pouvez vous pas tout simplement vous contenter de vivre votre amour au grand jour ? Vous les jeunes vous faîtes les choses comme bon vous semble. Et après c'est aux adultes de nettoyer après vous. Crois tu que Mathis ait encore 20 ans ?
Elle incline sa tête.
- A un moment donné il va se fatiguer de toi et de tes caprices. Tout est de ta faute. Je doute que mon fils laisse trainer notre nom dans la boue par amour pour toi. Là, il en a choisi une autre afin de laver son image. Je doute que la prochaine soit pour les mêmes raisons. Magne toi Maëlle. Amoureux ne signifie pas stupide.
- Je sais madame Johnson.
- On ne dirait pas. Cette fois je vais intervenir. Mais ne compte pas sur moi pour continuer à jouer à police secours à chaque fois. Je suis très fâchée contre toi Maëlle.
- Je vais essayer de mon côté aussi.
- Ce serait bien oui. Déjà que mon fils snobe mes appels.