Mathis Johnson
Le jour suivant, j'ai commencé à agir comme s'il ne s'était rien passé la veille. Ce matin je n'ai même pas pris mon petit-déjeuner avant de quitter la maison. J'ai même accordé sa journée de travail à Lucia. N'ayant pas pu riposter, elle se décide à passer la journée au spa. Ce qui je trouve formidable. Elle aussi a besoin de se changer les idées.
Au bureau, je me tue au travail pour garder mon esprit accroché à autres choses que ces paires de seins qui me narguent dès que j'ai les yeux clos. Cela a été une très mauvaise idée de me rendre dans sa chambre. On toque à ma porte. J'autorise la personne à entrer. Je découvre amèrement Andrew et sa face de clown. Pas le visage que j'aurais voulu voir. Puis, mon cerveau qui se remettait à peine à fonctionner me rappelle que ma femme a eu sa journée de libre. Je suis bien trop con. Pourquoi j'aurais voulu que ce soit elle qui passe cette porte ?
- Monsieur Louis est là, m'informe Andrews.
- Fait le entrer, je répond. Et... je ne suis là pour personne j'ajoute alors qu'il s'appretait à tourner le poignée de la porte. Frantz et moi, on a à faire.
- D'accord monsieur !
Lucia Monica Johnson Fabien
J'ai eu ma journée de libre sans en comprendre les raisons. Tout ça, c'est Mathis et sa bipolarité. Un jour il me traite comme si à ses yeux j'avais un minimum d'importance. Et le lendemain tout ses faits et gestes respirent l'indifférence. Mais bon ! SA maison, SA manière de faire. Qu'est ce que j'en ai à redire.
Je me préparais à passer une journée bien détendue au spa. Sauf que la réalité était tout autre. Depuis la minute où je suis est entrée au club tout le monde me regardait de travers. A croire que j'avais quelques choses au visage.
- Je ne savais pas que les parasites pouvaient se payer le service à ce genre d'endroit, commente l'une des femmes présentes à l'accueil.
Elle n'était là que pour bosser. Et c'est elle qui se permet se genre de réflexion. Je compris que cette femme cherchait juste à m'embêter. Quand je me suis rappelée que mon mari a dû jouer des pieds et des mains afin de m'obtenir cette carte et qu'il ne fallait pas que je fasse de vagues. Alors, je me suis tue. Je me suis contentée de lui gratifier de mon plus beau sourire.
Fouillant dans mon sac, j'ai fait sortir ma carte et la tend à l'accueil. La réceptionniste la récupère et a fait une double vérification. Cela n'a jamais été la marche à suivre. Cette carte stipulait que j'étais une cliente VIP et que par conséquent, je devrais bénéficier du traitement qui y est attribué.
- On donne une carte VIP à n'importe qui, à ce que je vois, dit une autre qui venait par derrière. - Madame Johnson ! Cela doit être une blague, comme la réceptionniste.
- Tout dépend du Johnson dont on parle, recommence l'autre femme. Le seul que je connais ne s'abaisserait pas à un tel niveau. Et Dieu merci, il n'y a pas dans sa famille des gens... comme ça, il me scrute avec dégoût.
Je prenais sur moi pour ne pas taper un scandale. Malgré toute l'ambiance hostile qui régnait aux alentours, je me contentai de récupérer ma carte et de rejoindre l'une des salles de massage. J'étais là pour me détendre après tout. Je n'allais pas me laisser atteindre par autant de suffisance de leur part. Par le passé, j'ai connu de ces personnes trop imbu de leur propre personne qui pense que rabaisser les autres apporteront un plus à leur grandeur. Et je dois dire que cela ne m'ébranle pas tant que ça. Je sais qui je suis. Je sais ce que je vaux.
Après le massage, j'ai pris un bain de vapeur avant de rentrer chez moi toute détendue. Mon mari n'était pas encore rentré. Alors, je me suis rendue en cuisine aider les aides ménagères dans la préparation du diner.
- Madame, tu n'avais pas besoin de te déranger.
- Cela me plaît d'aider. De plus, je n'ai pas un grand programme pour la journée.
- Oui, mais monsieur...
- Il n'a pas besoin de savoir. Ce sera notre petit secret. Elle me sourit et me passe les condiments à préparer.
On a passé un bon moment dans la préparation des mets pour le dîner. Une fois qu'on a terminé, je remonte me doucher, en guettant le retour de mon pseudo mari. Je l'ai attendu jusqu'à tard le soir pour dîner ensemble. Il n'est jamais arrivé. Las d'attendre, j'ai dîné seule et je suis allée me coucher.
Ce soir là, Mathis a dormi hors de la maison pour ne pas avoir à me croiser, je suppose. Peut être qu'il est avec elle. Qu'importe. Cela ne fait rien. Je n'en ai rien à cirer. Le lendemain, il a réitéré ses prouesses. Et ce fut là le début d'une longue série.
Un mois plus tard
Un mois s'est écoulé. Dans la maison, Mathis et moi, nous continuons de vivre comme deux étrangers. Et là, c'est encore pire. Avant on faisait des trucs ensemble. Mais maintenant on ne se parle que pour l'essentiel. Quand il n'est pas entre les cuisses de Dieu sait qui. Je continue de travailler avec lui à l'entreprise. Et nos contacts ne se résument qu'à ça. Oui chef, d'accord chef... Certaines fois, Andrew jouait le rôle d'intermédiaire entre nous deux. Cette situation était très difficile pour moi au départ qui n'a rien capté de ce que j'aurais pu lui faire pour déclencher cet aversion. Mais j'ai pu m'en accommoder assez vite.
Entre-temps une bonne nouvelle est venue illuminée ma vie. Celle de la reconnaissance de mon innocence par l'etat. En effet, le tribunal a statué dessus la semaine dernière. En fait, j'ai toujours été innocente. Mais qu'un tribunal le reconnaisse, cela signifiait beaucoup pour moi. Enfin, les gens n'auront plus de raisons de me regarder de haut en me rappelant cette partie de mon passé. J'avais si peur qu'un scandale éclate avant ce jour. J'accueillie la nouvelle avec une joie immense. J'aurais fêté avec Mathis. Mais ce dernier, égal à lui même avait mieux à faire. Alors, avec Lisa, on a fêté cela comme il se doit.
Cette nouvelle signifie autre chose aussi pour moi. Cela voulait dire aussi que je devrais remettre de nouveau sur la table la discussion sur le fait que je recommence à travailler en tant qu'infirmière. Ce qui voudrait dire, m'adresser à mon mari pour autres choses que le stricte nécessaire établi les jours écoulés. Ce dernier m'avait bien promis que quand on aura réussi à m'innocenter que je pourrais bosser dans n'importe quel secteur qui me ferait plaisir. Vu l'ambiance qui règne dans la maison, cette démarche s'annonce bien difficile.
Des jours se sont écoulés et jusqu'à lors je n'ai toujours pas pu l'aborder. Il faut dire que depuis l'épisode avec Maëlle, ce dernier s'obstine à me tenir à distance sans me fournir une explication. Ne serait ce pas là la raison pour laquelle il m'évitait ? Las de tenter en vain, je me suis alors décidée à rester à ma place. Il ne faut pas que ce dernier se mette à penser qu'il ne saurait être tranquille qu'ailleurs et pas du tout à la maison. C'est chez lui. Après tout, ce n'était pas un vrai mariage.
Ce matin, comme tous les autres jours, je m'en allai travailler au bureau avec Mathis. Je suis arrivée avant lui. J'ai pris le temps d'arranger son bureau, de laisser son planning à l'intérieur et d'aller chercher son café par la suite. Malgré que tout était en place, cela n'a pas empêché que ce dernier m'appelle dès qu'il est arrivé.
- Vous m'avez fait appeler monsieur, je dis dés que j'ai passée la porte.
- Exactement. Je n'ai pas vu mon rendez-vous avec le docteur Bounce sur le planning.
- Mais vous ne m'avez pas...
- Maintenant tu es au courant, il me coupe. Et je veux que tu l'ajoutes à mon planning d'aujourd'hui.
- Entendu... Je voulais...
- Me parler de la possibilité de te remettre à bosser comme infirmière, il me coupa de nouveau. Je sais. C'est la raison pour laquelle je vais discuter avec le docteur Bounce.
- Oh ! Tu t'es souvenu de ça, répondis je surprise avant de m'extasier. Merci beaucoup. Je ne saurai jamais te remercier assez. - On a fait un deal Lucia. Je respecte juste ma partie du contrat. Tant que tu respectes la tienne on sera tous les deux gagnants.
- Merci. Je repartais quand Mathis m'arrêta.
- Maintenant que tout est rentré dans l'ordre, j'aimerais que tu m'accompagnes à une soirée gala la semaine prochaine, il m'informe.
- Que je t'accompagne ?
- Je reformule. On est invité à une soirée gala en tant que couple. Donc, étant donné que tu es ma femme...
- Fausse femme, j'interviens.
- Soit. Peu importe. Tu dois m'y accompagner tout de même.
- ...
- De plus, toi et moi on a un deal. Et ce partenariat c'était du gagnant-gagnant.
- Mais les journalistes ne t'embêtent plus. Pourquoi tu devrais aller m'exhiber tel un trophée. N'as tu pas publié assez de photos de nous simulant un bonheur parfait ?
- Des photos où ton visage n'apparaît jamais. De plus, personne ne sait que tu es ma femme. Le contrat n'a pas changé Lucia. Dépuis le début tu savais de quoi il en était question. Ce choix c'était pour te préserver toi. Maintenant que tu as été innocentée et que ton casier a été mis sous scellé, je ne vois pas ce qui t'empêcherait d'honorer ton contrat. Oui, pour le moment j'ai du repis avec les journalistes. Combien de temps cela va prendre avant que cela ne recommence si je continue de me montrer en publique tel un célibataire ?
- D'accord.
- Quoi donc ?
- Je viendrai avec toi. Si cela peut contribuer à payer mes dettes.
- C'est mieux comme réponse. Ce n'est que le contrat qui l'exige Lucia. J'ai assez prêté attention à tes intérêts. Maintenant, place aux miens. Je pourrais en profiter pour te présenter comme étant ma femme.
- Ce sera comme tu veux très cher... Maintenant, si tu n'as plus besoin de moi, je rejoins mon poste.
- Tu peux donc disposer. Je vais ressortir sous peu.
- Pour aller la retrouver, je murmure.