Donovan retourna près du feu. "Alors, résoudre sept énigmes. Je vois. On doit sortir de la forêt. Mais avec toutes ces blessures, ce n'est pas possible. Reposez-vous, on va partir dans quelques heures", continua-t-il.
Tout le monde se tut. Indirectement, ils avaient tous accepté Donovan comme le leader. Pas par peur de lui, mais par peur de Leron. Pour la plupart, Donovan était beaucoup plus rationnel.
.....
Dans la forêt, à quelques pas du camp, Leron était allongé sans gêne, le torse à l'air libre, une figure féminine dans ses bras.
L'embrassant sans gêne, Leron prenait son pied. Elle sourit, le regard timide. "C'est ma toute première fois."
"Sans souci, ma belle Lucy. Je vais bien m'occuper de toi", une voix grave retentit. Un sourire timide. Elle s'était jetée sur lui. Il savait pertinemment pourquoi elle faisait cela. "Tu n'as rien à craindre tant que je suis là", chuchota-t-il à son oreille. Qui était-il pour ne pas prendre plaisir ?
D'une précision habituelle, elle finit sous lui. Le sol froid et glacé caressait son corps dévêtu. Lucy ferma les yeux. Des larmes aux yeux. Perdre sa dignité de cette manière était loin du conte de fées qu'elle avait imaginé. Survivre ici était la seule chose qui importait. Le reste n'était que des sacrifices nécessaires.
.....
Dereck adossé à un arbre essayait de se reposer. Il savait clairement ce qui les attendait. Leur cauchemar n'avait pas encore commencé.
Des cris sourds de plaisir provenant de la forêt l'empêchaient de fermer les yeux. Bien que ce soit étrange, il savait ce qu'il se passait. Son regard se tournait vers Loli au loin.
"Je me demande ce qu'elle fait maintenant." Bien que se réjouir de la douleur des autres soit mal, il avait tellement fait dans ses rêves à Dreamland que ça paraissait presque normal.
Loli, sentant son regard, lui fit un sourire sensé. Après tout, la seule raison pour laquelle elle était encore en vie, c'était grâce à lui.
Les cris provenant de la forêt ne lui étaient pas étrangers. Leron n'était pas dans les parages. Elle souriait bêtement, un sourire rempli de tristesse. "Que suis-je idiote", se dit-elle. Sa manucure déjà usée. Se souvenant pour qui elle l'avait mise. Une vague de haine l'emporta. Sans regret, elle l'enleva complètement.
Les doigts maintenant sains, elle décida de se reposer comme tout le monde.
Le vent la caressait, ses vêtements plutôt révélateurs se retournaient contre elle. Plus que quiconque, les vents glaciaux la gelaient jusqu'aux os. Mais malgré cela, elle eut envie de dormir. "Juste une minute", se dit-elle.
Les yeux amoindris fermés, elle ne manquait pas de remarquer qu'Eloit, Donovan, Mark, Rosa et bien d'autres fermaient les yeux mais ne dormaient pas.
Elle put voir le sang sur le pouce d'Eloit toujours fourré dans sa bouche. Sa propre douleur devint soudain lourde. Une envie folle de s'endormir.
"Non, Loli, ne t'endors pas...", sa voix devint comme une berceuse. Elle ferma les yeux quelques instants. Une figure d'ombre apparut dans son dos. Lui caressait les épaules. "Leron, laisse tranquille", dit-elle d'une voix inaudible.
"Laisse-toi aller, laisse-toi bercer... Allez, retourne-toi et regarde-moi", l'ombre lui dit. Loli tel un papillon dans le fil. Tournant la tête prête à regarder l'ombre quand soudain elle se rappela que Leron était avec quelqu'un d'autre. "Sale bâtard, lâche-moi", s'écria-t-elle, refusant de regarder l'ombre. Rampant loin de l'arbre, elle se rapprocha de Dereck. L'ombre disparut.
"Qu'est-ce que tu veux", Dereck ouvrit les yeux. "On doit s'entraider. Je sais, je suis loin d'être celle que tu as envie de voir", sa voix mélodieuse ne manqua pas de l'influencer.
"Okay, mais ne t'approche pas trop", dit Dereck. Elle avait raison, rester à deux ou à plusieurs c'était beaucoup plus facile pour ne pas s'endormir.
"Allez, Rosa, ne t'endors pas," insista Dereck une fois de plus. "Hmmm, je suis fatiguée, laisse-moi dormir..." Sa voix lourde fit froncer les sourcils de Dereck. Elle s'endormait. Que faire ? Chaque seconde comptait. Elle ne devait surtout pas regarder l'ombre. Rosa se glissa soudainement dans ses bras. Les yeux fermés, elle le câlina par le cou. "Regarde-moi," lui dit l'ombre.
"D'accord," Rosa ouvrit lentement les yeux, Dereck paniqué, l'embrassa. Ses lèvres pulpeuses étaient si douces qu'il n'en revenait pas. C'est donc à ça que ça ressemble. Il n'avait encore jamais embrassé une fille. Lui mordant la lèvre, Rosa reprit ses esprits.
Elle fut abasourdie, se retirant subitement. Smash... une claque digne d'une médaille d'or. Se levant précipitamment, son regard farouche se jetait sur Dereck.
"Tu es malade ou quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?" lui dit-elle. "Désolé, je n'ai pas eu d'autres idées sur le coup. Ne regarde pas l'ombre, c'est dangereux," répondit-il un peu frustré. Il savait que ce n'était pas de sa faute à elle, mais là, c'était un peu abusé.
"L'ombre, pourquoi ? Et puis d'abord, comment tu peux savoir que c'est dangereux ?" Rosa était sceptique. Elle avait plutôt ressenti une sensation douce et apaisante qui la poussait à regarder.
Voyant Loli adossée près de Dereck, elle eut une expression étrange. Dereck tenait Loli par la main. Mais rien de romantique, juste une main ferme.
"Je t'ai dit de ne pas regarder l'ombre !" hurla Dereck, sa voix traversant tout le camp. Tous furent surpris.
Donovan ouvrit les yeux. "Ça suffit, on bouge. Rester ici serait suicidaire," dit-il. L'ombre les avait presque dupés, des sueurs froides dans le dos. Il n'osait même pas imaginer ce qui se serait passé.
Tout le monde se mit à bouger. Leron et Lucy revinrent, leurs vêtements un peu en bataille. Heureusement pour eux, ils étaient trop occupés pour avoir envie de dormir. Alors, l'ombre les avait épargnés.
"Allez, bois un coup, mec," dit un jeune homme à son ami. Mais celui-là, complètement endormi, ne bougeait plus.
Il n'était pas le seul, nombreux étaient ceux qui avaient cédé à la voix douce de l'ombre. "Ils sont morts," dit Mark, le visage sombre. Il ne pouvait plus sentir leur pouls. Leurs yeux étaient sans vie, on aurait dit des coquilles vides.
Ces mots furent comme un coup de tonnerre, les frappant de plein fouet pour les ramener à la réalité. "Dormir suffit à mourir ? Oh mon Dieu, c'est quoi cette merde !" s'écria l'un. L'hystérie l'emporta.
"Allons-y," Leron prit les devants. Tout le monde se mit à bouger. "On ne va pas les laisser comme ça ?" Rosa se sentait coupable, surtout envers Dereck. Maintenant, tout avait un sens. Si elle avait regardé l'ombre... Son sang se glaça de peur.
"Il est trop tard pour eux," lui dit Dereck, sa voix écrasée par le poids de la culpabilité. Ces gens n'avaient rien fait, mais il les avait quand même souhaités à Dreamland.