Chereads / Dreamsland / Chapter 11 - chapitre 11: De justesse

Chapter 11 - chapitre 11: De justesse

Dereck continua sa glissade fulgurante. Les vents se fracassant sur son visage, la pluie faisant rage malgré l'absence de nuage, rendant la descente toujours plus glissante.

Plus très loin de la fin de la descente, il serre les dents, étendant son bras. Splash... Il vint à un arrêt plus que brutal.

Les branches aiguës le transpercèrent la paume de la main. Une douleur vive et intense l'engloutit, une envie primaire de hurler. Un frisson de douleur parcourut son corps tel un courant électrique.

Les dents grinçaient, Dereck se hissant pour se libérer, avant de finir sa course face contre terre en bas de la descente, la respiration hérétique. Dereck se mit sur ses jambes.

La paume de main en charpie, il tremblait devant l'horreur, le sang dégoulinant sans cesse.

Son corps couvert de crasse, on aurait dit un monstre des marais. Encore une fois, il s'était blessé volontairement. Bien que Donovan, Leron et les autres étaient loin devant, Eloit était toujours là. Dereck savait que cacher la vérité à Eloit en particulier allait être une tâche énorme. Il ne pouvait pas prendre de risque, pas maintenant. "Allez-y, faites juste comme moi. Vous pouvez toutes les éviter," leur dit-il.

Sa voix ne fut qu'un tonnerre dans le ciel. Il se réveilla de leur surprise, tétanisés par la peur. Qui aurait le courage de se lancer en premier?

Il avait très bien compris le message de Dereck. En répétant exactement la même chose que lui, il pouvait arriver en bas sain et sauf. Et puis, il avait fait une erreur qui lui avait coûté son bras. Tout ce qu'il avait à faire, c'était garder les mains près du corps. Tel des poissons dans l'eau.

Ça semblait facile en théorie. Et ça l'était. Mais l'incertitude s'inséra en eux tel une aiguille dans la peau.

Ils n'osaient pas avancer. "Awoooooooo...," les hurlements de terreur les revinrent de derrière. Les loups se rapprochaient à grande vitesse, fendant l'air tel des missiles lancés à grande allure.

Le tonnerre frappa encore une fois, un bruit assourdissant, tandis qu'une lumière aveuglante jaillit.

D'un côté, les loups féroces prêts à les déchiqueter, et de l'autre, des branches jonchaient la descente telles des épines d'un hérisson. Coincés entre l'enclume et le marteau, ils ne savaient pas quoi faire.

"Allez-y, dépêchez-vous. Il y a beaucoup plus dangereux devant," Dereck s'écria, le cœur battant comme des tambours, la douleur stimulant ses sens à son paroxysme, tel une drogue qui se répandait dans son sang.

Eloit le jeta un regard furtif. Son côté logiciel lui disait de faire comme Dereck. Avec ses aptitudes physiques, il pouvait très bien le faire.

Mais il n'arrivait pas à prendre un pas. Il avait toujours eu une peur bleue de tout ce qui était trop pointu, une phobie qui l'avait hanté toute sa vie. Les grognements féroces de la bête se rapprochaient. Son cœur s'accéléra. "Eloit, ce ne sont que des branches... Ce ne sont que des branches..." se répétait-il. Le corps penchait vers l'avant, comme pour dire qu'il y allait, mais ses pieds ne bougeaient pas, ou mieux encore, son corps était figé.

"Eloit, qu'est-ce que tu fous? Descends immédiatement," Dereck s'écria. "J'y arrive pas... Mon corps... Il refuse de bouger," Eloit lui répondit, le cœur lourd.

"Ah..." Un cri d'agonie retentit. Un des élèves vit sa cracher, déchiqueté sous les canines acérées de la bête. La bouche couverte de sang, son regard se posa sur Eloit, tel un prédateur prêt à bondir sur sa proie.

"Fermez les yeux, je vous guiderai," cria Dereck, sa voix remplie de détermination.

"Quoi?" Leur regard semblait dire. En quoi était-ce différent de se faire manger par les loups? Confier leur vie à Dereck??

Slash... Le sang jaillit une fois de plus, un rappel brutal que le temps jouait contre eux. Les loups seraient sans scrupule et dévorait tout.

"Je compte sur toi, Dereck," la fille qui l'eut avait attendu plutôt sauta la première, reprenant les mouvements exacts d'Eloit. Les yeux fermés, elle lui confia sa vie.

Comme un effet domino, tous se mirent à glisser le ventre contre le sol, leurs membres qui pour la plupart n'auraient jamais fait un tel exploit.

"Allez, Eloit, tu peux le faire!!!" Dereck hurla du plus profond de son âme. Eloit ferma les yeux et sauta, les griffes de la bête sectionnant l'air, le rasant d'un millimètre près.

Le groupe se mit à glisser comme sur un toboggan. Malgré l'adrénaline et la sensation d'extase, aucun d'entre eux n'eut le courage d'en profiter. Car sur cette attraction naturelle pourtant louée dans leur vraie vie à Dreamland, ce n'était rien de plus qu'une autre porte qui les mènerait tout droit vers les enfers.

"Tu peux le faire, Dereck. Concentre-toi," bien qu'il ait dit avec confiance pouvoir les diriger, cette voix en lui ne se taisait pas. "Et si tu te trompais et qu'ils finissaient tous morts?"

"Et si tu clignotais des yeux, et si... et si..."

Une voix qui se sut comment taire, pressant sa main droite sur la gauche blessée, il grinça des dents de douleur. Rien de mieux que cette sensation extrême pour le remettre les esprits en place.

"Gauche... Droite... Attendez... Maintenant," sa voix résonnait sans cesse. La plupart finirent leur course sains et saufs.

"Plus qu'un," se dit Dereck, la sueur dégoulinant de son front, se mêlant avec la boue et la saleté, une envie folle de se gratter.

Splash... Dereck sentit son corps trembler, le dernier empalé sur les branches épineuses.

"Tu as fait ce que tu pouvais," Eloit lui tapota l'épaule. Dereck hocha la tête, le visage dévoué de joue.

"Allez, Dereck, faut bouger," Rosa l'agrippa. Les loups ne s'arrêtaient pas, sans la moindre hésitation, ils se mirent à bondir sur la descente.

La pluie s'intensifia, la descente encore plus glissante, tandis que les branches épineuses se retirèrent, comme tirées par une main divine, ouvrant la voie aux loups.

Ils furent tous abasourdis. "J'y crois pas," se dirent-ils, les yeux rivés sur ce phénomène impensable. "Moi non plus," reprit la fille, "mais je crois en notre mort si on reste là." Le groupe se remit en route, les loups toujours à leur trace.