Chereads / Dreamsland / Chapter 4 - chapitre 4: Chaos

Chapter 4 - chapitre 4: Chaos

Dereck fut abasourdi. Des grondements sourds dans les oreilles, la plage était pleine. Les élèves hurlaient de peur.

Tous se dirigeaient vers la terre, mais les morceaux de ver étaient des obstacles redoutables.

Son regard balayait la plage. Eloit était en grand danger, sa silhouette athlétique se battant vaillamment contre les figures d'ombre, tel des grapplers dans une cage.

Eloit était doté d'une dextérité remarquable. D'un coup puissant de son pied, il repoussa une figure se précipitant vers le centre de l'île, déterminé à quitter cette plage maudite.

Il s'arrêta brutalement devant la flurrie de ver brisée. Son regard changea. Son index glissa dans sa bouche, et il semblait contempler quelque chose. Bien qu'il n'était pas encore hors de danger, son corps était figé.

Leron, de sa carrure imposante, envoyait valser les figures d'ombre avec une puissance déconcertante.

La moitié de son visage couverte de sang, il serrait les dents, chargeant hors de la plage tel un bulldozer, éjectant ses camarades hors du chemin, les condamnant à une mort certaine. Des cris d'agonie l'entouraient.

"Leron, aide-nous !"

"On est potes !! Leron !"

Des voix sans cesse. Leron fronça les sourcils. Le visage du jeune homme le suppliait de l'aider, bien que l'un de ses meilleurs amis l'implorât, sa voix noyée dans le désespoir. Leron secoua la tête. Il les appréciait bien, mais sa vie encore plus. "Va te faire foutre. C'est chacun pour soi." D'un coup de pied dévastateur, il repoussa celui qui le tirait par la jambe.

Le jeune homme, le visage rempli de haine et de regret, fut propulsé vers les figures d'ombre, qui, comme des enfants, semblaient presque se jouer de lui.

Les saisissant avec une précision hors du commun, Leron enfouit son visage dans la profondeur de la mer. Il n'y croyait pas. Son meilleur ami aurait pu le sauver. Alors pourquoi ? Une question à laquelle il n'aura probablement jamais de réponse. Le cœur rempli de haine, il sombra vers une mort atroce.

"Non, ce n'est pas réel... Ce n'est pas réel... C'est un rêve," des voix retentissaient.

"Et non, cher camarade. Hihihi... ce n'est pas un rêve. Tic... tac... plus vous perdez du temps, plus vite vous mourrez," la silhouette dans les airs semblait prendre son pied, un frémissement presque de joie.

Dereck secoua la tête, son cœur battant la chamade. C'était bien réel. Ils allaient tous mourir, tous mourir. Dreamland, cette île maudite, l'avait trompé une fois de plus.

Mieux que quiconque, il savait ce qui les attendait s'ils restaient sur la plage. Son poing se contracta.

Tel un missile lancé à vive allure, il se mit à courir. Courir sans rien dire, sans rien voir. Son soudain changement attira l'attention de beaucoup. Leur temps de réaction leur avait permis de survivre.

"Qu'est-ce qu'il fait ? Les morceaux de ver. Il va finir handicapé."

"Comment arrive-t-il à faire ça ?" Eloit fut confus. D'un regard ému, la précision d'un sniper, il suivait Dereck du regard.

Ses yeux s'ouvraient en réalisation. Dereck semblait éviter les morceaux de ver. Comment est-ce que ça pouvait être possible ? Lui-même avait essayé, mais la plage semblait se recouvrir de partout. Tel un champ de mines, une petite erreur pourrait leur coûter la mobilité qui, sur cette île, équivalait à une mort certaine.

"Ah... laisse-moi tranquille," une voix féminine l'arracha de sa transe. Rosa tremblait d'effroi, rampant sur la plage, les vêtements ensanglantés.

Le regard tremblant, elle semblait avoir abandonné, se résignant à son destin. Le cœur lourd, des larmes se dessinaient, son visage angélique maintenant recouvert de sable. C'était à briser le cœur.

Dereck sentit son cœur s'écraser, allait-il les laisser tous mourir ou allait-il les aider à survivre ?

Une partie de lui hurlait, "Mais t'es malade, as-tu oublié tout ce qu'ils t'ont fait subir ? Ce sont tous des monstres qui méritent de mourir. Ne l'oublie pas, c'est toi qui le leur as souhaité."

De même, un autre part lui disait, "C'est de ta faute. Et tu es fier de toi ? Maintenant tu veux fuir tel un lâche. Vas-y donc. Continue à fuir. Soumets-toi comme tu l'as toujours fait. Ou bien change la donne, Dreamland t'appartient."

Dereck s'arrêta brutalement, le vent se fracassant sur son visage. "Rosa, j'arrive," il fit demi-tour.

Les figures d'ombre semblaient le reconnaître, elles l'esquivaient pour plonger sur la fille à côté. Un mouvement très subtil, presque irréparable, sauf pour certains qui ne manquaient pas de cligner des yeux, l'étonnement peint sur leur visage. Bref, si rester là était dangereux, alors contempler les autres était mortel.

Rosa fut surprise par l'arrivée de Dereck. Dans le chaos de la plage, elle ne l'avait même pas remarqué. Pour quelqu'un qui avait jeté l'éloge, ce ne fut pas son soulagement quand il la prit dans ses bras, leurs corps l'un contre l'autre. Son cœur s'accéléra.

"Suis-moi et fais exactement la même chose," Dereck lui dit, la prenant par la main. Rosa était confuse. N'importe qui dans cette situation serait devenu hystérique, confondu. Fille comme garçon, beaucoup auraient pété un câble, les figures d'ombre les ignorant. Leur résolution faible les avait condamnés sans intervention externe.

Alors pourquoi Dereck était-il si calme ? Tellement calme que son sourire forcé, probablement pour qu'elle ne se sente plus en danger, semblait à l'envers, effrayant.

Rosa hésita. Ses sens s'affolaient. "Ne t'approche pas de lui," une voix du plus profond de son âme l'agaçait.

"Rosa, on ne peut pas rester là, suis-moi," la voix pressée de Dereck l'arracha de sa transe. Bien que à contre cœur, Rosa le suivait.

Dereck serrait les dents, bien qu'il se rappelât d'une grande majorité de l'emplacement des morceaux de ver, il fit mine de l'ignorer, laissant leurs jambes se faire charcuter. Il n'était pas stupide. S'il arrivait de l'autre côté sans blessure, beaucoup allaient se poser des questions. Bien que dans le chaos, peu entre eux remarqueraient. Après tout, qui s'attarderait à un sans-nom comme lui ? Malgré cela, il ne voulait pas prendre de risques. Comme dit l'adage, il vaut mieux être prudent que rempli de regrets. S'il voulait tous les sauver, il allait devoir se salir les mains.

Le chaos battait son plein, des cris dignes d'un champ de guerre. Guerre ! Un bien grand mot. On aurait plutôt dit un massacre.