Dereck ouvrit les yeux. Ne fut pas son étonnement quand il se retrouva dans un endroit familier.
Les vagues dansaient lentement, créant un son rythmique qui le fit trembler d'effroi. L'air était humide.
"Non, ça ne peut pas être possible. Pas encore," sa voix retentit. "Un problème, cher ami?" une voix calme le caressa le cou.
Son cœur omet un battement. Il trébucha, se frappant violemment contre le sable. Ses yeux s'ouvraient telles des lampes.
Il gémit de douleur. Ses mains couvertes de sang. Il serrait les dents, refrénant l'envie soudaine de hurler. Des morceaux de verre recouvraient toute la plage.
"Ça faisait un bail qu'on ne s'était pas revu," la voix continua. "Impossible... Je n'ai plus ce genre de pensée... Impossible," d'une voix tremblante Dereck répondit, faisant face à la silhouette.
Une couleur vive rouge recouvrait le sable. Tel une peinture d'art. Son cœur s'accéléra. Les mains tremblantes, il ne put se contrôler.
"Oh, voyant cher camarade," la silhouette s'approcha. Une figure masculine habillée en noir. Son visage était vide, blanc comme une feuille de papier vierge.
"17 ans," la silhouette circulait autour de lui. "17 ans, c'est le temps que tu as pris pour créer cette merveille," la figure s'envola, son regard vide balayant l'île gigantesque.
"Non... non... tout est différent maintenant. Tout le monde est gentil ici. Laisse-moi tranquille," Dereck hurla, ses poumons se contractant sous le poids de l'effort.
"Tes nouveaux camarades seront ravis de participer à notre petit jeu. Qu'est-ce que tu en dis?" la silhouette reprit. Elle scintillait avant de descendre tel une étoile tombant du ciel.
Virevoltant vers Dereck apeuré, ses bras se mouvaient instinctivement. "Non... ne t'approche pas... Non, ne t'approche pas... Ahhhhhhhh."
"Ce n'est qu'une question de temps avant que tu ne souhaites cette merveille à quelqu'un. J'attendrai avec impatience," la silhouette disparut.
.....
Dereck sursauta du lit, sa respiration erratique. Il posa la main sur son cœur, essayant de se calmer. Il pouvait le sentir battre tel des tambours de guerre.
Des gouttes glissaient le long de son front. Dereck utilisa sa paume pour essuyer la sueur qui dégoulinait, quand elle figea devant son visage.
"Ah..." il se précipita en arrière vers une chute brutale hors du lit. Ses yeux clignotaient, les paumes de main en face du visage.
Un rouge familier dégringolait lentement le long des blessures ouvertes. "Non, impossible... laisse-moi tranquille," ses larmes ne purent se retenir. Dereck se leva avec beaucoup d'effort, un corps tremblant, on aurait dit le pôle Nord.
Il manœuvra tant bien que mal à travers son appartement. "Bordel!!! Qui a eu l'idée d'un truc aussi grand," il ne put s'empêcher de jurer.
S'agrippant à tout ce qu'il pouvait, il reprit son téléphone, prêt à appeler de l'aide quand il eut une réalisation brutale qui le fit s'effondrer. Il n'avait pas d'amis, ses parents étaient toujours occupés dans une nouvelle entreprise. Son cœur se contracta devant l'horreur. La solitude était son seul compagnon. À l'origine, la raison, une des raisons, de la création de cette île maudite.
Un sourire vaincu se dessina sur son visage tandis qu'il encastra le visage entre les jambes. "C'était juste un mauvais cauchemar. Rien de cela n'est vrai," se répéta-t-il. Mais le sang frais sur les mains le persuadait autrement.
......
Dereck ouvrit la porte de la salle. Chacun des membres était beaucoup trop occupé dans ses affaires pour le remarquer.
Son visage bien caché sous son gros pull à capuche noir. Tel un criminel essayant de se faufiler dans la foule, Dereck se dirigeait vers sa place ne prêtant attention à personne.
"Hey Dereck, qu'est-ce qui s'est passé? Ça fait trois jours qu'on ne t'a pas vu dans le coin," la voix douce et familière de Rosa retentit derrière lui.
Dereck s'arrêta tel un robot mis sur pause. Il dut se retourner et sourire distrait. "Une petite indigestion. Rien de grave, t'inquiète," répondit-il. "Okay, j'espère que ça va." Rosa eut l'impression que quelque chose clochait mais ne put mettre la main dessus.
Jetant un coup d'œil à ses mains bien dissimulées dans ses poches, une part d'elle lui criait de ne pas insister. Mais une autre lui hurlait de faire. "N'oublie pas, Rosa, ça fait partie de ton rôle. Tu ne peux pas les décevoir."
"En es-tu sûr? As-tu froid?" Rosa insistait d'une voix hésitante. "Je t'ai dit que oui. Fous-moi la paix à la fin," Dereck cria d'une voix tremblante.
Les autres lui jetaient des regards sévères. Pas que ça les intéressait, juste que le bruit était énervant.
Rosa se figea sur place. Avait-elle fait quelque chose de mal? Avait-il vu à travers elle et en était dégoûté? Un sourire triste se dessina. "Désolée de te déranger," sa voix semblait remplie de tristesse.
Dereck tendit la main, le cœur meurtri par ces paroles, affichant ses paumes couvertes de bandages. Rosa fut surprise mais retourna à sa place, se muant dans le silence.
Les jours suivants furent un calvaire. Rosa trouvait toujours une excuse respectable pour éviter. La seule personne qui déniait le parler avait disparu. Tel une sucrerie qu'on reprenait à un enfant. Il avait l'impression d'avoir perdu quelque chose.
Son silence était comme une corde invisible qui l'étranglait à petit feu. Les cauchemars n'en finissaient pas.
La silhouette le hantait encore et encore. De laisser cette part d'ombre prendre le dessus. "Ils sont tous pareils."
"Jamais Rosa n'est différente. Laisse-moi tranquille," hurla Dereck en se bouchant les oreilles. Mais la silhouette semblait parler directement de l'intérieur, comme si la voix venait des profondeurs de son âme.
"Ils ne t'ont juste pas encore montré leur vrai visage. Tels des jumeaux, ils portent tous des masques. Allons, invite-les ici, qu'on s'amuse." Ces paroles devinrent telles une chanson se répétant jour après jour. Dereck en perdait la tête.
Dans une boucle infinie, Dereck fut tellement désespéré qu'il en perdait le sommeil. Ses nuits en prenaient un coup. Il se disait que ça ne pouvait pas être pire, qu'il avait touché le fond. Jusqu'à ce fameux jour où tout a basculé. Ce jour où ces mots irrécupérables jaillirent. Des mots qu'il aurait probablement jamais dû prononcer. Des mots qu'il allait regretter amèrement.