Note : Lorsque vous voyez "~" cela annonce une pensée de personnage. Bonne lecture !
Le lendemain, j'ouvris lentement les yeux.
~Aucun bruit ? Parfait.~
Je sortis sur le balcon et contemplai l'aube.
~Ce sont mes premières vacances en dehors de mon sanctuaire.~
~Finalement, j'ai réussi à m'intégrer à un groupe de lycéens en 3D.~
~Est-ce ce que je souhaite ?~
Les feux d'artifice, le test de courage. Grâce à tout ça, j'ai découvert une facette de ma personnalité jusque-là inexplorée
~Voulais-je me connaître davantage ?~
~Chizu s'est fait de nouvelles copines, elles devraient bien s'occuper d'elle.~
Je souris.
Des bruits de pas stoppèrent mes pensées.
Je me retournai et observai Aneko progresser vers moi.
— Quand on sera parti d'ici on restera quand même ensemble ?
— Bien sûr, Aneko.
— Tu veux bien m'a... m'apagner ce week-end pour baskets ?
— T'apagner pour baskets ?
Elle agita sa tête plusieurs fois, se concentra, puis recommença.
— Tu veux bien m'accompagner ce week-end pour acheter des baskets ?
— Oui, si tu veux, idiote.
— Merci ! C'est pour le festival sportif de lundi.
~Le festival sportif… quel supplice.~
Quelques minutes passèrent, Masuko sortit de sa chambre et s'approcha de nous.
— Salut darling.
~Darling, soupirai-je.~
— Salut, Masuko.
— Vous pouvez réveiller les autres ? On ne va pas tarder à partir, les amis.
Nos camarades se secouèrent.
~Ne faites pas cette tête, on en aura d'autres des vacances.~
Midi.
Le train s'arrêta devant moi.
~Celui-ci vient pour moi, me rassurai-je.~
— T'inquiète pas sœurette, tu les reverras bientôt.
— Promis, grand frère ?
— Promis.
~Ce sourire lui va beaucoup mieux, rêvassai-je.~
Aneko s'avança vers moi et me demanda.
— Tu peux me donner ton identifiant LINE pour qu'on se rejoigne demain ?
— Oui, tiens, lui répondis-je en lui montrant l'écran de mon téléphone.
Quinze heures.
Je m'agenouillai devant la porte de mon appartement et m'écriai.
— Mon sanctuaire t'en fait pas, je suis de retour.
— Tu es vraiment débile quand tu t'y mets, grand frère.
~Tu ne peux pas comprendre, sœurette.~
Je m'écroulai dans mon lit et profitai de ma journée de repos pour pouvoir lire les quelques manga qui traînaient dans ma bibliothèque, jusqu'au soir.
Je reçus un appel.
~Aneko ? À cette heure-ci ?~
— Allô ?
— Oui, Aneko ?
— Kinira !
~Elle a inversé les voyelles de mon prénom, quelle idiote, marmonnai-je.~
— Oui, Aneko ? répétai-je.
— Ta voix me mquait, ça me fait du bien de t'tendre.
~Pourquoi prend-t-elle l'accent de l'Hokkaidō ?~
~Qu'a-t-elle dit ? Ma voix ? Ça fait à peine quelques heures qu'on était plus ensemble, elle en fait des tonnes, soupirai-je.~
— Tu souhaitais ?
— Tu peux… venir chez moi, ce soir ?
— Chez toi ?
~Moi ? Aller seul chez une fille ? Que me voulait-elle ?~
— Oui… comme ça demain, on partira directement de chez moi pour aller acheter mes baskets.
~Alerte, alerte, Kinari amoureux s'est écroulé au sol, s'écria Kinari président.~
~Je le comprends, j'ai le cœur qui bat à une vitesse folle.~
— Ah euh… oui alors. Envoie-moi ton adresse, j'arrive.
— Il a dit oui !
Raccroche avant de dire ça, idiote.
~Pourquoi ai-je accepté ? Je suis perdu.~
Je prévins Chizu que j'allais dormir chez Aneko. Elle me fit un clin d'œil et me souhaita bon courage.
~J'ai besoin de bien plus que du courage, sœurette.~
Je chevauchai mon vélo et pédalai pour rejoindre à mon rendez-vous.
~Qu'est-ce qu'il va se passer ? me répétai-je.~
Sur mon chemin, un cri me stoppa.
~J'ai entendu mon nom.~
Je cherchais d'où provenait le son, et découvris Anzu, sous un arrêt de bus.
~L'héroïne des normies ? Que faisait-elle là, si tard ?~
— Qu'est-ce que tu fais dehors, Kinari ?
~Dire la vérité reviendrait à écrire son testament. Je n'ai ni envie que tout le monde le sache ni que ça créer de rumeurs idiotes.~
~Désolé, Anzu.~
— Je m'entraîne pour le festival sportif.
~C'était idiot.~
— Je vois, je rentre, moi. À plus tard, Kinari.
~Ai-je bien fait de mentir ?~
Mes regrets commencèrent lorsque je l'observai s'éloigner.
~Un problème après l'autre, je dois foncer chez Aneko.~
Vingt et une heures.
Je m'avançai devant sa porte d'entrée, puis inhalai tout l'air disponible avant de sonner.
~Ça va aller, me répétai-je.~
Elle m'ouvrit.
~Ça ne va pas du tout.~
Mon cœur s'emballa à la simple apparition de son visage. Son sourire coupa instantanément ma respiration. Ses cheveux longs, attachés en chignon, s'assortissaient à merveille avec sa robe noire dentelée.
~Quelle douceur.~
~C'est le chapitre d'un eroge ce que je vis, c'est certain.~
~Une merveille pour les yeux, rêvassa Kinari amoureux.~
— Rentre, rentre, Kinari.
~Qu'est-ce que je dois lui dire ?~
— Mes parents ne sont pas là aujourd'hui, ils reviennent que demain.
~Ses jambes sont si fines, c'est impressionnant.~
— Kinari ?
~Et sa poitrine, c'est quoi sa taille ?~
Sa gifle stoppa mes pensées.
— Arrête d'me d'visager comme ça, diot !
~Tu l'as mérité, tu étais pire qu'Issei Hyoudou, soupira Kinari blasé.~
— Pardon, Aneko !
— It doesn't matter.
~De l'anglais, qu'est-ce qu'elle raconte ?~
Elle cacha son expression, et me demanda.
— Tu… t'as faim ?
~Elle est encore plus perdue que moi.~
— Non.
— J'ai pas mangé, moi. On peut préparer quelque chose ensemble, si tu veux.
~Mes talents étaient sans doute aussi déplorables que Shion, soupirai-je.~
~Ne te ridiculise pas, idiot.~
~Tu as raison, je vais tout donner.~
— Avec plaisir !
— T'as déjà fait une okonomiyaki ?
~L'okonomiyaki ? Ma maman en cuisinait avant.~
— Non, pas vraiment.
Elle me tendit des œufs et me proposa.
— Tiens, prends ça et casse-les dans le saladier à côté de toi.
Je paraissais absurde à côté de son talent. Elle était incroyable, rapide, soignée et organisée. Les ingrédients volaient au-dessus de mon visage, s'étalaient avec perfection dans la poêle.
~Voyage dans un épisode de Food Wars.~
J'eus à peine le temps de m'extasier que le repas était déjà servi.
Nous nous installâmes autour de la table.
— Tu veux bien me donner à manger ?
~Qu'est-ce qu'elle me raconte ? Je n'ai jamais entendu parler de ce genre d'activité dans les relations en 3D.~
Absorbé par mon désir de ne pas la décevoir, je lui répondis.
— Oui.
— J'annonce l'assemblée numéro trois, intitulée « Kinari est un imbécile » ouverte, prenez place, s'exclama Kinari président.
— De quoi débattons-nous ?
— On doit arrêter les rêves de Kinari, c'est primordial.
— Personnellement, j'aime bien ce qu'il se passe ces derniers temps, rêvassa Kinari amoureux.
— Récapitulons ce que l'on sait. Aneko a eu un coup de foudre pour nous et est peut-être même éprise de nous. Masuko nous a appelés « darling » et nous a aussi complimentés plusieurs fois. Anzu, quant à elle, elle est au petit soin avec nous.
— Trois à la fois, je suis un vrai roi, rêvassa Kinari amoureux.
— Tu m'exaspères, toi.
— Kinari, je ne veux pas te faire de mal, mais souviens-toi de Sakai.
~Sa… Sakai…~
— Tu dois redescendre sur Terre, tu te rappelles de ce train qui partait à toute vitesse ?
~Le… le train…~
— Il va se mettre à pleurer cet idiot en plus.
~Vous avez raison, trêve de scénario, j'arrête les illusions.~
— Kinari semble avoir retrouvé ses esprits.
— Vous… vous êtes certains qu'on a bien fait de révoquer tout ça ?
— Tais-toi, le timide.
— Je vous propose un plan, on simule une envie d'aller aux toilettes pour éviter de lui donner à manger, ensuite, on fuit.
— Le débat est clos.
Il tapa deux coups de marteau puis jugea.
— On met notre tactique en place et on laisse Kinari faire.
De retour à la réalité, je découvris Aneko, les yeux fermés qui attendait sa bouchée. Répugnant, pensai-je. Je dois m'enfuir.
— Je peux aller aux toilettes ?
— Oui, oui. Elles sont là-bas, me répondit-elle en pointant du doigt l'une des portes de la maison.
Je m'y réfugiai un bon quart d'heure, le temps qu'elle termine de manger.
~Elle m'a hypnotisé cette héroïne des eroge. Je n'aurais jamais dû baisser ma garde. Ma sœur ne m'a jamais expliqué que les adolescents faisaient des choses si malsaines.~
~Ça doit faire vingt minutes, soupirai-je, je dois m'en aller.~
Je sortis de ma cachette et remarquai qu'Aneko m'attendait. J'analysai son assiette.
~Plus une miette, parfait.~
Elle s'avança vers moi et me murmura.
— Tu veux bien me suivre ?
Mes jambes, paralysées par la peur, refusèrent de faire le moindre pas.
— Sois rassuré, idiot je vais pas te manger.
~Où a-t-elle dénichée une telle confiance ?~
Elle attrapa mon bras et me traîna à l'étage. Elle ouvrit la porte de sa chambre puis me suggéra.
— Tu peux t'asseoir ici ? Je reviens.
Je regardai autour de moi.
~C'est la première fois que j'entre dans l'intimité d'une fille. C'est assez mignon ce coin. Des cœurs, des peluches.~
~Qu'est-ce que c'est ?~
Je m'approchai.
~Un grand cadre ?~
Je progressai et l'observai.
~C'est moi là, au milieu. Pourquoi a-t-elle placé une photo de moi au centre ?~
— Tu peux fermer les yeux, Kinari ?
~Un jeu ? Ça peut me changer les idées, soupirai-je.~
— Oui, si tu veux.
~J'entends sa respiration, elle est assez rapide, non ?~
J'inhalai l'air.
~C'est son parfum ?~
Une odeur de rose traversa mes narines.
~J'adore.~
Elle me poussa en arrière. Je me retrouvai allongé sur le lit. Elle s'installa progressivement sur moi et approcha ses lèvres de mon oreille.
— Je t'aime.
~Qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Elle n'a pas bégayé une seule seconde, elle n'a pas pris l'accent de l'Hokkaidō et elle n'a pas parler en anglais ?~
J'ouvris lentement les paupières et contemplai son sourire.
~Ses joues maquillées et ses yeux en amande couleur noisette, c'est un vrai voyage.~
Ses cheveux soyeux glissèrent le long de mon torse.
Mon corps frissonna.
~Que dois-je répondre ?~
J'avalai ma salive.
— Aneko je…
La sonnerie de mon téléphone me fit reprendre conscience.
~À deux doigts de réaliser mon rêve, soupira Kinari amoureux.~
~Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? C'était une vraie sorcière, cette fille.~
~Sauvé par Anzu, me réconfortai-je avant de décrocher.~
— Je suis devant la maison d'Aneko !
~Je suis mort.~
Je stoppai l'appel instantanément et expliquai la situation à Aneko.
Elle croisa les bras, ses sourcils se froncèrent, puis elle détourna le regard.
~Tiens, j'ai trouvé ma bien-aimée, rêvassa Kinari énervé en aiguisant ses khukuris.~
Nous descendîmes accueillir Anzu.
Furieuse, elle me gifla d'une puissance phénoménale, puis hurla son désarroi.
— Tu m'as menti, Kinari !
~Je suis mort.~
Elle reprit son souffle et ajouta.
— Tu m'as jamais autant inquiété. J'ai dû appeler ta sœur, tu lui as laissé aucune nouvelle !
~Excuse-toi, imbécile, soupira Kinari blasé.~
Je m'agenouillai devant elle, le visage à cinq centimètres du sol.
— Désolé, répétai-je.
Aneko, spectatrice de la scène resta silencieuse.
La jeune fille peinée se retourna et marmonna.
— M'inquiète plus autant qu'aujourd'hui, j'ai cru que le malheur s'était abattu sur toi.
~Quel idiot je fais.~
Je me tournai auprès d'Aneko, puis m'excusai pour cette soirée désastreuse.
— J'attends ma réponse, Ki… Kinari.
~Une réponse ? Je ne sais même pas comment je suis censé réagir.~
J'attrapai mon vélo.
— On verra tout ça demain !
Je pédalai à toute vitesse.
~J'en ai assez de fuir.~