Note : Lorsque vous voyez "~" cela annonce une pensée de personnage. Bonne lecture !
Anzu et moi restâmes ensemble à discuter, mais l'heure nous coupâmes. J'avais également mon épreuve à parcourir et le départ était prévu dans un quart d'heure. Ça me laissait le temps d'y aller en marchant.
Je me positionnai sur la ligne et remarquai Yamaguchi et Maeda qui me saluèrent de la main.
~Ils doivent courir aussi vite que les capitaines de club, soupirai-je.~
J'inhalai tout l'air disponible, et me concentrai.
Le coup de feu éclata et annonça le départ.
Un troupeau d'hommes défila devant moi. Quelques secondes plus tard, j'étais déjà seul, loin derrière eux.
~Qu'imaginai-je, sérieusement.~
~Commence par déplacer tes jambes, idiot.~
~Anzu compte sur moi, je dois essayer, ne serait-ce qu'un peu, me répétai-je.~
Je courus à mon rythme et pensai à tout ce qui me donnait de la force, ma sœur, ma vie d'otaku.
~Ce kilomètre-là, il est pour toi, Hikigaya.~
Hikigaya un personnage si charismatique, je souhaite lui ressembler, mais la première différence entre lui et moi, l'univers dans lequel nous vivons.
~Triste vérité.~
Trois kilomètres.
~Je n'en peux plus, mon cœur va me lâcher.~
~An… Aneko ? Pourquoi court-elle dans ma direction ?~
— Allez, chéri, fonce ! Je t'accompagne sur un kilomètre !
Quatre kilomètres.
~Je vais mourir.~
~An… Anzu ? Pas toi.~
— Kinari, pourquoi ralentis-tu ? Donne tout, je crois, en toi !
~Elles sont folles. ~
— Tu ressens cette force, Kinari ? Balance-les tes jambes !
~Quelle est cette chaleur en moi ? D'où provient-elle ?~
Elles ont subi une course éprouvante, il y a quelques heures, et elles se démènent pour m'aider.
~Je vais surpasser mes limites.~
Cinq Kilomètres.
~Je ne sens même plus la gravité, est-ce normal ?~
Masuko arriva à son tour.
— Darling, court pour le club ! Élance tes bras, je veux te voir voler !
~Quelle est cette émotion ? De l'adrénaline ? De la rage ?~
Je donnais tout ce que j'avais et augmentais mon rythme, encore et encore.
~Ne pas les décevoir, me répétai-je.~
Je découvris des personnes s'écrouler d'épuisement devant moi.
~Dire que j'aurais pu être à votre place.~
Guidé par mes émotions, ma détermination explosa.
~Je dois terminer cette course coûte que coûte… coûte que… coûte…~
Six kilomètres.
J'atteignis la ligne d'arrivée et contemplai ces brèves étoiles qui apparurent dans mon champ de vision. C'était la dernière image que je visualisai avant de m'écrouler dans les bras de Masuko.
J'ouvris lentement les paupières.
~Aïe, je ne sens plus mes jambes. Je me suis fait amputer par la Dragonslayer ? Qu'est-ce qu'elles font là, ces quatre-là ?~
J'entendis notre présidente de club prévenir les filles de mon réveil. Elles s'approchèrent de moi.
— T'aurais pu t'écrouler sur une fille qui est amoureuse de toi au moins, marmonna Aneko, d'un air capricieux.
— Ou sur une fille qui prend soin de toi, bafouilla Anzu en croisant les bras.
— Tu avais tellement la classe, sensei !
~C'est la première chose qui vous vient en tête, déplorai-je.~
— Ce n'est pas le moment pour ça, les amies ! Arrêtez vos caprices.
Je me levai doucement de mon lit et admirai ce crépuscule.
~Il est si tard ?~
— On distingue déjà les étoiles les filles, vous devriez vous en aller, je me sens beaucoup mieux.
Aucune des quatre n'osa partir en première.
Je démarrai le pas et rejoignis mon appartement avant de remercier mes camarades d'avoir veillé sur moi pendant mon sommeil.
~Une première journée bien trop sportive pour moi, me lamentai-je en m'endormant.~
— Aïe !
~J'ai encore des courbatures ? Je n'y crois pas. Mais quel idiot je suis d'avoir fait des efforts pareils.~
Je me levai de mon lit, ouvris la fenêtre et criai.
— Je te maudis, festival !
Je me promenais dans ma chambre et réfléchissais.
~Des courbatures… une douleur extrême. Mais oui, évidemment !~
Je retournai auprès des carreaux avant de hurler, une dernière fois.
— Je te bénis, festival !
~Je vais pouvoir sortir l'excuse des courbatures à mon professeur d'EPS et éviter l'épreuve de natation, parfait.~
Je retrouvai Anzu qui m'attendait encore une fois, depuis presque trente minutes.
~Elle a assisté à mes deux cris depuis ma fenêtre ? Quel idiot, je suis. ~
Aujourd'hui, était différent, j'avais un plan en poche qui mit la barre de mon humeur au maximum.
~Récapitulons, dans un premier temps, je m'adresserai au professeur d'EPS en lui confiant que j'ai des courbatures. Ensuite, je m'éclipserais en douce pour lire mes manga, c'est un stratagème court, mais infaillible.~
Après avoir surjoué la comédie à mon instituteur d'EPS, il m'obligea à observer la course de natation.
~Tant pis, on ne s'échappera pas, je n'aurais qu'à dévorer mon shōjo pendant que tout le monde a les yeux rivés sur l'épreuve.~
Je m'installai sur un banc. Aneko m'aperçut et s'assit à côté de moi.
— Chéri, tu veux bien rester me regarder nager, s'il te plaît ?
~Vous comptez tous nuire à notre plan ? s'interrogea Kinari otaku.~
— Pourquoi ?
— J'ai apporté le maillot que tu préfères, alors si t'es pas là, je le prendrais mal.
~La carte de la culpabilité, jolie pioche. À mon tour, je choisis celle du mensonge. Rien ne se mettra en travers de ma lecture.~
— Je vais te regarder, dans ce cas.
~Ça fait peut-être un peu pervers, soupirai-je.~
Aneko resta avec moi toute la matinée et me parla de tout et de rien.
~Cette situation, c'est aussi ça que font quotidiennement des personnages en 3D ? C'était peut-être même exactement ça que Chizu appelait quelque chose de précieux.~
Une chose me démangeait.
~Quand est-ce que tu vas me laisser lire ? Idiote.~
Après de multiples périples, la course féminine allait finalement débuter. Anzu et Masuko se joignirent à nous et nous demandèrent.
— Laquelle de nous deux a le plus joli bikini ?
~Ma-gni-fique, bégaya Kinari amoureux avant de perdre cinq litres de sang par le nez.~
Leurs jambes semblent si douces, mais elles ne sont pas censées être en maillot scolaire ? m'interrogeai-je.
~Elles n'en ont pas marre avec leur concours ridicule ? marmonna Kinari blasé.~
~Qui choisir... ~
Je me souvins que la veille, Anzu m'avait énormément taquiné en allant au lycée.
Pour lui rendre l'appareil, j'annonçai mon verdict.
— Je préfère celui de Masuko.
Anzu croisa les bras, prit place sur le plongeoir aux côtés de notre présidente du club et d'Aneko.
Le coup de feu étant tiré, elles pénétrèrent dans l'eau avec entrain. Je trouvais ça intéressant de suivre au moins cette course.
~Mon manga attendra un petit peu.~
C'était assez équilibré entre elles. Anzu, d'une motivation dévastatrice, gérait mieux sa respiration que ces concurrentes. Aneko, adopta pour une nage violente, elle éclaboussait les deux autres filles.
~C'est ridicule, Aneko, soufflai-je.~
— Ôta perd son endurance ! s'écria le professeur de natation.
~Ils ont un commentateur ? C'est si passionnant que ça ?~
Qui va remporter cette course ?
Les gestes parfaitement exécutés d'Anzu lui firent prendre l'avantage.
~Aneko, tu es aussi lente qu'Uesugi Fuutarou, arrête d'éclabousser tout le monde, idiote.~
— J'ai gagné, Kinari !
~Anzu ? Dommage, j'avais misé sur Masuko.~
Sur le panneau d'affichage des points, notre équipe était en tête suivie de la bleue et pour finir les jaunes en dernière place.
Après leur course, les filles m'encerclèrent. Aneko s'avança et me confia.
— On t'a caché quelque chose, Kinari… On a décidé que la gagnante avait le droit à une opportunité.
~Qu'est-ce qu'elle raconte ?~
— Une opportunité ?
~Depuis quand employait-elle un lexique si complexe ?~
Anzu s'approcha de moi et me chuchota.
— Celle qui remporterait cette course aurait la chance d'avoir un rencard avec toi.
~Et on n'a pas notre mot à dire ? cria Kinari énervé.~
~Un rencard ? Un rencard ! Qu'est-ce que je suis censé faire ? Réfléchis, réfléchis… ~
— Je vois.
— Tu veux bien qu'on se retrouve que tous les deux pour Noël ?
Chizu m'avait expliqué qu'avoir un rendez-vous avec une fille pour cet événement était quelque chose d'unique.
~Autant écouter son conseil, soupirai-je.~
— Oui.
Elle sauta dans mes bras les larmes aux yeux.
— Merci, articula-t-elle sensuellement.
Les perdantes progressèrent vers nous.
— M'oublie pas, darling !
— M'abandonne pô, chéri !
Elles s'accrochèrent toutes à chaque partie de mon squelette.
~Si mon corps était une brindille, alors je dois sans doute ressembler à une branche fleurie, soupirai-je.~