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Chapter 15 - Rencontre avec une tsundere.

Note : Lorsque vous voyez "~" cela annonce une pensée de personnage. Bonne lecture !

J'analysai ma silhouette dans le miroir puis soupirai.

— Mon corps ressemble vraiment à une brindille, ça va être un calvaire ce festival sportif…

Je m'étirai devant ma fenêtre et constatai qu'Anzu m'attendait.

~Pourquoi vient-elle si tôt ?~

Après m'être préparé, je rejoignis Anzu.

— Qu'est-ce que tu fais, là, idiote ?

— Je passais ici par hasard.

~Quelle idiote, ça fait une vingtaine de minutes que tu patientes...~

Lors de notre parcours, Anzu et moi nous taquinâmes sans cesse.

Elle me poussa vers les buissons puis me demanda.

— T'as l'air dans la lune, t'es prêt pour le festival sportif, Kinari ?

~Pourquoi me bousculait-elle ainsi, je suis si fatigué.~

~Je peux la découper en quatre, si tu le souhaites, suggéra Kinari énervé en sortant ses deux khukuris.~

~Je préfère simplement lui rendre la pareille.~

Je l'imitai à mon tour et lui répondis.

— Et toi ?

Après toutes nos taquineries, nous arrivâmes à destination.

Hésitante, Anzu me proposa.

— Tu veux venir voir avec moi le panneau d'affichage des équipes ?

— Des équipes ?

— Pour le festival sportif, idiot.

J'acquiesçai d'un hochement de tête.

— Tu te souviens de cet endroit-là, Kinari ?

— C'est le couloir qu'on emprunte tous les jours, évidemment que je m'en rappelle.

— Je ne parlais pas de ça, idiot.

— Qu'insinuais-tu alors ?

— Laisse tomber.

~D'une humeur écrasante, cette héroïne des normies.~

Je n'avais pas cherché à en comprendre davantage.

~Je veux rentrer chez moi, je n'ai pas pu terminer mon shōjo. Aucun spoil, s'il vous plaît aucun spoil, me répétai-je.~

Anzu me scruta, pointa du doigt le panneau d'affichage, et exprima sa joie.

— On est dans la même équipe, Kinari !

~Génial, s'écria Kinari blasé.~

Je regardai autour de moi.

~C'est ça qui me ronge, le faux sourire de mes camarades. Pourquoi portent-ils ce masque au quotidien ? Sans relâche, j'étais convaincu qu'ils se forcent à garder des apparences fictives et qu'ils font tout pour embellir une identité qui n'est pourtant pas la leur. Le fait de simuler des émotions quand ils sont en communauté et que tout ça s'effondrait lorsqu'ils demeuraient seuls me répugne. Pourquoi doivent-ils cacher leurs sentiments ainsi ?~

~Cesse ces pensées sombres, déclara Kinari sérieux.~

~Laisse-le, j'ai l'impression de revenir quelques mois en arrière, rêvassa Kinari blasé.~

Mes idées furent rapidement coupées lorsqu'Anzu et moi remarquâmes Maeda et Yamaguchi au loin.

~Réfléchis, réfléchis… J'ai très peu envie de bavarder aujourd'hui, qu'est ce que vous me proposez, vous ?~

~Tu peux simuler une honte et te fondre dans la masse ? suggéra Kinari timide.~

Je n'eus pas le temps de m'approcher de l'amas de lycéens : Anzu appela les deux garçons en faisant des gestes amples.

~Quelle idiote… elle n'a pas lu le même scénario que moi, soupirai-je. ~

Il était trop tard pour moi, je ne pouvais plus me défiler.

Peu après, Masuko et Aneko nous rejoignirent également. Nous étions tous regroupés. Ils eurent une discussion dans laquelle je m'exclus de ma propre volonté.

C'est l'une de mes techniques les plus abouties, l'esquive de regard l'avais-je nommée. Le principe était simple, dans cette société, les personnes avaient toujours eu tendance à vérifier que tu es réceptif avant d'engager une conversation. Et ils ne te parlaient pas si tu déjouais leurs attentions. Alors, dès que l'on m'observait, je détournai la vue, facile, et très efficace. Essayez chez vous.

Lors de cette conversation, je compris que Yamaguchi et Maeda étaient dans la même équipe, la bleue. Masuko et Aneko étaient également ensemble, représentant les jaunes. Quant à nous, nous étions dans celle qui portait la couleur blanche.

Notre professeur d'EPS toussa avant d'attraper le microphone puis déclara.

— Le festival sportif va débuter, veuillez vous aligner par bataillon, au gymnase.

~Bataillon ? Il a regardé l'œuvre de Hajime Isayama ?~

Je m'immisçai seul dans la foule pour rejoindre les rangs de mon équipe. Anzu me retrouva peu après. Elle s'approcha de moi et me murmura d'une douce voix.

— Ça va, Kinari ?

Je gardai le silence.

~Je n'ai rien entendu, me répétai-je.~

Après nous avoir tous comptés, le professeur d'EPS nous demanda de préparer la course.

~Nous mettre par groupes de trois personnes ? Quelle journée déplorable...~

Je tombai avec Anzu et cette fille…

~Des cheveux en carrés bleuâtres… Yoshida Junko ? C'est celle qui s'est fait agresser par un pervers la veille.~

Anzu approcha son visage du mien et me chuchota.

— Tu la connais Kinari ?

~Mentir, ou pas ? Encore un choix complexe.~

— Et toi ?

— Je sais juste qu'elle s'appelle Yoshida Junko. Elle est assez distante et très hautaine, fait attention à elle.

~Hautaine et distante ? Elle se fait des idées.~

— On s'occupe des affiches d'encouragements Yoshida-chan, tu nous aides ?

Elle esquiva Anzu et me salua de la main.

— Bonjour, sensei.

~Encore son problème avec les sensei, soupirai-je.~

— Salut, Yoshida-chan.

— Merci pour hier, sensei. C'est ton amie, elle ?

~Une amie…~

— Ca-ma-rades, déclarai-je en articulant au maximum chaque syllabe.

Nous récupérâmes nos outils, et commençâmes nos dessins.

~Je n'ai pas envie de travailler.~

Anzu termina en première son affiche puis nous demanda.

— Vous en pensez quoi ?

— C'est joli, Anzu.

Yoshida analysa rapidement les efforts d'Anzu et soupira.

— J'aurais largement fait mieux.

— Ah oui ? Alors, fais-en une au lieu de rien faire !

— Si tu veux.

Anzu s'approcha de moi et me chuchota.

— Tu vois, elle m'agace cette fille.

L'ambiance était électrique, Anzu avait un certain caractère que je ne soupçonnai pas.

~Je peux m'en mêler ? me murmura Kinari énervé en sortant ses deux khukuris. ~

~Reste à ta place, toi.~

— Tu seras notre juge, Kinari, s'exclama Anzu.

~Gé-nial.~

Un garçon entra dans notre salle et nous demanda si nous avions avancé. Yoshida le dévisagea de haut en bas, laissa ses joues s'empourprer et son corps se tortiller sur lui-même.

— Nous avons bientôt terminé Hasegawa-kun.

L'air hautain qu'elle porte envers Anzu, son comportement tendre avec moi et Hasegawa… réfléchis, réfléchis.

Mais bien sûr ! Le mépris avec certaines personnes et la douceur avec d'autres, Yoshida n'est pas une fille orgueilleuse ou distante, c'est le cliché de la tsundere ! Donc ça existe bel et bien, même dans cet univers en 3D. Je pensais que ce n'était qu'une légende qui provenait de certains manga.

— Bientôt ? Pressez-vous, on va pas tarder à commencer nous !

~Alors toi, tu n'aurais jamais dû parler ainsi à Yoshida, soupirai-je.~

~Taïga Aisaka va s'emparer de son corps.~

Yoshida lui sauta dessus et cria.

— Dégage !

~Mes rêves de voir une réelle tsundere dans ce monde étaient réduits à néant. ~

~Je t'ai mal jugé, finalement. Tu n'es pas une tsundere, tu es simplement désagréable.~

Une fois que le concours du « qui avait fait la meilleure affiche » eut un résultat, nous rendîmes notre travail à notre professeur d'EPS qui nous prévint que la course féminine allait débuter.

Les filles rejoignirent la ligne de départ.

~Parfait, je suis seul, vaux mieux que je termine rapidement mon manga avant d'être confronté à une vague de spoiler.~

~J'arrive mon inestimable shōjo !~

D'après ma sœur, on doit chérir chaque moment avec ses amis. Moi, je pensais que les périodes où l'on pouvait se retrouver isolé étaient bien plus précieuses. Si on doit conclure des enseignements quand un camarade nous accompagne, alors on doit aussi tirer des leçons si on est délaissé. C'était comme les deux faces d'une même pièce et selon moi, elles doivent être jugées de manière égale.

Je terminai mon manga avant de désespérer.

— Sérieusement ? Elle lui déclare pas ses sentiments ? Tu te fais de tristes illusions, Yui.

~Les filles en 2D sont largement mieux que celles en 3D. Ça reste la pensée d'un otaku banal, mais était-ce une vérité absolue ? Bonne question.~

Mon téléphone vibra.

~Anzu ? Elle a déjà terminé ? Sacrée rapidité.~

— Allô, allô Kinari ?

~Elle semble bien essoufflée, elle doit tout juste de finir.~

— Oui ?

— Tu m'as regardé sprinter ?

— Non, je me suis écarté de la course pour lire, pourquoi ?

— Je suis classée dans les dix premières !

~Une vraie athlète.~

Je baissai les yeux et analysai mon corps.

~J'ai dû me tromper finalement, je dois être plus proche d'un cure-dent que d'une brindille, me lamentai-je.~

— Félicitations, Anzu.

— J'arrive, Kinari.

Elle raccrocha.

~J'arrive ? Comment peut-elle venir vers moi ? Elle ne peut pas savoir où j'étais. C'était l'une de mes autres techniques, je l'avais appelé le flair. Le principe était simple, je suivais mon intuition pour trouver un endroit calme et détendu. ~

~Je devrais arrêter les Nekketsu au lieu de balancer des bêtises pareilles, je m'effraie moi-même.~

Quelques minutes plus tard, Anzu accourut vers moi, le sourire aux lèvres. Elle sauta dans mes bras en s'écriant.

— Merci, Kinari !

~Merci ? Qu'ai-je fait ?~

— C'est grâce à toi si j'ai eu la force de me surpasser pendant cette épreuve ! Alors je compte sur toi pour en faire autant cette après-midi.

~Cet après-midi… un vrai calvaire ce festival sportif.~

~Je m'étais peut-être trompé sur cette histoire de masque. Tout le monde n'en portait pas, c'était le cas de cette fille, devant moi. Elle exprimait chacune de ses émotions sans rien dissimuler, se surpassait pour tout et était gentille avec chaque personne qu'elle croisait.~

Elle était le jour et moi la nuit.