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Chapter 7 - Rencontre avec mon désespoir.

Note : Lorsque vous voyez "~" cela annonce une pensée de personnage. Bonne lecture !

Une trentaine de minutes passa après la réception du précédent message, je restai inactif devant mon téléphone. Il vibra de nouveau, un message se glissa en dessous.

~Désolé... ce n'était pas volontaire, mes camarades de chambre m'ont piqué mon téléphone et t'ont envoyé ce message.~

~Quel imbécile.~

Étrangement, je ne ressentis rien de particulier, ni tristesse, ni colère. Je m'enfouis sous ma couette et m'apprêtai à me coucher.

Maeda s'approcha de moi, l'air inquiet, en me chuchotant.

— Ça va, Yamazaki-kun ?

— Oui.

— Tu as des larmes qui coulent.

En passant l'une de mes mains sous mes yeux, je sentis des larmes.

~Pourquoi est-ce que je pleure, moi ?~

— Ça doit être la fatigue.

Il garda le silence et se retourna avant de s'endormir.

Le lendemain, mes camarades de chambre semblèrent soucieux et essayèrent de me faire rire avec leurs propres moyens.

~Vous me déprimez, là. Pourquoi ai-je tenté de m'intégrer à cet univers merdique ?~

J'avais apporté l'écharpe de Shimizu qu'elle m'avait prêté quelques jours auparavant. Je l'aperçus au loin, l'approchai et d'une voix saccadée lui dis.

— Tiens, je te rends ton écharpe.

~Elle semblait assez triste.~

~Tant pis, je n'allais pas la garder éternellement.~

Dans le bus, nous n'eûmes pas vraiment le choix d'être à côté étant donné que nous étions un binôme.

— En route pour notre seconde destination, Kamogawa Sea World ! s'écria notre professeure.

Un enthousiasme peu partagé, marmonnai-je.

— On fonce ! s'exclamèrent mes camarades de classe.

~Demi-tour, demi-tour, demi-tour, priai-je.~

Arrivé à destination, je proposai à Anzu.

— On commence par les dauphins ?

~Est-ce la bonne approche ? Par pitié, ça m'ennuie déjà d'être ici. Fait un effort Anzu, on a pas le choix, là.~

J'analysai Anzu, le regard vide, le visage pâle.

~Chauve, tu ressemblerais à Mob, ressaisis-toi, idiote.~

— Je te suis, Ki... Kinari.

M'appeler par mon prénom... ne t'emballe pas, idiot.

Sur notre chemin, quelque chose me dérangeait.

Le regard absent, le visage plat, elle ressemble, certes, à Mob. Mais lui ne marche pas au ralenti et ne pose pas sa main sur son front toutes les cinq secondes.

~Essayons quelque chose.~

— Waouh ! Regarde le spectacle de dauphin, Anzu ! m'exclamai-je en pointant du doigt l'un des bassins.

~Rien, absolument rien. Son regard restait le même, un sourire neutre.~

~Une sacrée défaite, soupirai-je.~

Je commençai à cerner cette fille, elle était du genre à s'extasier devant tout et n'importe quoi.

~Alors pourquoi tires-tu une tête pareille ?~

~Seconde tentative.~

Je m'assis sur un banc et lui demandai.

— Tu viens t'installer à côté de moi, Anzu ?

~Toujours rien, pas le moindre sourire, quel calvaire de comprendre les émotions des personnes en 3D.~

Ma partenaire n'avait vraiment pas l'air bien. Je la fixai, puis lui demandai d'une douce voix.

— Tu peux fermer les yeux ?

Ma question ne fait-elle pas trop pervers ? Idiot, arrête de te poser des centaines de questions et concentre-toi.

— Euh... oui si tu veux Kinari.

Elle ferma les yeux. J'en profité pour glisser ma main contre son front.

~Quelle chaleur. Que son cœur soit en ébullition pourquoi pas, mais son front, c'est pas du tout bon signe. Cette fièvre... comment n'a-t-elle pas pu se plaindre ?~

— Tu veux te reposer ?

— Je peux m'allonger sur tes genoux, Kinari ?

~Là, c'est certain, je vais passer pour un pervers aux yeux de la société, soupirai-je.~

— Oui.

Elle s'allongea délicatement sur mes genoux.

~Quelle douceur, calme-toi, me répétai-je, tu prends soin de ta camarade de classe, il n'y a rien de romantique, ni de pervers.~

Soudainement, un souvenir me revint. Chizu... dans son lit d'hôpital, le front bouillant, endormie. Avoir cette jeune fille sur mes genoux me transmit une vague de nostalgie intense.

~Je déteste ce sentiment passé.~

Deux personnes âgées passèrent devant nous en s'exclamant d'un ton rêveur.

— C'est mignon deux jeunes tourtereaux.

~Quel calvaire, heureusement qu'elle s'est endormie, cette idiote. Comment l'aurais-je regarder autrement ?~

Ça faisait bientôt une heure qu'Anzu se reposait sur mes genoux. Je décidai de la réveiller en lui murmurant.

— Tu vas mieux, Anzu ?

~Aucune réponse, suis-je à ce point maudit ?~

Je secouai doucement son bras pour tenter une nouvelle approche.

— Tu vas mieux, Anzu ?

— Ça a l'air oui... ça m'a fait du bien de me reposer, merci Kinari.

~J'espère que ça t'as fais du bien, je ne sens même plus mes genoux.~

— Tu vas réussir à marcher ?

— Je peux m'épauler à toi ?

~S'é... s'épauler ? J'ai largement eu assez de contact physique pour aujourd'hui. Si tu étais Yukinoshita, pourquoi pas, mais là...~

— Kinari ?

~Comment résister à ce sourire, soupirai-je.~

— Oui, si tu veux, Anzu.

Nous nous levâmes et Anzu glissa son bras autour du mien.

~C'est ce qu'elle appelle « s'épauler à moi » ?~

Nous nous dirigeâmes en direction du bus pour retrouver notre professeure principale, Tamura-sensei.

~Heureusement pour moi, elle n'a pas remarqué que j'ai pris un selfie lorsqu'elle dormait, sinon je serais sans doute mort.~

Anzu me suivait sans se soucier de quoi que ce soit.

~Tant mieux, elle n'aurait jamais accepté d'aller à l'infirmerie, cette idiote.~

Je n'avais pas le choix, la voir se morfondre autant, c'était une obligation de prendre soin d'elle. Surtout qu'elle me faisait énormément penser à ma petite sœur, Chizu.

~Toi aussi, tu dois te reposer dans un espace médical, méditai-je.~

Tamura-sensei nous remarqua et accourut vers Anzu.

~Notre professeure est excellente. Constater de si loin la détresse d'Anzu, quelle femme.~

Essoufflée, elle se moqua.

— Tiens, tiens, tiens, deux petits tourtereaux.

~Quelle femme pathétique, soupirai-je, elle est à côté de la plaque.~

Je lui expliquai rapidement la situation : la fièvre d'Anzu et le fait qu'il fallait l'amener à un endroit pour se reposer.

Notre professeure principale s'approcha de moi et me murmura.

— Tu veux l'accompagner à l'infirmerie de l'hôtel ?

~Ça peut m'éviter d'errer sans but.~

— Oui, j'ai besoin de veiller sur elle, sensei.

— Je vois, je vous y conduis.

~Avais-je réellement besoin de veiller sur elle ou n'était-ce qu'un prétexte pour sécher cette sortie ? Je me posai la question tout le long du trajet.~

L'infirmière comprit véritablement la situation d'Anzu et me laissa rester auprès d'elle.

— Rassure-toi, ce n'est qu'un simple coup de fatigue, tu n'as pas de tracas à te faire.

~J'avais l'air d'avoir de l'empathie, peut-être ?~

— Merci, madame.

J'avais dû rester sept ou peut-être huit heures à son chevet. Je patientai, touchai son front pour vérifier si la fièvre se calmait ou non.

~Épuisé dû au calvaire de la veille, je m'endormis.~

Deux heures plus tard, j'entendis un bruit dans la chambre, c'était assez flou. Je ressentis quelque chose de chaud touchant le haut de mon crâne.

~Ses mains si douces, cette délicatesse dans le toucher...~

J'ouvris les yeux et découvris Anzu qui avait glissé sa main dans mes cheveux. Souriante, elle me murmura.

— L'infirmière m'a expliqué... tu es resté là depuis dix-heures à m'attendre. Je vais beaucoup mieux maintenant, merci Kinari.

Je gardai le silence et profitai des quelques caresses qu'elle me faisait dans mes cheveux.

— Kinari, je suis vraiment désolée pour hier soir. Après que mes copines t'aient envoyé ça, je n'ai pas réussi à trouver le sommeil. J'étais stressée, angoissée et voilà le résultat.

— Ne t'inquiète pas, c'est vrai que ça m'a un peu secoué, mais ne te met plus dans des états comme ça pour moi.

Avec son auriculaire, elle attrapa mon doigt puis me regarda dans les yeux en ajoutant joyeusement.

— Je te le promets, Kinari. Et crois-moi, celle-ci, je la tiendrais.

~Je la tiendrais ? Elle m'avait déjà fait une quelconque promesse ? réfléchis-je.~

~Elle a un don pour me rendre si curieux.~

— Tu as l'autorisation de sortir ?

Elle hocha de la tête.

— Suis-moi, j'ai quelque chose pour toi.

— Pour moi ?

— Oui, idiote.

Nous remerciâmes l'infirmière et Anzu m'accompagna jusqu'à la porte de ma chambre. Je me retournai vers elle puis lui demandai de m'attendre en fermant les yeux.

Lorsque j'étais à l'infirmerie pour veiller sur Anzu, j'avais fait une pause pour aller manger mon repas. Devant le restaurant où j'avais mangé, il y avait une boutique de souvenirs et je vis le cadeau parfait. Une écharpe. Elle était trait pour trait identique à celle qu'Anzu portait. Je l'avais donc acheté pour la somme de 2000 Yens, l'entièreté de mes économies. Après l'avoir entre mes mains, j'y avais disposé mon parfum pour l'imprégner de mon odeur.

~Ça va lui faire plaisir, me répétai-je.~

Après avoir récupéré l'écharpe, je ressortis de la chambre, m'approchai de l'oreille d'Anzu puis lui soufflai.

— Ferme les yeux, Anzu.

J'attrapai avec finesse son écharpe et l'enfilai autour de mon cou. Je récupérai mon cadeau puis la déroulai autour du cou d'Anzu.

~Tout est prêt, soufflai-je silencieusement.~

Je lui murmurai alors d'une douce voix.

— Tu peux ouvrir les yeux Anzu.

Elle ouvrit les paupières, eut un moment d'absence, puis un sourire se dessina lentement sur son visage. Ses yeux devinrent étincelants puis, petit à petit, ses larmes commencèrent à couler. Elle m'étreignit puis me chuchota délicatement.

— Merci, Kinari.

~Ne me sert pas si fort, idiote.~

Elle lâcha son emprise, puis s'exclama.

— J'en prendrais soin, Kinari, merci.

— Je prendrais soin de la tienne également.

Elle attrapa derechef mon auriculaire avec son propre doigt et me demanda en souriant.

— Promis, Kinari ?

— Promis, Anzu.

Elle relâcha, puis ajouta.

— Je vais rejoindre mes camarades de chambre. Bonne nuit, Kinari.

— Bonne nuit, Anzu.

~Quelle journée, j'en aurais vu de toutes les couleurs, rêvassai-je.~

J'esquivai avec chance l'interrogatoire de mes camarades de chambre qui ne m'entendirent pas me coucher. La pression retomba d'un coup.

~Le second cadeau que j'offris à une fille, c'était seulement le second.~