Chereads / J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 14 - Il prépare un mauvais coup.

Chapter 14 - Il prépare un mauvais coup.

Shinsuke serra un peu les dents, avant de s'appuyer lourdement sur le dossier de son siège.

Son bras lui faisait toujours mal, et la journée n'avait pas amélioré son humeur. Surtout depuis que cet abruti de Kubo était venu dans la matinée, juste pour l'énerver encore plus.

Il ne supportait vraiment pas ce type et son attitude irrespectueuse.

Saizo pointa du pouce la salle de pause derrière eux, pour l'inviter à venir prendre un café avec lui, et Shinsuke accepta purement par habitude.

S'il avait réfléchi avant de se lever, il aurait probablement préféré rester assis bien sagement à son bureau, quitte à s'avancer dans son travail, ou à écouter un peu de musique. Mais voilà, il avait agi par automatisme, sans se poser de questions.

Et quelques minutes plus tard, il était dans la bruyante salle de pause où plusieurs employés s'étaient déjà regroupés en petits cercles de discussion - ou en masse informe devant les distributeurs de boisson – avec un gobelet de café à la main.

« Tu sembles plus contrarié que d'habitude... » Observa à voix haute Saizo.

« Ha ! » S'exclama avec insolence Shinsuke. « T'as le don pour dire des évidences. »

Saizo se contenta de sourire, mais le Chef de la Section Financière sentit que son plus vieil ami devait très certainement rire intérieurement. Cela faisait bien longtemps que l'homme au visage délicat ne faisait plus attention au ton désagréable employé par l'homme au tempérament glacial.

« Laisse-moi deviner… Kubo-san est celui qui t'as le plus énervé de la journée, pas vrai ? » Supposa Saizo.

« Humpf ! » Soupira Shinsuke.

Saizo avait vu juste du premier coup.

Ce type du Département Véhicules l'avait tout particulièrement énervé. Plus que d'habitude, même. Car ce n'était pas la première fois - ni sûrement la dernière – que Kubo Touma s'invitait sans prévenir à d'autres étages que le sien.

Certes, les employés avaient la liberté de passer d'un étage à un autre. Mais du moment qu'ils ne dérangeaient pas les autres employés, et que leur propre travail était rendu en temps et en heure.

Toutefois, Shinsuke ne parvenait pas à comprendre pourquoi cette fois-là avait été bien pire que les fois précédentes.

Qu'est-ce qui l'avait énervé à ce point, au bout du compte ?

Plus il y réfléchissait, et plus ça ne correspondait pas à son comportement habituel.

Ce n'était quand même pas à cause de… ?

« Quelque chose te tracasse ? » Demanda Saizo, curieux de voir son ami visiblement troublé.

« Pas vraiment... » Répondit rapidement Shinsuke.

Saizo se contenta de sourire à nouveau, comme s'il savait quelque chose que l'autre homme ignorait.

Mais plus il y pensait, plus un certain fait devenait clair à son esprit.

Il était énervé parce que Kubo lui avait parlé, à elle.

Est-ce que c'était parce qu'il voulait être celui qui la mettrait dans l'embarras ? Pour lui faire payer son comportement déplorable envers lui ?

C'était peut-être un peu exagéré, en y réfléchissant.

Peut-être était-ce tout simplement son instinct qui l'avait fait réagir de la sorte. Ce sale type s'était approché de quelqu'un faisant partie de sa Section.

Oui, c'était probablement ça. C'était en tant que Chef qu'il s'était énervé. Et qu'il était toujours énervé, encore en cet instant.

Après tout, Kubo avait toujours eu la réputation d'un élément perturbateur, et seules ses excellentes performances au travail avaient jusqu'à présent empêché son éventuel licenciement. Ce type était juste trop bon à son travail, au plus grand désespoir de Shinsuke.

Sur cette pensée, il avala rapidement quelques gorgées de café, et regarda à travers les parois en verre de la pièce le reste de l'étage. Plusieurs personnes étaient restées à leur poste, encore à travailler, malgré le fait que c'était une heure préférée pour s'arrêter un moment dans les tâches à accomplir, et prendre du temps pour soi.

Et irrémédiablement, ses yeux se posèrent sur la zone où l'autre élément perturbateur de son entourage se trouvait. La dénommée Shinohara Hana.

Elle semblait absorbée par le travail, fixant sans même relever une seule fois la tête son écran d'ordinateur.

Shinsuke sourit malicieusement.

Elle était sûrement débordée par la tâche qu'il lui avait confiée un peu plus tôt. Tant mieux.

Il espérait même qu'elle prenne du retard, ou fasse des erreurs, pour avoir un prétexte suffisant pour lui hurler dessus devant tout le monde. Ça serait sûrement une bonne vengeance. Peut-être même qu'il la ferait pleurer. Peu importe. Du moment qu'il pouvait l'humilier autant qu'elle l'avait humilié cette nuit-là.

Et avec un peu de chance, peut-être qu'elle souhaiterait démissionner. C'est ce qu'il espérait, du moins.

Le seul problème, était que si elle arrivait à remplir cette tâche correctement, cela voudrait dire qu'elle faisait du bon travail. Et il aurait alors des scrupules à la faire démissionner. Parce qu'il respectait honnêtement les gens qui faisaient correctement leur travail.

Il secoua rapidement la tête, avant de reporter son attention sur ce qui se passait dans la salle de pause. Il semblait qu'un des groupes avait une discussion quelque peu agitée.

Et parmi eux se trouvait Ito Ren. Shinsuke savait parfaitement que ce type était toujours au centre de tout ce qui se passait d'important dans l'étage, ou même, dans l'entreprise en général. Et il semblait qu'en ce moment même, cet homme se trouvait dans un tourbillon de nouvelles informations que des employés de l'étage et d'autres départements lui amenaient.

Shinsuke se surprit à l'envier un instant, avant de se reprendre.

Non. Il n'avait pas besoin d'être aussi proche des autres employés. Les choses étaient très bien comme elles étaient, après tout.

Toutefois, il ne se doutait pas un instant que les choses allaient changer dans peu de temps. Car plusieurs étages au-dessus de celui où il se trouvait, se tenait au même moment une discussion importante qui allait directement impacter le Département des Catastrophes Naturelles.

Deux hommes, l'un ayant la cinquantaine, et l'autre la vingtaine, se faisaient face ; assis de chaque côté d'une table basse dans de confortables et opulents fauteuils rembourrés.

« Je t'ai déjà fait une liste de candidates, donc libre à toi de faire ton choix dans cette liste, » dit l'homme le plus âgé.

Il désigna d'un hochement de tête plusieurs dossiers posés sur la table basse.

Le jeune homme acquiesça, avant d'en prendre un pour le feuilleter rapidement.

« Et puisque tu es enfin revenu de tes études aux États-Unis, j'aimerais que tu fasses tes premiers pas dans l'entreprise, » continua d'expliquer le vieil homme. « Ce sera une expérience très enrichissante pour toi, et j'ai justement le poste qu'il te faut. »

Le jeune homme fronça des sourcils, visiblement méfiant.

« Un poste ? Dans Marline Insurance ? » Demanda-t-il avec doute. « Tu sais que je ne veux pas reprendre l'entreprise, pas vrai ? »

Le vieil homme, qui n'était autre que le Président de Marline Insurance, Utagawa Tetsu, se contenta de sourire légèrement, avant de répondre.

« Rassure-toi, je ne te forcerais pas à me succéder, » dit-il tout en massant sa barbe. « Considère cela comme de l'expérience professionnelle pour ta future entreprise ou ton futur travail ; et moi-même, je considérerais ta participation comme un service que tu me rends. »

« Qu'est-ce que tu veux dire par service, exactement ? » S'enquit le jeune homme.

Le Président Utagawa sembla réfléchir un instant, comme s'il jugeait quelle façon serait idéale pour présenter son offre, puis dit :

« Il y a un certain Département dans l'entreprise, qui n'arrive jamais à avoir un Directeur sur le long terme… Au point où c'en est gênant pour la gestion de l'entreprise... »