Elle se réveilla, et la vision encore un peu floue, regarda l'autre coussin en face d'elle, situé sur le côté droit du lit. Elle fronça des sourcils, voyant que l'oreiller n'avait pas l'air d'avoir été utilisé, puis se redressa pour être assise sur son matelas, essayant de retrouver une vision plus nette de ses environs immédiats. Et c'est là que le mal de tête la frappa, sournoisement.
Ah, qu'est-ce qu'elle avait mal ! Il lui faudrait sûrement prendre quelque chose en même temps que son petit-déjeuner, pour avoir les idées plus claires.
Elle se frotta les yeux, afin d'en éliminer toute trace restante de sommeil, et jeta un œil au radio-réveil posé sur la table de chevet à côté d'elle, sur la gauche.
07h45.
Elle cligna lentement des yeux, pour être sûre de ce qu'elle voyait.
Mais l'heure restait désespérément identique.
Ah non. Il était 07h46 maintenant.
Attendez ! Ce n'est pas le plus important maintenant !
Ses yeux s'écarquillèrent, grands comme des soucoupes, et soudain, elle bondit en dehors de son lit, les pieds pris dans la couverture et manquant de trébucher.
«Non! Non! Non! Non! Je vais être en retard!» Cria-t-elle en se précipitant vers la salle de bain de son appartement.
Entrant avec panique dans la petite pièce, elle fit face à un meuble suspendu au dessus de l'évier et dont les deux portes étaient recouvertes d'un miroir, et ouvrit avec précipitation la porte de gauche.
Vite, vite, vite !
«Ah bon sang! Pourquoi je me réveille aussi tard!?» Dit-elle avec frustration et angoisse.
Elle poussa d'un geste désordonné sur le côté une trousse de maquillage, et y posa une autre à la place.
«Elle a encore laissé ses affaires au milieu!» Pesta la jeune femme.
Non, pas le temps de faire tout le maquillage, elle devait accélérer la cadence si elle ne voulait pas manquer le prochain bus dans… 10 minutes ?!
Vite, vite, vite, plus vite !
Elle s'habilla rapidement, et ne trouvant pas de chaussettes identiques, dut se résoudre à en mettre une grise et une noire. Puis tout en brossant ses cheveux, se rendit dans la pièce principale, qui faisait office à la fois de salon, de chambre et de cuisine, et s'empressa d'ouvrir le frigo pour y prendre deux yaourts à boire qu'elle jeta avec précipitation dans son sac.
Elle aurait le temps de les boire sur son chemin, ou au pire des cas, une fois arrivée sur son lieu de travail. Elle était prête à tout pour gagner ne serait-ce que quelques minutes.
Elle jeta un œil au radio-réveil et son cœur rata un battement.
08h05. C'était foutu pour le prochain bus, elle allait devoir prendre le métro, en pleine heure de pointe.
«Ah bon sang! Pourquoi aujourd'hui, de tous les jours où ça aurait pu arriver?!» Cria-t-elle avec une frustration grandissante.
Elle était visiblement en détresse, à s'être levée beaucoup trop tard pour se préparer convenablement. Alors qu'aujourd'hui, c'était son tout premier jour de travail. Tout ce qu'elle avait minutieusement planifié, préparé à l'avance ? Laissez tomber.
Parce que son réveil n'avait pas sonné, elle risquait d'être en retard, et de faire mauvaise impression.
Elle était pourtant sûre de l'avoir branché hier, en allant se coucher…
Alors, se pourrait-il que… ?
Si 'elle' avait osé débrancher son réveil, elles allaient devoir avoir une sérieuse conversation, encore une fois.
Enfin, dans la limite du possible. Ce n'était pas comme si elle pouvait avoir une vraie conversation avec 'elle'. Elles étaient toutes les deux si différentes, comme le jour et la nuit.
La jeune femme secoua la tête. Ce n'était pas le moment de s'attarder sur ce qui s'était déjà produit ! Elle devait vite trouver un plan de secours.
08h10.
Non. Le métro, elle ne l'aurait pas.
Rapidement, le plan des lignes de bus et les stations de métro avec les arrêts les plus proches de chez elle défilèrent devant ses yeux, dans son esprit.
«La ligne 40? Non, même avec de la chance, je n'aurais pas la ligne 15 à l'arrêt suivant,» réfléchit-elle à voix haute.
En même temps, elle termina de s'habiller, mettant sa veste. Elle vérifia que les deux pièces étaient éteintes un dernière fois, et que la grande fenêtre donnant sur la cour à l'arrière du bâtiment était bien fermée. Tout en bas, elle vit que des parents amenaient déjà leurs enfants vers leurs voitures rangées sur le parking adjacent.
«Et la ligne de métro la plus proche?» Se demanda-t-elle à elle-même. «Si je descends deux arrêts plus loin, je peux rattraper la ligne de bus 23, et continuer jusqu'au bureau comme ça?»
C'était la décision la plus sûre et la plus rapide.
Ok, Métro, puis ligne 23. C'est parti !
Elle passa en vitesse à côté de la table à manger, sur laquelle était restés un bol en polystyrène de ramen instantanées vide et une canette de bière, et sous laquelle quatre chaises en bois étaient rangées. Elle vit du coin de l'œil un vêtement violet foncé posé sur le dossier d'une des chaises, et se précipita vers la porte d'entrée du petit appartement.
Elle leva la main pour défaire le premier verrou d'une série de quatre verrous posés les uns au dessus des autres sur la porte, et s'arrêta net.
La première serrure n'était pas verrouillée.
Alors qu'elle avait bien fermé les quatre hier.
«Elle… Elle est encore sortie?!» Paniqua la jeune femme.
Est-ce qu'elle avait trouvé la clé de la dernière serrure en date ?
Non, elle était encore sortie ? Et où ? Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire hier soir ?
La jeune femme secoua de nouveau sa tête, pour remettre de l'ordre dans ses idées.
Non, pas le temps de penser à ça. Si elle traînait encore à descendre les quatre étages qui la séparaient de la rue, elle allait vraiment être en retard. Elle aurait tout le temps bien plus tard de s'inquiéter de ce « qu'elle » avait bien pu faire hier.
Déverrouillant à la hâte les trois serrures qui étaient jusqu'à présent fermées, elle sortit et claqua la porte derrière elle, ne refermant que le verrou d'origine de la porte, le plus bas parmi les quatre gentiment alignés sur la porte et le chambranle.