"Je suis heureux que tu sois saine et sauve…"
Ara cligna des yeux à plusieurs reprises, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait. Mais il aurait été impoli de ne rien dire.
"M-merci?" »répondit-elle, et toutes les deux sombrèrent dans un silence gênant.
"Eh bien, asseyons-nous d'abord," l'invita Ichihara Midori après un moment, lui offrant un sourire sincère mais timide alors qu'elle les conduisait aux sièges vides près d'elles, et Ara devint alors encore plus confuse.
Étant l'héroïne supposée de cette histoire où la méchante avait failli lui faire du mal, Ara s'attendait à ce qu'Ichihara Midori reste loin d'elle. Mais elle était là, initiant le contact, et semblant même vouloir avoir une longue conversation avec elle.
Dès qu'elles furent assises, Ichihara regarda son visage avec de grands yeux stupéfaits. "Tes yeux ont vraiment changé de couleur", commenta-elle, et Ara retira ses lunettes afin de satisfaire la curiosité que la fille semblait avoir au sujet de ses yeux.
Ses yeux gris argent s'entremêlèrent avec ces curieux yeux bruns jusqu'à ce que l'autre fille ne revint enfin à la réalité et sourit d'embarras.
"Est-ce que tu as eu mal?" Demanda Ichihara, mais elle n'attendit même pas la réponse d'Ara. "Ah, comme c'est idiot de ma part. Bien sûr que ça a fait mal. Tu en es presque morte après tout," continua-t-elle, son embarras augmentant chaque seconde au point que Ara la trouva finalement drôle.
Le personnage d'Ichihara Midori était un croisement entre Rin et Miharu, avec un peu d'entêtement, mais pas désagréable.
"Eh bien, je vais mieux maintenant," lui assura Ara, et le sourire sur le visage d'Ichihara disparut, remplacé par une expression sérieuse qu'elle n'avait jamais vu sur le visage de cette fille auparavant - pas même lorsqu'elle l'avait publiquement réprimand��e des mois auparavant.
Elle était donc bien en colère contre elle après tout? Ara en rit presque, mais pas parce qu'elle avait tort.
"Pourquoi n'as-tu toujours pas dit à tout le monde qui l'avait vraiment fait?"demanda soudainement Ichihara à Ara qui en fut de nouveau surprise.
Cette fois, la fille avait l'air livide et Ara se rendit compte qu'en dépit de son insouciance, c'était une fille intelligente. Elle avait probablement déjà deviné ce qui s'était passé la nuit de l'accident, c'était la raison pour laquelle, elle n'était pas en colère contre Ara.
La divinité qui venait à peine d'apprendre à quel point il pouvait être amusant d'être espiègle était triste. Avec Ichihara au fait de ce qui s'était passé, le nombre jour dont elle disposerait pour s'occuper de ses problèmes venait d'être raccourci à nouveau. Ce devait être son héritage divin qui attirait la chance pour qu'elle finisse ce travail.
"De qui parles-tu?", Demanda innocemment Ara, et la fille se renfrogna.
"Okada Koharu - qui d'autre?" lui dit-elle d'un ton neutre au point que Ara n'eut d'autre choix que de reconnaître son intelligence. Cela aurait été une véritable insulte envers cette fille si elle lui refusait la vérité, alors elle soupira puis sourit.
Comme si c'était la seule affirmation qu'Ichihara attendait, sa fureur augmenta alors qu'elle frappa de la main un coups sec sur la table. "Je le savais! Je savais que c'était la faute de cette fille."
Après avoir exprimé sa colère, la fille sembla s'être épuiser et se pencha en arrière sur son siège avant de regarder Ara de nouveau.
"Comment l'as-tu trouvé?"
Ara était curieuse. Après tout, Okada Koharu était une experte quand il s'agissait de jouer la demoiselle en détresse, elle était capable de tromper tout le monde et personne ne l'avait jamais suspectée jusqu'à présent.
"Je n'avais rien remarqué au départ. C'est pourquoi je me sentais mal à chaque fois que je te voyais. Je pensais que tu étais un piranha à la peau épaisse, bien décidé à m'arracher mon petit ami, mais ne pouvant pas te battre en personne pour lui, tu te devais de m'envoyez tes sbires m'ennuyer toute ces années ", dit Ichihara en s'excusant, faisant rire Ara. "Ce n'est pas drôle. Je t'es vraiment mal jugée pendant tout ce temps, tu sais?"
Ichihara Midori semblait vraiment affligé d'avoir eu toutes ces mauvais penser envers Ara au point que cette dernière en fut touchée. Cette fille n'était vraiment pas mauvaise.
"Donc?"
"Donc, j'y ai longuement réfléchi et j'ai réalisé à quel point tout cela était bizarre", poursuivit Ichihara. "Pour quelqu'un qu'on disait follement amoureuse de quelqu'un, tu n'es jamais venu une seule fois le rencontrer en personne.N'importe qu'elle fille amoureuse aurait noyé leur cible d'amour jusqu'à dans l'oubli. Mais tu ne l'as pas fait - et quand nous avions des cours ensemble , tu ne regardais jamais Hiroaki, c'était étrange! "
"Comment es-tu sûr que je ne regarde pas ton petit-ami?" La taquina Ara.
"Parce qu'en tant que rival d'amour, je t'observais toujours," admit Ichihara. "En plus de ne pas être amoureuse, Suzuki, tu as toujours semblé ne te soucier du tout te soucier des autres - à l'exception d'Okada."
A la mention de ce nom, le sourire d'Ara s'évanouit. Elle se rappela alors la confrontation entre elles. "Je suis vraiment désolé pour cette fois. J'avais eu l'impression que tu venais de pousser Koharu et je m'étais alors mise en colère."
Ichihara Midori secoua la tête. "C'est bon. Si je n'étais pas moi même certaine de ne pas l'avoir toucher, j'aurais moi aussi pensé je l'avais vraiment poussée au vu de la façon pitoyable dont elle avait réagi!"
Ara rit de nouveau.
"C'est après cet incident que j'ai commencé à me méfier d'Okada. J'ai réalisé que ce n'était pas toi mais elle qui était amoureuse de Hiroaki. Tout le temps elle essayait de s'interposer entre nous en prétendant disait qu'elle le faisait pour toi, mais en fin de compte c'était pour elle-même. Et elle a aussi dit que les lettres d'amour qu'elle livrait quasi tous les jours venaient de toi! "
"Lettres d'amour?" Ara fut plus que stupéfaite du talent de Koharu.
"Oui, des fleurs roses parfumées," ricana Ichihara et Ara frissonna.
"Et pendant tout ce temps tu pensais qu'elles venaient de moi?" Ara fut consternée, puis ses yeux s'écarquillèrent. "Attends, Sonoda ne les a pas montrés aux membres du club de judo, non?"
Sonoda Hiroaki était le vice-capitaine du club de judo.
Au sourire penaud d'Ichihara, Ara grogna comme si elle en souffrait. "Pas étonnant que ces imbéciles me regardent tout le temps bizarrement."
"Eh bien, ils ne le feront plus," dit Ichihara, et Ara leva un sourcil d'interrogation. "Je vais leur dire la vérité à propos de ces lettres d'amour. C'est quand même facile de vérifier la typographie avec celle d'Okada."
"À toi de voir," dit simplement Ara. Ce n'était pas à elle de dire la vérité. La décision reposait entre les mains d'Ichihara, c'était à elle de décider si elle souhaitait clarifier ce sujet.
"Et toi? Quand l'as-tu découvert?" Lui demanda Midori, et les lèvres d'Ara se serrèrent, se souvenant de la douleur qu'avait ressenti la Ara originale lorsqu'elle s'était rendu compte de la trahison.
"La nuit de l'accident," répondit-elle en haletant.
"Mais c'est - "
"Ce jour-là, elle m'a soudainement demandé de te ramener chez toi car ta maison est loin de la gare et il serait tard lorsque nous aurions terminé le projet."
Comme si elle pouvait elle aussi se souvenir clairement de ce jour, Ichihara hocha la tête. "J'ai été surprise qu'elle sache où j'habitais", dit-elle. "Je trouvais cela vraiment étrange, mais elle avait l'air si inoffensive que j'ai écarté tout mes soupçons."
"Je l'ai ensuite entendue parler à quelqu'un dans les toilettes. Elle avait fait saboter ma voiture par quelqu'un." Ara laissa échapper un rire amer, le même qu'elle avait laissé s'échapper lorsqu'elle vit le bataillon d'archers qui était venu la tuer dans son autre vie.
Ichihara acquiesça de nouveau. "Quand tu as soudainement dit que tu n'allais finalement pas me ramener à la maison, elle a alors insisté lourdement pour que tu le fasses à plusieurs reprises, j'ai alors réalisé que quelque chose clochait. Elle en était folle et a pesté sur ton dos pendant un moment quand tu es soudainement partie, sans même se soucier du fait que j'étais encore là pour la voir dans cet état. Elle était devenue complètement hystérique. Puis ton accident est arrivé, et j'ai alors réalisé que c'était ce qu'elle voulait pendant tout ce temps. "
Pensant à comment elle avait échappé de justesse à la mort, Ichihara frissonna. Ensuite, elle se souvint alors de quelque chose.
"Si tu connaissais déjà ses plans, pourquoi es-tu quand même montée dans ta voiture?"
Sur ce, Ara lui fit un sourire triste. "Une vie pour une vie", répondit-elle simplement.
"Il y a eu un moment dans ma vie où j'étais vraiment à terre et elle avait été là. Même si c'était faux, un sauvetage reste un sauvetage. Une dette reste une dette. Si je n'étais pas monté dans cette voiture, je n'aurais jamais été en mesure de rembourser complètement ma dette. Mais maintenant que je l'ai fait, nous sommes quitte."
Ara parlait en puisant dans les souvenirs de l'original. Quand ses parents était morts et qu'Aki avait commencé à devenir de plus en plus occupée, elle était si seule. Et lorsque le lycée avait commencé, la compagnie de Koharu l'avait alors empêchée de sombrer dans une dépression totale.
C'était pourquoi elle l'avait autant protégé auparavant. C'était pourquoi même si elle la trouvait parfois agaçante, elle avait toujours été là pour elle - jusqu'à ce jour. La Suzuki Ara qui avait conduit cette voiture de la mort avec le sourire avait finalement payé sa dette.