Homura Ryuu, le seul et unique héritier d'Homura International, entra dans la salle couverte de tatami avec une présence électrisante qui fit qu'immédiatement la salle à manger privée sembla plus petite.
"Aya, tu es en retard," dit Kazehaya Gin à l'autre avec désinvolture en s'approchant du nouveau venu.
Techniquement, Kazehaya Gin était plus grand, mais l'aura qui entourait le jeune héritier le rendait plus grand par nature que même le PDG déjà très charismatique, accrocheur et coloré semblait pâlir en comparaison.
Si le PDG d'Homura avait le paraître d'un noble, le jeune héritier lui avait le paraître d'un roi, même en tenue décontractée. Cet air d'autorité, sa grande taille et son visage avec une paire d'œil bleu glacial était tout simplement hors de ce monde.
Koutaishidenka. Prince héritier.
Il n'y avait pas d'autre surnom approprié pour lui.
"Le lieu de rendez-vous était loin d'où je venais," répondit Ryuu sans expression, alors qu'il passa le petit colis qu'il transportait d'une main à l'autre, il tourna son attention vers Aki.
Se rendant compte qu'il était en présence de ces deux hommes inaccessibles, Aki chancela. Il ne pouvait pas comprendre ce qu'il faisait ici avec eux. Il n'y avait aucune logique à ça.
Mais Suzuki Aki avait de solides compétences en survie et sauta immédiatement sur ses pieds, avant même qu'il ne puisse rassembler ses cellules cérébrales et s'inclina pour le saluer. "'Ravi de vous- "
"Président Suzuki," l'interrompit dans son salut Homura Ryuu, tout en s'inclinant fortement lui aussi dans sa direction au même moment. "Ravi de vous rencontrer," continua le prince.
" - rencontrer…"
Suzuki Aki était tellement abasourdi; qu'il en finit sa phrase très maladroitement. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi le jeune prince s'était incliné de façon si appuyée vers lui.
Comme si il sentait sa confusion, Kazehaya Gin laissa échapper un petit rire en faisant de nouveau signe vers la table pour les inviter à s'asseoir.
"J'ai déjà commandé ta nourriture préférée. Ils attendaient juste que ton arrivée pour commencer à servir."
Le Koutaishidenka hocha simplement la tête alors que les trois s'assirent sur leurs sièges respectifs et se turent.
Aki, qui ne savait toujours pas pourquoi il était là, en était reconnaissant au PDG d'Homura de continuer à parler car il n'arrivait pas à trouver un sujet pour entamer la discussion avec eux. De plus, cela lui donnait amplement le temps de prendre ses marques car son choc initial avait été trop important. Cela lui permettait également de réfléchir à la vie en général.
Honnêtement, la raison pour laquelle le succès n'était jamais monté à la tête de Suzuki Aki était l'existence de ces deux hommes qui étaient si proches de son âge de vingt-cinq ans.
Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, Homura Ryuu avait cinq ans de moins que Kazehaya Gin qui en avait vingt-sept ans. À l'âge de vingt-deux ans, cet homme était déjà au sommet du pouvoir à un point que personne n'aurait jamais pu rêvé de s'élever.
Ce n'était un secret pour personne que derrière Kazehaya Gin, le PDG de génie, se trouvait un seigneur de l'ombre qui était beaucoup, beaucoup plus talentueux et intelligent. C'était pourquoi il était vénéré de tous, même par des personnes plus âgées que lui - y compris Aki.
Avec eux aux environ, ses réalisations avec le groupe Suzuki Raiden semblaient être pitoyables en comparaison.
Sur cette note, Suzuki Aki ne pouvait s'empêcher de se demander à nouveau pourquoi il avait été convié ici. Il était sur le point de demander quand il un petit coup se fit entendre, et la porte coulissante s'ouvrit pour révéler deux hôtesses portant un plateau où reposait des carafes à saké en céramique et un autre plateau contenant des tasses à saké en céramique de même conception.
L'alcool de cet établissement était réputé pour être du la plus haute qualité et il était préférable de le servir à température ambiante.
Les hôtesses portant des kimonos traditionnels placèrent élégamment les plateaux sur la table de service et transférèrent leurs contenues sur la table basse. Une fois fait, elles s'inclinèrent et se retirent gracieusement avant de quitter la pièce.
Une petite toux s'échappa de la gorge du prince qui semblait être assoiffé de son voyage.
Aki prit cela comme un signe l'invitant à lui verser à boire. Il leva alors la main pour prendre l'une des carafes lorsqu'une main pâle le frappa.
Le Koutaishidenka souleva la carafe en céramique avec prestance en utilisant ses deux mains et la pencha en direction d'Aki, son regard bleu le poussant à lever sa tasse afin qu'il puisse y verser de l'alcool.
Aki était étonné. d'un point de vu statut, il était le rang le plus bas parmi les trois, ça aurait donc dû être à lui de servir le saké dans la tasse des autres, et non l'inverse - surtout en ce qui concerne le Koutaishidenka. De plus, même si le prince voulait vraiment lui servir de l'alcool, il aurait techniquement dû simplement utiliser une main pour tenir le flacon, et non deux.
Dans la culture japonaise, tenir le flacon des deux mains pour servir de l'alcool signifiait que vous montriez de la déférence - et cela était quelque chose que le PDG du groupe Suzuki Raiden ne pouvait pas comprendre, et donc il se figea.
"Votre tasse s'il vous plaît," dit doucement Homura Ryuu, et ce ne fut qu'à ce moment là qu'Aki sortit de ses pensées et leva maladroitement sa tasse des deux mains pour se faire servir de l'alcool.
Il remercia alors poliment le prince au moment où ce dernier remit délicatement la carafe sur la table.
Suzuki Aki saisit alors à son tour la carafe et versa du saké à celui qui venait de le servir, Homura Ryuu tendit alors sa tasse à deux mains pour se faire servir.
Avec cela, Aki en conclu finalement que peut-être, à cause de son éducation, le jeune prince avait été éduqué à être humble et poli - du moins c'était ce qu'il pensait.
"Je ne peux pas en avoir?" questionna soudainement Kazehaya Gin, et Aki se sentit alors complètement embarrassé d'avoir oublié de lui verser du saké.
Mais avant même qu'il ne puisse à nouveau toucher le flacon, Homura Ryuu prit le flacon d'alcool d'une main, et versa négligemment du saké dans la tasse de Gin sans même le regarder.
"Quelle est cette disparité de traitement?" se plaignit Kazehaya Gin alors que Suzuki Aki aurait lui aussi aimé comprendre.
Le pauvre PDG pensait que le prince était poli avec lui parce qu'il était comme ça par nature, mais non. Suzuki Aki avait vraiment reçu un traitement spécial. Mais pourquoi?
"Tu es trop bruyant."
Un mot du prince et de Kazehaya Gin ravala le reste de sa plainte et resta silencieux en faisant la moue.
Homura Ryuu ramassa ensuite le petit paquet qu'il portait plus tôt et qui se trouvait à ses côtés et le plaça sur la table. C'était une élégante boîte, et le prince la poussa en direction d'Aki.
"Hein?"
Suzuki Aki ne savait pas quoi faire alors qu'il regardait la boîte.
"C'est un cadeau", déclara Homura Ryuu, et Aki n'eut donc pas d'autre choix que d'ouvrir le paquet à contrecœur.
À l'intérieur se trouvait une montre très élégante avec un bracelet en cuir que Suzuki Aki connaissait très bien. Elle possédait un triple cadran brillant qui permettait de mesurer le temps en secondes, minutes et heures. Son mécanisme incroyablement complexe contenait cinq cent soixante-sept composants et était très rare. Seule une centaine de montre de cette série avaient été fabriquées par A. Lange & Söhne, un fabricant de montres de luxe et de prestige allemand.
Il avait vu cette même montre à la télévision, cette dernière avait été vendu lors d'enchères à Genève pour un montant stupéfiant de six cent soixante-douze mille livres.
Mais pourquoi Homura lui donnait-il ça maintenant? L'esprit de Suzuki Aki en devint vide, ses yeux ternes et livides. Son cerveau en devenait fatigué et frit au point qu'il finit par en perdre connaissance.
De l'autre côté de la table, Kazehaya Gin ne put s'empêcher de rire de l'expression du frère d'Ara. Pauvre gars.
Il avait probablement épuisé toute sa raison à essayer de comprendre pourquoi Homura Ryuu lui faisait de la lèche.
"Koutaishidenka", appela-t-il tout en agitant la main devant le visage d'Aki, alors que ce dernier restait absent. "Je pense que l'âme de ton beau-frère n'est plus parmi nous."