Chapter 9 - Recherche d'un abri

Avant de repartir à la conquête de la forêt, je décide de faire trempette (NdA : Mais rien ne se passe) dans la rivière pour me rafraîchir de cette chaleur d'arrivée d'été.

Après quelque temps, je sors de la rivière, me secoue un peu, histoire de faire tomber les grosses gouttes, puis enfile mon attirail pour reprendre mon chemin.

J'avance en suivant le nid de la rivière après avoir emballé le reste de viande et les paumures dans la peau de l'animal que j'attaque au bout de ma faux et positionne cette dernière sur mon épaule de manière à équilibrer le poids.

Les heures passent et la fatigue s'installe.

Je décide de faire une pose quand je vois un rocher pouvant faire office de banc.

Je pose mes affaires dessus et m'empare de mes paumures, je décide de les taillés de telle façon à me faire un feu de quatre dagues. Le temps passe, je pense que j'ai bien mis trois heures à les réaliser.

Je remarque cependant que je n'ai pas de poche pour les ranger, enfin j'ai les deux poches de mon pantalon, mais disons que mettre des couteaux si proche de mes 'parties' ne fait aucunement confiance.

J'aiguise ma faux sur le rocher et coupe une longue lamelle de peau dans celle du cerf, que je travaille un peu pour enlever les poils gênant, puis je fais une série de quatre nœuds spéciaux pour pouvoir insérer mes dagues. Le tout fait, je me désaltère dans la rivière et mange de la viande froide précédemment cuite pour éviter les maladies.

Une fois fini, voyant le soleil partir à sa perte, j'enfile ma bandoulière avec les dagues puis ma veste pour partir.

La nuit est tombée, les hululements retentissent.

Une traînée de fumée s'élève un peu plus loin, je me dirige alors vers elle espérant de trouver une bâtisse pour demander un abri pour la nuit.

L'origine de la fumée est une petite maison, plus précisément, il s'agit de l'habitation d'un bûcheron, son matériel étant dehors. Je frappe alors à la porte.

Quelques minutes passent, et la porte s'ouvre.

"Bonsoir, madame, monsieur Pourriez-vous m'héberger pour cette nuit, je me suis perdu dans la forêt et marche dep…"

La porte se referme.

Surpris, j'écoute à la porte.

"Qu'est-ce que tu fous ? Pourquoi tu lui as fermé la porte au nez ?" Dit une voix d'homme.

"T'as pas vu son allure, c'est soit un braconnier soit un bandit." Répond une plus féminine.

"Mais il est habillé avec des habits de très bonne qualité, il est forcément de la bourgeoisie ou de la noblesse."

"Qu'est-ce que tu es simple d'esprit, tu as déjà vu un bourgeois ou un noble aussi sale, armé d'une faux avec un baluchon en peau d'animal et des dagues d'os ?"

"Justement, s'il s'agit d'un bandit, ne devrions-nous pas éviter de nous le mettre à dos ?"

"Si tu veux, il reste mais je n'en veux pas dans la maison, je ne veux pas de problème."

La porte s'ouvre de nouveau, un homme baraqué se présente devant moi, mais une femme tourne les talons et disparaît de ma vue.

"Bonsoir voyageur, si je comprends bien, vous souhaitez vous abriter chez nous."

"Tout à fait, mais si cela vous gêne trop, je peux rebrousser chemin."

L'homme jette un coup d'œil derrière lui, puis me reparle.

"Euh, à vrai dire, nous ne pouvons pas vous fournir une couche car nous venons d'accueillir de la famille et une invasion de … euh … cafard, oui de cafard, ne me permettrais pas de vous laisser coucher au sol. Je vous offre donc l'opportunité de vous reposer dans ma grange."

Quel talent pour mentir.

"Cela me convient tout à fait."

Il lâche un soupir de soulagement, je dois vraiment lui faire peur. En même temps je suis un 'borgne' aux cheveux blancs qui fait près de deux mètres, musclé naturellement et armés d'une faux au bois taché de sang.

La vie dans la forêt n'est vraiment pas faite pour moi, je devrais plutôt aller dans la ville la plus proche.

"Excusez-moi de vous déranger de nouveau."

"Tout ce que vous voulez." Répond-il crispé.

"Savez-vous dans quelle direction se trouve la ville la plus proche ?"

"Oui elle se situe au nord nord-est, il s'agit de Hillfar mais si vous voulez je peux vous y conduire, nous partirions demain dès l'aube (NdA : à l'heure où blanchit la campagne), j'ai une livraison de bûche."

"J'accepte. Merci beaucoup, je vous laisse tranquille. Bonne nuit et à demain."

Joyeux de pouvoir de nouveau dormir dans un abri, je me mets à siffloter, mais réveillant un des chevaux qui se commence à hennir, je me stoppe de peur.

Dans la grange, un tas de paille, je saute dedans. J'entends mon dos me remercier pour cette nuit.

Réfléchissant aux événements de la veille concernant mon œil, je décide de me faire un cache œil en attendant que mes cheveux poussent assez pour recouvrir mon œil droit. Pourquoi ? Parce que je déteste porter quelque chose sur ma tête et des cheveux devant ma tête empêcheraient tout comme un cache-œil que je regarde une personne par mégarde.

Pour le cache œil, j'arrache un morceau de ma culotte, plus précisément les jambes qui ne sont pas confortable. Avec le tout, je forme un voile que je dispose sur ma tête pour cacher mon œil droit.

Ceci fait, j'entends mon ventre grogner. Je sors alors les restes de viande, en les voyants, je sais que je ne pourrais plus la consommer demain, je mange donc jusqu'à me remplir la panse et jette la viande dans la rivière pour éviter que des loups ne viennent me déranger durant mon sommeil.

Pendant ce temps, je juge que rentrer au château n'est sans doute pas une bonne idée. Tout d'abord, j'ai un peu changé et les gardes pourraient m'attaquer, donc me blesser voir me tuer, et tuer les gardes du roi, pour lui demander une audience me semble très peu envisageable. Mais surtout, je me suis tiré juste après une attaque terroriste au château, je suis sans doute déjà noté en tant qu'ennemi national ayant tenté de nuire à la vie du roi.

En plus, dans le cas où je pourrais rentrer dans le château comme si rien ne s'était passé, à quoi cela servirait, on me virerait du château trois jours plus tard, mon 'permis de séjour' fini.

Je devrais plutôt essayer d'avoir un métier stable pour vivre tranquillement dans la ville.

Bon, dormons maintenant, nous devons nous lever tôt demain.

Je ferme les yeux et essais de dormir.

Je parviens à m'endormir mais un rêve étrange envahit mon sommeil.

[…]

Tout est noir mais j'entends le bruit du vent qui, je le sens, me fouette.

Mais étrangement, je ne me sens pas dans mon corps, comme pour la fourmi.

Je me sens triste.

"A quoi ressemble le monde, dit le moi créateur. Je ne peux ouvrir les yeux au risque de le détruire avec les membres de ma famille. Je n'ai jamais vu ma femme, ni ma fille. Sont-elles encore vivantes ? Je ne saurais le dire. Je veux mourir, mais ma force m'en empêche : personne ne peut m'approcher. Je ne peux me suicider : l'eau et la lave s'écartent de moi, l'empoisonnement ne me fait rien, le temps ne m'impacte pas, je n'ai pas besoin de me nourrir… Créateur, vous seul est assez puissant pour me libérer." Dit mon corps.

"Tu te trompes, je ne peux rien contre toi, te tuer m'en ai impossible. Un dieu ne peut tuer. Cependant, je peux te sceller dans un paradis illusoire, où tu n'impacteras plus mon monde." Une voix de femme répond contre toute attente.

"Faites ce que vous voulez de moi. Mais avant de me sceller pourriez-vous me dire que ma femme et ma fille vont bien."

Des bruits d'incantation se font alors entendre, je me sens me morfondre dans un quelque chose d'étrange impossible à décrire.

"Tu le sais bien, trop heureux d'être père, tu voulus observer ton enfant, mais en ouvrant tes yeux tu signas leurs morts ainsi que la fin de ton espèce."

Quel horrible destin.

Dans ce rêve, la lumière arrive pour la première fois. Deux plans se succèdent en une fraction de seconde, le tout, sous un cri où se mélange un cocktail de haine, de désespoir, de tristesse et d'autres émotions négatives. Un paysage de verdure magnifique, entouré d'une forêt verte, puis toute ma vision est remplacée par un cratère sans vie.

Mais dans les deux plans, une belle femme dans la quarantaine est toujours présente.

Dans ces mains, un livre qui semble attirer mon corps.

Ce livre …

[…]

Je me réveille en sursaut.

"C'est mon calepin !"

C'est l'aube, j'essuie mon front plein de sueur et me dépêche de me préparer, j'entrevois le bûcheron en train de préparer sa charrette.

Je remets à plus tard mes questionnements et me prépare.