Alors que la nuit tombait sur la cabane, un silence lourd s'installa. Rin dormait profondément, épuisé par les émotions et les révélations de la journée. Lyss s'était retirée dans une autre pièce, laissant Kael seul face au feu crépitant. Les flammes dansaient sur les murs encombrés de livres et de parchemins, projetant des ombres mouvantes qui semblaient presque vivantes.
Kael sentit une étrange lourdeur envahir son esprit. Il posa une main sur sa tête, un léger vertige le prenant. Puis, comme un torrent, des souvenirs étrangers envahirent son esprit. Des images, des sons, des sensations qui ne lui appartenaient pas.
Il se vit dans un monde différent. Des rues pavées bordées de bâtiments en pierre ornés de balcons forgés. Des enseignes écrites dans une langue qu'il comprenait instinctivement : le français. Les voix étaient claires, familières mais étranges à la fois. Paris, pensa-t-il, bien que ce mot n'ait jamais franchi ses lèvres.
Adrian était là, marchant d'un pas vif. Il portait un manteau sombre et une écharpe enroulée autour de son cou, protégeant son visage du froid hivernal. Ses mains tenaient une pile de livres, des titres universitaires sur l'histoire et les révolutions. Mais une tension pesait sur ses épaules. Quelque chose n'allait pas.
Le souvenir s'approfondit. Adrian se trouvait dans une ruelle sombre, où des hommes en uniformes sévères l'avaient accosté. « Adrian Mas, vous êtes en état d'arrestation pour trahison. »
Kael sentit la panique d'Adrian, la manière dont son cœur battait à tout rompre. Les hommes le plaquèrent contre un mur, les livres tombant lourdement à ses pieds. Il essaya de protester, mais une douleur vive au crâne le plongea dans l'inconscience.
Lorsque Kael ouvrit les yeux, il était dans une cellule sombre et humide, les chaînes froides mordant sa peau. Les souvenirs étaient si vivides qu'il pouvait sentir l'odeur de moisissure et entendre le goutte-à-goutte de l'eau. Adrian, enchaîné, se parlait à lui-même pour ne pas sombrer dans la folie.
« Qu'est ce que c'était… Pourquoi je suis ici... À qui appartenait ces ossements..»
Le souvenir s'estompa, ramenant Kael à la réalité. Il était à genoux, le souffle court, les mains tremblantes. Lyss entra brusquement dans la pièce, son regard inquiet fixé sur lui.
« Kael ? Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle.
Kael releva lentement la tête, ses yeux dorés brillant d'une intensité nouvelle. « Je… Je ne comprends pas, » murmura-t-il. « Ces souvenirs… Ce n'est pas ma vie. Qui était cet homme ? »