Le village se dévoilait peu à peu alors que Kael, Rin, et Nira avançaient à travers la plaine. Les bâtiments étaient bas mais robustes, faits de pierres taillées avec une précision remarquable. Des colonnes ornées de gravures complexes soutenaient les structures, témoignant d'un savoir-faire ancien. Les ruelles pavées résonnaient du bruit des marteaux frappant le métal, et une odeur de forge emplissait l'air.
Rin, les yeux brillants de curiosité, regardait autour de lui. « C'est incroyable… tout semble fait pour durer des siècles. »
Kael acquiesça, admirant lui aussi l'ingéniosité des constructions. Mais c'était les habitants qui retinrent le plus leur attention. Les nains, petits et trapus, allaient et venaient avec des visages grognons. Ils portaient de longues barbes soigneusement tressées, et leurs voix graves résonnaient dans l'air comme des grondements lointains.
« Pas très accueillants, » murmura Rin en se rapprochant de Kael.
Mais contre toute attente, dès qu'ils furent repérés, les nains affichèrent de larges sourires et vinrent à leur rencontre. L'un d'eux, un homme au ventre rond et à la barbe rousse éclatante, s'exclama : « Par les braises de Gurdar ! Des voyageurs dans nos contrées ! Entrez donc, entrez donc, amis ! »
Nira, prudente, garda une certaine distance, mais Kael se détendit légèrement en voyant leur accueil chaleureux. Les nains les menèrent à une grande place centrale où des tables garnies de nourriture et de boissons avaient été dressées.
« Installez-vous, installez-vous, » dit leur hôte. « Je suis Faldur, le chef du village. Vous devez être fatigués après un tel voyage. »
Alors qu'ils s'installaient, un nain massif entra en scène, sa barbe noire parsemée de cendres et ses mains encore couvertes de suie. Son visage était marqué par un froncement permanent, et sa voix tonitruante fit sursauter Rin.
« Qu'est-ce que c'est que ce raffut, encore ? On ne peut même plus forger en paix ici ! »
Faldur éclata de rire. « Calme-toi, Bharrek. Ce sont nos invités. »
Bharrek les toisa un instant, ses sourcils épais formant une ligne sévère. Puis, à leur grande surprise, il éclata d'un rire retentissant et s'assit lourdement à leur table. « Eh bien, si Faldur dit que vous êtes des amis, alors buvez avec nous ! »
Kael et Rin échangèrent un regard amusé. Bharrek était peut-être brusque, mais il semblait sincère dans son accueil. Alors que la soirée avançait, Bharrek leur parla de son métier. Il était réputé pour sa forge, produisant des armes et des armures si solides qu'elles étaient recherchées dans tout le royaume.
« Mais vous savez, » ajouta-t-il en baissant la voix, « un guerrier n'est rien sans une famille. Mes marteaux et enclumes sont peut-être ma vie, mais ce village, ce sont eux ma véritable force. »
Kael sentit une étrange chaleur en entendant ces mots, se rappelant ses propres pertes. Pourtant, quelque chose dans l'atmosphère du village semblait… dissonant. Les sourires chaleureux des nains cachaient une tension sous-jacente que même Bharrek ne pouvait masquer.
Après le repas, Faldur les mena à des chambres simples mais confortables dans une des maisons de pierre. « Reposez-vous bien. Nous pourrons parler davantage demain, » dit-il avant de les laisser.
Une fois seuls, Nira parla à voix basse. « Ce village est trop parfait. Quelque chose cloche. Vous l'avez ressenti ? »
Kael hocha la tête. « Oui. Ils sont amicaux, mais il y a une tension ici. Quelque chose qu'ils ne nous disent pas. »
Rin, assis sur un lit de pierre recouvert de couvertures épaisses, murmura : « Peut-être qu'on le découvrira demain. »
Kael posa une main sur l'épaule du garçon. « Oui. Mais restons sur nos gardes. »
Dans la nuit, alors que le village s'endormait, des murmures furtifs résonnèrent dans l'air. Des ombres glissèrent entre les bâtiments, et un bruit métallique retentit, brisant brièvement le silence. Le secret du village n'allait pas tarder à être révélé.