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Chapter 2 - JOUR DES COMPTES

Deux ans plus tard

— Bonjour à toutes, déclara l'Akari d'une voix posée en entrant dans la salle.

— Bonjour à Sa Majesté l'Akari. Que votre vie soit longue et que votre règne perdure, répondirent les concubines en chœur, leur respect apparent masquant à peine l'ironie sous-jacente.

"Vie longue, règne perdure," pensa l'Akari avec un sourire intérieur, conscient du contraste entre ces paroles et la réalité. Les mots sonnaient tellement faux, surtout venant de Kurenaï et Satsuki, respectivement première et deuxième dans la hiérarchie du harem impérial.

L'Akari s'installa sur le siège réservé à sa position de pouvoir, un symbole de son autorité mais aussi du jeu de pouvoir en cours. Le bois poli sous ses doigts était froid, en décalage avec l'atmosphère chargée de la pièce. Les regards des concubines, rivés sur lui, trahissaient un mélange de calculs et d'arrogance, mais il ne vacilla pas.

— Veuillez vous asseoir. Aujourd'hui, comme vous le savez, c'est le jour des comptes. Avant votre arrivée ici, j'ai fait livrer une somme conséquente à vos palais respectifs. En ce qui concerne les bijoux, ils ont été commandés au royaume de Tôo. Ils ne sont donc pas encore arrivés et…

À peine avait-il terminé cette déclaration qu'une vague de murmures s'éleva dans la salle. Les chuchotements se mêlaient, créant une ambiance électrique qui trahissait l'intrigue croissante.

Certains échanges de regards complices, tandis que d'autres étaient empreints de perplexité, chacun tentant de comprendre la situation. Le mépris palpable se faisait sentir à travers ces murmures.

— Que signifient ces messes basses ? demanda l'Akari, le ton se faisant plus tranchant à mesure que l'agitation grandissait.

Une des concubines, à peine capable de contenir son hilarité, prit la parole avec un regard moqueur.

— Excusez-moi, Votre Majesté, mais il semble qu'à chaque fois que nous faisons les comptes, vous êtes l'élément défaillant, celui qui brise cette belle harmonie qui règne dans le harem, dit-elle avec un rire étouffé qui trahissait son mépris.

— Où voulez-vous en venir ? lança l'Akari d'un ton acéré, réprimant difficilement son irritation.

La concubine Harumi, arborant un air de dédain calculé, continua :

— Eh bien, Majesté, le mois dernier, vous avez lamentablement omis de prendre en compte nos vêtements pour le banquet des dignitaires étrangers, et aujourd'hui, nos bijoux tardent à arriver. Attendez un peu, nous méritons notre dû tout de même.

Des murmures agacés se répandirent dans la pièce :

— Oui, c'est vrai.

— Le fait-il délibérément ?

L'Akari, bien que se sentant attaqué, garda une expression impassible. Il savait que la situation était un jeu de pouvoir où chaque mot pouvait avoir des répercussions sur sa position. Il mesura ses réponses avec soin, conscient que chaque geste pouvait influer sur l'équilibre fragile du harem.

— Et que suggérez-vous, Concubine Harumi ? riposta l'Akari, l'exaspération perçant dans sa voix.

— Majesté, calmez-vous, s'il vous plaît. Elle ne voulait pas dire de mal, intervint Satsuki d'une voix apaisante, tentant de désamorcer la tension croissante.

— Oui, Majesté. Il n'est pas nécessaire de vous emporter pour une affaire aussi triviale. Si vous n'avez pas les compétences requises pour gérer le harem, nous ne pouvons vous en vouloir. Cela découle simplement de votre nature inférieure, répliqua satsuki, son visage affichant un mépris dissimulé sous une façade impassible.

L'Akari, bien que conscient des provocations de satsuki, choisit de ne pas répondre immédiatement.

— Et si je ne suis pas qualifié, qui le serait ? répliqua-t-il en tentant de garder son calme, malgré l'irritation croissante.

— Si je puis me permettre, Majesté, il y a six ans, avant votre arrivée, c'était moi qui gérais le harem, et je ne faisais jamais d'erreurs. Vous pouvez le leur demander, renchérit Kurenaï d'une voix douce, cette dernière, jusqu'à présent, restée silencieuse.

Son sourire subtil trahissait une satisfaction cachée. À peine Kurenaï eut-elle terminé sa phrase que des murmures circulèrent dans la pièce :

— "Elle était très douée."

— "C'est vrai."

— Oui, vous avez raison, Kurenaï. Vous étiez en charge du harem avant mon arrivée, et je reconnais que vous l'avez géré avec soin, acquiesça l'Akari, tentant de désamorcer la situation tout en maintenant son calme.

— Évidemment, j'en prenais soin, mais étant donné que vous êtes un étranger, vous devez penser que cela n'a aucune importance, commença Kurenaï, ses mots empreints de condescendance. L'agacement de l'Akari atteignit son paroxysme.

— Fermez-la, dit-il fermement, coupant court à son discours impertinent. Les visages présents affichèrent une surprise palpable.

— Quoi ? s'exclamèrent plusieurs personnes, déconcertées par sa réaction inattendue.

— Majesté, comment osez-vous vous adresser ainsi à la concubine favorite de l'empereur ? intervint une voix scandalisée parmi les concubines.

Le mépris dans les regards des concubines ne fit qu'alimenter l'exaspération de l'Akari. Il en avait assez de voir le titre de « concubine favorite » utilisé pour le rabaisser, comme si cela conférait une importance supérieure à celle qu'il détenait dans l'empire.

— Vous feriez mieux de vous taire si vous ne voulez pas finir décapitées, répliqua-t-il avec une froideur calculée, réprimant à peine son agacement face aux provocations incessantes.

— Vous nous menacez ? Malgré votre statut inférieur d'Oméga ? s'écria Kurenaï, cherchant à provoquer davantage, son arrogance creusant encore le fossé entre eux.

— Et alors ? Le fait que je sois un Omega ne change rien au fait que, hiérarchiquement parlant, je suis votre supérieur, que cela vous plaise ou non. C'est cela qui importe. D'ailleurs, Kurenaï, si vous avez si bien géré le harem sans erreur comme vous le prétendez, c'est simplement parce que vous n'êtes qu'une simple concubine.

— Quoi ? balbutia Kurenaï, surprise par cette réplique acerbe.

Cependant sa fierté l'incita rapidement à reprendre contenance, même si le contraste entre son calme apparent et la colère sous-jacente était palpable.

— Oui, une concubine. Vous n'avez rien d'autre à faire, vous avez donc beaucoup de temps libre. Tandis que moi, je dois m'occuper de tout un empire. Mais ce n'est pas tout, je dois aussi supporter vos caprices superficiels. Alors oui, je fais des erreurs. Pardonnez-moi d'être aussi imparfait, lança l'Akari, son ton tranchant révélant une frustration palpable face à cette injustice criante.

Les concubines étaient stupéfaites par sa réaction.

"Que pensaient-elles ? Que j'allais rester là, à les écouter me manquer de respect ?" Pensa-t-il.

— Majesté… commença l'une d'elles, mais il la coupa brusquement.

— Silence ! Vous pensez pouvoir m'intimider parce que je suis un Omega ? Vous pouvez toujours courir, répliqua-t-il, sa voix marquée par l'indignation. Cette réunion est terminée.

Son autorité était indiscutable, même face à leur certitude apparente. Les visages des concubines exprimaient désormais une réserve mêlée d'inquiétude, réalisant peut-être que sous son apparence calme se cachait une détermination farouche.

////////// Palais de Kurenaï ////////////

Kurenaï, en proie à une colère déchaînée, jetait tout ce qu'elle avait sous la main, ses gestes violents manifestant sa rage. Les objets volaient, se brisant en éclats, et l'écho de son courroux résonnait dans la pièce.

— Comment... Comment ose-t-il ? Cet être inférieur m'a humiliée, mais il ne perd rien pour attendre, marmonnait-elle entre ses dents serrées, ses yeux brillants d'une fureur inextinguible.

— Votre Altesse, il est là, annonça un serviteur d'une voix hésitante, conscient du danger latent dans cette atmosphère électrique.

— Bien, sortez maintenant, ordonna-t-elle d'une voix ferme, dissimulant à peine son empressement.

Il était impératif pour elle de se préparer, de choisir ses mots avec soin. Mais avant tout, elle devait donner l'apparence d'être réellement dévastée par cette confrontation. Son visage, marqué par une inquiétude calculée et une colère apparente, était soigneusement préparé pour créer l'effet escompté lors de cette rencontre cruciale. Chaque détail de sa prestation était minutieusement étudié pour convaincre.

— Kurenaï, qu'y a-t-il… ? demanda l'empereur Rikudo, perplexe.

— Rikudo, mon cher empereur… commença-t-elle, la voix tremblante et chargée d'émotion.

— Votre compagnon Izumo m'a humiliée. Il m'a insultée devant tout le monde alors que je ne faisais que dire la vérité. Il… Il se sert de sa position d'Akari pour me faire du mal.

Les larmes roulaient sur ses joues, dévalant son maquillage dégoulinant, accentuant la détresse dans son regard couleur sang. Ses cheveux en désordre témoignaient de l'agitation qui l'avait envahie.

— Calmez-vous et expliquez-moi tout ce qui s'est passé, ma chère, demanda Rikudo, une note de préoccupation dans la voix.

Kurenaï prit une grande inspiration, ajustant subtilement son attitude pour paraître encore plus vulnérable. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle essuyait d'un geste théâtral les larmes qui coulaient sur ses joues.

— Je… je n'ai fait que rappeler à Izumo ses responsabilités, commença-t-elle, sa voix chevrotante mais mesurée. Il néglige les concubines, oublie des détails importants, comme les bijoux et les vêtements pour les banquets. Tout ce que je voulais, c'était lui rappeler ses devoirs envers nous toutes. Mais il l'a pris comme une attaque personnelle… et devant tout le monde, il m'a humiliée.

Elle fit une pause, le regard baissé, ses épaules tremblant sous l'effet d'une émotion calculée.

— Il a dit des choses horribles, continua-t-elle, la voix brisée par des sanglots. Il m'a traitée de simple concubine, comme si je n'étais rien ! Comme si mon rôle dans cet empire n'avait aucune valeur. Je ne voulais que l'aider à s'améliorer… Mais il m'a ridiculisée devant les autres.

Rikudo écoutait avec attention, mais son expression changea rapidement, passant de la perplexité à la colère. Le nom d'Izumo se mêlait maintenant à cette affaire, et les accusations de Kurenaï brûlaient dans son esprit comme des braises.

— Comment… ? Comment a-t-il osé ?! Insulter une concubine en public, et toi, Kurenaï, en particulier ? Quelle arrogance !murmura-t-il, ses poings se serrant .

Kurenaï baissa la tête, cachant le sourire malicieux qui naissait de la réaction de l'empereur.

— Je ne voulais pas vous causer de soucis, Majesté, mais je ne pouvais pas rester silencieuse devant tant de mépris.

Rikudo se leva brusquement, son regard tourné vers l'horizon, empli d'une fureur à peine contenue. Ce manque de respect envers Kurenaï, la femme de sa vie, était impardonnable.

— Izumo doit répondre de ses actes, lâcha-t-il, la voix pleine de détermination. Cette humiliation… je ne tolérerai pas un tel comportement envers toi, Kurenaï.

Kurenaï esquissa une larme supplémentaire pour renforcer son jeu, inclinant la tête en signe de reconnaissance.

— Majesté… je vous suis reconnaissante de votre soutien. Je n'ai jamais voulu de conflit, mais je devais vous en informer.

— Tu as bien fait, répondit Rikudo d'un ton sec. Je vais convoquer le prince Izumo sur-le-champ. Il devra s'expliquer et répondre de ses manquements.

Kurenaï, satisfaite, essuya ses larmes après une dernière révérence, sachant que l'empereur venait de tomber dans son piège.

Quant à Rikudo, son cœur était en ébullition, partagé entre la douleur qu'avait pu ressentir sa bien-aimée et la certitude que justice devait être rendue, peu importe qui en payait le prix.

/////////////// Palais d'Izumo ///////////////

Ces femmes avaient un don inné pour mettre Izumo en colère.

— Majesté ? murmura Su, sa fidèle conseillère et demoiselle d'honneur, d'une voix douce qui trahissait une réelle inquiétude.

Izumo, les épaules tendues et les sourcils froncés, fixait un point invisible sur le sol, ses pensées embrouillées par les récentes tensions.

— Vous devriez vous calmer, c'est très mauvais pour votre santé d'être aussi tendu, ajouta Su avec une chaleur bienveillante, cherchant à apaiser son maître.

Izumo soupira profondément, se rendant compte à quel point la présence de Su était précieuse dans ce tourbillon d'intrigues et de machinations.

— Oui, tu as raison. Je devrais essayer de me relaxer.

Il tenta un sourire, bien que le geste parût forcé et empreint de fatigue. Un coup frappé à la porte interrompit le moment de tranquillité. Le bruit résonna dans la pièce silencieuse comme un présage d'une nouvelle complication.

— Qui est-ce ? demanda Su, sa voix trahissant une irritation croissante alors qu'il se dirigeait vers la porte.

— Majesté, je suis un messager de l'empereur. Il vous demande expressément, répondit le messager, son ton grave soulignant l'urgence de la situation.

L'empereur ? Izumo ne pouvait se rappeler une occasion où il avait été convoqué de la sorte. En général, l'empereur cherchait à l'éviter, surtout depuis l'incident d'il y a deux ans qui avait mis à mal leur relation.

— Dites-lui que j'arrive. Vous pouvez vous retirer, ordonna Izumo avec un soupir résigné.

— Non, Majesté, je ne peux pas partir sans vous, insista le messager, l'air de plus en plus déterminé.

Izumo leva un sourcil, réalisant que la situation devait être grave pour que l'homme persiste ainsi.

— Bien, allons-y, accepta-t-il finalement, une pointe d'appréhension dans la voix.

— Majesté ?

— Ne t'en fais pas, Su. Je vais régler cela rapidement, assura-t-il, essayant de masquer son inquiétude.

— D'accord, Majesté.

Izumo se leva, prêt à faire face aux défis qui l'attendaient, avec Su à ses côtés, son soutien apportant une touche de réassurance dans ce moment de turbulence. Ils traversèrent les couloirs du palais, chaque pas semblant alourdir le poids des enjeux qui les attendaient. Le trajet en palanquin vers le palais de l'empereur sembla interminable, chaque bruit de pas fait par les porteurs du palanquin résonnant comme une préparation à une confrontation décisive. À son arrivée dans la grande salle du palais, Izumo fut frappé par l'alignement presque cérémonieux des concubines.

Leur attitude était empreinte d'une satisfaction malsaine, leurs regards échangés révélant une anticipation quasi visible. Les sourires en coin ne faisaient que confirmer le sentiment croissant d'une machination orchestrée.

Kurenaï était là, assise à la place d'Izumo, dans les bras de l'empereur. Son regard avait un éclat de triomphe, tandis qu'Izumo se sentait de plus en plus marginalisé. Il avait l'impression de devenir une ombre dans un palais qui avait autrefois été le sien. L'atmosphère était tendue, électrique, comme celle d'un tribunal prêt à rendre son verdict. Izumo ressentait une vague d'anxiété et de frustration alors qu'il réalisait que les accusations allaient probablement s'abattre sur lui.

— Prince Izumo, avancez, lança l'empereur, sa voix chargée de sous-entendus, son regard sombre fixé sur lui avec une froideur calculée.

Chaque mot de l'empereur était imprégné de la satisfaction d'un homme pensant avoir le contrôle total. Izumo savait que l'épreuve serait difficile, mais il devait rester ferme et maintenir sa dignité face à ce jeu de dupes.