Le soleil dardait ses rayons à travers les larges fenêtres de la maison familiale. La chaleur de ce matin annonçait une journée animée. Lysandre, maintenant âgé de sept ans, s'asseyait calmement sur une chaise en bois, un livre à la main. Ce n'était pas un conte de fées comme les autres enfants de son âge auraient apprécié. Non, c'était un manuel d'histoire, racontant les guerres et alliances d'un royaume voisin.
« Lysandre, viens jouer dehors avec nous ! » appela une voix joyeuse. C'était Élia, la fille du forgeron, qui avait le même âge que lui. Ses joues rosies par l'effort et son sourire enthousiaste formaient un contraste frappant avec son calme habituel.
Lysandre leva les yeux vers elle, ses traits neutres masquant son analyse intérieure. Il savait qu'Élia était sincère, qu'elle ne cachait rien derrière ce sourire. Elle était l'un des rares enfants du village à ne pas le regarder comme un étranger.
« J'arrive, » répondit-il simplement en fermant son livre avec soin.
Il la suivit dans la cour, où quelques enfants jouaient déjà. Ils avaient improvisé un jeu où il fallait attraper un "trésor" - une pierre brillante posée sur un tronc d'arbre. Élia s'approcha de lui.
« Tu peux être dans mon équipe ! » dit-elle en riant. « On va leur montrer ce qu'on vaut, pas vrai ? »
Lysandre hocha la tête, son visage toujours impassible. Mais il observa attentivement la dynamique du jeu. Chaque enfant avait un rôle, une stratégie - souvent maladroite - mais il y avait des patterns dans leurs actions.
« Lysandre, tu restes là et tu gardes le trésor, d'accord ? » dit Élia en courant déjà vers leurs adversaires.
Il prit place près du "trésor", mais son esprit calculait. Les autres enfants étaient désordonnés, distraits par l'excitation. L'un des adversaires, un garçon plus grand, avançait déjà vers lui. Lysandre se pencha, ramassa une poignée de sable, et laissa tomber au sol, comme s'il jouait avec par désinvolture. Mais son esprit planifiait.
Quand le garçon arriva près de lui, Lysandre lui lança un regard calme.
« Tu ne gagneras pas, » dit-il d'une voix tranquille mais étrange pour un enfant de son âge.
Le garçon fronça les sourcils, hésitant une seconde. Ce fut suffisant pour qu'Élia surgisse derrière lui et lui arrache le trésor des mains.
« On a gagné ! » cria-t-elle en riant.
Les autres enfants acclamèrent Élia, tandis que Lysandre se contentait de l'observer. Sa stratégie avait fonctionné. Pas de mouvement inutile. Pas de risque. Une victoire obtenue par calcul, pas par effort. Il vit Élia courir vers lui, les bras chargés de leur "trésor".
« Lysandre, t'as été génial ! Pourquoi tu n'es pas plus excité ? » demanda-t-elle avec un sourire en coin.
Il haussa légèrement les épaules. « Ce n'était qu'un jeu. »
Élia fronça les sourcils mais n'insista pas. Au fond, elle trouvait Lysandre étrange, mais il avait quelque chose qui la fascinait. Un calme qui contrastait avec leur monde bruyant.
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Le soir, autour de la table familiale, Lysandre restait silencieux tandis que ses parents parlaient de la journée.
« Tu as joué avec les autres enfants aujourd'hui ? » demanda sa mère en déposant une assiette devant lui.
« Oui, » répondit-il sans lever les yeux.
Son père posa une main sur son épaule. « Tu devrais t'amuser un peu plus, fils. À ton âge, c'est important. »
Il releva la tête et croisa le regard de son père. « Pourquoi est-ce important ? »
La question surprit son père, qui se frotta la nuque. « Eh bien, pour tisser des liens, pour te faire des amis... »
« Les amis ne sont-ils pas une distraction ? » répliqua-t-il calmement.
Sa mère secoua doucement la tête avec un sourire. « Les amis ne sont pas une distraction, Lysandre. Ce sont des gens sur qui tu peux compter quand la vie devient difficile. Tu comprendras en grandissant. »
Il n'insista pas, mais intérieurement, il doutait. Il avait observé les gens et leurs relations. Trop souvent, les liens semblaient être des chaînes plutôt qu'une force. Pourtant, il ne contredit pas ses parents.
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Plus tard dans la soirée, Lysandre s'allongea sur son lit, les yeux fixés au plafond. La journée avait été différente. Plus vivante, plus... bruyante. Élia et les autres enfants semblaient vivre dans un monde auquel il n'appartenait pas. Pourtant, il ressentait un léger frisson d'intérêt en repensant à leurs rires et à leur insouciance.
"Un jour, je comprendrai," pensa-t-il. Pas seulement eux, mais lui-même. Ses pensées, son calme, ce vide qu'il portait en lui.
Lysandre ferma les yeux, une légère ombre de sourire sur ses lèvres. La journée avait peut-être été "humaine", mais elle lui avait apporté une nouvelle pièce au puzzle de son existence.